
pourroient conduire la matière électrique dans l’intérieur
du bois & le faire éclater.
Il prôpofe«Tenter les différentes barres, qui doivent
conduire, en les entaillant en bifeau , & les
réunifiant par le moyen d’une vis , après avoir
interposé une lame de plomb pour rendre le coulant
plus parfait ; ce qui eft préférable à ce qu’on
a pratiqué dans les magafins à poudre de Par-
fleet en Angleterre, où les barres entrent à vis
les unes dans lès .autres , de manière qu’on ne
peut en enlever une fans les déranger toutes.
Ces barres ainfi afiemblées doivent, fuivant
M. de Sauffure , être Amplement appliquées contre
le mât, & fixées fans clous ni crampons , par le
moyen de plufieurs colliers de fer.
Il place également dans un tuyau de plomb
le conduâeur qui doit paffer fous terre pour aller
chercher le puits ou autre réfervoir d’eau.
Dans le cas où l’on feroit forcé de chercher
la terre humide, il recommande de divifer l’extrémité
inférieure du tuyau de plomb en cinq ou
fix rameaux de deux ou trois pieds s que l’onauroit
foin de faire diverger.
Il place un femblable appareil de l’autre côté
du magafin , à la même diftance des murs dont
le conduéteur peutfe réunir fous terre au premier.
Enfin , fans rien changer au faîte ou couronnement
du toit du magafin , M. de Sauffure fait attacher
folidement au pied des girouettes quatre
fils de cuivre de la groffeur du petit doigt, qui
defcendent de quatre côtés différens le long du
ro;t & des murs , fans aucune interruption juf-
qu’au pied du bâtiment, où ils se plongent en terre
pour aller rejoindre le conducteur de plomb.
Il n’y a perfonne qui ne fente combien cette
armure eft en effet avantageufe, & qui ne penfe
comme M. de Sauffure, que Ton ne'doit abfolu-
ment rien négliger pour prévenir un accident aufli
funefte que l’explofion d’un magafin à poudre.
Des condu&eiirs i foies,
On appelle conduiteurifolé,celui qui ne touche que
des matières non éleârifables par communication ,
qui conferve par conféquent prefque toute la matière
éleéirique qu’il reçoit, qui peut être furchargé
de ce fluide, d’autant plus aifément que la pointe
conferve fon effet fur les nuages , & qui, étant
ainfi difpofé à fe décharger fpontanément avec
explofion fur les métaux & fur les animaux qui
fe trouvent à fa proximité , peut être dans de certains
inftans très-dangereux.
Un phyficien, M. Richmman , a été foudroyé
par un de ces appareils. Plufieurs autres phyfi-
ciens ont éprouvé des fecouffes violentes pour
s’être un peu trop approchés de pareilles barres
fulminantes.
La prudence femble exiger que l’on mette à
coté de la barre ifoiée une autre barre métallique
capable de recevoir la matière de l’explofion, &
de ta tranfmettre enfuite fans interruption jqf.
que dans l’eau ou dans la terre humide.
C ’eft fur ce plan que M. de Morveau a fait
établir fur fa maifon un conduâeur ifoté qui eft
en même-temps paratonnerre,
La defeription qu’on va en donner, fuffira pour
guider ceux qui voudroient en faire conftruire de
feinblables.
L’appareil d’un fini pie paratonnerre tel qu’on
vient de le rapporter,convient pareillement au conduâeur
ifolé ; ainfi paffons à fes particularités d’après
l’explication de M. de Morveau.
La pointe de mon condu&eur, dit ce favant académicien
, eft faite d’un morceau de laiton de f«
pouces de longueur , de quatre lignes de diamètre
, rapporté au bout de la verge de fer ^ar un
tenon & une goupille , & enfuite foudé à l’étain
pour prévenir la rouille.
Cette pointe eft élevée à la hauteur de quatre*
vingt-fix pieds aurdeffus du pavé; & j’ofeferve que
les effet* fenfibles que Ton délire dépendent beaucoup
de l’élévation, parce que les matériaux des
édifices attirent eux-mêmes & difîipent par conféquent
la plus grande portion du fluide élecy
trique qui s’en approche à un certain point.
Pour fixer la verge de fer fur un mât de manière
à la tenir ifoiée , j’ai pris ( ajoute M. de
Morveau ) fuivant le confeil de M. de Sauffure,
un morceau de bois d’alifier, de dix-huit pouces
de longueur, & de trois pouces de diamètre ;
après l’avoir fait fuccelfivement tremper dans l’eau
oc fécher au four à plufieurs reprifes , je lui ai
fait prendre jufqu’à une livre & demie d’huile de
térébenthine en l’arrofant, tandis qu’il étoitlexpofé
à la chaleur d’un bon feu. Je l’ai couvert d’un
large ruban de foie , & j’ai pofé fur le tout plufieurs
couches de gommé - laque.
Le petit bout de cylindre avoit été creufé en
fon milieu de la profondeur de quatre pouces pour
recevoir la verge de fer ; mais avant que de Ty
introduire, je crus devoir doubler cette cavité d’un
canon de verre, & garnir aufli de lames de verre
le bout du cylindre fur lequel devoit repofer Tern-
bafe de la verge de fer.
Au-deffus de cette embafe on avoit foudé un
chapeau de fer blanc de quatorze pouces de diamètre
, deftiné à garantir de la pluie le cylindre
ifolant, & au-deffus du chapeau, la verge de fer
portoit un manche de huit pouces pour recevoir
îa trefle de fil de laiton.
La réunion du cylindre d’alifier au mât de fapin,
s’eft faite par le moyen d’un goujon de fer &
d’une virole à griffes, portant deux branchés qui
ont été cloùées fur le mât.
Le goujon & la virole ne prenant ainfi que deux
pouces fur cette extrémité du cylindre, il.eft relie
en effet une interruption de toute matière communiquante
de la longueur dte quatorze pouces
jufqu’à la virole fupérieure.
Pour empêcher qu’un coup de vent ne foulevât
|l chapeau, la verge de fer a été pofée à bain
,fi maftic chaud. J’en ai coulé dans le deffus du
chapeau, jufqu’à la hauteur de la virole , & il
été encore forcé par deux forts rubans de foie,
oaffés dans des bouteilles foudées k la furface
(intérieure du fer blanc.
La barre de fer à laquelle eft attaché i autre
bout de la treffe , & qui traverfe le toit & le plancher
de l ’appartement où fe trouve l’appareil des
timbres , eft de douze à treize lignes de groffeur.
Elle porte de même un chapeau de fer blanc , feu-
[lement plus rapproché du toic, pour qu’il puiffe
[ mettre plus finement à l’abri de la pluie cette partie
I de la barre & l’ifoloir , qui s’ éloigne de toute raa-
I tière communicante.
I Cet ifoloir eft une boîte carrée de dix-huit
I pouces de haut , de fix pouces de large, de fix
[ pouces de toute face , au milieu de laquelle j ai
t fixé des tuyaux de verre par du maftic fait de fciure,
I de réfine & de verre pulverifé..
Le canon fupérieur eft armé d’un collet
1 pour recevoir la clavette qui traverfe la barre ,
I & la fufpend en entier, puifqu’elle ne doit avoir
I le contaâ d’aucune autre matière.
Une boîte pareille fert à ifoler la même barré
à la hauteur du plancher, &. toutes les deux ont
été pofées avec le moins de ferrures, & le plus
éloignées qu’il a été poflible.
On n’a pas befoin d’avertir que .ces trois ifo-
loirs doivent être éprouvés par la machine électrique
avant d’être placés.
La conftruâion de la barre inférieure eft ab-
folument la même que celle d’un paratonnerre non
ifolé ; elle eft terminée à la partie fupérieure
par un timbre correfpondant à celui qui termine
la barre ifoiée.
On fufpend entre les deux une boule de métal,
ou efpèce de battant accompagné d’un morceau
de fil de fer tordu autour de la barre ifoiée, &
recouvert d’un canon de verre auquel la foie
eft attachée. Il eft bon d’y placer encore deux
petites boules de moële de fureau, également fuf-
pendues par des fils parallèles dont le jeu eft plus
fenfible.
Enfin, on pratique une brifure depuis 5 pouces
environ au-deffus du timbre de la bafe non ifo-;
lé e , qui s’arrête par une vis de preflion à la dif-
tance que Ton défirei qui laiffe par conféquent
la facilité de la rapprocher à volonté de l’autre
timbre , même jufqu’au contaâ immédiat, & de
faire ainfi ceffer i’iiolement & tous les phénemçg
nés qui en dépendent.
jr O C A B TJ L A I R E.
C onducteur ; chaîne de fer ou de laiton , pour
foutirer la matière du tonnerre ,& la conduire fans
1 explofion, dans un endroit humide où elle fe perd.
I Conducteur isolé ; c’eft une chaîne de métal
qui ne touche que des matières non éleârifables
par communication.
Paratonnerre ; c’eft une barre de fer terminée
en pointe, qu’on élève au-deffus des édifices,
& à laquellç on joint u n conduéteur ou une chaîne
de fer pour attirer fans explofion , dans des temps
d’orage,la matière du tonnerre, & en préferver
les bâtimens.
*Arts & Métiers, Tome V , Part, M1, H h h h