
car on n’échangeroit pas a Cadix, 16 marc d argent,
contre un marc de piftolles, pour vemr-en-
l’uite l'échanger en Franco, contre 14 marc, & a
d’argent, fuivant l’anqien tarif ; il s’enfuivroxt de
là que les tireurs d’or & les orfèvres, qui au-
roient toujours fous la main des louis dans cette
dernière proportion, les fondroient, & que la
maffe numéraire de l’or s’épuiferoit lenüble-
ment.
Il paroît qu’à Londres, la valeur de l’or n’eft
pas tout-à-fait élevée au même dégre qu en France ;
l’once à 3 livres iS fous fterlings .poids de tro y ,
le change à 30 deniers, réputé le pair corref-
pond à peu-près à TY7 livres 15 fous le marc
poids & monnoie de France, & par conféquent
10 livres au-deffous du tarif, ce qui fait une
différence d'environ 1 & ht pour cent. Mais le
prixeftfufceptibledé variation, puifque, fuivant
l’expofé , il avoit été poitè ci-devant à Londres ,
iufqu’à 4 livres 1 fous fterlings, ce qui fait une
augmentation de 5 pour cent, & de 3 & 5 pour
cent au-deffus de notre tarif ; quoiquil en io it,
11 n’en rèfulteroit p?s moins que la valeur comparative
des deux métaux n’étoit pas, en France ,
dans l’équilibre convenable, & qu’il étoit necef- |
faire d’y remédier.
On ne conçoit pas trop comment la fuppref-
fion du droit de feigneuriage & des frais de fa-
brication , pourroit opérer un avantage en faveur
des artiftes qui employent cette matière première ; :
il paroît au contraire que , bien loin de contri- ;
buer à en diminuer le prix , elle devroit produire
un effet tout oppofé, puifqu’en rendant
poids pour poids, & titre pour titre , le prix de
fo r , au lieu de 747 livres fixé par le tarif, s e-
leveroit à 768 livres prix du marc des louis, &
peut-être au-deffus dans le commerce. D’ailleurs
ce droit prefque infenfible , 'quand il eft modéré ,
tient lieu d’un impôt qui feroit plus onéreux au
peuple.
L’ouvrage de M. Necker, fur l’adminiflration
des finances, contient d’excellentes réflexions à
ce fujet.
Telles font les réflexions que la chambre foû-
met aux lumières du rèdaéfeur. B
Délibéié à Lyon , en la chambre du commerce
de ladite ville.
Nous avons l'honneur d’être, avec une parfaite
confidèration, &c.
Lettre & o b je c tio n s , de la chambre du commerce
de D u n k e r q u e .
Monfieur, nous avons reçu avec la lettre que
vous nous avez fait l’honneur de nous écrire le 27 du
mois dernier, les deux exemplaires de vos observations
fur la déclaration du 30 octobre 1 7 °5*
Nous nous fommes occupés de l’examen de ce
travail avec toute l’attention poffible, & nous
avons cru même devoir en vérifier les principaux
calculs. Nous nous empreffons, Monfieur,
de vous adrefiefTes réflexions que nous y®"ons
de mettre par écrit ; nous rendons grâce a Mon-
feigneur l’archevêque de Touloufe, de la marque
de confiance qu’il a daigné nous donner, en
vous autorifant à nous communiquer votre ouvrage.
Nous avons l’honneur d’être, avec une parfaite
confidèration, &c.
Examen des obfervations fur la déclaration du 3O
Q&ohre 1785*
On penfe que c’e f y r ,s
-pagne & à l’Angleterre, puifque c’eft d’après [les
changes de Paris , fur Cadix & Londres, que nos
! calculs ont été faits ; mais 2.9 deniers-^ & 31
I deniers de même que 13 livre 10 fous, &
14 livres 8 fous, ne font que des termes extrêmes
, & il femble qu’il auroit été plus convenable
d'employer des termes moyens , comme
30 deniers tj & 14 livres 5 fous 6 deniers ,
afin d’approcher davantage du vrai réfultat de
l’opération des piaftres.
Si Cadix & Madrid, au lieu de recevoir des
remifes de Paris, avoient tiré fu r . Paris , dans
le courant de l’année 1784, à 90 jours de date,
& à différents changes, la moitié des 6 millions
de ,piftolles en tout ou en partie, cela occafion-
neroit une différence , & il faudroit aufli chercher
un terme moyen. Londres pourroit fort bien
aufli avoir tiré fur Paris. Il refte une dernière remarque
â faire, c’eft que l’Angleterre, qui fe
rembourfe ordinairement des envois qu’elle fait
à l’Efpagne à fur & à mefure qu’ils ont lieu ,
n’auroit pas tiré à la fois les 3 millions de pif-
toiles au feul change de 34 deniers f.
Trente des anciens louis contenoient( à 138 ~
grains chacun ) 4149 grains de fin, & 32 des
nouveaux louis ( à 129 f i grains chacun ) contiennent
pareillement 4149 grains de fin, mais
attendu que le marc des anciens louis n’a été
payé au change que 750 livres, & que les 32
nouveaux louis ont été reçus par le public pour
768 livres , il eft certain que tel qui a porté à la
monnoie un marc d’anciens louis , a dû rendre
iS livres en recevant de la monnoie un marc
de nouveaux louis.
Il feroit bien à defirer qu’en France, les efpè-
ces fuffent fabriquées, l’or au titre de 22 karats ,
& l’argent à celui de 11 deniers, fans aucun
remède de loi ni de poids, & que, comme chez j
les anciens Romains & chez les Anglois , les J
frais de fabrication fuffent aux dépens de l’état. 1
L’on eft bien éloigné néanmoins d’incliner pour
aucune refonte.
Lettre de la chambre du commerce de Ma r s e il l e .
Monfieur , nous avons examiné dans notre
chambre, les obfervations que Monfeigneur Par
chevêque de Touloufe vous a autorifé à* nous
communiquer, fur la_déclaration du 30 oétobre
1785 , & l’augmentation du prix des matières
d’or & d’argent, depuis le premier janvier 1726
Il y paroît prouvé , Monfieur , qu’on doit attribuer
aux divers tarifs , & aux changement fur-
venus dans les monnoies du royaume depuis cette
époque, l’augmentation progreflive du prix des matières
d’or & d’argent. Le détail que renferment à ce
fujet les obfervations dont il s’agit, ne laiffe rien
à defirer. ^Cette matière abftraite y a été traitée
avec la plus grande clarté, & l’on vous doit des
éloges , Monfieur, d’avoir développé de la manière
la plus évidente les caufes de cette augmentation
, les connoiffances que vous avez données
ne peuvent que devenir utiles. Nous vous
prions particulièrement , Monfieur, de recevoir
nos remercimens du travail intéreffant que vous
avez fait à ce fujet.
Nous éviterons , Monfieur, d’entrer dans la
difcuffion des motifs de la déclaration du 30 octobre
1785 , qui ordonne la refonte des anciens
louis, pour nous renfermer uniquement à la réflexion
que vous faites , qu’il pourroit convenir
aâuellement à l’artifte en France , de fondre
les écus de préférence aux piaftres.
En effet cet inconvénient auroit lieu, fi, com:
me vous l’èxpofez, 8 écus yô au titre de 21 deniers
fjj faifoient le marc, car alors pour que les
piaftres ne fuffent pas plus chères, il ne faudroit
les payer que 49 livres 8 deniers le marc, ou 5
livres 7 fous 10 deniers l’une , parce qu’il en faut 9 tt P°ur faire le marc, & qu’elles font au titre
de 10 deniers ^ , or il eft confiant qu’elles font
plus chères à Marfeille, à Lyon & à Paris. Elles
Valent depuis deux ans à Marfeille, de 5 liv. 8
fous , à 5 liv. 8 fous 6 den. l’une; mais nos écus,
foit que les direâeurs des monnoies employent plus
de la moitié du remède , foit qu’ils foient ufés
par le frottement, ne font pas du poids de 8 y%
au marc. Nous fommes perfuadés qu’on n’en trouvera
que peu ou point de ce poids, & que l’artifte
trouvera encore plus d’avantages à fondre
les piaftres que les écus. Il eft cependant bien
vrai que le gouvernement devroit s’occuper des
moyens qui, fans gêner le commerce, puffent
tenir les piaftres à un prix plus modéré. Il pourroit
d’abord ne fe départir d’aucun de fes droits
envers les direâeurs des monnoies, car en leur
donnant des facilités,on les engageroit à achct-
ter les piaftres au prix aâuel eu commerce , &
le commerce , pour avoir la préférence, ne man-,
q il croit pas de les mettre à un taux plus haut.
L’on pourroit encore s’occuper de diminuer les
frais de tranfport, ils font devenus aujourd’hui
prefque infupportables'par le privilège qu’ont obtenu
les fermiers des meffageries. Il n’en cou-
toit autrefois au commerce que 7 à 8 livres le
quintal , poids de table, pour les piaftres qui
etoient voiturées de Marfeille à Lyon ; la meffa-
gerie en exige 20 livres poids de marc, ce qui
fait plus du double. Ces 20 livres joints à — pour
cent qu’elle fait payer de Lyon à Strafbourg font
environ Jï. pour cent, & cVft encore plus lorsqu'elles
viennent de Bayonne ou de Bordeaux;
il en coûte jufqti’à Lyon ou Paris, près de \ pour
cent, & - de Lyon . où Paris , jufqu’à Stralbourg.
C’eft | pour cent, c’eft-à-dire près d’un fous par
piaftre , ou plus de 8 fous par marc. On fent
aifémenr, Monfieur , que la refpônfabiiité de la
meffagerie des fommes qu’on lui- confie, ne fau-
roit balancer la charge que fupporte le commerce
par le tranfport qu’elle fait de fes piaftres , &
que ce n’eft pas une raifon pour lui avoir accordé
un privilège qui devient fi onéreux. On
doit s’en rapporter aux mefures que peuvent prendre
les négocians, pour affurer autant qu’il eft
poffible , dans le tranfport, les piaftres & monnoies
qu’ils font chargés d’expédier dans les vftfes du
royatyne & à l’étranger, on doit leur làiffer la
liberté de choifirà cet effet des rouliers, comme
ils l’avoient autrefois, ou de fe fervir de la meffagerie
toutes les fois que, par un prix modéré,
cette voiture pourra leur convenir, & c’eft ici
le cas de.nous élever, Monfieur, contre un privilège
abufif dont aucune raifon ne peut jufti-
fier l’établiflement , & d’en demander la fuppref-
fion en Liftant la meffagerie en concurrence avec
les rouliers. L'intérêt du commerce l’exige, mais
celui du gouvernement,plus prépondérant encore,
femble devoir le déterminer à ufer des moyens
qui font à fa difpofition, pour que le prix des
piaftres foit diminué autant qu’il eft poffible, afin
de fe conferver de préférence un aliment fi né-
ceffaire pour la fabrication des monnoies de
France.
En nous bornant a vous faire part de nos réflexions
à ce fujet, nous ajouterons feulement ,
Monfieur, en général, que rien n’eft fi intéreffant
, fi defirable que la fiabilité dans le prix
des monnoies. Elles ont une valeur repréfenta-
tive de tous les biens réels , elles deviennent une
propriété des citoyens ; leur, poids , leur titre &
leur valeur devroient être abfolument invariables,
& l’expérience n’a que trop démontré que toutes
les fois qu’on y touche, foit par des furhau£
femens, foit par des altérations, il en réfulte des
préjudices infinis pour beaucoup de citoyens qui