
que l'outil les auroit entamées , elles fe trouveraient
criblées de petits trous. Il pourroit même
arriver ce qui arrive aux lames bataviques qui
éclatent auditât que leur furface eli rompue. Voyèq_
larmes bataviques dans le d/flionnaire de phyjique,
6* l’art des expériences, par l’abbé Nollet, Tout. /.
Si le moule s’exécute en fable, on formera
les modèles avec les corps les moins poreux. On
préférera donc le bois dur au bois tendre, & l'étain
ou le plomb au bois. Le poliffage des pièces
en ira beaucoup plus vite.
La matière des miroirs, quoiqu’aigre & difficile
à travailler, ne réfifte pourtant pas à la lime. On
évitera feulement d’en emploier de trop âpres:
elles déchireroient le métal au lieu de 1 égaler.
En les menant fur différens fens, en faifant fuc-
céder celles qui font plus douces à celles qui le
font moins , on parvient à1 emporter les plus
grands traits. Pour coriferver les figures, on appliquera
fouvent un calibre aux endroits fur lef-
quels on agit. L’ouvrage une fois deprofii, on le
frottera avec du grès pilé & mouille d eau,' à 1 aide
de molettes de plomb accommodées a fa furface.
Le grès qu’on renouvelle quand il celle de mordre
, répare en partie les filions qu a laiffés^ la
lime. On lave la molette & le miroir, & l’on
remplace le grès par de la- ponce broyée qu’on
change auffi de temps en temps. Ces moyens fuc-
ceffifs adouciffent les fuperficies. Bientôt il ne relie
plus qu’à les frotter avec du charbon tendre &
qui ne raie point, enfuite avec le buffle ou le feutre
& de la potee rouge hume&ée d’eau. Ppur dernière
opération on fera ufage de la potee d'étain
à fec.
Si la pièce finie attrapoit quelques taches, on
les enleveroit avec une tranche de liège chargée
d’une peu d’huile & de tripoli réduit en poudre.
Voyez le même volume de l art des expériences.
Toutes les fois que la forme des miroirs permettra
de les travailler au tour, cette voie fera
la plus expéditive : l’arrifte n’en cherchera-point
d’autre. Defire-t-on, par exemple, dé ces demi-
cylindres de métal auxquels on préfente des figures
defîinées irrégulièrement fur un carton, &
qui les rèfléchiffent fous des contours agréables
& naturels ? Le mieux eft de couler le cylindre
en entier. Le mouvement du tour accélérera le
poliffage, & , pour autre avantage encore, en
•partageant la pièce parallèlement à fon axe, on
aura deux miroirs au lieu d’un feul. ■< •
Je m’arrêterais volontiers à décrire la méthode
de tracer les cartons dont je parle. Mais ces procédés
appartiennent aux diélionnaires de mathématique
& de phyfique. Voyc{ dans ces parties de
VEncyclopédie les mots anamorphofe & miroirs,
a in f i que les planches qui fervent à /’éclaircijfement
du texte. g
Si le tour convient a polir les cylindres, il
convient également pour les furfaces coniques &
pour les miroirs concaves & convexes. On préfume
bien que la rotation eft à ménager, de même
que la prèifion du burin , & que la règle ou le
patron doit fouvent être portée fur le métal.
La dépenfe & les embarras de la fonte ont fait
imaginer, du moins pour lés miroirs ardetis, des
moyens fimples & qui les mettent a la portée de
tout le monde. J’ai vu de ces miroirs formes de
lames de paille appliquées avec un collage & fi
artiftement jointes, que l’oeil à peine pouvoit fai-
fir les points de réparation. La chaleur que ren-
v.oyoit le brillant de la paille étoit allez vive pour
allumer de la poudre à canon.
Les mêmes inftrumens , compofes de carton
ou de plâtre doré, produisent de plus grands effets.
Ils ne font pas difpendieux & durent des années
, quand on les garantit de la pouffière &
principalement de l’humidité.
Pour les conftruire, on difpofe avant tout un
moule .circulaire, foit en bois , fo.it en pierre. En
fuppofant qu’on adopte le bois ,• & quon veuille
donner au miroir un diamètre de quinze pouces,
il eft prefqu’impoftible que le moule, qui demande
autant, foit d’une feule pièce. Au refte
il importe peu qu’il foit de plufieurs morceaux,
•fi leur jonftion eft exafte & folide. En employant
une bonne colle & des chevilles , en barrant la£-
femblage en deffous, il acquerra t toute la con-
fiftance dont il a bèfoin. Trois pouces fuffifent
pour fon épaiffeur au milieu ; quant au bois , le
plus convenable eft le bois tendre & fans noeuds,
tel que le tilleul & l’aune.
Dans cet état, le moule imparfait ne préfente
qu’une efpèce-de meule. Pour 1 achever, on rendra
convexe la furface où ne fe trouvent point
les barres. La hache & le cifeau commenceront
l’ébauche ; le tour feroit trop lent, il ne fervira
qu’à finir. Je n’obferverai pas que la conduite
régulière de l’ouvrage exige indifpenfablement un
calibre bien fait, & que l’on confultera fréquemment.
Pour un miroir de quinze pouces, 1 échancrure
du calibre fera tracée par un rayon de deux
pieds & demi. La fig. 19, | § i ere. du lunetier
donne, en petit, uneldée du moule encore brut ;
la fig. 10 le reprèfénte achevé.
A l’égard du pourtour, ou bord extérieur du
moule, que j’appellerai la tranche, il doit etre
taillé parallèlement à l’axe, & foigne comme le
refte. On lui confervera d’ailleurs tout ce que la
courbe lui aura laide d’épaiffeur. Des trois pouces,
cette courbe n’en enlèvera pas plus d’un.
Sj l’on étoit à.portée de certaines carrières qui
fourniffent une pierrè connue dans la picardie &
dans bien d’autres endroits , fous le nom de pierre
blanche' ou moellon, il faudroit l’adopter de préférence
au bois. Cette pierre eft tendre & fe
tourne parfaitement. J’en conferve une fur laquelle
j’ai fait un de ces miroirs ardens : fon travail
entier ne m’a pas pris trois quarts-d heure.
De quelque matière que foit le moule, vous
le poferez à plat, & yous enfoncerez verticalement
dans fon milieu une broche de fer, ronde
& longue de 3 pouces, dont la moitié pourtant
demeurera faillante en deffus.
Enduifez toute la convexité du moule & fa
tranche, d’une couche de favon blanc , épaiffe
d’une demi-ligne. Recouvrez cet enduit de papier
vulgairement appelé papier de fo ie , coupé
circulairement d’un feul morceau s’il eft poffible,
c£ que d’avance Vous aurez imbibé d’eau. Tâchez
de ne laiffer aucuns plis , & rabattez fon pour-
l tour fur la tranche du moule , en l’y rendant ad-
j? hérenr par un paffement qui fera trois ou quatre
[ révolutions. Ce qui excédera le bas de la tranche
eft à fupprimer.
Il ne. fera pas inutile de doubler cette efpèce de
revêtement ; on appliquera donc (encore à l’eau)
I une fecônde feuille du même papier fur. la pre-.
[ mi ère, & le paffement qti’on détachera fera
r remis fur cette feuille nouvelle.
Pour obliger le papier à joindre également par-
K tout, renverfez le moule fur une große toile,
I tendue mollement dans un cerceau. La toile qui
I fléchira, preffera chaque point de Ja convexité.
Quand les feuilles feront.féçhées, retournez le
I moule, & paffez fur la petite, broche de fer l’ex-
1 trémité d’une règle à centre., a fiez pliante pour fe
i .prêter à la courbure du moule. Divifez le moule,
I ou plutôt le papier qui le cache, en 16 parties;
I portez la règle fur chacun des traits, & fans la I dégager de fon pivot, tirez au crayon 16 lignes
K allant du centre à la circonférence. Cette opéra-
K tion, comme on le v o it , formera feize triangles 1 pareils.. Etendez fur. Tun d ’eux une pièce de feutre
■ qui le recouvre entièrement & fans vuide. Re-
B placez la règle fur cet ajouté, & tracez-y deux
B- nouvelles lignes qui correfpondent fidèlement aux
I deux qui fe trouvent par deffous. Que le feutre en
I outre excède le diamètre de la pierre ou du bois,
I d’une couple de pouces. En retranchant au feutre
I tout ce qui dépaffe ies traces , vous aurez un pa-
I tron d’après lequel vous découperez régulièrement
1 ' des demi-fufeaux qui, cumulés & collés les uns fur
[ les autres avec des feuilles de gros papier in-
I termédiaires, compoferont la charpente du miroir.
L Le feutre eft fufceptible d’être ambouti, & dans
[ le cas préfent cette propriété n’eft pas indifférente,
i Son application fur une fuperficie bombée, fera
i bien plus précife.
Les démi-fufeaux s’exécutent en carton. On choi-
jLjfira le plus commun ; il prendra mieux la colle
rM ue celui qui eft apprêté, fur-tout s’il eft mince
! & flexible.
-us découperez une centaine de ces demi-
fufeaux. Le patron guidera l’inftrument : ils feront
tous uniformes. En quadruplant le carton avant
[ fofte agir le couteau , vous abrégerez* la be-
[ *°gne. Si l’on craint que le patron ne rémue fous
la main, on le fixe invariablement', en le chargeant
d une maffe de plomb.
Avec cette prôvifion, quelques feuilles de papier
d’emballage, & de la colle de farine claire
& bien cuite , on peut commencer le miroir.
Pour début, on retire le paffement d’autouf
de la tranche, & l’on étend fur le papier une
légère couche de colle. On en enduit aufli feize
demi-fufeaux, qu’on arrange foigneufementfur le
moule , chacun dans un des triangles marqués au
crayon. .
Le carton obéira mieux fi , lorfqu’il eft encollé,
on 1-e laiffe repofer quelques minutes avant de
l’appliquer.
Le plus difficile eft l’étente exaâe des 16 pointes :
un peu de patience en vient à bout. Ces pointes
une fois placées, on enfile auffitôt fur l’axe une
rondelle de carton de 5 pouces de diamètre,
qu’on fait defcenflre fur elles, & qui, pénétrée
de colle, les arrête immuablement. La bafe des
fufeaux fe replie fur là tranche, & le ^paffement
l’y contient. Pour empêcher les rides, on entaille
cette bafe avec des cifeaux.
La rondelle dont je viens de parler, ajoutant
fon épaiffeur à l’épaiffeur de la première couche
en carton , les fufeaux de la fécondé couche
doivent être tronqués à leur fommet. Un compas
ouvert de a pouces & demie , à compter de
l’extrémité de ces fommets, marquera ce qu’il
faut fouftraire.
Ces nouveaux fufeaux, bien encollés, feront
pofés fur les précédens dé façon que leurs bords
tombent fur le plein des autres. De cette liaifon
dépend la folidité de l’ouvrage. On ne rabattra*
la bafe fur la tranche qu’après avoir encore détaché
le paffement, & de fuite on en ceindra la
couche récente.
Quoique le carton dont nous avons fait choix
foit allez mou, le plus fur eft cependant de l’entremêler
de papier. On en étendra donc uae feuille
fur les deux épaiffeurs qui viennent d’être arrangées.
Les plis ne feront jamais affez forts pour
tirer à conféquence: Il fera d’ailleurs aifé de les
adoucir, fi le papier eft pénétré de colle à fond.
La circonférence du papier fe rabat comme
celle du carton. On l’entoure de la lifière , &
cette troifième mife achève la première .couche.
On laiffe fécher le tout naturellement, mais
dans le cerceau, le moule renverfé; & pour obvier
'à ce que la convexité n’attache, on fa«,!-
poudre la toile d’une poignée de farine. La lifière,
fi le papier perçoit , pourroit également fe trouver
prife. L’êmbàrras de l’enlever ne fera pas le
même ; on la v o it, il eft plus facile d’y travailler.
La, conduite d’une couche enfeigne à former
les couches fubféquentes. On redivife en 16 la'
furface fécliée ; on remplit les triangles de demi-
fufeaux entiers : un cercle de ;carton affujétit
leurs pointes; on tronque les fufeaux du fécond
lit ; lés bafes.font repliées fur la tranche, &
comprimées parle paffement; enfin une feuille de