
prime une qualité qu’on peut attribuer à un nom
fubftantif ; mais en même temps, il a les mêmes
régimes que le verbe, dont il eft le participe, &
dont il exprime l’aâion.
Des Verbes AElifs, Pajifs , Neutres & Réciproques.
Le verbe aâif eft celui qui repréfente une per-
ionne grammaticale d’un verbe , comme agiffant
hors d elle-même. '
Le verbe paflif eft celui qui repréfente une de
ces perfonnes , non comme agiffante, mais comme
recevant l'aâion d’une autre.
Pour faire fentir aux fourds & muets cette dif-
rence, nous portons un de ces Enfans dans un
fauteuil. Notre aâion eft fenfible, & nous la leur
fanons remarquer.
L enfant qui eft porté, ne (fait aucun mouvement
; fes bras & fes mains,/fes jambes, & fes
pieds, font pendans & demeurent immobiles com-
me s’ils étoient paralytiques : ce font les deux
fignes par lefquels nous diftinguons ces deux efpè-
ces de. verbes. : r
Quant aux verbes neutres & aux verbes réciproques
, l’explication par lignes en eft plus difficile.
, , .)*■ ; T>._ :
Nous ne la mettons ici que pour les maîtres
qui inftruiront des fourds & muets devenus capables
den faifir l’explication grammaticale. Nous
dirons plus bas à quoi nous nous en tenons
pour le commun des fourds & muets.—
Le mot neutre fignifie ni l’un ni l’autre. Le
verbe neutre n’eft donc ni aftif ni paffif.-Il n’eft
point aélif,puifqu’il ne repréfente point une per-
fonne agiffant hors d’elle-même, & dont l’opération
fe rapporte à un objet qui lui foit étranger.
Il n’eft point palfif, parce qu’il ne repréfente point
une perfonne comme recevant l’opération d’une
puiflance étrangère.
Il repréfente feulement une fituation , un état,
une qualité , une habitude , ou une opération in-
terieure , comme je dors, je déjeûne, je dîne , je
foupe , je tremble , &c. &c.
Ces verbes ont chacun leur ligne particulier à
proportion de ce qu’ils fignifient. , "
Le ligne commun à tous ces Verbes confifte à
les repi éfenter comme n’étant ni aâifs, ni paflifs ,•
en faifant à droite & à gauche lé figne dè‘ négation,
qui annonce qu’il ne s’agit point d’une opération
qui forte au-dehors de la perfonne dont
on parle , ni d’une opération qu’elle reçoive d’au-
çune puiflance étrangère , mais d’une, opération
qui fe paffe en elle-même , & qui fe borne à
elle-même.
r II faut en donner un exemple. Si je veux expliquer
par ligne ces mots je tremble , il faut faire i °:
te figne d e je ( première perfonne du fingiilier; )
V le hiouvement d’une pefronne qui tremble ;
1 » % ligne du préfent d’un verbe ; 40. le ligne
d’unç négation à droite & à gauche, point attif,
point paffif. ( Je crois devoir répéter icî ce que i’aî
dit ailleurs , que tous ces fignes s’exécutent dans
un inftanr. )
J-es verbes réciproques font ceux qui mettent
leurs pronoms perfonnels j e , tu, il, fuivis de leurs
pronoms conjonâils me , te , fe , au lingulier ;
. nous, vous, ils, fuivis de leurs pronoms conjonc-
tifs nous, vous, f e , au pluriel, avant l’exprelEon
particulière à chaque perfonne du verbe, comme je
me promène, tu te repofes, i l fe délaffe. Nous nous
. promenons ( le fécond nous eft un pronom con-
1 jonâif; ). Vous vous repofeç ( le fécond vous eft
■ aufli conjonâif ) , ils fe délajfent.
Les fignes communs à tous , confiftent dans les
fignes que nous avons donnés des pronoms per-
fonnels & des pronoms conjonâifs, foit au fin-
guÜer, foit au pluriel. ( Nous avons foin d’avertir
que ces verbes, dans leurs temps palfés , ne fe
conjuguent point avec le verbe auxiliaire avoir ,
mais avec le verbe auxiliaire1 erre ).
Avec le commun de nos fourds & muets, comme
nous ne penfons point à en faire des grammai-
riens , nous appelons verbe aâif tout verbe qui
exprime une aâion ou opération, foit intérieure,
foit extérieure, foit fpirituelle, foit corporelle ,
en un mot, toute opération qui n’eft point purement
paffive, parce qu’elle n’eft point produite en
nous ou fur nous par une puiflance étrangère.
Des Régimes des verbes.
Cet article eft un dé ceux qui peuvent mettre
plus de confufion dans l’efprit des fourds & muets,
fi leurs maîtres n’y donnent pas une attention fin-
gulière, foit en diâant les leçons, foit en les expliquant.
Nous appelons régimes des verbes, les cas
grammaticaux auxquels on doit mettre les noms
ou les pronoms, qui, après les pronoms perfonnels
, entrent avec le verbe daris la compofition
des phrafes.
Il y a deux fortes de régimes ; favoir, le régime
direâ & le régime indireâ.
Le régime dire# eft celui auquel fe rapporte &
fe termine l’aâion exprimée par le verbe, & qui
fuffit feule avec le pronom perfonnel & le verbe,
pour former une .phrafe entière.
Ainfi , dans cet exemple : je refpelie la vertu
je eft le pronom perfonnel, refpefte eft le verbe,
1^ vertu eft le régime, c’eft-à-dire , le nom fubf-
tantif auquel fe rapporte & fe termine l’aâion
exprimée par le verbe. Il en feroit de même de
cet autre exemple : je détejle le vice.
Dans ces deux exemples, la vertu & le vice Ç
qui font les régimes direâs des verbes qui les
précèdent, font à l’accufatif, c’eft-à-dire, au quatrième
cas grammatical, parce que tout verbe
a â if exige que le nom fubftantif auquel fon
aâion fe rapporte & fe termine, foit mis après
lui à l’accufatif. Mais
Mais voici, ce qui peut mettre de ia cOnftfion
VlVni l’eforit des fourds &' mue'ts.1 .
^ Lorfque le régime :dire£l du verbe eft un nom
fubftantif, il doit fe mettre après les verbes, com-
nie dans le(s deux exemples ci-deflus ;
Mais lôrfque lé régime direâ auquel fe rapporte
& termine l’aâion exprimée par 1^ verbe feftüii
pronom relatif ou conjonâif, il, 'dent fe mettre
avant le verbe, comme dans ,cès deux exemples ;
te vous honore 1 Us nous, regardent, rd’ou il arrive'
que ces deux pronoms nous & vous Xe trouvant
immédiatement ’avant lés verbes honorent & regardent,
fi on n’a pas foin de faire obferver au
lourd & muet, à qui l’on diâe,' que ces deux
pronoms font conjonâifs & non. perfonnels , il
écrira je vous honoré^ , & ils-nous regardonsdes-
lors il n’y aura plus de fens dans ces deux phrafes
J mais ft , en diâant, on fait fur ces deux mots
le figne de pronoms cqnjonâifs, il comprendra
que les deux pronoms perfonnels font ceux qui
précèdent vous & nous,,. & alors il écrira; ;c vous
honore, 6» ils nous regardent. .
Pour éviter toute çonfufion dans les explications
publiques , il finit toujours que celui qui
tient lâ baguette la mette', i°. fur le pronom per~
fonnel je , a°. fur .le verbe honore ,, ' f . fur le;pronom
conjonâif vo&î ; & de même,' 1 . fur le pronom
perfonnel ils, a°. fur le verbe regardent^ 30.
fur le pronom conjônâif nous , comme s-il y
avoit je honore vous, ils regardent nous.
Lé "régime indireâ préfente encore plus de
difficultés.
Nous appelons régime indireâ un nom ou un
pronom, par lequel on exprime une chofe à laquelle
l’aâion fignifiée par le verbe ne fe rapporte
point direâement. C ’eft une fécondé idee qu’on (
ajoute à une première, & fans laquelle la phrafe
avoit fon intégrité.
Ce fécond régime ou régime indireâ ne fe met
jamais à l’accufatif, parce que l’aâion fignifiée
par le verbe ne s’y rapporte pas direâement.
Il fe niet avant le verbe ( excepté à l’impératif) ,
& par confèquent donne lieu à la même difficulté/
dont nous venons de parler, comme on
peut- le vèirixlans .cet exemple : je vous préfente '
le livre, fi fur ;ce mot vous on ne fait-pas le,figne
de conjonâif ; ;mais il faut de plus avertir qu?il
n’eft point le régime direâ du verbe , pour
cela; il faut ajouter le figne de datif, c’eft-à-dire,
du troifième ças ^ dont on , fupprime dans notre
langage la prépofition à ,, mais qu’on ne dqit pas
fupprimer dans les fignes, ni en diâant, ni en
expliquant.
Il faut,,dans Explication, qu’on porte la.bar
guette fur cette phrafe , comme s’il y ayoit jtpré-
fente à vous le livre > & ne pas y omettre la pré-
ppfition.d./1;
Des adverbes. ;
Les verbes reçoivent des adj'èâif§ aufîi bien
Arts & Métiers, Tom. V, f art, I.
que les noms fubftantifs,. mais en la maniéré qui
leur eft 'propre.
Cés àdjeâifs font'appelés des. adverbes, parce
qu’ils fe mettent ayant 'ou après; les verbes, pour
en augmenter on en diminuer la fi gnification.
Par exemple , je. dis : j'ai frappé J mais j-’àjoute,
fortethent y. cet adjeâif augmente la figni'fication du
verbe. Au contraire , fi j’ajoute fpïblement, cet
autre adjeâif en’ diminue la figiiificatîë'n;■-
Cette efpèce, d’adje^lif ne fe décline point; Il
n’a point de cas, ni de nombre, ni de-genres.
voici comme nous le répréferitons par fignes ;
s’agit-il de ce mot grandement ? nôtis élevons notre
main droite à une hauteur convenable, enfuite
nous l’appliquons fur notre'main'gauche , c eft le
figne de l’adjeâif i cela fignifie grand y mais au Sitôt,
pour adverbifiercet adjeâif, nous franfportons
notre main droite fur notre, côté ,' parce qu’un adverbe
fe met à- côté d’un verbe pour le modifier,
comme notre main droite eft alors fur notre
côté; " " “ '■
Ce troifième figne , joint aux deux précédéns ,
fignifie1’grandement i “cèt exemple doit fuffire pour
tous les autres adverbes qui dérivent des noms
adjeâifs.
. Des Pjépofitibns.
Les prépôfitions font ainfi appelées ; parce
qu’elles ' fe mettent avant lès niots qu’elles ré-
gifleht.'’'' " ll- "w ■
Chacune a fon figne particulier conforme à fa
; lignification; mms'le figne général qui leur convient
à toutes , fe fait en courbant les doigts de
■ la main gauche & faifant marché! ççttë main
dans cette fituation de gauche â ,droite fur ia ligne
mêniê qu’on lit ou qu’on écrit, parce qu’alors on
: y rencontre les prépofitibns avant ' que de trouver
lé mot auquel/elles fe rapportent, ou plutôt
: qu’elles'têgiffent.
Ne croyant pas devoir nous en tenir fur cet
article à cè figne général, nous allons donner les
fignes1 de celles qui fe'rencontrent le plus fouvent
^àrîs le dïfcbûrs.
Avec .s’exprime par figue,s en courbant fes deux
1 mains yis-à-(vis l’une de l’autre., & montrant
qu’il y a , entre elles , deux ou plufieurs chofes
enfemble les deux mains ont alors la figure
d’une parenthèfe ( ).
Avant & après. : nous, écrivons ce mot midi ;
toutes les heures de là matinée font avant lui ;
toutes celles .qui le fuiyent .font, après : il eft au
milieu rentre les unes & les autres.
Dè,vahit& derrière y tout ce que je puis regarder
direâement en face, eft devant moi 7 tout ce
qüê jeiié peux voir fans retourner la tête de l’autre
côté , eft derrière moi.
Dans, & en n’ont pas le même figne. Dans exprime
ùnè fituation déterminée; Nous fermons les
quatre doigt* de. la main ga^die, ÔÇ' nous y fail
' Ê! !U- O o