
Pour les gra <ks fortes, telles que le chapelet,
L'impérial, le colombier , le grand-aigle, il -eit important
de preffer & de relever pluiieurs fois ,
parce que le grain en eft plus gros , & que d’ailleurs
, pour l’ufage du de {fin, auquel ces papiers
font fouvent deftlnés, leur furface doit être adoucie
avec attention.
J’obferverai ic i, i?. que l’ouvrier , en replaçant
les porfes fous la preffe, a foin de mettre à la
partie fupérieure des piles, les porfes qui en occupaient
le milieu , & de varier autant qu il eit
poifible, d’une preffée à l’autre , l’arrangement
des porfes, afin que les effets du preffage foient
uniformes dans toutes les parties dès piles.
2°. Que cet ouvrier garnit avec attention les
bordures des porfes avec des bandes de feutres,
pour que la compreifion fôit égale fur toute la
maffe des piles , car le milieu d’une pile de porfes
blanches étant toujours plus élevé que les bords,
il eft néceffaire, pour mettre toutes les parties de
la pile de niveau, d’avoir recours à ces bandes
de feutres , qui fuppléent à là moindre épaiffeur
des bordures. Sans cette précaution, la compref-
fion n’agilTant que fur Je milieu , les feuilles de
toute une pile , encore' humides , fe cafferoient
dans cette partie en fe partageant par la moitié.
Un feul homme , ave5 quatre à cinq prefles ,
peut échanger tout le papier fabriqué dans deux
cuves , fur-tout s’il a été bien preffe & bien leve
à la cuve. Le travail de l’échange duré ordinairement
deux jours entiers , fur une quantité
donnée de papier : bien entendu qu on y foumet
chaque jour les porfes qui fe fabriquent : on a
foin feulement de diftinguer les parties de papier
fuivant les différens degres d’apprêts qu elles
ont reçus , & le temps qu’on a commencé à les
leur donner.
JLcrfqï.e le papier, a fubi toutes ces manipulations
, il eft non-feulement adouci a fa furface,
mais encore bien feutré 8c afloupli dans i intérieur
ce l’étoffe. Enfin , il à perdu une très-
grande quantité de l’eau furabondsnte dont il
èioit pénétré en fortant des opérations J- la
cuve.
J’entends par le feutrage du papier que produit
l’échange , le rapprochement des fibres de
la pâte dans le fens de l’épaiffeur des feuilles ,
& leur adhérence entre elles. Le papier ne fe
feutre qu’à mefure que l’eau s’écoule ; tant qu elle
eit interpofée entre les filamens, ils relient écartés
: ainfi , le progrès du feutrage eft en même
raifon que l’écoulement de l’eau, 8c ces deux effets
font produits par l’a&ion réiteree & ménagée
de la prefTe. Les molécules d eau abandonnant
les fibres de la pâte, celles-ci fe rapprochent
& s’affaiffent l’une contre l’autre par la eompref-v
lion. On conçoit donc aifément pourquoi le papier
qui a pafle par les épreuves deléchange , eft
càrtonneux. Par une raifon contraire, le papier
qui n’a pas été échangé 8c qui fèche rapidement j
dans l’état d’humidité furabondante, ne doit pas
être feutré ni càrtonneux ; cependant ce papier
change de dlmeiiflon par l’évaporation qu’ij
éptouve dans nos ètendoirs, & fe rétrécit d’environ
un trente-deuxième fur fa longueur 8c fur fa
largeur ; mais malgré cette retraite , il s’en faut
bien que les filamens de la pâte foient rapprochés
autant qu’il' eft. poflible de le faire. 11 eft
né ce flaire d’employer une force extérieure,, qui
falTé que les vides .fe rempliflVnt à mefure qu’ils
fe forment, 8c ks prefles agiflant fur le papier
dans l’état d’humiditê , font très-propres à produire
cet effet : faute d’avoir éprouvé cette com-
preflion graduée des prefles, le papier a des pores
plus ouverts , 6c étant compofé de filamens moins
adhérens, il ne peut offrir une étoffe ferme &
cartonneufe. C ’eft aux différens états où fe trouvent
les papiers de France 8c de Hollande, en
conféquence des opérations de l’échange qu’on
fait fubir à l’un , & auxquelles l’autre n’eft pas
fournis, qu’on peut attribuer une grande partie
des qualités des papiers de Hollande, 8c des défauts
des papiers de France.
MM. de Mongolfier ont été tes premiers à
adopter l’échange, même fur des papiers fabriqués
avec des matières pourries. Je trouvai dans
leur fabrique un atelier d’échange tout monté
en 1779; mais en 17 8 1 , nous, avons reconnu
que l’échange s’exécutoit avec beaucoup plus de
fuccès 8c moins de pertes fur les papiers
compofés de pâtes non pourries 8c triturées aux
cylindres. Le rcievage étoit plus facile, 8c occa-
fionnoit beaucoup moins de caffés. D ’ailleurs,
l’adouciffement du grain des papiers échangés
étoit tel, que ces papiers offraient ce velouté &
ce glacé mate qui caraéférifent les papiers Hol-
landois. On a échangé aufli dans la même fabrique
, & à la même époque , les papiers après la
collé, particulièrement les moyennes 8c les grandes
fortes , 8c c’eft alors fur-tout, que l’on put
fe convaincre aifément que cette opération com-
plettoit les effets de l’échange,avant la colle , en
empêchant le grain de fe reproduire. Jamais l’action
delà preffe fur le. papier collé n’exprimoit
la colle du papier, furtout quand cette aétion
étoit bien ménagée : an contraire, elle a paru faciliter
l'introduction des parties collantes dans
l’étoffe du papier ; on pouvoit même obferver
que le vernis de la colle fe fixoit à fa furface,
Sl s’y luftroit convenablemeut à mefure qu’on
exécutoit les différentes manipulations de fe-
change*
Depuis ce temps cette opération paroît avoir
été introduite dans tous les moulins d’Annonay,
& dans plufieurs autres du Dauphiné, de l’Auvergne
8c de l’Angoumois , & il eft à délirer quelle
fe répande de plus en plus.
Le releveur décide, comme le leveur,de la
quantité de preffage qu’on doit donner au papier
{ deftiné à l’échange. S’il trouve que les feuilles
-idhèrent trop enfemble , il fe plaint de ce qu’on
a trop ménagé la preffe ; car ces feuilles adhèrent
fouvent par les extrémités & les bordures
nui ne font pas affez fèches..
1 Pour éviter cet inconvénient, il faut prelier
doucement d’abord, enfuite donner un coup de
preffe plus fort , 8c laiffer la preffe fe relever
rapidement, comme à la cuve. L’eau qui s é-
tpit portée vers ies bords des porfes, 81 qui
ne s’étoit pas écoulée au .dehors, rentre au centre.;
les feuilles, au fortir de la preffe ainfi dirigée,
font également.fèches par-tout, 8c leur relevage
s’exécute fans, difficulté.
Suivant l’état de féchereffe ou fe trouvent les
porfes au fortir de la chambre d e r cuv e, on'
preffe avant le relevàge, ou bien on relève tout
de fuite , puis on preffe. Cette opération du
preffage doit fe réitérer, & fe faire avec beaucoup
de ménagement ; car il eft à craindre, en
général, que dans l’état de molleffe où font les
feuilles des porfes blanches, on ne détruife leur
grain par une aétion de la preffe peu ménagée,
& qu’on ne leur faffe perdre leur tranfparance en
oblitérant l’impreflion des verjures. On fent que-
l’affion réciproque de ces feuilles, couchées les
unes fur les autres, peut produire ces effets à
la longue. , .
On ne rifque pas d’éprouver ces inconvemens
lorsqu’on preffe le papier entre les feutres, parce
que les feutres fe prêtent à la comprefliori , 8c
rendent l’eau. Ainfi on peut, fans crainte preffer,
fortement à la cuve, le papier qu’on deftiné à
l’échange. _ " , _ !
Un autre principe aufli effentlel. pour le iufc-j
ces de l’échange, eft que le grain du • papiçrj
qu’on relève foit bien prononcé. C’eft dans ;cèsi
vues que la toile des. formes Hollandoiies ,•
eft en général tiflùe avec un fil de verjure d’un
calibre plus gros qu’en France. Toutes choies,
d’ailleurs égales, ils gagnent par là une belle
tranfparence | & l’avantage de ne pas craindre la
deitruélion du grain ni les nèbulofités qui en font
la fuite. Outre cela , les HoUandoiS' ont foin que
la grofleur de la verjure foit proportionnée à l’épaiffeur
des papiers , en fuppofant les formats
égaux. .On fent bien que ces principes de fabrication
feroient mal raifonnés, dans le cas où le
grande adreffe & une longue habitude de cette
opération. Les petits formats fe relèvent avec
une grande vîtefle par -les plus jeunes apprentis.
On ne peut preterire ici le nombre des relevages
relevage ne fuccéderoit pas au travail de la cuve,
& laifîeroit le gros grain dans fon état primitif.
Il faut relever les papiers échangés à telle plate,
comme je l’ai déjà dit. J’ai dit outre cela, qu’on,
pouvoit donner-au plateau telle inetinaifori qui
convient le plus à l’ouvrier qui relève, & à la
forte de papier. Cependant les petites fortes fe
relèvent ordinairement en Hollande & en Flandre
tout à plat. Les grandes fortes fe relève.nt
de même à plat, mais à deux ouvriers. Si l’on
n’a pas à fa difpoflrion èes ouvriers , on incline.
I l plateau affez. conffdérablement : un feul homme
exécute le rekvage, mais. il faut qu’il ait urte
& des preffages auxquels on doit foumettre le
papier: ceci dépend de l’épaiffeur du papier, de la
faillie du grain & de la longueur de la pâte : toutes
chofes fur lesquelles l’échange agit , & qu’il doit
modifier plus ou moins pour produire de bons effets.
Une des grandes attentions qu’on doit avoir
lorfqu’on fait ufage de l’échange t eft de relever
les porfes blanches à mefure qu’elles font tirées
des feutres. En Hollande, l’ouvrier principal
chargé de cette opération , tranfporte dans Ion
atelier les poiffes à mefure & conduit les opérations
du relevage 8c du preffage, fans relâche
jufqu’à ce qu’on porte .les porfes à i’étendoir.
Lorfqu’on prend les porfes blanches au fortir
de la chambre de cuve , il faut les renverfer
pour que le bon coin, étant à la:droite du releveur
, puiffe être pincé 8c levé par la main droite
d’abord , puis par l’autre main : il n’y aura
rien ,de dérangé enfuite , quant aux difpofitions
des porfes, fi en les portant à l’étendoir après
l’échange, on. les épend en pagqs^ fans les retourner.
, .. ; .
J’ai beaucoup vanté les avantages de 1 échange r
parce que j’ai cru que ces manipulations pouvoient
contribuer à la perfection de nos papiers : effeétive-
ment, je fuis perfuadé que la plupart des papiers
de nos grandes & belles fabriques, qui manquent
fouvent de cet apprêt,,font affez bien fabriqués,
quant -à là qualité de; patès & au travail de la
cuve ,'pour recevoir des opérations, de l’échange
une amélioration, fenfible, & une perfe&ion qui
- en rendrôit i’ufàge* plus agréable. Mais je dois-
, dire ic i, que tous les papiers ne font pas à beaucoup
près fufceptibles de cette amélioration. Bien,
loin que dans certains cas ' l’échange .faffe l’efiet
d’un véritable apprêt , il eft au .conteaire un
• moyen de montfér & de mettre en; évidence les
défauts d'une fabrication négligée'. Une .pâte .inégale
, remplie de pâtôns , une pâté fechê 8i appauvrie
par la déperdition des patries fines,,
n’acquiert à la fuite des opérations de l’échange,,
qu’un lu-ftre inégal, un adouciflenient local , &
encore moins ce velouté que prend toujours une
matière peu ou point pourrie, & dont la trituration
a été bien conduite 8c opérée par de
bonnes machines.
Btendoirs+ •
Après que les porfes blanches ont été preffées
convenablement dans, certaines fabriques, le^gouverneur
du moulin; 8c dans d’autres dés ouvriers
qu’on nomme çtèndeurs de porfes , les portent à
l’étendoir ; C’eft ce que fait l’ouvrier» vignette»
planche XII, fig. 1. D D eft la fellette fur k -
I Quelle pofe le trapan léger q;ui fert à tranlporter