
facile : on la eonftruit en bois, & il fuffit qu’elle
ait fix pieds de long , trois & demi de large , &
qu’elle foit couverte en paille ou, en bardeau : elle
doit contenir un matelas, des draps , une couverture
, & une tablette pour placer quelques hardes
& des provifions de bouche : les portes en doivent
fermer à clef.
Les bergers font dans l’ufage de faire.coucher
les chiens à l’air dans lé parc , ou en dehors près
de leur cabane : ces animaux , que la nature n’a
point' prémunis , comme les moutons , contre les
intempéries des faifons , en font quelquefois incommodés
, & cet inconvénient deviendroit d’autant
plus grand , qu’on prolongeroit le parc plus
avant dans l’hiver : il feroit poffible d’avoir une
petite loge extrêmement légère , qu’on placerait à
l’angle oppofé à celui où feroit la cabane du berger
, de l’autre côté du parc.
On fait fortir les moutons du parc le matin
pour les mener au pâturage lorfque la; rofée eft
paifée , & on les gouverne au lurplus de la même
manière que s’ils vivoient dans les étables. On
doit avoir foin en été , de les mettre à l’ombre
dans le milieu du jour , pour les préferver de la
chaleur du foleil.
De la préparation, des terres avant 6» après le
parcage*
Comme les terres que l’on fe propofe de parquer
font en général deftinées à recevoir du b lé ,
il faut commencer, avant d’y mettre le parc , par
leur donner au moins deux bons labours à plat ,
afin que l’urine pénètre plus facilement la terre.
Il eft important de labourer promptement le
champ après que le parc y a pafle , afin de mêler
la fiente & Turine avec la terre avant qu’il y ait
évaporation ; d’ailleurs, pour peu que le terrain
foit en pente, s’il vient des averfes avant que le
champ ait ete laboure, une partie du-crottin eft
emporté.
Des agriculteurs , dont l’autorité eft d’un grand,
poids aflùrent qu’on peut parquer les terres à
blé , même après que la plante a pouffé , & juf-
qu’à ce qu’elle ait atteint un pouce de hauteur ,
pourvu que ce foit par Un temps fec; on l’a effayé
en Angleterre : les moutons broutent l’herbe, mais
on affure qu’ils font bien à la racine en foulant
les terres, & qu’ils écartent les vers par leur
odeur.
Ce n’eft qu’avec beaucoup de réferve, & f e
bord fur de petites portions de terrain , qu’on
doit tenter cette méthode ; il en réfulteroit de fi
grands avantages, qu’il feroit à fouhaiter que l’expérience
en confirmât la bonté , & que quelques
perfonnes riches en vouluffent faire l’effai fur de
petites parties : fi elle réuffiffoit , la facilité de
continuer à faire parquer les bêtes à laine fur les
terres à blé pendant prefque tout l’hiver^ offriroit
un profit de la plus grande importance.*
Il eft bien prouvé aujourd’hui que ces atiimadx
fupportent fans inconvénient les rigueurs du froid
& l’intempérie des faifons.
Du parcage des prairies naturelles & artificielles.
Le parcage dans les prés hauts eft très-avantageux
, fur-tout pour leur rendre de la vigueur lorsqu’ils
font épuifés ; mais il faut que la durée du
parc foit beaucoup plus longue fur les prés que
fur les terres labourables.
Dans les temps fecs, on peut laiffer le trou-;
peau dans le même parc pendant deux ou trois
nuits ; mais dans les temps humides il faut les
changer tous les jours , parce que les excrémens
de la veille faliroient les moutons : celte méthode
fertilité admirablement les prairies , & on peut
l’appliquer avec fuccès aux luzernes, au ray gras,
aux trefles, au from'ental ; toutes ces plantes con-'
fervent leur verdure l’hiver, lorfqu’elles ont été
parquées : il n’en eft pas de même pour le fainfoin,
les moutons font les ennemis de cette plante , &
le parcage la détruit au lieu de l’améliorer. On
doit éviter d’établir le parcage dans les prés bas,
leur humidité feroit nuifible aux bêtes à laine.
Des avantages du parcage dans l’exploitation d'un?
ferme*
L’avantage du parcage eft de fumer les terres
fans confommer de paille , & cet avantage eft
inappréciable , parce que c’eft la paille qui manque
prefque toujours dans l’exploitation d’uqe
ferme.
En fiippofant qu’un cultivateur faffe valoir une
ferme de deux charrues, ou de cinquante arpens
par foie , rnefure de roi ; qu’il ait un. troupeau
de trois cents bêtes à laine & dix à douze vaches,
il peut efpérer , dans une année ordinaire , &
dans des terres de fertilité commune , d’obtenir
deux cents voitures de fumier , chacune de quarante
à cinquante pieds cubes ; cette quantité, répandue
fur les cinquante arpens deftinés à être en-
femencés en blé , ne donnera pour chacun que
quatre voitures de fumier, & avec aufli peu d’engrais
-il ne peut efpérer que de trés-médiocres
récoltes mais fi ce cultivateur envoie fon troupeau
au parc pendant quatre mois de l’année,
d’après les calculs qui ont été préfentés ci-deffus,
il fumera environ.vingt arpens ; il ne lui en refiera
plus par conféquent que trente à fumer , fur chacun
defquels il pourra répandre fix à fe.pt voitures
de fumier ; enforre que foninduftrie aura produit,
fans augmentation de dépenfe , le même effet
que fi fes pailles euffent été augmentées de plus
d’un tiers.
Indépendamment de ces avantages , le parcage
a celui de donner aux terres une fumure plus
durable , & les avoines qù’on sème la fécondé
année s’en reffen-tent encore fenfiblement. Il feroit
â fouhaiter qu’on pût parquer de nouveau les
mêmes terres au bout de trois ans, & on prétend
qu’elles feroient améliorées pour long temps ; mais
la plupart des cultivateurs n’ont pas affez de bef-
tiaux pour parquer ainfi toutes leurs terres, &
fur-tout pour les parquer deux fois de fuite.
Du parcage de quclqites attires animaux domejliques.
Les bêtes à laine ne font pas les feuls animaux
qu’on puiffe mettre au parc; on pratique en Angleterre
la même méthode pour les vaches & pour
les cochon* ; le terrain où ils ont féjourné fe trouve
bien amendé & produit de riches récoltes.
Comme lé parcage de ces animaux n’exige aucune
précaution particulière, on n’entrera dans aucun
détail à ce fiijet.
PoJJibllité & avantages de tenir les moutons à l’air
toute l’année , & du parc domtfliqne. Extrait des
Mémoires de M. D aubeNTON 6* de fon inflruéîion
pour les- Bergers.
En faifant parquer les troupeaux toute l’année,
on augmente le produit; des pâturages & des
terres., & on rend les bêtes plus robuftes ; leur
laine doit être plus abondante , de meilleure qualité
, & leur chair de meilleur goût.
On épargne les frais de coniiruélion & d’entretien
des étables , & on préfer ve les bêtes des maladies
caüfées par le mauvais air des bergeries où
elles font en très-grand nombre, & fur des fumiers
ou litières trop confomméeS. Il faut fubf-
tituer aux étables durant le printemps , l’été
l’automne, le parc ordinaire fur les champs à amender
; & pour l’hiver un parc domeftique, c’eft -
à-dire, un enclos fermé de murs , où le troupeau
foit jour & nuit à l’air , mais garanti du loup. On'
peut le faire dans un clos tenant à la ferme ou
dans; une partie de la cour d’une ferme ; s’il eft
dans une encoignure , il y aura un mur de deux
côtés, & le s deux autres côtés feront fermés par
des claies.
On attachera des râteliers aux murs , ou même
aux claies. Le terrain fera en pente poiir l’écoulement
des eaiix de pluie : il eft à-propos de le
battre & de le-fabler.
Sid’ôn n’a pas de quoi faire de litière aufli fou-
vent que le temps ou les pluies le rendent nécef-
faire ; il fera balayé tous les jours pour enlever
le Crottin.
On a tenu ainfi toute l’année , en plein air,
jour & nuit , près Montbard , ville de Bourgogne
, fans aucun couvert, & pendant quatorze
ans, depuis 1767. jufqu’en 1781 , un.troupeau
d’environ trois cents bêtes ; il n’a eu d’autre
togement qu’une baffe-cour fermée de murs, où
il eft-encore à préfent. Les râteliers y font attiré
s aux murs fans aucun couvert : les brebis y ont
tnis bas : les agneaux y font toujours reftés, &
toutes les bêtes s’y font maintenues en meilleur
état qu’elles n’auroient fait dans des etables fermées
, quoiqu’elles ayent éprouvé des années
três-pluvieufes & des hivers très-froids', fur-tout
celui de 1776.
La laine tes défend affez des injures de l’air par
fon épaiffeur , fa longueur, & par la graille ou le
fuint ; de forte que fes flocons ne font ni froids ,
ni morcellés près de la peau , tandis que le refte
eft chargé d’eau ou de glace, ou couvert de givre
ou de neige : tes moutons font tomber l’eau & la
neige de leur dos en fe fecouant ; mais quand la
neige tombe fi abondamment qu’elle tes couvre ,
ils en relient couverts pendant du temps fans
périr.
Le grand froid pourroit faire du mal aux parties
du corps privées de laine , aux jambes, pieds3
mufeau , oreilles ; mais étant couchés fur la litière,
ils raffemblent leurs jambes fous leur corps, en
fe ferrant tes uns contre les autres ; ils mettent
leur tête & leurs oreilles à l’abri du froid dans lés
intervalles qui relient entre eux, enfonçant te bout
de leur mufeau dans la laine.
L’étendue du parc domeftique doit être
réglée fur te nombre des bêtes, & en partie fur la
quantité de litière qu’on peut leur fournir ; lorfque
la litière n’eft pas abondante , on eft obligé
de refferrer 1e parc , mais il faut au moins fix
pieds carrés pour chaque mouton de moyenne
race : fi l’on peut fournir plus de litière , on agrandira
1e parc jufqu’à donner huit, dix ou douze
pieds Carrés par mouton : tes bêtes peuvent fe
mouvoir aifément & changer de place , elles falif-
fent & ufent moins leur laine ; les brebis pleines
& les agneaux font moins fujets à être bleffés.
Les meilleures expofitions pour 1e parc domeftique
font 1e midi, 1e fudouefl & le fud-eft, où
les murs du parc garantiffent 1e troupeau des vents
de bife & de galerne.
Tant qu’il y a du fumier dans 1e parc, il faut y
renouveler la litière pour empêcher que les moutons
ne foient fur la boue & le crottin ; mais quand
la litière manque , il faut mettre 1e fumier hors du
parc , enfuite 1e balayer tous tes matins.
Si 1e terrain du parc n’eft pas folide par fa nature
, ou s’il n’a pas été battu comme un acre à
battre 1e blé , à jouer à la boule , il faut 1e fabler
journellement de fable fec.
Le fumier qui fe fait en plein air n’eft pas fujet,~
Comme celui des étables & bergeries, à fe trop
échauffer , à perdre fa qualité ; tes pluies , la neige
en font un meilleur engrais.
Quant aux râteliers , aux auges, qui doivent
être deffous , on doit les faire à l’ordinaire , en
quantité & grandeur proportionnées au troupeau.
Quand il y a des brebis qui agnèlent dans le
temps 1e plus froid , le berger veillera pour les
retirer, ou il mettra tes brebis prêtes à agneler
dans un bâtiment ou fous un appentis féparé du
troupeau par des claies ; s’il y a des bêtes ma