
octaves avec un feu de lampe ; mais- apparemment
que la vapeur de l'huile--empêchoir le
fucces. Plufieurs fois le poulet s’eft formé , mais
¥; n’eft jamais venu à bien , ou s’il s-et éclos, il
n a point vécu.
M. de Réaumur a cherché une façon plus commode
& moins coûteufe que celle des Egyptiens.
Il dit, dans fon art de faire éclore les poulets,
que pour y bien réufîir il faut prendre des tonneaux
vides , défoncés.par un bout, placés fur
leurs culs, & enfevelis dans du fumier de cheval ;
mettre dans ces fours artificiels deux ou trois corbeilles
où l’on range des oeufs , & qu’ils y font
couvés par la chaleur qui pénètre dans ces tonneaux.
Il ajoute qu il faut avoir foin de n’y laiffer entrer
de 1 air qu autant qu’il en faut pour y maintenir
la chaleur qu’a une poule qui couve. -
Cette méthode eft en ufage dans diverfes ‘communautés,
qui en retirent, dit-on , beaucoup de
profit.
Un homme a l’attention que la chaleur s’entretienne
toujours à-peu-près égale.
M. de Réaumur a aufîi remarqué qu’uné poule
-remuoit plufieurs fois par jour les oeufs qu’elle
couve, & qu’à fon imitation, il ne faut pas négliger
de les changer aufîi de pofition.
Quand on fuit ce procédé, au bout de vingt-
un jours, terme ordinaire de l’incubation naturelle
, on voit éclore des poulets qui ne connoif-
fent point la mère fous laquelle ils paillent être'
reçus ; mais on y fupplée en les faifant'palier du
tonneau dans une caiffe longue , au'fîi entourée de
fumier, mais inégalement, afin que les nouveaux
nés puiffent eux-mêmes choifir le degré de chaleur
qui leur convient le mieux. ' "
Il eft même affez. ordinaire de voir éclore les
poulets le vingtième jour , c’eft-à-dire , un jour
plus tôt qu’ils ne fortent dans ce pays de*» oeufs
couvés par une poule j la raifon en vient de ce
que ces oeufs ne font pas expofés au refroidiffe-
ment, comme le font dè temps en temps ceux de
la poule.
Entre les^oeufs d’une même couvée, les uns éclo-
fent plus tôt, les autres plus tard , à raifon de l’é-
paiffeur plus ou moins grande de la coque, qui fait
varier la tr’anfpiration.
Pour régler les degrés de chaleur néceffaires*,
il y a parmi les oeufs un ou plufieurs petits ther-/
momètres que l’on a foin de vifiter de temps en
temps.
Quand la chaleur efl trop forte , on donne un
peu d’air frais en ôtant un moment la planche arrondie
qui fert de couvercle au tonneau, ou en
débouchant des trous qu’on y a pratiqués.
Si au contraire la chaleur devient trop foible ,
on ajoute du fumier plus nouveau autour du
tonneau.
La précaution la plus effentielle qu’on doit avoir
c’eft qu’il ne règne pas d’humidité dans le tonneau
; &. pour cela'il faut qu’il fou enduit de piâ-
tre en dedans , & que cet enduit ait eu le temps
defécher. ■ .
- Le dégré de chaleur le plus convenable, c’efl
32. degrés au thermomètre de. Réaumur ; c’eft la
vraie chaleur de la poule qui couve s trente-quatre
.degrés font une chaleur trop forte, mais qui
n’eft point mortelle aux poulets ; au lieu que celle
de trente-fix degrés eft abfolument trop forte.
Cependant cette façon de faire éclore les poulets
imaginée par Réaumur, s’eft trouvée fujette à tant
d’inconvéniens, que le public n’en a pas tiré tout
l'avantage que l’auteur s’en, étoit promis.
Autre méthode.
M. Mtffier apropofé une méthode plus facile,
plus fure & moins difpendieufe que celle de M.
de Ré aumur, pour arriver au. même but.
M. Mefîier fait pafTer le tuyau d’un poêle dans
lin grenier, ou dans tout ai-v^re endroit élevé de
la maifon : il y fait enfuite eonftruire une lanterne
de fix pieds de diamètre , entourée de chaflis vitrés,
& terminée en dôme par le haut. Il y met des
tablettes d’ofier d’un pied de large tout autour ,
& les éloigne plus ou moins les unes des- autres,
félon la quantitéd’oeufs qu’il veut faire éclore.
Les chaflis .doivent s’ouvrir de haut en bas , &
même il faut que quelques carreaux puiflent s’ouvrir
fépârément , afin de donner de l’air s’il fe
trou voit trop de chaleur : il eft même néceffaire
qu’il y ait toujours dans la lanterne un thermomètre
pour en marquer le degré.
Le tuyau du poêlé doit paffer au milieu de la
cage , & être fait eiïv fourche , parce qu’auflitôt
qu’on a at:eint le degré de chaleur néceffaire, oit
ferme une foupape : l’autre tuyau-fert à faire paf-
fer la fumée du poêle, & échauffe un autre endroit
où l’on veut élever les poulets.
Lorfque la cage eft une fois échauffée, fa chaleur
peut durer au moins trente-fix heùres dans le
même degré, parce qu’on n’ell pas obligé d’ouvrir,
le cou voir comme dans la manière de M. de
Réaumur. Pour obferver le thermomètre, on peut,
le voir au travers du verre.
Lorfque les petits font prêts à éclore, on diminue
la chaleur de deux ou trois degrés.
Pour trouver le degré convenable , on prend
un petit tube de thermomètre 9, on le met fous
l’aiffelle pendant une demi-heure, & en le retirant
on a un fil tout prêt que l’on noue à l’endroit où
fe trouve la liqueur, & ce fera furement le degré
le plus jufte.
On raconte qu’une dame de Verfailles, dont
l’appartement au grand commun eft divifé en deux,
par un entrefol affez bas pour qu’onpuiffe toucher
de la main au plancher , s'aperçut quelatre d’une
cheminée de l'étage fupérieur communiquoit beaucoup
de chaleur à une tablette placée au-deffous.
Cette dame jugea cette chaleur capable de faire
éclore des oeufs de poule, & le jugement de la main
’fans le fecours d’aucun autre thermomètre, a été
affez fur pour que l’expérience ait réuffi au bout
de vingt & un jours d’attention , en mettant fou-
vent l’oen" tans la main, & approchant ou reculant
un panier fuivant la chaleur du plâtré.
L’oeuf a été parfaitement couvé dans ce par’ -r
garni de coton , & enfin le poulet a becqueté i
coquille peu de temps après. Celui-ci a été fuivi
d’un autre.
Ces deux poulets font nés le 27 & le 29 mai
1760. Us ont été élevés fur une fenêtre expofée au
levant, entre deux chaflis , couverts de coton dans
un petit panier.
Pour les exciter à manger, on frappoit du doigt
fur le papier où -étoit leur nourriture, comme la
mère frappe du bec fur la terre. Ils couroient
dans la chambre fans appeler leur mère qu’ils ne
«onnoiffoient pas.
Manière de faciliter aux poulets la fortie de leur
coquille. ^
Il eft un temps marqué par la nature \ où les
oeufs couvés par les femelles éclofent, & où les
petits jouiffent de l’air & de la lumière. Il arrive
cependant quelquefois que ces petits, ne peuvent
forcer leur prifon, & qu’ils meurentt à la peine.
Dans ce cas, les plumes du jeune oifeau font
collées contre les parois intérieures de l’oeuf , &
cela doit arriver nèceffairement totftês les fo.sque
i’oeuf a éprouvé une chaleur trop fortes
Pour remédier à cet inconvénient, lorfque les
oeufs font tardifs , il faut les mettre dans de l’eau
vraifemblablemert tiède cinq ou fix minutes. L’oeuf
pompe à travers fa coquille les parties les plus tenues
de l’eau , & l’effet de cette humidité eft de
difpofer les plumes qui font collées contre la coquille
, à s’en déracher plus facilement : peut-être
auffi que cette efpèce de bain rafraîchit je jeune
oifeau, & lui donne affez de force pour brifer fa
coquille avec le bec.
On peut employer ce procédé pour les oeufs de
perdrix, de pigeons & autres volailles.
Uparoît, par l’examen qu’on en a fait, qu’à égale
quantité d’oeuf , il naît un plus grand nombre de
poulets des oeufs couvés dans les fours à fumier ,
ou dans ceux échauffés à l’aide du feu, que des
oeufs couvés par les poules, qu’elles - mêmes en
brifent plufieurs, ou abandonnent leurs oeufs avant
qu’ils foient éclos. On peut eftimer qu’il vient des
oeuf couvés dans les fours , à-peù-près les deux
Üers de poulets.
Manière de traiter les poulets nouvellement éclos.
Lorfque les petits poulets font éclos, il faut les
mettre en état de jouir de la libe Lé néceflaire
pour exercer leurs jambes & fortifier lenr corps.
Pour cet effet on les met dans une boire longue
de cinq ou fix pieds, & recouverte d’une claie
d’ofier. On peut donner à cette boité le nom de
poujjinière.
On la place au milieu d’une couche de fumier
qui lui comm: nique une douce chaleur. On met
dans cette pôufilmère de petits vafes qui contiennent
la nourriture propre aux poulets.
Quand on veut opérer des effets pareils à ceux
que la nature nous fait voir , on doit la copier
dans fes procédés : ainfi il faut donner aux poulets
quelque chofe d’équivalent à cette douce
preffion du ventre de la mère contre le dos des
petits qu’elle couve : preffion qui leur eft très-
néceffaire , puifque leur dos a plus befoin d’être
échauffé que toutes les autres parties du corps.
On établit donc dans la poujjinière, une mère
ou une couveufe inanimée qui leur tient lieu d’une
I poule vivante. Qu’on fe repréfente un pupitre tel
que ceux. qu’on met fur une table à écrire , dont
les parois de la cavité intérieure font revêtues
d’une bonne fourrure d’agneau ; on jugera
•qu’elle peut être pour les poulets l’équivalent
d’une mère, & même valoir mieux pour eux.
C ’eft un logement qui leur donne une libre entrée
; mais le toit étant peu élevé & incliné, ils
ne fauroient avancer dans l’intérieur fans que leur
dos,touche lès poils de la peau dont la furface
intérieure de ce toit eft recouverte. A mefure
qu’ils .s’enfoncent plus avant, leur dos prçffe davantage
„la fourrure , & ils la preffent plus ou
moins à leur gré. C ’eft fous cette mère artificielle
que les poulets vont fe réchauffer fuivant leur
befoin.
Lorfque les poulets font plus forts & plus gras
que des merles, on les fait paffer dans une grande
cage , où ils peuvent fe percher & faire ufage de
leurs ailes. Il eft avantageux d’y pratiquer une
mère artificielle pour mettre les poulets à l’abri
des vents froids & de la pluie. Lorfqu’aprè; ces
foins & avec le temps , -les poulets font devenus
affez forts , on les laiffe courir dans la baffe-
cour.
Nouvelle méthode d'élever les poulets fortant de
L'oeuf.
On a annoncé dans les papiers publics d’Angleterre
, une nouvelle méthode pour élever les
poulets ,& leur faire prendre en très-peu dé temps
I tout leur développement. Il faut , dit-on , retirer
j les poulets de deflbus la poule , la nuit qu’ils font
I éclos , les remplacer par de nouveaux oeufs que
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