
de noms fubflantifs, comme la bonté, la m -
deur , la fiagejfie, la ficience.
Voici de quelle manière nous exprimons ces
fortes d’adje&ifs fubftanrifiés,
Si nous voulons, par exemple , di&er à un
fourd & muet ce mot la grandeur, nous faifons
d’abord le ligne de l’article féminin la , enfuite le
figne de. grand, qui eit un nom adje&if, mais
nous y joignons aufli-tôt le figne de fubfianrif ,
qui annonce que cet adjeÔif eft fubftanrifié, &
qu’il peut recevoir lui-même d’autres adjeélifs.
Nous en donnons plulieurs exemples, d’après
lesquels les fourds & muets ne s’y trompent point,
foit en lifant dans un livre , foit en écrivant fous
notre didlée.
Des noms de nombre, & des figne s qui leur conviennent,,
Les noms de nombre fe divifent en cardinaux
& ordinaux.
Iis ont chacun les lignes qui leur font propres :
pour dire trois, nous tenons trois doigts élevés
perpendiculairement ; mais pour dire troifième nous
les tenons couchés, & les faifons avancer horifon-
talement en droite ligne vis-à-vis de nous, en
ordre de proceflion ou de bataille, ce qui indique
que troifième eft à la file des autres , & le rang
qu’il y tient.
Pour le nombre cardinal nous n’avons befoin
que du premier figne ; mais pour le nombre ordinal
, après avoir fait ce premier ligne , il faut y
joindre le fécond, fans qu’il foit néceffaire d’avertir
que c’eft un adjedif, parce que la chofe parle
d elle-même.
En élevant perpendiculairement depuis un juf-
qu’à neuf autant de doigt-s qu’on veut exprimer
de dixaines, & y.ajoùtant le figne de zéro qui
eft le même que celui d’un O , cela fait ou dix ,
ou vingt, ou trente, ou quatre-vingt-dix. - *
Cent s’exprime comme en chiffres Romains par
' un C , mil par une M.
On donne aux fourds & muets une idée très-
diixtn&e de ces nombres, en leur faifant compter
•fur une longue ficelle des grains de chapelet par
dixaines, par centaines & par milliers.
Sur les temps de Vindicatif du verbe être.
Lorfque les fourds & muets ont bien faifi la
différence des noms adje&ifs d’avec les noms fub-
fianrifs , il faut leur montrer que c’eft lé verbe
fubftantif je fuis 3 tu es , il eft, & c ., qui fert à
unir les uns avec les- autres, lorfqu’ils fe conviennent
, ou à les féparer, lorfqu’ils ne fe conviennent
pas, en ajoutant à ce verbe une négation.
Il faut leur en donner plufieurs exemples, &
leur faire apprendre les temps de l ’indicatif de ce
verbe, pour multiplier les petites phrafes qu’ils
puiilent entendre jufqu’à ce que la connoiffance
entière des verbes, ainfi que des autres parties
du difeours, les mette en état de comprendre tout
ce qui eft néceffaire pour.leur inftruéUon.
Le figne de ce verbe eft tout naturel.' £n po-
fant, pour ainfi dire, les deux mains , on montre
la fituation d’unxe perfonne qui eft, ou debôïit
ou affile, ou à genoux, 8cc.
Des pronoms.
Pour exprimer par fignes ce que c’eft qu’un pronom
, nous faifons un rond avec un crayon fur
la table, 8c nous y mettons une tabatière ; nous
la pouffons enfuite hors.de ce rond, & nous y
fubftituons une autre chofe.
v Un pronom, eft un mot qui fe met à la place
d un autre nom, & le figne commun à tous eft
1 a&ion que nous venons de faire ; mais chacun
a fon figne particulier à proportion de ce qu’il
fignifie.
Des pronoms perfionnels, des conjonEiifs & des
P°J/eJfîfs 9 6* des fignes qui leur font propres.
Les pronoms je , moi 3. me, mon 9 ma, mes > le
mien 3 la mienne , les miens y les miennes \ ont chacun
leur figne diitinélif ; & fi cela n’étoit pas, il
feroit impoffible que les fourds & muets écrivif-
fenr, currente calamo , fous la . diâee des fignes
méthodiques.
Il -n’elt perfonne qui ne s’aperçoive que tout
Orateur qui parle de lui-même, endifant,/ep<?«-
fie y je defire, fait avec fa main droite une efpèce
de demi-cercle en l’approchant de fa poitrine, c’eft
le figne de je ; mais fi l’on dit telle, chofe eft à
I moi ou pour moi, on met fa main fur fà poitrine,
comme un prêtre qui fait un ferment en juftice. ,
oc on fe frappé foi-même très-doucement à plus
d’une reprife.
Nous faifons tous naturellement ce figne, lorfque
dans un partage, nous difons à quelqu’un :
voilà ce qui eft pour vous 8c ceci eft pour moi ;
ces deux pronoms font perfionnels , mais le fécond
fixe davantage les yeux fur la perfonne qui parle
d’elle même.
Nous faifons le meme figne pour exprimer me ;
mais fur le champ , nous portons Ÿindex ds la main
droite fur celui de la main gauche, pour faire entendre
que ce pronom eft conjonàif, c’eft-à-dire,
qu’il fe met toujours avec un veribe, dont il eft
le régime dirêâ ou iridireét.
Mon , ma-, mes fi font des pronoms pojfiejfifis &
de vrais adjeétifs. Ils s’expriment en fe montrant
fol-même d’une main, & de l’autre le nom fubf-
tantif, ceft-à-dire, la chofe qu’on dit être à foi.
On y joint" le figne d’adjeâif/, Si ceux du nombre
8c du genre qui conviennent.
_ mien, la mienne, les miens, les miennes, ne
diffèrent de mon , ma , mes y en genre de fignes,
quen.ee que l’article qui les précède annonce
qwe ce font des pronoms qui ne fe mettent jamais
avec le nom fubftantif auquel ils fe rapportent.
1T27j
On fait donc le figne d’article, & enfuite les
mêmes fignes que pour mon y nia. mes.
D ’après cette explication, il eit aile de comprend
s comment on doit exprimer par fignes tous les
autres pronoms, foit perfonnels, foit conjonctifs
, foit poffeflifs.
Tu, toi, indiquent la fécondé perfonne d’un
verbe’, à laquelle on adreffe la parole; ils font
pronoms perfonnels : en ajoutant à ce premier
L n e , les fignes de conjonâif ou de poffefîif, &
les fignes de nombre & de genres qui conviennent,
on. rendra très-clairement par fignes les
pronoms , te y ton, ta, tes, le tien y la tienne y les
tiennes.
I l 8c elle y lui & fioi, indiquent la troifième perfonne
d’un verbe, de laquelle on parle ; ils font
pronoms perfonnels : en ajoutant à ce premier
iigne les fignes de conjonâif ou de poffefîif, 8c
ceux de nombre 8c de .genres qui conviennent ,
on rendra très-clairement par fignes les pronoms
fie y fion, fia, fies , le fiien, la fienne , les ficus , les
fiennes.
Les pronoms lui & fioi qui font perfonnels, fervent
aufîi de pronoms conjonâifs : je ju i donnerai
: on doit s’aimer fioi-meme d’un amour réglé, j
Il en eft de même des p- onoms nous 8c- vous :
dans cette phrafe nous vous donnerons -s nous eft
perfonnel, 8c vous eftconjon&it : dans cette autre ;
phrafe vous nous donnerez, c’eft vous, qui eft per-
fonnel, & nous qui eft conjonéfif.
Pour faire entendre ces fortes de phrafes aux
fourds 8c muets, nous écrivons d’abord nous donnerons
à nous 8c vous donnerez à nous ; mais enfuite
nous remettons ces deux datifs à vous 8c à nous à
la place qu’ils occupent dans notre langage.
Ils , elles y eux , font les pronoms-perfonnels
de la troifième perfonne du pluriel : leur eft con-
jonftif dans cette phrafe :[je leur donnerai ; il fignifie
je donnerai à eux ; mais il eft. poffefîif dans
celle-ci : ils mangent leur pain fiée.
Le pronom leur poffefîif fe met au fingulier ;
lorfque la chofe aimée, ou poffédée, ou, &c. ,
par plufieurs eft unique, comme dans cet exemple
: les Parifiens aiment leur roi & leur archevêque ;
mais on met leurs au pluriel lorfqu’il s’ agit de plufieurs
objets aimés, ou poffédés, ou , & c ., par plufieurs,
comme dans cet autre exemple : les Parifiens
aiment leurs curés.
Dans le premier cas on indique tous ceux dont
on parle en promenant fa main devant eux^ ; on
fait enfuite le figne de poffelïif, 8c on y ajoute
celui de fingulier ; mais dans le fécond cas, après
le figne de poffefîif, on ajoute celui de pluriel.
Le y la y les , qui font des articles , quand ils
font devant des noms fubflantifs, font des pronoms
conjonâifs lorfqu’ils font le régime d’un
verbe, 8c qu’on peut les traduire par lui» die ,
eux y elles, comme dans ces exemples : je le connais
y je la rcfipe&c f je les eftime , je Us honore.
Un premier figne indique les perfonnes dont
oni parle, un fécond figne annonce la conjonélion
avec le verbe dont ils font le régime.
Des pronoms démonftratifis, & des fignes qui leur
font propres.
Les pronoms dèmonftratifs fe montrent du bout
du doigt, qu’on approche de la chofe. même à
laquelle ils fe rapportent, ou qu’on montre avec
l'index fans en approcher.
On met ce avec un nom fubftantif mafculin ,
qui commence par une confonne ; mais on met
cet y lorfque le nom fubftantif commence par une
voyelle, ou par une h ; cette fe met avec un fingulier
féminin ; ces convient également aux pluriels
des deux genres, •
Celui, celle, ceux , celhs ne fe mettent jamais
avec le nom fubftantif auquel ils fe rapportent ,*
ils diftinguent entre deux ou plufieurs objets ,
celui ou ceux dont on veut parler, ils le montrent
de loin ou de près, il n’importe, 8c. ils ajoutent
à ce premier figne celui des pronoms perfonnels ,
comme s’il y avoit cet i l , ou cette elle y ces ils ,
ou ces elles, avec les fignes du nombre & du
genre qui leur conviennent.
Ceci fignifie cette chofe : cela fignifie aufîi cette
chofe ; mais quand ils fe trouvent dans une même
phrafe, ceci fignifie fimplement cette chofe que je
montre en premier, 8c cela fignifie cette autre chofe
que je montre en fécond, ou quelquefois tout le
contraire , parce que ceci fe dit ordinairement
d’une chofe plus proche , 8c cela fe dit d’une
chofe plus éloignée.
Des pronoms interrogatifs 8* des relatifs y & des
fignes qui leur font propres.
Les pronoms interrogatifs ou relatifs qui, que ,
quel y quelle , quels , quelles y lequel, y laquelle y lesquels
, lefquelles ont chacun leur figne diftindlif.
Iis font interrogatifs, lorfqu’ils (ont précédés
! d’un D , qui fignifie demande, ou fuivis d’un point
interrogant.
Alors ce mot qui fignifie quelle perfonne ? On
regarde tous les afîiflans , 8c on demande, par un
gelle interrogatif, que nous faifons tous naturellement
en pareil cas, quel eft celui ou celle qui
a fait bu d it , 8cc.
Que , fignifie quelle chofe ? On regarde des cho-
fes en général, 8c on demande par un gefte interrogatif,
quelle eft celle ( préfente ou abfente )
fur laquelle la rèponfe doit tomber.
Quoi, fignifie aufîi quelle chofe.
Quel y fe met avec un nom fubftantif mafculrn
au fingulier.
On fait donc le gefte interrogatif, 8c on y
ajoute les fignes de mafculin 8c de fingulier.
Après ce premier exemple , quel ? quelle ?
quels ? quelles ? n’ont pas befoin d’explication.
Lequel, laquelle , lefiquels, lefquelles , fuivis d’un
point interrogant ÿ s’exprimait de la même maniè-
N n z