
à la malléabilité de la maffe coupellée , a parn trop
intéreffan*e pour être négligée dans cette hif-
toire , & ne pas la vérifier par des eflais ultérieurs.
140. Ayant à ma bienféance un fourneau à
vent fait d’un mélange de glaife de Sturbridge ,
& de pots de verrerie réduits en poudre, aiTuré
en dehors par des cercles de fer , d’environ deux
pieds de hauteur depuis la grille jufqu’au haut
du dôme, de quatorze pouces de largeur dans
le milieu & dix pouces à la grille , avec une cheminée
de près du demi diamètre de la grille &
quatorze pouces de hauteur ; j’ai fait i’effai de
fourneau d’abord , & j’en ai trouvé l’effet tel que
je n’eus pas befoin de recourir à aucun autre. J’y
adaptai une mouffie de la manière décrite par
l’ingénieux auteur , dans un mémoire fur la vitrification
de l’argile avec la craie , fotmée de la
même corapoûtion que le fourneau, de deux
pouces de haut, trois de large, & d’une longueur
à pouvoir atteindre à travers du fourneau, fou-
tenue à la hauteur de cinq pouces au-deffus de
la grille, par une brique. d’argile recuite taillée de
biais en. cnbas, afin de couvrir le moins de la grille
qu’il étoit pofiible.
150. Ayant fait rougir une gande coupelle dans
la mouffie pendant près d’une heure ; j’y mis
deux onces de plomb, une once des grains triés
de platine , femés dans le plomb fondu. Puis ayant
pouffé le feu à fon plus haut point avec de bon
charbon de terre, toute la partie intérieure de
la mouffie parut d’un éclat éblouiffant., & on ne
pouvoit, plus diftinguer la coupelle, jufqu’à ce
qua j’ylaiffai pafferl’air froid, en tenant quelque
temps la porte ouverte, ce qui fut fait fouvent
pour faciliter la fcorification ou la diffipation du
plomb.
La chaleur fut foutenue dans cet état, jufqu’à
ce qu’au bout de cinq ou fix heures , la mouffie ,
pénétrée par la braife vitrifiable du charbon, commença
à fe démembrer ; toute fa partie de derrière
& un peu de la partie intérieure du four-
~neau fe fondirent, formant en partie des ma fies
vitreufes irrégulières, & coulant en partie à travers
de la grille en groffes gouttes d’un verre noir
dur. La coupelle fe trouva dure, d’un blanc jaunâtre
& demi ttanfpareme, comme celle de M.
Macquer.
La platine étoit réduite en un pain plat, environné
de la matière demi vitrifiée de la coupelle
, & des gouttes vitreufes de la mouffie, de
forte que l’on ne pouvoit rien juger de fon poids :
elle fe cafia affez facilement fous le marteau , &
ne paroiflbit différer aucunement de celle des autres
»oupellations.
160. Je tâchai, par une répétition du feu, de
suppléer à ce qui manquoit ici dans fa continua-
on. Ayant bien broiyé & lavé la platine, je la
mis fous une nouvelle., mouffie , fur un vafe à
feorifier, 8c j’entretins le feu , dans toute fa violence,
principalement avec du bois & du charbon
de bois , pendant quatorze heures.
La plus grande partie de la platine s’attacha
fi fortement au vaiffeau , à caufe de la partie du
plomb qui avoit tranfpiré & s’étoit vitrifiée , qu’on
ne put pas la détacher fans pulvérifer le vafe.
Lorfque la platine qui étoit fur le plat étoit frappée
avec un marteau ou frottée avec Un brunif-
foir d’acier, elle s’étendoit & prenoit une furface
continue, comme une feuille d’argent ou d’é-
tîfin.
Quand la poudre eût été pafiee par un tamis
fin, & lavée, en la battant de nouveau on y ap-
perçut quelques grains plats & larges , qui s’étendirent
aiffeuent fous le marteau, & étant courbés
avec des pinces, fe plièrent prefque en double
, l’un d’eux fe la'ffa mênàe rouvrir & courber
de nouveau fans craquer.*
Cette poudre , dont les particules paroiffoient fi
"cluéules & fi flexibles , j’effayai cl't la réunir en
„une maffe , ea la pouffant à un feu violent dans
un creufet fermé, pendast quatre heures : elle forma
un bouton de la figure du fond du creufet,
qui ne s’attacha poiçt du tout au vaiffeau , & ne
perdit point fa couleur ; lp bouton fe caffa, à
la vérité, d’un ou deux coups de marteau, mais
pas bien aifément : il fe lima affez uniment, 8t
reçut le bruni comme de l’argent fin.
170. J’expofai à la coupelle quatre parcelles de
platine avec trois fois leur quantité de plomb ,
dans un fourneau d’effaî , jufqu’à ce qu’elles cef-
fèrent de demeurer fluides ; 8c je répétai la coupellation
fur des coupelles avec la même quantité
de plomb, une leconde 8c une troifième
foi%
Les premières coupelles furent teintes d’un
couleur de rouille foncée, fans-doute à caufe de
la matière ferrugineafe qui étoit dans la platine ;
les autres devinrent feulemet jaunâtres, comme
s’il n’y eût eu que du plomb feul. Les plaques
de métal, après la première coupellation, étoient
d’une couleur terne 8c attachées' aux coupelles ;
après les opérations elles furent plus brillantes
6c point attachées.
Les quatre plaques , pefant 3031 grains , étant
tenues douze heures fur un vaiffeau à feorifier, à
un feu aufli fort qu’il fût pofiible de l ’exciter dans
un fourneau d’effai , devinrent plus blanches &
perdirent 218 grains ; le plat, qui étoit blanc, fut
couvert par tout d’un vernis jaune.
Les plaques, qui n’avoient pas fouffert l’apparence
de fufion , & qui fe trouvèrent encore fort
caffantes, quoique beaucoup moins qu’elles ne l’é-
toient auparavant, furent rompues en pièces plus
petites , & mifes fur quatre coupelles fous une
mouffie, dans le fourneau à vent décrit ci-def*
\
fus : pendant huit heures d’un feu violent, les 1
deux coupel es qui étoient fur le devant de la
mouffie ; lequel étoit moins chaud que la partie
de derrière, jetèrent des fumées confidèrables ,
com.ne on le remarqua, aufli fouvent qu’on s’a-
vifa de laiffer la porte ouverte quelque temps ;
mais tout l’air qui pouvoit palier dans la mouffie
ne diminua pas affez la chaleur éblouifante pour
qu’on pût dtflinguer aucunes vapeurs dans la partie
de derrière.
La voûte & l’extrémité la plus éloignée de
la mouffie furent tiouvées vernies partout parles
vapeurs, les coupelles étoient friables & non teintes
; le métal d’un blanc d’argent & diminué de
105 grains.
Les morceaux des coupelles du devant étoient
encore caffans ; ceux des coupelles plus reculées
fe lai lièrent appladr confidérablement fous le
marr.au , 5c parurent prefque auiïi fouples 8c
liants que de l’argent a-lié.
18*. J’ai fait beaucoup d’autres coupellations du
même genre ; dont il n’eft pas néceffaire que je
donne ici'un détail particulier, parce qu’il ne s’y
eft pas rencontré d’autres phénomènes remarquables
que ceux dont j'ai dé>a parlé.
Ces effais concourent à établir un fait important
; lavoir , que, quoique dans le procédé ordinaire
de la coupellation , même quand on la
fait avec des feux plus forts que ne «peut en produire
le fourneau de coupelle , ÔC continués quel- j
ques heures au-delà du temps où la fixation du !
métal femble montrer que le feu a produit tout
fon effet , ©n a toujours trouvé que ia platine retient
affez de .plomb pour rompre fous le marteau
; Cependant, en continuant ces feux violens
pendant vingt heures ou plus, m fe fépare de ce
plomb retenu , autant qu’ii en faut , pour laiffer
la platine malléable. Beaucoup du plomb a été
forcé de fortir àprè* que le métal -fut devenu fo-
lide, comme il paroît dans l’expérience n°. 17 ,
où la quantité expuifée des plaques coupe!lèes ,
fans qu’elles fe foient amolies , ni qù’elies
aient changé de figure, s’eff monté à p us d'un
dixième de leur pela :tcur. Pim les plaques mé-
tall ques étoient minces, plu ôc & plus efficacement
elles furent pu. gèes du plomb 6c rendues
maiiéables.
Dans une coupellation , une partie du méiai
ayari coulé fous !a forme d'un fii, après fix heu
res de cha tur forte . s’eft trouvé aff z flVxible pour
pouvoir être courbé en avant & eu arrière p!u-
fieu s fois fa; s fe caffer, au lieu qu’un morceau
Cj-as de a meme maffe, apré* .avoir refilé dix-
but heu es p us long-temps au f u , étoit encore
fanant . q; an J une petite quantité de p atine travaillée
dan une coupelle d’u ie grand-, ùr proportionne
a , au moyen"de- la figure du vabTraii ,
for axé une maffe a.ïez èpai'.'e, ce qui cft- arrivé
dans ia plupart des coupellations premières, ( depuis
le n*. 1 jufqu’au 8e. de cet article, > un feu
violent, continué beaucoup plus long-temps que
celui de l’expérience de M. Macquer, a été in-
fuffifant pour rendre la maffe mallcable ; mais
quand elle a été réduite en poudre & jonchée’’
légèrement, un feu qui nétoit pas exactement
violent, continué pendant dix ou douze heures ,
a rendu les particules de la poudre fi duâiies ,
qu’elles s’étendirent fous le pilon en plaques fines
, comme clés frasmens de feuilles d’argent :
la poudre amfi applatie étoit fort douce & onr-
tueufe au toucher, comme du raie ; & étant frottée
fur le papier, elle s’y colloit au point de ne
pouvoir pas en être détachée aifément, ce qui
la faifoit paroitre femblabie à ce qu’on appelle
du papier argenté.
Ce fut donc une circonflance heureufe dans
l’expérience de M. Macquer, & en effet efien-
tielle à fon fuccès, qu’il ait employé une quantité
confidérable de platine , de faç n à former
une plaque mince fur le fond d’une grande coupelle.
Il s’échappe d’abord beaucoup du plomb
fous une forme vitreufe, qui teint & vernit le
vafe ou la coupelle fur laquelle on a expofé Ja
plaque au feu ; mais vers la fin il paroît être
forcé de fortir feulement en vapeurs , fans laiffer
aucune marque vifible fur le v ai fit au. Il y a eu
une expérience où le métal a perdu environ la
vingt cinquième partie de fon poids, après qu’il
éût ceffé de donner aucune teinture au vafe.
19^. Il ne fera pas mal-à-propos d’obferver ici,
que dans la plupart des coupellations de la platine
avec le plomb , fur-tout quand la quantité du
mixte étoit confidérable, 5c qu’on a pouffé l’opération
à un feu affez fort, les plaques cou-
pellées ont paru d’ une figure fin gu! i ère 8c irrégulière
à la furface, telle qu’aucun autre métal-,
ni.mélange métallique ne la prend point en fe
fixant.
Il y avoit dans le milieu une dépreflion large
8c applatie, avec une bordure ou marge autour,
comme une affiète de table ordinaire ; 8c la bor-
durj étoit parfemée , en quelque forte , de rangées
trenfverfales régulières dé petits points fortans.
Les parties unies étoient en général douces &
gliffantes au toucher.
Coupellation de la platine avec le bifmuih.
Les mélanges de platine avec du bifmuth
firent fournis aux opérations ordinaires de l'a
coupelle fous une mouffie , à celles de la fcorification
dans des creutetv d’effai , 8c au tejl
devant le nez d’un foufflet. L - refultat en général
fut à-peu-près le même que- quand on a
traité de même la platine 8c ic plomb.
Les mélanges qui d’abord coulèrent facilement,