
dent principalement de la variété des efpéces
d’infc&es qui piquent les chênes.
Les meilleures noix de galle nous viennent de
Tripoli , & fur-tout d’Alep & de Moful fur le
tigre. On en recueille dans le Levant une fi grande
quantité, qu’on en tire de Smyrne feule, plus de dix
milles quintaux par an.
La noix de galle des Turc s , qu’ils nomment
ba^gendge, eft rçugeâtre, de la groffeur d’une noi,-
fette. Elle eft employée dans leur écarlate, ce qui
la rend fort chère en Europe.
Le principal ufage des noix de galle effc réfervé
pour 'les arts, pour les teintures du grand, &
fur-tout du petit teint, pour les corroyeurs &
autres ouvriers en cuir ; enfin pour faire l’encre.
Les teinturiers emploient les galles étrangères ,
dites galles alépines, pour teindre en noir , & les
galles de France , qu’ils nomment cajfenolles,
pour former en foie le noir écru.
L’obfervarion a appris que fa poudre ou la décoction
filtrée de noix de'galle étant mêlée en petite
quantité à une liqueur qui contient la moindre
parcelle de fer dans quelqu’état que ce foit, y
manifefte ce métal fous la forme d’un précipité
plus ou moins divifé , plus ou moins rare , félon
.qu’il déplus ou moins abondant, & de différentes
couleurs proportionnelles à fes différents degrés
de ténuité & d’abondance, dans l ’ordre fuivant :
le précipité à peine fenfible eft d’une couleur de
rofe tendre ; il devient par nuance paillé , vineux,
gros rouge, violet, bleu foncé, & enfin noir ,
r o c A B
-A - lépines ; ce font des noix de galle d’Alëp, qui
font arrondies, de la groffeur d’une aveline, d’un
goût aftringent & acerbe.
B a z g e n d g e ; nom que les Turcs donnent à la
noix de galle, qu’ils emploient dans leur teinture
d’écarlate. Cette noix eft rougeâtre, de la groffeur
d’une noifette. .
C assenoles ; nom que les teinturiers donnent^
aux galles de France, qu’ils emploient pour former
en foie le noir écru.
c ’efl-à-dire , bleu très-foncé : cette dernière nuance
eft celle de l’encre, qui n’eft autre chofe qu!nne forte diffolution de vitriol martial précipité par la
x noix de galle , & dans laquelle le précipité eft
conftamment fufpendu par une matière gom-
meufe dont cette liqueur eft en même-temps
chargée* "" “
Les noix de galle fervent encore en chimie
à éprouver la nature des eaux minérales. Elles
donnent à la folution du vitriol la couleur noire
ou plutôt celle de violet foncé ; favoir, lorf-
que le fel alkali des noix de galle fe joint au fel
acide vitriolique, &en faitréparoître les parties métalliques
; alors ces particules ne vont pas au fond
de la liqueur, mais elles s’uniffent aveo les particules
fulphureufes des. noix de galle, lefquelles
nagent dans le fluide, & foutiennent les particules
métalliques. Par cette raifon, l’infufion ou la
décoâion de ces noix fert aux chimiftes & aux
phyficiens pour l’examen des eaux minérales ; car
fi elles contiennent un fel vitriolique ou un peu
de fer ou de cuivre , cette infufion ou cette décoction
donne à ces eaux la couleur noire, violette,
pourpre ou tirant fur le pourpre, félon qu’elles
contiennent' plus ou moins de fel métallique.
Enfin, les noix de galle font employées par
quelques médecins pour refferfer & répercuter,
pour affermir & fortifier les parties qui font trop
relâchées. On s’en fert dans des injeétions & dans
des fomentations aftringentes. Elles entrent auffi
dans quelques emplâtres & onguens aftringens.
1 L A I R E.
G a l l e s à Vépine. Les teinturiers appellent
ainfi les galles étrangères qu’ils emploient pour
teindre en noir.
N o ix d e G a l l e ; excroiffances contre nature,
occafionnées par la piqûre de quelques infeftes
fur certaine efpèce de chêne.
R o b r e ; n o m q u ’ o n d o n n e à l ’e f p è c e d e chên e
q u i p o r t e l e s -noix de galle.
R o u v r e ; c’eft le chêne fur lequel fe trouvent
ces excroiffances qu’on nomme noix de galle.
NOURRITURE ÉCONOMIQUE. (Art d’une)
O n prépare en Pologne un aliment dont le peuple
fait beaucoup d’ufage, parce qu’il eft peu cou-
Jeu* , noùrriffant & fort fain , tant en fante que
m a la d ie . _ ' , ... ,
Cet aliment fe fait avec du mulet dont on a
ôté l’écorce, comme on le pratique pour l’orge
mondé. .. . r i
On met chauffer de 1 eau dans Un vafe de terre. J
Lorfqu’elle commence à bouillir, on y jette par
petites pincées le grain de millet dépouillé de fon
écorce, & l’on agite le tout avec' une cuiller,
jufqu’à ce qu’il ait acquis une confiftance fufh-
fante ; on l’affaifonne enfuiteavec un peu de fe l,
de lait ou de beurre..
Cette préparation , que les Polonois appellent
hacha, eft fi eftimée parmi eux, qu’elle paroît fou-
vent fur la table des riches ; mais pour la rendre
plus favoureufe, les cuifiniersy ajoutent du fucre
& des aromates.
Le millet, comme aliment, eft connu dans pin-
fieurs provinces de France , fur-tout dans les prof
vinces 'méridionales : on en fait des gruaux , des
tartres, des fleurs ,o u efpèce de pârifferie dans
des terrines de terre fort plates, qu’on nomme
miilàjjîères : on le réduit auffi en farine très-fine,
& on en prépare des bouillies au lait & au beurre :
il y a même dans quelques provinces de France ,
fur-tout en Bourgogne ôtenBre ffe, des cantons
renommés pour cette graine.
Le panis eft une efpèce de millet moins jaune ,
moins favoureufe & moins nourriffante. C ’eft
pourtant un des alimens ordinaires des paÿfans
qui la cultivent f & ils en font une forte de
gruau. '