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du chairs, mais encore à lier la toile de laiton ,
& à la foutenir lors des efforts du coucheur , qui
l’appuie fuecefiivement contre les feutres.
C’eft le long des pontufeaux que l’on remarque
deux traces d’ombres, parce que les fils de la chaînette
& du manicordion, qui forment une proéminence
fur la toile , arrêtent la pâte aux deux côtés
des pontufeaux,& font qu’elle s’y accumule,fur-tout
lorfque l’ouvreur balance fa forme pour en verger. Il
refaite de cette accumulation de la pâte, des ombres
bien fenfibles. Outre cela, la difpofition irrégulière
de la pâte, eh conféquence de cette accumulation
portée à un certain point, fait que les
feuilles de papier n’offrent pas une étoffe égale
dans toutes leurs parties , fur-tout lorfqu’on fait
ufage de certaines pâtes. C ’eft pour cette raifbn
que les parties des feuilles de papier qui eorref-
pondent aux pontufeaux, font fujettes à goder. Ce
font effe&ivement des riffus qui diffèrent, & quant
à l’arrangement des molécules de la pâte, & quant
à leur épaiffeur, de ceux qui occupent les bandes
mitoyennes entre les postufeaux , & qui font
d’une belle tranfparençe ; parce que la matière y
eft difpofée régulièrement , & fur une moindre
épaiffeur que le long des pontufeaux. Le godage
eft la fuite des différens états où fe trouvent ces
deux tiffus contigus. Voyez godage.
Porse , portio ÿ c’ell une certaine quantité de feuilles
de papier, ou couchées entre les feutres, ou formant
des paquets fans l’interpofition desfeutres.Dans
le premier état, on les nommeporfes-feutres; dans
le fécond, porfes-blanekes. Porfe fert auffi à indiquer
le nombre de feutres avec lefquels on fabrique
les porfes de telle ou telle forte de papier.
C ’eft dans ce fens qu’on dit qu’il eft bon de rincer
les porfes après le travail de la journée ; qu’il faut
lelïiver les porfes après quelques jours de travail.
On continue à donner ie nom de porfes aux paquets
de pages qu’on a ramaffés & préparés pour la colle,
lorsqu'ils renferment le même nombre de feuilles
que les porfes blanches de la cuve : deux de ces
porfes forment une rame à la colle. C ’eft fur le
compte de ces rames que l’on paye les fallerantes
qui étendent le papier collé. La journée des ouvriers
eft toujours de vingt porfes ; mais le nombre
des quaits ou quarterons qui conftituent une
porfe, diffère d’une forte de papier à l’autre. Voyez
le tableau de ce que l’ufage a réglé à ce fujet ,
pag. 5x1.
On voit, par ce tableau , que le nombre des
quaits ou de vingt-fix feuilles qui compofent la
porfe des petites fortes , eft plus confidérable que
le nombre des quaits qui compofent la porfe des
moyennes fortes , & celui-ci beaucoup plus confidérable
encore que le nombre des quaits qui
entrent dans la compofition des porfes des grandes
fortes.
On fuit le même tarif lorfqu’on coupe les
feutres, dont la réunion forme les porfes qui doivent
fervjr à la fabrication des diverfes fortes de
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papiers ; car ils font en même nombre que les fenil,
les de papier qu’on compte dans ces mêmes porfes.
J’ai déjà remarqué , & je le répète ic i, que ie
nombre des quaits qui entrent dans les porfes des
diverfes fortes, paroi t avoir été réglé d’après des
combinaifons fort juftes & bien raifonnées.
Pot. ( papier au pot ) Cette forte fert au Cartier
pour l’impreffion des figures & des points de
fes cartes. Il eft actuellement fourni en France
par les régiffeurs du droit fur les cartes ; & c’eft
dans le bureau de la régie à Paris , que les Car-
tiers portent leurs moules , & envoient leurs ou-
vriers pour faire imprimer les figures & les points
fur ce papier qu’on leur donne : il paroît qu’il eft;
fabriqué avec des pâtes inférieures ; ce qui peut
nuire au débit de nos cartes à l’étranger. Voyez
le tarif, pag. 5y8.
PouRRissoiR; c’eft un endroit bas & fermé,
où l’on met le chiffon trié & lavé, en tas plus ou
moins confidérables, qu’on appelle mouillées, parce
qu’on les arrcffe de temps en temps, afin qu’ils
s’échauffent &pourriffent. Il n’eftpas étonnant que
les pratiques défe&ueufes et peu raifonnées qu’on
fuit dans le gouvernement des pourriffoirs, donnent
des réfùltats fort variables, qui occafionnent
de fembiables variations dans les produits d’une
fabrication foignée d’ailleurs ; pag. 486. Maniéae
<le conftruire des pourriffoirs , où l’on peut régler
la fermentation fuivant la qualité des chiffons &
la faifon, pag. 487.
P o u r r i s s a g e du chiffon. Les différentes p ra tiques
du pourrijfage ne font dirigées par au cu n
principe confiant, pag. 486 ; inconvéniens qui
réfultent de l’emploi des parties de chiffon in également
pourries , ïbïd. ; a été fupprimé p a r les
Hollandois , ibid. ; manière dont on pourroit en
modérer & en régler les effets, pag.485.
Pousser en av ant ; c’eft le mouvement par
lequel l’ouvreur balance fa forme, chargée de matières
encore mobiles , dans le fens d’avant en
arrière, & d’arrière en avant. Voyez les effets
que produit ce balancement fur les feuilles , pag.
5° ï-
Pressage ; ufage de la preffe dans la fabrication
& dans les apprêts du papier. Nous ne le con-
fidéreronsici'que comme la fécondé manipulation
de l’échange qui fuccède au relevage, & qui en
complète l’effet. Le prejfage doit être ménagé d’abord
après le premier relevage ; mais enfuite os
l’augmente par des progrès infenfibles pour que
l’eau s’écoule , & que les molécules de la pâte fe
rapprochant, elles forment une étoffe ferme, folide
& cartonneufe. Les preffages ont d’autant plus
d’effet, qu’ils ont lieu fur des étoffes encore molles
, & qui fe prêtent facilement à la moindre
comprefiion qu’on leur fait fubir.
Quoique le papier reçoive par les preffes fes
premières façons , & enfuite fes apprêts, cependant
une aélion immodérée de ces machines » en
détruisant fen grain , détruiroit en même temps
fa blancheur, fa tranfparençe, &même fa colle.
Ainfi le prejfage doit fe faire & fe réitérer dans
l’échange avec le plus grand ménagement ; car
le blanc naturel du papier fe ternit icnfiblement,
& la belle tranfparençe des étoffes s’obfcurcit à
mefure que les traces de la verjure s’pblitérent
par une forte comprefiion. Je pourrois citer, comme
des preuves de ce travail inconfidêré, les papiers
qui ont éprouvé les manipulations de ce qu’on
appelle farinage, travail où l’on a tout outré. J’oppc-
ferois à ces mauvais effets, les heureux fuccès des
relevages & des preffages de M. Didot , l’aîné ,
qui s’eft tenu dans les limites qui luiétoient pref-
crites par les principes que je viens de rappeler,
en fe bornant à rétablir les papiers imprimés dans
l’état où ils étoient- avant le foulage de l’impref-
fion. C’eft fur-tout dans les preffages^ de l’échange &
dans leur bonne adminiftration, qu’on peut fe convaincre
quelfe eft l’influence de l’a&ion des preffes
furies apprêts du papier, & combien il importe de
perfectionner ces machines , & d’en bien diriger le
travail.
Presses. On fait ufage de pluueurs preffes dans
les différens ateliers d’une papeterie. Dans la
chambre de cuve , il y en a de fortes pour les
porfes - feutres 9 de plus petites pour les porfes-
blanches ; d’autres d’une force moyenne pour la
chambre de l’échange , ainfi que pour la chambre
de colle ; enfin les plus fortes fervent à la falle.
Les premières doivent preffer le papier, de manière
à donner à une pâte molle la fermeté & la
conftftance d’une étoffe plus ou moins folide. Celles
de l’échange donnent plus de corps à cette étoffé,
.en adouciffant fon grain , & lufirant fa furface ;
mais leur aétion doit être ménagée. Les preffes
de là chambre de colle ne fervent qu à comprimer
doucement les mouillées, pour faire pénétrer
également la colle dans la ijot-alite des feuilles, &
faire écouler celle qui eft furabondante ; enfin les
preffes de la falle fervent a compléter les apprêts
du papier, en faifant difparoitre plufieurs jiefec-
tuofirês les moins adhérentes au corps de 1 étoffe.
Il feroit à défirer qu’.on pût introduire dans la plupart
de nos fabriques, foit a la cuve , foit à la
falle, des preffes à vis de fer & a ecrou de çuivve;
on en tireroit de grands avantages , qui dédommageraient
amplement des avances primitives. D a-
bord ces preffes exigent moins de force pour être
Conduites, que celles à vis de bois.- En ^fécond
lieu , avec ces preffes à vis de fe r , on n eft pas
expofè à ceffer tout-à-coup le travail de la cuve ,
comme on y eft expofè avec les preffes de bois , qui
çaffent fubitement, •’
En troifième lieu, on peut preffer beaucoup
plus avec les premières preffes qu’avec les fécondes
j ce qui eft effentie!, fur—tout lorfqu on travaille
à formes doubles, ou à des fortes étoffées qui
tiennent l’eaü plus fortement queles minces. Enfin ,
elles ne font pas fujettes à des réparations aufiâ. fré*
quentesque les preffes en bois.
Arts & Métiers. Tome V. Partie IL
Il faut obferver que dans le travail de toutes
les preffes, la .face des feuilles de papier qui eft
oppofée dire&ement à l’a&ion des bancs de preffe,
eu plus unie , plus adoucie que celle qui eft tournée
vers le fouftrait ou feuil de la preffe. D’abord ,
dans le premier preffage, les feuilles de papier
en porfes-feutres oppofent au banc de preffe les
faces qui ont le plus d’inégalités , puifqpe ce font
celles qu’elles ont contraftéerfur la forme , & particulièrement
dans les intervalles des brins de la
verjure. Le même effet fe continue fur les feuilles
en porfes-blanches , parce qu’elles oppofent les
mêmes faces à l’adlion du banc de preffe.
J’ai examiné les papiers relevés, & j’ai trouvé
conftamment que la face fupérieure des feuilles
qui compofoiont les porfes, & contre lefquelles
la preffe avoit agi , étoit beaucoup plus adoucie
que celle qui étoit oppofée au feuil de la preffe.
j De même à la falle, on peut remarquer que la
face des feuilles placée vers le haut fous la prefie,
a un grain moins gros que celle qui eft tournée vers
le bas : & comme la première face fe met dans l’intérieur
des mains, lorfqu’on établit fous la preffe
des piles de mains , c’eft une nouvelle face que ie
fallerant préfente au banc de preffe , & qui s’adoucit
à l’extérieurdes mains, mais trop foiblement.
Promener ; c’eft paffer de l’a&ion d’enverger
à celle de pouffer en avant, de telle forte qu’en
variant doucement les mouvemens, la matière foit
promenée & diftribuée également fur la forme.
Pro P A T R I A ; forte ce papier étoffé, de fabrication
Hollandoife , & qui correfpor.d à notre tel-
lière ou papier de miniftre. Il a pour enfeigne les
armes de la république , le lion, & le bonnet de
la liberté , avec cette legende : pro patriâ.'Voyez
le .tarif, pag. 538. Cette forte , fabriquée en Hollande,
n’eft pas d’un très-beau blanc , mais d’un
apprêt foigné. Voyez papl<%de Hollande, Raffiner.
Q u ait ; nombre confiant de vingt-fix feuilles
de papier , de quelque forte que ce foir. Je le
crois , par cette raifon, correfpondant au mot quarteron
, & peut-être dérivé de là. Le nombre des
quaits contenus dans une porfe , varie dune forte
à l’autre, comme le nombre des feuilles contenues
dans ces mêmes porfes. Le mot quait indique
donc, comme on vo it, une main de papier qui eft
de vingr-fix feuilles dans la fabrication. Ceftaufli
par quait que les ouvriers de la cuve comptent
leur trayail & leurs tâches journalières. Nous avons
donné,pag. 511 , dans le tableau de fabrication
de’ l’Angoumois ,.le nombre de quaits contenus
dans les porfes de tomes les fortes. On peut, voir
combien tous ces comptes varient,. Au refte, quoique
cette manière de compter n’intéreffe queles
ouvriers & les fabricans, elle eft fondée fur des
combinaifons juftes & raifonnables,
Q ueue des maillets ; fes dimenfions, cag. 488 $
eft armée , à fes extrémités , de frettes de f e r , qui
la prèférvenr de i’ufure des leves d un cote, &
dé l’autre , de fe fendre lorfqu’on fait ufage de
jj-e-e e