
Masse ; c’eft un des outils néceffaires à un
meunier : elle fert à chaffer les coins de braies,
«eux qu’on infère entre les meules , lorfqu’on
veut lever la meule courante , & à plufieurs
autres gros ouvrages.
Mécanisme du moulin à eau ; pour le concevoir
il faut faire plufieurs obfervations.
i° . Cette machine hydraulique reçoit fon mouvement
de l’eau qui arrive fur la roue, remplit
fes godets & la fait tourner.
au. L’arbre qui fert d’effieu à cette roue, eft
aufli l’axe du rouet. Le rôuet fait donc autant de
tours que la roue.
3®. Le rouet étant gai ni de dents ou .chevilles
qui engrènent dans les fuf aux de la lanterne,
cette lanterne fait beaucoup plus de tours que le
rouet, parce qu’elle a peu de fufeaux , tandis
que le rouet a un grand nombre de chevilles.
Ainfi, quoique le nombre des chevilles du rouet
6 celui des fufeaux de la lanterne ne foient pas
réglés dans tous les moulins dans une proportion
femblable , pour prendre un exemple fur des rapports
des plus ordinaires , fi le rouet a 56 cher
villes & la lanterne 8 fufeaux, la lanterne fera
7 tours contre le rouet uiv
40. Le gros fer formant l’axe de la lanterne, &
étant placé de manière qu’il pivote fur le palier
, il s’enfuit qu’il fait autant de tours que la
lanterne.
ç°. Le gros fer étant coiffé de l’anille, & l’a-
nille faififlant la meule courante, il eft clair que
cette meule fait autant de tours que le gros fer.
De ces obfervations il réfulte, que d’un côté
la meule courante, le gros fer & la lanterne mis
en mouvement font un nombre de tours égaux,
& que d’un autre, le rouet du moulin fait autant
de tours que la roue. Si Ton prend donc un
temps donné, par exemple une minute, & que
dans cet efpace la roue du moulin faffe 8 tours,
fi le rouet a 56* chevilles, la lanterne 8 fufeaux ^
comme on l’a fuppofé ci-deffus, la meule courante
fera 7 fois 8 tours ou 56 tours dans une
minute, ce qui eft un bon mouvement. Si la roue
fait 9 tours dans une minute, alors la meule courante
tournera plus gaiement ,/& fera 7 tours de
plus dans une minute , ou au totaL“63 : enfin-,
fi la roue fait 10 tours par minute , la meule
courante en fera 70 ; ce qui eft un mouvement
très-gai , & qu’on ne doit pas paffer, car alors
le mouvement dseviendroit trop v if & la farine
s’échaufferoit en fe formant. Les meilleurs meuniers
penfent que lorfqu’on a obtenu pour,, la
meule courante 60 tours par minute, on ne doit
pas chercher à parvenir au-delà : mais aufli, fi on
tombe au-deffous,, le moulage en fe ralentiffant
devient pauvre, les fons refient gras,- & le grain
s’aplatit plutôt qu’il ne fe pulvérife : enfin , au-
deffous de 50 tours-, un moulin n’eft propre qu’à,
la mouture commune.
Après avoir expliqué la manière dont la meule
courante, qui tourne perpétuellement fur la meule
giflante, reçoit fon mouvement, & à quel point
il convient de le fix'er , il'faut donner une idée
de ce qui a rapport au débit des meules, c eft-à-
dire , à la quantité de grain qu’un moulin peut
moudre dans un temps quelconque, comme par
exemple 24 heures. Cela dépendant de plufieurs
caufes, il eft nèceffaîre de voir travailler un moulin
pour l’apprécier. 11 y a des moulins qui moulent
un fetier en un jour, & d’autres qui en
moulent jufqu’à 40. En général le bon débit
d’un moulin, dépend de la.quantité d’eau qui y
arrive , de la hauteur de la chute, de la perfection
de fon mécanifme & de la maniéré dont
il eft conduit. Un mécanicien bon géomètre voit
& calcule tous les rèfultats qu’il peut attendre de
ce que lui préfente le lbcal^ d’un emplacement
où on le charge de.conftruire un moulin- : &
d’après les avantages & les dèfavantages qu il a
reconnus, il proportionne toutes les parties & les
pièces qui entrent dans cette conftruétion. Il ne
s’agit point ici d’entrer dans aucun calcul mathématique
, mais de donner feulement des idees des
points fur lefquels on peut fe régler. ?
Lorfque l’eau abonde dans un moulin, & qu’elle
a une forte chute , ,qn y fixe d’abord le mouvement
au degré de vîteffe qu’exige un bon moulage.
Comme on y peut faire agir une force capable
de furmonter les réfiftances, on y emploie des
meules plus épaiffes & plus fortes, qui pouvant
recevoir plus de grain * peuvent aufli le moudre
fans perdre rien de l’afïivité de leur mouvement.
L’inclînaifon plus ou moins grande qu’on
peut donner à l’àuget en le fufpendant, & lè
mouvement plus ou moins v if qu’ibpeut recevoir
du frayon, fervent à régler ce qu’il faut verfer
de grain fur les meules.
Si l’eau eft trop forte vdans un moulin , le
Mécanicien -qui le conftruit remédie à ce défaut
en multipliant les fufeaux de la lanterne-,
& les portant au nombre de 10 , 12 & même
plus , ou en donnant moins de diamètre ait
rouet, ou en efpaçant les pas de fes chevilles
un peu plus largement.
Si l’eau n’eft pas abondante dans un moulin ,
le mécanicien conftru&eur cherche à regagner
de la vîteffe en donnant à fa roue le plus grand
diamètre qu’il lui eft poflible, en tenant confé-
quemment fon rouet plus grand , en ferrant davantage
les pas de fes chevilles, en diminuant
les fufeaux de la lanterne, & les rèduifant à 7
ou à 6 ; en employant des meules plus minces
& d’un poids moindre. Mais fi tous ces. foins
produifent des avanta ges ils ne compenfent jamais
celui de l’abondance de l’eau. Ainfi la
meilleure opération quand Tea,n eft courte, eft de
la retenir s’il eft poflible pendant un temps,
pour en avoir une quantité fuffifante-, afin que
lorfqu’on la donne , le moulin travaille bieri! :
il y a alors un gain fenfihle , foit. pour la qualité
de la farine , foit pour la quantité qu’on en peut
faire. Il vaut beaucoup mieu^c ne faire travailler
un moulin que 1 2 , 15 ou 18 heures par jour, &
qu’il marche bien, que de le faire travailler perpétuellement
, & qu’il marche mal.
L’habileté - du meunier ou du garde-moulin,
contribue beaucoup au plus grand débit & au
bon moulage du grain , foit par fes foins à ce
que les meules foient bien d’aplomb, rapprochées
convenablement l’une de l’autre , bien piquees®
& enrayonnées, que tous lesvirans & travaill
a i jouent aifément, & marchent comme ils le
doivent, foit en remédiant à -propos aux plus
petits inconvéniens, & à tout ce qui peut faire
naître des réfiftances ; enfin, il donne perpétuellement
aux meules une quantité de grain proportionnelle
à leur mouvement & à leur force.
Meules ; les meules font dés tronçons cylindriques
de pierre dure , grife, rougeâtre bu
blanche , de 6 à 18 pouces d’épaiffeur, & de
6 pieds à 6 pieds 6 pouces de diamètre ; leur
office eft de brifer le grain & de détacher la farine
de fes fons & enveloppes. Les meules de
pierre grifes & rougeâtres font les meilleures ,
mais elles font communément plus ardentes que
celles de pierre blanche; ces dernières font plus
douces & font en général de la farine plus
blanche, mais elles débitent moins.
Chaque moulin a deux meules égales en diamètre
, pofées bien de niveau, & placées de manière
que leur axe mathématique foit exactement
dans la même ligne verticale. L’inférieure fe
nomme la gijfante ou le gîte, parce qu’elle eft.
immobile; la Supérieure, qui pivote fur le papillon
du gros fer au moyen de l’anille, fe nomme la
• courante , & reçoit fon mouvement du jeu de
la lanterne & du rouet ; la première a fa furface
fupérieure relevée eq cône droit de quatre lignes
au coeur ; on la nomme pour cela boudinière :
la courante au contraire eft concave, & même elle
doit avoir un peu plus de creux que la boudinière
n’a de faillie, pour permettre le paffage au grain :
nn la nomme flaniere.
Chaque meule a quatre parties diftin&es, le '
nord, la feuillure, l’entre-pied & le coeur. Le
bord eft la circonférence extérieure de la meule.
La feuillure eft à 6 pouces en de-là, en allant vers
le centre. L’entre-pied vient enfuite ; & enfin le
coeur qui eft: la partie voifine de l’cerllard. La
meule commence à écrafer le grain vers le coeur ;
le gruau fe forme à l’entre-pied ; la farine s’affleure
& fe fait à la feuillure & jufqu’au bord.,
Ee produit total de la mouture eft emporté en-
fuite par la force centrifuge dans l’orifice pratiqué
aux archures au droit de la ançhe, & fe dé-
gorge par cette ouverture.
Les meules s’orientent comme le papillon du
gros fer ; elles ont leurs bouts & leurs plats
comme lui. Quand on les met en moulage, on
•bferve de placer les plats du papillon parallélement
à la roue, & les bouts parallèlement à fon
arbre, en bordant bien de niveau, c’eft-à-dire,
en mettant bien de niveau les bords de la meule
courante.
Le piquage & rayonnement des meules fe fait
en menant du coeur vers les bords des rayons :
ces rayons doivent avoir 15 lignes de largeur à
l’extrémité de la feuillure, & être féparès dans
cette partie de • deux pouces à deux pouces &
demi entre eux. Ils doivent avoir aufli une faillie
de l’épaiffeur d’une feuille de papier. Quand on
moud des menus grains plats , il faut faire les
rayons de 9 à 10 lignes, & les efpacer de 18 à
20 lignes, c’eft-à dire, les rapprocher & les multiplier
davantage.
Les meules d’une feule pièce étant rares , on
trouve dans beaucoup de moulins des meules
compofées de plufieurs carreaux joints enfémble ;
mais ces fortes de meules ne font jamais d’aufli
bonne farine que celles qui ne font que d’une
feule pièce. La pierre dont on forme les meules
étant une efpèce de meulière, elle eft fujette à
avoir des petits trous ou pores ; on les appelle
éveillures : quand elles font trop fortes , on les
remplit avec un maftic compofé de farine de
feigle & de chaux.
La meule courante s’ufe plus vite que la gif-
fante ; une bonne meule courante rlure dans un
moulin , travaillant bien , 25 ans, & la giflante 50.
En donnant ci-deffus les proportions ordinaires
des meules, on n’a entendu parler que de celles
des moulins des provinces feptentrionales : elles
font en général plus petites dans les provinces
méridionales; on ne leur y donne guère que
4 pieds à 4 pieds & demi de diamètre, mais on
leur donne plus d’épaiffeur.
Msules ardentes ; ce font celles qui font fort
coupantes , & plutôt encore par les inégalités
naturelles de la pierre, que par la manière dont
elles font rebattues.
Meule boudinière ; nom qu’on donne à la meule
giflante , parce que fa furface de dejffus eft un
peu convexe.
Meule courante ; c’eft le nom qu’on donne à
la meule de deffus, qui eft la feule qui tourne.
Meule Jlanière ; nom qu’on donne à la meule
courante-, parce que fa furface inférieure, qui
joue & tourne fur la meule giflante, eft un peu
concave.
Meule gijfante ou gîte ; c’eft le nom qu’on
donne à celle de deffous; elle repofe deffus un
châflis placé fur le plancher du beffroi ; on l’appelle
gijfante , parce qu’elle eft fixée à demeure,
& ne tourne point.
Méteil; c’eft un mélange de froment & de
feigle. On Cerne beaucoup de méteil dans les fermes
, & les petits habitans en fèment quantité
dans leur champs , quoiqu’en général le feigle
mûriffe un peu plus tôt que le froment, & qu’o&
foit alors forcé de les récolter énfemble ; le mè-
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