
vient à bout de tirer une copie très-précifément
& très-promptement par le procédé fuivant.
La manière de préparer le papier à cet effet,
confifte à prendre du papier bien mince & bien
uni, connu fous le nom de papier,Serpente, à
l’imbiber d’une compofition faite de deux parties
d’huile de noix, fur une partie d'huile de térébenthine
, qu’on a eu-foin de bien mêler en-
femble.
L’on étendra fur une table bien unie, recouverte
d’un carton deftinè à cet ufage , une feuille
de papier, fur laquelle on mettra deux feuilles de
celui qu’on veut préparer.
Sur toute l’étendue d’une de ces feuilles, on
paffera une couche d’huile proprement avec
une éponge fine : comme cette huile pénètre, elle
eft fuffifante pour les deux feuilles.
On peut continuer ainfi, & pofer enfuite fur
le tout un carton très-fort, que l’on aura foin de
charger pour mettre le tout en preffe pendant
quelques jours.
On les retire lorfqu’on juge que le tout eft feç,
ce qui arrive en peu de jours , parce que ces deux
huiles font fort déifie catives.
Ce papier étant ainfi préparé , fert à contretirer
très promptement & très-correâement toutes fortes
de figures & de plans , parce qu’étant très-
tranfparent, on aperçoit tous les traits du deffin,
& qu’on peut les copier facilement avec la plus
grande exactitude*
Papier incombujlible.
-On prépare une efpèce de papier qui ne prend
feu que très-difficilement, & qui eft très-propre ,
par conféquent,à envelopper des matières qui prennent
feu à la moindre étincelle; telle eft la poudre
à tirer : on peut encore fe fervir de ce papier
incombuftible ou difficile à brûler , pour renfermer
des effets précieux , comme des contrats, des
billets de caifie & autres.
La manière dont on apprête ce papier efttrès-
fimple. Il ne s’agit que de faire diffoudre de l’aliin
avec trois parties d’eau , de paffer du papier ordinaire
deux fois dans cette eau bouillante chargée
de ce f e l , & de le faire enfuite fécher. Ce.
fel, qui n’eft point inflammable, en recouvrant toute
la furface du papier , le rend en quelque forte
incombuftible.
Il exifte réellement un papier incombuftible qu’on
fait avec de l’amiante , efpèce dë fubftance foffile
qu’on trouve; en divers pays ,■ dans les entrailles
de la terres Ce papier feroit fans doutb utile pour
tous les aétes publics & particuliers , d’où dépend
la fortune des citoyens ; mais il faudroit auffi
trouver une encre qui put réfiffer aux flammes
fans en être détruite.
Pour faire le papier d’amiante ou d’asbefte, on
le broie & on le pile , pour l’amener à l’état
d’une matière cotonneufe. Les parties qu’il contient
étant broyées, paffent à travers le tamis , & il ne
refte que l’asbefte : enfuite on en fait une pâte
& on le travaille comme le papier ordinaire ; mau
jufqu’à préfent ce papier eft gris & .caftant : on pour-
roit,peut-être parvenir à le perfectionner.
Moyen de rendre blanc le papier imprimé.
M. Claprotb , profefleur de droit en l’univerfité
de Gottingue , a trouvé le moyen de rendre
blanc le papier imprimé, de manière qu’on peut
le faire réimprimer plufieurs fois , fans qu’il y relie
aucune trace desrimpreffions précédentes ; la méthode
qu’il fuit eft très-facile & peu difpendieufe.
Il fuffit de remettre au pilon le papier imprimé,
d’en féparer la couleur de Timprelfion , au moyen
de l’eau & de la terre à foulon, & de faire de
nouveau papier avec la pâte qui eft devenue
blanche.
L’inventeur aflùre qu’ri n’a employé que la valeur
de deux gros, de cette terre pour reblanchir
plufieurs rames de papier imprimé. Il a fait remettre
à l'Académie Royale des Sciences & belles
lettres de Berlin, du papier reblanchi après
avoir été imprimé , & du papier réimprimé après
avoir été reblanchi fuivant la méthode qui yieni
d’être décrite. „
Moyen d'enlever P encre de dejfus le papier»
Si c’eft la faifon du verjus , on en frottera la
tache tout de fuite , en y mêlant un peu d’eau ,
tandis que l’encre eft fraîche , & elle s’enlevera.
Au défaut de verjus , on peut fe fervir plus fûre*
ment du fel de verjus diffout dans de l’eau. On
emploie auffi l’ofeille , mais elle n’eft pas auffi
bonne.
Ou prenez de l’eau claire, dans laquelle vous
aurez fait diffoudre du fel de cuifine en égale quantité
à l’eau , & frottez-en la tache.
Enfin , fi la tache eft fèche , & que les acides
nommés ci-deflus ne puiffent pas l’enlever, fervez-
vous d’eau-forte 9 que vous aurez affoiblie avec de
l’eau commune ÿ vous l’étendrez avec la barbe
d’une plume ©u un pinceau fur la tache , qui fe
délayera & difparoîtra auffi-tôt.
Moyen d'ôter les taches d'huile de dejfus le papier.
Vous brûlerez des os de brebis , & vous les
pulveriferez ; vous frotterez de .cette poudre la
tache des deux côtés du papier : enfuite vous mettrez
de papier Jflanc en preffe ; vous les laifferez fç#*
l’eftampe ou papier taché entre deux feuilles
I jee d’une nuit', & la tache s’en ira ; fi elle pa-
roiffoit encore un peu, on recommenceroit les
mêmes procédés.
Manière de faire prendre la douleur fur le papier
gras. ■
On prend un peu de fiel de carpe ou de bro-
I cher on le mêle avec la couleur ; & comme ces
I fubftances font de nature favonneufe, elles dif-
V folvent les matières graffes du papier , & don-
I nent lieu à la couleur de s’étendre & de s’ap-
I pliquer.
Papier à dérouiller.
On a imaginé de préparer du papier qui eft I très-commode pour dérouiller le fer ; il fe Fait en I imprégnant d’une eau gommée ou de quelque au-
I tre fubftance tenace du gros papier , que l’on
I saupoudre enfuite avec de l’émeril fin & du grès
pulvertfé. I Ce papier détache , par le frottement, les parti-
I cules rouillées ou privées de phlogiftique , dé-
I pofées fur le fe r , qui, dans ces circonftances , n’eft
I altéré & décompofé qu’à fa furface.
PAPIER préparé pour i/hprimer aujji vite qu'on écrit.
Méthode de M. Franklin.
M. l’Abbé Rochon dit dans fes Mémoires : Sans
I M. Franklin, je ne me ferois peut-être jamais occupé
I de l’art de la gravure ; m.ais cet homme, célèbre
I piqua ma curiofité en me montrant des effais qu’il
I avoit faits en Amérique, pour imprimer aujfi vite que
■ l’on écrit.
Le moyen qu’il paroît avoir employé, confifte
I à écrire fur du papier avec de l’encre gommée.
' - Il faupoudre fon écriture avec du fablon ou de
I la pouffière de fer fondu , tamifée & pulverifee,
I qii’il enferme entre deux planches.
L’une de ces planches , deftinée a recevoir la
fe propofe , c’eft-à-dire ,1a célérité dans 1 exécution,
I gravure , doit être de bois ou de métal tendre tel
I que l’étain ©u le cuivre ; l’autre plaque peut etre
I de pierre dure ou de fer : toutes deux , fourni fes
I à Taétion d’une preffe , forceront l’écriture de s’in-
I crufter dans ce métal tendre.
L’on aura donc la contre-épreuve (le fon écri-
I ture fut la planche de bois ou de métal, & cette
I planche fervira , en employant la méthode ufitée
I par les graveurs , à donner autant d’exemplaires
I que la profondeur de là gravure le permettra ; car
I on fait qu’elle s’ufe au tirage , & qu’elle ne peut
I jamais être bien profonde.
Si ç^ue méthode remplit l’objet principal qu’on
l’on eft forcé de convenir qu’elle prêfente
des copies bien défagréables à la vue. J ai eu recours
à un moyen qui n’a pas le même inconvénient.
Méthode de M. VAbbé Rochon.
J’écris , dit M. l’abbé Rochon , fur une planche
de cuivre rouge verniflee félon la merhode des
graveurs : ce vernis, à l’aide d’une pointe d acier ,
s s’enlève très-facilement, & l’on peut écrire avec
une pointe fur une planche verniftèe , auffi vite
qu’on écrit fur le papier avec de l’encre & une
plume.
On couvre enfuite la planche d’eau-forte un peu
affoiblie ; on laiffe l’eau-forte mordre le temps
néceffaire pour incrufter les lettres auffi profondément
qu’on en a befoin ; cette planche eft alors
gravée # & on tire, par le moyen de la preffe à
rouleau, autant de copies ou d’epreuves qu’on en
peut fouhaiter.
Toutes ces copies ou épreuves font fur le papier
à contre-fens , de manière qu’elles deviennent par-
là inutiles ; mais rien-n’eft plus facile que de les
avoir dans le fens qu’on défire : par exemple, je
tire douze copies , & tandis que l encre eft^encore
fraîche, je mets deffus autant de feuilles dé papier
blanc, mouillées & préparées, que je difpofe en tas,
de forte que chaque feuille de papier blanc fepare
alternativement les copies : alors dun feul coup
de preffe j’obtiens douze contre-épreuves , qui
font très-propres & très-lifibles, quand même la
planche n’auroit pas été bien effuyée , pourvu
toutefois que la gravure foit affez profonde pour
fournir à la copie un tel degré de noir qu elle
donne de bonnes contre-épreuves.
Cette méthode n’équivapdra jamais fans doute
à la gravure , mais elle peut être d une grande
utilité dans les armées de terre & de mer , & dans
tous les cas où il s’agit de multiplier promptement
les copies.
Le rédaCteur de la Bibliothèque-phyftco-economi-
que obferve qu’on tireroit également des copies de
plufieurs manières ; d’abord,en fe fervant des preftes
de relieur ou autres, enforte que les copies fraîches
& le papier blanc moite entremêlés, fe trouvant
entre deux marbres ou deux ais de bots dur &.
bien u n i, puiffent éprouver une grande preffion.
En fécond lieu, au défaut de preftes, en chargeant
d’un très-grand poids le papier qui feroit
également entre deux ais ; ou enfin en déchargeant
deffus un ou plufieurs coups, 'fubits d’un
lourd marteau ou d’un corps pefant. Mais , à la
vérité , dans tous ces cas, les copies feroient
foibles.
ECCC a