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deviennent les triftes viérimes de pareilles déterminations*
Nous avons l’honneur d’être, avec une parfaite
confidération, &c.
Lettre de la chambre du commerce de Toulouse.
Nous avons reçu le mémoire que vous nous
avez fait l’honneur de nous adrejfer, contenant
vos obfervations fur la déclaration du roi , qui
ordonne l'a. refonte des efpèces d’or , nous n’avons
eu que peu de temps pour le parcourir ,
mais nous y avons reconnu le réfultat des grandes
recherches & d’une profonde connoiflance
de la matière, nous allons nous occuper de rédiger
les obfervations que votre ouvrage nous
infpirera, & nous vous les ferons palier le plutôt
poffible.
Nous avons l’honneur d’être, avec une parfaite
confidération, &c.
Lettre de la chambre du commerce de B ordeaux.
Moniteur, nous avons reçu , avec la lettre que
vous nous avez fait l’honneur de nous écrire le 27"
du mois d’oâobre dernier , vos obfervations fur la
déclaration du 30 o&obre 1785 ; & vous avez .
porté jufqu’à l’évidence l’inutilité & le danger 1
de la refonte de l’or.
Quand on eft verfé, Moniteur , dans la fcience |
monétaire , on peut fuivre, ainfi que vous l’a- 1
vez f û t, tous les inconvéniens d’une révolution
occafiônnée dans les monnoies. Vous les avez parfaitement
bien développés ; & il nous a femblé
que vous n’avez laiffè rien à dire. Vous êtes entré
dans des détails qui portent avec eux la con-
vifîfion, & qui nous ont ramené à ces idées fim-
ples d’économie politique qui font toujours le réfultat
des grandes vérités, quand on trouve quelqu’un
aufîi capable que vous de les déveloper.
Nous avons l’honneur d’être avec une parfaite
confidération, &c.
Lettre, de lu chambre du commerce 4* Lille.
Moniteur, nous avons lu avec l’attention qufil
méritoit, le mémoire que vous nous avez remis
par votre lettre du %7 oélobre dernier, contenant
vos obfervations fur la déclaration du 30
oftobre 1785 , & l’augmentation progreflive du
prix des matières d’or & d’argent, depuis le
premier de janvier 1726.
Nous ne pouvons, Moniteur , qu’applau dir à
ces obfervations : elles font fondées fur une con-
noiffance profonde des opérations du commerce,
fur les principes, qui en règlent la marche , &
fur les réfultats néceffaires des échanges.
Les négociants éclairés ont été perfuadés ,
comme vous l’êtes , Moniteur, que le feul moyen
d’augmenter le numéraire dans un état , étoit
d’obtenir, par les échanges, la balance en fa faveur
; & que tout autre moyen ne produifoit
qu’un effet contraire à celui que l’on le propo-
foit ; & notamment les furachapts , qui ne font
utiles* qu’aux fpéculateurs qui les obtiennent, &
qui font ruineux pour l’état & pour le com-*
merçe. . ^ -
Les mémoires que cette chambre a fait jjafler
au miniftère , le 14 avril 1767, étoient fondes fur
les mêmes principes, & l’opération de 1, 84, eft
une preuve frappante de leur jufteffe.
En effet, il réfulte, ainfi que vous l’obfervez ,
Moniteur, des furachapts accordés trop légèrement
à cette époque, une perte énorme fur les
changes avec l’étranger, l’exportation des matières
d’or néceffitée par le change, & l’augmenta-*
tion du prix de l’or, qui étoit la fuite inévitable
de l’exportation.
Le feul effet de ces furachapts, a été d’augmenter
en apparence le numéraire en argent, de
84 millions en piaftres ; l’on dit en apparence,
parce que tout ce qui a excédé la balance du
commerce de la France avec l’Efpagne, a dû être
payé d’une manière ou d’-une autre à l’Efpa-
gne même , ou aux nations auxquelles l’Efpa-
gne é:oit débitrice : de là la hauffe à des changes,
l’exportation de l’or , &c.
Nous avons toujours été également perfuadés
que l’exportation de l’or & de l’argent étoit né*
ceffaire & inévitable , lorfque, par la balance du
commerce, la France reftoit débitrice envers quelque
autre nation : il eft évident en effet, que lorfque
l’on doit, il faut payer, & que ce paiement
ne peut s’effeâuer qu’en argent, dès que l’on ne
peut le faire en échanges. Il réfulte que la prohibition
de l’exportation ne tend qu’a faire perdre
à l’état qui eft débiteur, les frais & rifques
de la fraude, qui font toujours à la charge de
celui qui doit payer.
Le projet annoncé à la fin de vos obfervations,
nous paroît fagement combiné, pour le bien général
du royaume ; en accordant au commerce
la liberté abfolue d’importation , d’exportation ,
& d’emploi des matières d’or & d’argent, il ne
peut, félon nous, en réfulterque les grands
avantages que vous détaillez,
Si ce projet utile s’exécutoit, l’on doit s’aten-
dre à des réclamations, de la part des direâeurs.
des monnoies , dont le bénéfice eft proportionné
gu travail ; mais il eft impoffible , que l’intérêt
général ne nuife à l’intérêt de quelques particuliers.
Nous
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I 50 livres ou 100 livres. Ces mots même de marc
& de livre numéraire , n’expriment jamais que des
idées relatives, lorfqu’ils frappent nos oreilles;
ils ne fe préfentent à l’efprit que comme lignes
univerfels de tous les befoîns de la nature, ou
de toutes les commodités du luxe..
Nous croyons devoir vous faire connojtre les j
effets que la refonte des louis a produit ici : ils
dérivent naturellement des principes que vous
avez établis dans vos obfervations.
Les Flamands -Autrichiens vinrent en foule
éch^gerà la monnoie.leurs louis vieux, & pen-
dantNquelque temps, ils s’obftinèrcnt à n’emporter
en retour que des écus ; de forte que par-là,
te numéraire en argent paffa en Flandre, avec le
bénéfice réfultant de la refonte ; l’or devint ici
très-commun, & l’argent plus rare : le change ,
qui étoit ordinairement à \ pour cent de perte ,
augmenta 'jufqu’à donner ~ pour cent de bénéfice.
L’équilibre ne fut rétabli, .que lorfque le gouvernement
de Bruxelles, qui avoit fixé d’abord
les louis neufs à 22 livres 10 fols, augmenta, par
ordonnance du 8 mars 1786 , la valeur numéraire
de fa monnoie d’or , en élevant à livres i 5 9—6
de change , ( faifant livres 34— 4— 7—f ^ la
double fouveraine , qui ne valoit auparavant que
florins 15—6 de change , ( livres 32— 15—^8— j )
ce qui la proportionnoit à la valeur réelle de nos
louis neufs, qui depuis lors font reçus en Flandre
pour 24 livres.
Nous avons l’honneur d’être avec une parfaite
confidération, &c.
Lettre de la Chambre du commerce de N a n t e s .
Nous avons lu votre favant mémoire fur les
monnoies , que vous nous avez fait l’honneur de
nous adreffer le 27 oftobre dernier ; nous aurions
defiré vous en accufer la réception plus tô t,
mais nous l’avions prêté à plufieurs négocians
de cette place, qui ont tardé à nous le remettre.
On ne peut, Monfieur, traiter avec plus de „
méthode & répandre plus de lumières fur une
matière fimple en elle-même , mais que les fyl-
lêmes de l’économie politique, l’ignorance & les
erreurs'des divers gouvernemens, ont rendue
abftraite, ôbfcure , difficile & compliquée.*
Nous n’effayerons pas de vous fuivre dans la
progreffion de vos calculs ; vous avez épuifé votre
fujet, & donné un guide affuré dans un labyrinthe
inextricable.
Nous n’envifagerons votre mémoire , que fous
les rapports généraux des monnoies avec les denrées.
C’eft la feule partie que nos connoiffances
nous permettent de faifir.
Les monnoies n’ont été imaginées par ies hommes
réunis en fociété , que parce qu’elles font,
comparativement aux autres objets d’échange,
plus inaltérables & d’un moindre volume : elles
n’onfpoint de valeur fpècifique. Il n’v a aucune
raifon pour que 1e marc d’argent vaille 10 livres -, r Arts & Métiers. Tome V. P-artie II.
La nation qui poffède le plus de ce qu’il faut
pour fatisfaire les befoins de la* nature, ou les
bizarres caprices du luxe, doit néceffairement attirer
à foi le ligne univerfel de fes voifins, qui,
avec les mêmes paffions, n’auront pas les mêmes
reffources de territoire ou d’induftrie.
Car ces nations n’ayant pas fuffifamment de
produirions à échanger, feront obligées de payer
avec des méraux.
C’eft ainfi que l’Efpagne & le Portugal, qui
poffèdent les mines & qui ont négligé leurs
manufactures , ne commercent qu’avec des métaux.
Ces deux puiffances font devenues tributaires
des peuples agricoles & commerçans : elles
font en outre dans un état de foibleffe & de dépopulation
confidérable ; parce que les mines appartiennent
à un très-petit'‘nombre d’individus,
& que le tranfport & la fabrication des métaux
n’exige pas un grand concours d’hommes & de
machines : ce concours, qui fait toute la force
des peuples commerçans & cultivateurs , feroit
une nouvelle caufé de deftruirion pour les nations
qui poffèdent les mines, parce que dépenfant
davantage pour leur exploitation , les métaux
leur reviendroient à plus haut prix, & comme
leur valeur feroit réglée par les fournitures étrangères
, elles feroient obligées de donner plus pour
obtenir moins.
Il eft donc vrai que l’agriculture & le commerce
font les feules fources de la richeffe, de la population
& de la force d'un état.
On pourroit encore fimplifier ce principe, &
dire que le commerce eft l’ame de ce grand corps ,
& le moteur unique de tous fes mouvemens.
En - effet, ramenant ce mot de commerce à
fon acception rigoureufe, qui eft celle de l’échange ,
on verra que chaque fois qu’il n’y a point d’échange,
c’eft-à-dire, de commerce , il n’y a aucun
motif pour le cultivateur de cultiver au-delà
de fes befoins.
O r , fon travail fe modifiant par fes befoins ,
les fruits feront modiques , parce que fes befoins
feront extrêmement bornés ; 6c n’étant échauffé
par aucun efpoir d’échanger fon fuperflu, il ne
fe tourmentera pas pour l’obtenir :
Si nous faifions un livre, nous développerions
ce principe ; lès raifonnemens fe préfenteroient
en foule pour l’éclaircir, & les exemples ne man-
queroient pas pour appuyer les raifonnemens &
leur donner toute la force de la vérité.
Une adminiftration éclairée & fage doit donc
encourager, par tous tes moyens poflibles, fon
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