
ture, mais affez blanc quand il fut limé, pefant
28 grains , ou environ un dix-feptième de plus
que la platine. Les fcories étoient d’une couleur
brune obfcure.
Ici l’augmentation de pefanteur eft une preuve
entière que la fufion de la platine venoit de ce
quelle avoit tiré du verre du plomb ou de l’ar-
jfenic. Pour le brillant de fa furface & la couleur
grife de fa partie intérieure , le métal de^M.
Marggraf -reffembloit à nos maffes de platine
arfeniquée qu’on a déjà décrites ; & probablement
l’ufage que l’on fait de l’arfenic, dans un état de
vitrification, avec des fubltances qui fervent à le
retenir dans le feu , doit être le moyen le plus efficace
pour combiner avec la platine ce corps métallique
volatil.
Observations générales fur les mélanges de platine
avec d'autres métaux.
i°. Il paroît, d’après les expériences précédentes
, que la platine, qui feule n’eft pas fufible
aux feux les plus violens de nos fourneaux , &
qui réfilte aux feux non métalliques les plus actifs
, fe fond ou eft diffoute dans chacun des
corps métalliques ordinaires ; que les difterens
métaux la diffolvent avec divers dégrés de force ,
qui même ne font pas- érTproportion du degré
de leur propre fufibïlité ; qu’il y a des différences
très-remarquables dans fa relation avec difterens
métaux , par rapport au changement qu’elle
produit dans la qualité du métal ; qu’elle durcit
& diminue la malléabilité de-tous les métaux
malléables , mais paroît communiquer quelque
degré de fouplefîe 8c de liant à un qui par lui-
même n’en a point du tout, c’eft-à-dire, au fer
coulé ; qu’elle diminue la malléabilité de l’étain
plus , & celle de l’or moins , que celle des autres
métaux ; que, dans de certaines quantités ,
elle .dégrade la couleur de tous les métaux ,
communiquant aux uns , comme au cuivre , fa
propre blancheur , 8c produifant une couleur
nouvelle avec d’autres, comme avec le bifmuth
le plomb & l’or ; qu’elle empêche le fer & le
cuivre de fe ternir ou de fe rouiller à l’air ,
mais qu’elle fait ternir le plomb 8c le bifmuth
d’une façon très-remarquable,
20. Quoique la platine , pourvu que la dofe
ne foit pas bien forte , devienne fluide ' avçc la
plupart des métaux à un feu modéré , il fem-
ble qu’un feu violent foit toujours néceffaire
pour lui donner une folution parfaite 8c totale.
Des compofitions de cuivre , d’argent & de
plomb avec un tiers de leur poids de platine ,
qui avoient coulé affez clair pour s’étendre librement
dans le moule, & qui paroiffoient à l’oeil
paifaitement mêlées , lorfqu’on les eût mis digérer
dans l’eau-forte , jufqu’à ce que la menf-
true ceffât d’agir fur eux , ont lailfé plufieurs
petits grains de platine dans leur état naturel &
originaire.
En les confidérant dans un microfcope , les
uns ont paru n’avoir fonffert aucune altération ;
tandis que d’autres ont fait voir une multitude
de petites protubérances globulaires & brillantes,
comme fi elles n’avoient fait que commencera
fondre.
3®. Des mélanges, de cuivre , d’argent 8c de
I plomb , avec de plus petites proportions de platine
, qui avoient été maintenus dans une forte
fufion pendant quelques heures, afin que la platine
pût s’y être bien incorporée, ont été mis en
digeftion , & bouillis dans de nouvelles dofes d’eau-
forte , jufqu’à ce que la platine fût reftée toute feule
en poudre jaune , dégagée de tout ce que l’eau-
forte pouvoir en extraire.
Ces poudres ont été expofées à des feux très-
violens , fans addition , avec une addition de
borax , avec les fels alkalis , & avec du' verre
de caillou. Elles fe-font trouvées aufli peu fufi-
bles que la platine l’étoit d?abord , ne. font pas
fondues, 8c n’ont point communiqué de couleur
aux fels ni au verre.
Il p.aroit donc que la platine n’eft que Amplement
diffoute par les métaux en fufion , 8c qu’elle
ne devient pas elle - même véritablement fufible
; par leur moyen.
4°. Comme la platine s’unit avec diffé-
rens métaux en des compofés qui ont de nouvelles
qualités que les ingrédiens ne poffé-
dent pas féparément, & qu’on ne fçauroit cence
voir , d’après aucuns principes méchaniques connus
, que leur fini pie jonftion puiffe les produire
, & comme ces nouvelles propriétés ne fem-
blent pas être plus vifibles dans aucun mélange
métallique , que dans ceux que la platine, fournit ;
il s’enfuit que la diffolution de la platine par
les métaux n’eft point du tout un mélange fuper-
ficiel , mais une coalition aufli intime 8c aufli
parfaite , que nous ayons lieu de croire qu’un
métal quelconque puiffe en avoir avec aucun
, autre.
Des gravités Spécifiques des mélanges de platine, avec
dijférens métaux.
Parifii les expériences qui ont été communiquées
à la Société royale par M. Wood , il y en
a une remarquable fur la gravité Spécifique d un
mélange de parties égales, de platine 8c d’or. La
gravité de la platine la plus pefante qu’il a exa*.
minée, étoit à celle de l’eau comme 15 à I ; &
la gravité de l’or , comme nous l’avons vu dans
l’hiftoire de ce métal, eft environ 19 Si 15,0
parties de platine perdent 1,0 étant plongées dans
l’eau, 8c que 19,3 parties d’or perdent 1 ; donc
files deux métaux étoient mêlés en, quantités, égales
34,3 du compofé perdroient a : ainfi divifant
34,3 par 2, nous avons 17,150 pour la gravité'
du compofé.
Telle doit être la gravité, fi les deux métaux étoient
unis fuperficiellemenr, 8c que chacun d’eux con-
fervât fon propre volume ; mais quand ils ont été
fondus enfeoeble , on dit' que la pefanteur Spécifique
de la màffe s’eft trouvée confidérablement
plus grande , 8c qu’elle n’a pas monté à moins
de 19. Si le fait eft exaCt, 19 parties de la maf-
fe fondue ne doivent pas occuper plus d’efpace
que 17 faifoient auparavant .la fufion ; de
forte qu’il y a près d’un quart d’un métal reçu
dans les pores de l’autre, fans augmenter le volume
de la maffè.
On peut foupçonner que la fubftance que M.
Wood tine a pefée féparément, fous le nom de pla
, étoit le métal coulé plus léger , dont il
a été fait mention au commencement dé cette
hiftoire , ,8c que celle qu’il a fondue avec de
l ’or étoit de véritable platine : auquel cas, la :
gravité de la platine étoit 17 , l’augmentation
de gravité fur le mélange revient à près d’une
vingtième partie ; de forte que la platine a perdu
environ la dixième partie de fon volume dans
la maffe.
Pour me convaincre moi-même fur ce point ,
j’ai pefé hydroftatiquement le mélange fufdit de
parties égales de platine 8c d’or. La gravité fpé-
cifique de l’or étoit 19,285; la platine étoit des .
plus gros grains dont la gravité étoit, comme on
l’a vu dans la prenrère feâion , au moins 17. Le
compofé pefoit à l’air 13,605 , 8c perdoit dans .
l’eau 750; par conféquent fa gravité étoit 18,140 :
la gravité par le calcul revient à 18,071 ; de forte
que, quoique la gravité de la platine n’eût pas été
plus de 17 , l’augmentation de gravité par le mélange
n’étoit pas fort confidérable. Comme il y
avoit eu un peu de perte dans la fufion de .ce
mélange , 8c qu’on ne connoiffoit pas certainement
la pefanteur fpécifique de la platine employée
, j’ai fait deux nouveaux mélanges avec
des morceaux coupas de la même*maffe d’or, 8c
quelques grains des plus gros de platine, dont la
gravité alloit à près de 18.
Un de ces mélanges pefant 5129 perdit dans
l’eau 276 ; 8c l’autre pefant 6415 , perdit 345 :
ainfi la gravité fpécifique du premier revenoit à
18,583,8c celle du dernier à 18,594 ; ce qui approche
aufli près l’un de l’autrè , qu’il eft poffible
de l’attendre dans des expériences de cette efpèce.
La gravité par le calcul eft 18,622 ; de forte que
les deux mélanges étoient fpécifiquement un peu
plus légers , ou étendus en un plus grand volume
, que fi les métaux euffent été pefés féparément
ou joints enfemble par fimple appofition
des parties.
Comme ces expériences ont été faites avec beaucoup
de foin , on peut préfumer que dans celles
où il a paru y avoir une grande augmentation
de gravité, ou contradiction de volume , cela
eft venu de quelque erreur en pefant, ou de ce
que l ’or n’avoit pas faifi toute la platine dans la
fufion.
J’ai aufli pefé hydroftatiquement les autres mélanges
de platine 8c d’or, 8c difterens mélanges
de platine avec diverfes portions des autres
métaux.
Lés maffes qui ont pu fupporter le marteau, ont
été battues tout doucement, 8c on a pris garde à
ne pas les faire gercer ; car les métaux purs eux-
mêmes après la fufion , fe trouvèrent rarement
arriver à leur véritable pefanteur fpécifique, jufqu’à
ce qu’ils aient acquis une plus grande foli-
dité fous le marteau.
On en a limé uniment la furface où il fe trouvent
quelques cavités ou irrégularités qui pou voient
peut-être retenir de l’air ; & la plupart ont été tenus
plongés dans l’eau pendant une heure ou
plus , afin d’en pouvoir dégager l’air plus efficacement,
8c que l’eau y fût appliquée plus intimé-
ment.
L’effet de cette précaution fut manifefté dans
quelques effais faits exprès , quand le métal fuf-
pendu dans l’eau du bout du fléau a été bien purgé
de toutes les bulles d’air vifibles, 8c mis exactement
en équilibre : en repofant un’e heure ou
deux , il s’eft trouvé prèpondérer fenfiblement, 8c
quelquefois affez confidérablement.
L’eau , dans quelques-uns des effais , étoit de
la neige fondue ; 8c dans d’autres , de l’eau dif-
tillée, qui toutes les deux fe trou voient avoir la
même. pefanteur fpécifique. La température de
l’air étoit depuis-50 jufqu’à 60 degrés du thermomètre
de Fahrenheit.
La balance dont on fit- ufage dans ces expériences
, étoit d’une grande fenfibilité ; mais les
deux bras n’en étoient pas exactement égaux. Il
peut-être à propos d’obferver ici que, quoique
les auteurs qui 6nt écrit fur les balancés, exigent
8c foient même fort fcrupuleux pour obtenir une
égalité parfaite dans les bras ; cependant, comme
cette égalité eft exceffivement difficile, pour ne
pas dire impoffible , à obtenir, elle ne me paroît
aucunement néceffaire pour l’exaCfitude de l’inftru-
ment.
Si dix petits poids égaux, mis dans un des pla-
taux, font mis en équilibre par un feul poids placé
dans l’autre, & fi alors on ôte les dix poids, &
que l’on fubftitue à leur placé un morceau d’argent
ou d’airain ; il eft évident que quand co
A a a a a ij