
avec la Hol'ande , l’Angleterre & l’Efpagne
pendant les années 1784 , 1785 & 1786.
En quatrième lieu , fur les effets des d-vers
furachapts accordés par le gouvernement à quelques
particuliers , & des opérations faites dans les
provinces, pour le compte des banquiers ou financiers
chargés de fervices ou anticipations de fonds
au tréfor-royal.
En cinquième lieu, fur les avantages ou les
inconvéniehs que produiroit moralement, l’éta-
bliffement d’un nouveau fyftême , pour les matières
d’o r , & l'abandon des droits de fëigneu-
riage , fur les efpèces d’or & d’argent.
§■ i-
Des diverfes ■ canfes qui ont, depuis l’année
• ï y 26 , opéré les augmentations fucceflives -du
prix des matières d*or 8c d’argent, celle qu i y
a influé d une manière plus direâe , a été la re-
duétion d’une partie des droits de feigneuriage du
Roi. Ces droits en effet , à 1 epoque du 18 juin
de la même année, étant de 51 livres 4 fous par
marc d’or , & de î livres 17 fous 4 deniers par
marc d’argent, furent réduits par le dernier tarif
du 15 mai 1773 à n livres '7 fous i î deniers fur
l’or, 8c à 15 fous 4 deniei s fur l’argent. Et cette
réduction fût envifagée, de la part du fouverain >
comme un'véritable encouragement accorde au
commerce , & tout à-la-fois , comme un moyen
affuré d’attirer dans le royaume, 'une plus forte
quantité de numéraire. Au premier coup-d oeil ,
xi paroîtroit que ce bénéfice eft en faveur de 1 é-
tanger nui apporte fes matières dor & d argent.
Mais outre que les faits eiabliffent avec
évidence, que depuis 1726, là balance du commerce
de la France avec les nations voifines,
& l'Efj agne en particulier, bien loin de diminuer
, s’eft accrue cenfidéiablement, il n’eft pas
moins vrai que tous les objets représentés par
l’or & l’argent ont participé à la même progref-
fion de valeur , en foîte qu’il n’y a eu , dans le
fait, de changé , que les dénominations.
Une fécondé caufe du renchériffement des matières
d’or & d’argent dans le commerce'-, eft la
confomma-ion qui en a été faite pour les chbfes
de luxe, ou autres productions de l’induftriê ; chaque;
année les befoins imaginaires s’étant multipliés
„ lé commerce a _dû , pour s’affurcr une
préférence , excéder le prix -auquel les efpèces
éroient admifes aux hôtels des mon noies.
L’accroiffement du commerce des compagnies
des Indes , ayant donné lieu à une exportation
beaucoup plus coniîclérabie de piaftres, aura contribué
encore à en hauffer le prix ; 6c quant aux
matières d’or, le prix qu’elles vaîoient en Angleterre
depuis 1751 , cité par l’auteur du Mémoire , in-
vitoit néceffairement le commerce à fe tapprocher
du même niveau , & en fe conformait à
l’exemple des autres nations , à préfènter à celles
qui poffédent les mines, les mêmes avantages
dans leurs échanges.
Mais bien loin qu’il ait réfulté un préjudice de
cet accroiffement de valeur, la France y a beaucoup
gagné , en ce que l’Éfpagnol, féduit par
l’apparence d’un bénéfice fur fes exportations ,
les a accumulées, fans s’apperceyoir que lesmar-
chandifes qu’il achetoit en retour , ètoient grevées
d’un renchériffement au moins égal. Cette
vérité fouffre néanmoins quelques exceptions,
dans les cas où , par des opérations forcées, la
Fiance fe chafge d’une quantité de matières d’or
ôc d’argent excédant la balance de fon commerce
avec l’étranger : de quoi il fera parlé ci-après.
§. II.
L’Efpagne étant débitrice de la Fi ance, eft tenue
de fe libérer avec fes matières d’or & d’argent :
il feroit affez indifférent qu’elle donnât la préférence
à l’un ou à l’autre de ces métaux , fi les
rapports établis en Fiance entre leur valeur ref-
peéfive, fe trouvoient égaux à ceux qu'ont adopté
les nations auxquelles la France doit une folde
annuelle pour fes importations : alors des convenances
purement arbiti aires déterinineroient
feules le choix des métaux employés à ces payement.
Néanmoins le tranfport de l’or étant plus
aifé & moins coûteux , ce dernier feroit recherché
dans quelques circonftances & il y auroit
des inconvénient à en être ablolument privé.
Si toutefois l’Efpngne 8c le Portugal enche-
riffoient leur or, au point d’en empêcher l’exportation
, il ne faudroit pas s’en allarmer, parce
qu’indépendaminent de la perte que leur çsufe-
roit une difproportion trop for:e entre le prix
de l’or 8c de l’argent, qui les feroit bientôt revenir
de leur erreur , ces deux nations, fotro -
veroient , avant long-temps, tellement furchar-
gées d’or , 8c appauvries d’argent, qu’elles ne
pourroient fe difpenfer de rétablir une nouvelle
proportion.
C’eft donc à confervsr la proportion établie
chez les nations, auxquelles la France eft redevable
d’une folde annuelle, que l’on doit s’attacher;
car une valeur plus forte attribuée à l’or ,
ou à l’argent, feroit, ainfi qu’on la déjà dit pour
l’Efj.agne & le Portugal , difparoître le métal
dont le prix feroit moindre ; & fi c’étoit l'argent
, il en naîtroit nombre d’inconvéniens, foit
parce que l’a gent eft d’un ufage plus coûtant
& d’une circulation plus 'facile , foit parce que
les valeurs qu’il repréfente étant moindres, il
ne contribue pas avec la même rapidité que l’o r ,
aii renchériffement 8c des denrées 8c de tomes
les chofes ufuslles ; foit pa ce que l’argent n’émoins
la paflion des avares d’enfouir leurs ca1
arpitaux
8c de les fouftraire à la circulation ; foit
enfin parce que l’emploi des matières d’argent
aux objets de luxe , eft beaucoup plus étendu, 8c
provoque davantage l’induftrie nationale.
L’Angleterre 8c la Hollande ont principalement
fixé l’attention des auteurs ; la première à caufe
de la balance qu’elle retire dire&emcnt de la
France ; 8c la fécondé comme fervant d’agent
intermédiaire au nord, pour reprendre fur la
France celle qui lui revient.
A partir de l’état des chofes. avant la déclaration
du 30 oâobre 1785 , 8c en fe fixant, pour
l’o r , au titre de 21 karars 8c pour l’argent a
10 comme le fait l’auteur du Mémoire , nous
trouvons que les rapports de ces trois états, ètoient
comme fuit.
Le marc d’or à ce titre contenoit 4158 grains
de matière pure, dont fouftrait 9 grains de re-
mife de poids, refte 4149 grains, qui valent 30
louis de 24 livres montant c i............. 720 livres.
Pour ces 720 livres, on avoit 120 écus de 6
livres pièce, le marc éteie à la taille de 8 écus-£5
8c contenoit 4176 grains de matière pure, dont
fouftrait 18 grains de remède de poids , refte 4158
grains, 8c d’après cette proportion 120 écus don-
noient 60115 grains {y fous.
Ainfi, 4149 grains d’or, ètoient à 60115 grains
d’argent , comme un , à 14 yfyjf.
En Angleterre.
Selon le calcul fait par M. Macé de Riche-
bourg , dans fon effai fur la qualité des monnoies ,
■ un marc d’or, vaut en matière pure 15 marcs yf§|
argent..
En Hollande.
Suivant le même auteur , un marc d’or vaut
............................................14 marcs 8c ainfi on
avoit à Londres âclfaosol niarc d’argenr pour un
marc d’or , de plus qu’en France ; ce qui faifoit
cinq pour cent r-
En Hollande au contraire on avoit de moins
qu’en France î marc d’argent, pour un
marc d’o r , ce qui faifoit ■ Pour cent.
D ’après ces rapports, il convenoit mieux à l’Angleterre
de retirer de la France la iialance qui
tage de plus de cinq pour cent au-deilus de
gent.
Quant à la Hollande , il lui étoit à-peu-près
égal de prendre l’un ou l’autre, puifqu’il n’y
avoit de différence que d’un y ou environ pour cent.
Il paroiffoit donc que la France , auroit dû
prendre' un moyen entre ces deux nations, &
porter le rapport de L’or à l’argenr, comme d’un
a *4 W 5W ■
Si au lieu de faire une refonte, l’on avoit feulement
porté les louis de 24 livres à 25 livres,le
marc d’or auroit valu 15 marc d’argent.
O u , f i , en faifant une refonte , on n’avoit
porté les louis de 24 livres , qu’à la t.-ille de 3 1
au marc , le marc d or n’auroit que 14 marc
d’argent.
Ce qui feroit beaucoup rapproché dans l’un
8c dansj’autre cas du prix moyen; au lieu qu’en
portant ce rapport à 15 i » comme on l’a fait ,
on a depaffé le but de - f f f f de marc d’argent ;
ce qui revient g 3 j£t!t pour cent.
Examinons quel défavantage il en réCulte , ou
peut en réfulter pour !a France : & à cet effet,
pofons d’abprd tous les rapports aftuels, relativement
à la France , l’Angleterre 8c la Hollande.
De la France à VAngleterre*.
Nous avons vu, d’après M. Macé, qu’un marc
d’argent ne vaut en Angleterre, que 15 marc
d’argtnt en madère pure. En France par la dernière
augmentation de 6 f pour cent, il vaut actuellement
15 Ÿ f f f , en forte qu’il y a une différence
de çÜt ï ï ï de marc d’argent, de l’un rapport
à l’autre ce qui fait un , & en nombre
rond un £.
La guinée d’or d’Angleterre valant 252 deniers
fteriings, contient, félon le même auteur ,
143 grains de poids François, en matière
pure, 8c le marc d’or de 32 louis , en contient
4149 grains , portant chaque louis 129 grains I
d’après ce rapport, £ louis valant un écu-de 60
fous revient à 28 den. fteriings ci. . 28
Le feheling d’argent Anglois de 12 deniers
fteriings, contient en matière pire , fuivant le
même auteur 104 grains poids François : un
marc de 8 écus — de 6 livres , contient 4178
grains du poids François, 8c fuivant ces rapports
, l’ecu de 3 livres revient à 28
Même différence de . . . . . . . .un
Voyous d'après toutes ces données , la différence
qui réfulteroit achiellemenr de remifes faites
en Angleterre, en or ou argent.
La fabrication des efpèces fe faifant en Angle