
<5 o MEiü
Comme, on doit remoudre les différens gruaux,
on, ü’eft point forcé de ferrer ni de rapprocher
les meules, comme dans la méthode ordinaire où
l’on veut tirer tout le produit par une feule mouture.
Ici au contraire le premier moulage elt fort
gai, la farine qu’il produit n’eft point échauffée',
8c conferve toute fa qualit^.
Par la troifième opération, on tamifé là farine , &
l’on fépare les gruaux en même temps que l’on
moud, en accordant le blutage avec le mpulage ,
fuivant les principes expliqués ci-dévant, afin que
le bluteau ne débite ni plus ni moins que lés meules.
La farine, mêlée avec fes gruaux, fon 8c recoupes
, tombe, au fortir des meules, par l’anche
dans le premier bluteau; placé .dans la partie fu^
périeure de la huche. Le' bluteau :■ reçoit fon mouvement
de la batte j qui, ‘en frappant ïùr lès bras de
la croifée placée fur la -lanterne", fait agir le babillard
& la baguette Attachée au bluteau;
La farine qui pafle par le bluteau, tombe dans
la huche; elle eft d’une grande fineffe, & a toute
fa perfection ; on la nomme fariné de blé, parce
qu’elle eft produite par la mouture fiir le blé,
ce qui là diitingue de lafarfiédè gruau-; elle, va
à peu près à la moitié du produit. Le réflé chi gruau
moulu fe nomme le fan gras ; il fort par. le bout
inférieur du premier blùteàü, 8c tombé,-par un
conduit, dans un fécond nommé dodinage, qui
eft plus gros & plus lâche que le précédent; il
eft ordinairement compofé de différentes grofteurs
d’étamtne du canevas, qui divifent fa‘longueur en
trois parties égaies.
Dans le moulin entièrement .monté.félon là
méthode économique , au lieu d’un dochnagè, op
emploie une bluterie cylindrique, qui eft préférable,
en ce qu’elle fait un plus beau gruau qùé ce dodinage.
Cette bluterie s’èmpldié dé même, & par
préférence, pour bluter les fons gras , airifi que je
l ’ai dit ci-devant; elle eft garnie par tiers de foie
ronde, d’un.quintin- 8c d’un càrievas. Cette blute-
rie tourne par4e. moyen d’un. herifTon ; dont les
dents ' s’engrènent dans les' fufeàux de la . petite
lanterne qui termine l’axe de la bluterie cylindrique
, ou par des poulies.
Il doit fortir trois gruaux des divifions du bluteau
inférieur, foit dodinage, foit bluterie cylindrique;
la'première.éft le gruau blanc qui fe trouve
à la tête du bluteau; la deuxième, le gruau gris
qui fe prend dans: le milieu, 8c la trQiiième, les
recoupes à l’extrémité du bluteau.,
La quatrième opérafion confifte1 à re mou dre les
différens gruaux pour en tirer de nouvelles farines.
Après que les bluteaux ont féparé toutes les
qualités, 8c que le meunier a mis à part la farine
de blé, il rengrène les gruaux blancs trois fois
féparément des autres, efpèces de gruaux , 8c toujours
de la même façon; mais en ne faifant communément
ufage dans tout le refte des opérations que
du premier bluteau-
M EU
Je dis communément\ parce que les meuniers
qui vifent à une grande qualité de ■ blancheur, laif-
fent encore paffer à chaque opération les gruaux
à travers les bluteries cylindriques ou le dodinage,
pour en extraire les rougeurs ou les parties de fon
qui s y trouvent., d’où il refulte que la fécondé
8c la troifième farine dégruau font bien.plus claires.
Le premier rengrenage du gruau donne une farine
fupérieure en qualité à la farine de blé; on nomme
cette farine de premier-gruau, blanc, bourgeois ,
pour la diftinguer de la farine de blé; qu’on nomme
le blanc', ce blanc n’eft pas plus fin que le blanc
bourgeois, mais celui-ci a plus de corps 8c de faveur.
Lefecond rengrenage du reftant du premier gruau
produit une farine d’iiiïe- qualité un peu inférieure à
la précédente ;'& le troifième rengrenage donne
une farine encore air deffbùs , mais fans mélange
de fon, parce que le gruau blanc .n’en'a point. ■
Le gruau gris fe rengrène féparemènt, & fémoud
légèrement, pour en extraire, par un tour de blute-
fie , les rougeurs;* de manière que la tête de cette
bluterie peut rentrer avec le gruau blanc fous les
meules.
Enfin le refte du gruau gris, après • avo.ir.été
rép'aflé fous"là meule, donné une farine bife, niais
purgée'de fon , par l’attention qû’on a de moudre
les gruaux gris légèrement la première fois, 8c
d’en extraire le fon par la bluterie.
Les farines de blé des premiers 8c féconds
gruaux,, mêlées enfemble, forment.le pain blanc
de1 quatre' livrés., quon vend à Paris.
Les recoupes fe rengrènent de même féparéf
ment une feule fois, 8c produifent une farine bife
égale à-peu-près à la.deuxième qualité du gruau
gris , 8c toujours fans mélange de ibn. Comme
il tombe, à chaque opération du blutage, de
gros gruaux qui ont échappé à la meule, on les
ramaffe encore pour les rèmoiidrê ; c’eft ce qu’on
nomme remoulage de ^gruaux. Il réfui te. de la mouture;
des derniers1 gruaux ,’ ùn petit fon- quon
riomm e fieuragéi C •
Pendant ces, .différens, moulages , ,il> faut être
attentif à fixer- l’afliette des meules, à en .diriger
les,mouvemens. avec égalité,. à: lesiaire approcher
plus jou moins , afin d’empêcher, dans çous lés
cas, que-la farine rie (oit courte ,8c. échauffée,
8c pour qu’elle, foit air contraire fraîche., plongée,
& qd’èné prodiufe un gros fon doux.,, ." U;,-
,Pendant l f r premier, moulage .fur blé ,■ • il. faut
‘avoir-foin de tenir; la meule, epu-ranfe ,un..peu
haute ; c’eft-à-dire , de ne: pas la ferrer beaucoup
, afin, d’enlever .la pellicule du grain, 8c de
faire de ; plus beau^x gruaux ; il faut au contraire
tenir ips meules plus ferrées lors dé la mouture
' des; .gruaux , vu que les ,parties font plus petites
,8c plus dures, Cependant les meules bien r-ha-
billées demandent fouvent à alléger un qjjarfc-
d’heure après avoir pris fleur,.
M E U
Récapitulation des changemens fuccefîfs qu'éprouve
le blé pour donner fes" divers produits par la
mouture économique.
En fuppofant un moulin à eau de pied-ferme,
ayant des greniers au-defîùs pour le nettoyage
des grains, le b lé , après avoir été enlevé en
fac dans l’étage fupérieur, y eft criblé 8c féparé
en fes trois qualités de tête „de blé; blé du milieu
, 8c blé de la derniere clajfè , par le crible
normand, 8c le grand crible cylindrique ; de-là
fl eft verfé:
i°. Dans la trémie du tarare ou ventilateur, qui
en enlève la pouffière 8c la balle ; d’où il tombe,
2°. Dans le crible d’Allemagne incliné, au bas
duquel eft un êmoteux ; de-là 9
3°. Dans la trémie,des meules, qui le verfe par
l’auget agité par le fraydn.
- 4°. Dans l’oeillard ou trou de la meule coûtante;
à travers les bras de l’anille ; d’où il coule,
5°. Sur le coeur de la meule gifante, où il fe
îbrile.
f; 6°. Enfuite dans l’entrepied des meules, où il
s’affine 8c fe forme en gruau; de-là,
g* .7°. Dans la feuillure des meules où le gruau
s’affleure par l’écurage des fons, 8c fe convertit
fen farine ; dé-là,
^ 8°. Dans l’anche’ où la mouture entière eft
chaffée par le mouvement circulaire des meules;
de-là,
P 9°. Dans le bluteau fupérieur de la huclie qui
: fépare la farine de blé du fon gras ; la farine
-tombe dans la huche, 8c le fon gras f
|L IO°* Dans le dodinage ou dans la bluterie cylindrique,
qui diftingue le fon gras & fes trois
gruaux 8c recoupes.
| ii° . Et enfin au bout du bluteau inférieur, par
où fort le fon maigre bien évidé de farine.
u,u -m--e-t a *■ wic uu ic
blanc tire par le bluteau fupérieur; enfuite on
prend le gruau blanc pour le faire repafler fous
ffe? meules, 8c le produit de ce premier gruau
lait le même chemin que le produit du blé ; il
^onne, par le bluteau fupérieur, une première
larme bien fupérieure à la première farine de
*le ; on la nomme première farine de gruau.
«J. :Ce # n’a pas paffé à travers; le bluteau fupérieur
fe remet encore fous la meule pour le re-
moudre^ une fecpnde fois., 8c l’on, obtient la fécondé
farine de gruau , qui eft un peu moins
manche que la précédente.
- :réfidu de cette fécondé farine de gruau fe
repaffe une troifième fois fous la meule, lorf-
qu on veut tirer la plus grande quantité de blanc;
mais ordinairement ce réfidu fe mêle, avec le
.gruau gri$, ce qui forme une troifième farine de
.^ruau moins blanche encore que la fécondé.
: n Paffe une Seconde fois fous la meule le
MEU 6 1
réfidu du gruau gris, pour avoir une. quatrième
farine qui eft bife, 8c l ’on y mêle encore le produit
des gruaux bis 8c des recoupettes, qu’on remoud
une feule fois.
Il refte, à la fin de toutes ces opérations, un
petit fon qu’on nomme fleurage ou remoulage
de gruaux , qui eft bon pour empâter la volaille.
Réfultat des Produits de la Mouture économique.
~ En exécutant tous les procédés de la mouture
économique, ainfi que je viens de les décrire,
un fetier de bon b lé , pefant 240 livres, mefure
de Paris, doit donner communément en totalité
de farines tant bifes que blanches,
cf . . . . . . . . . . 175 à 180 liy.
En fon, recoupes 8c iffùes, environ 1 . . 55
En déchet . . . . . . . j . 5 ' à 6
Poids égal à celui du blé. . . . . . 240 liv.
Si la bluteriej fupérieure fépare bien les iflùes
du premier bluteau en trois gruaux., recoupettes
8c recoupes, alors cés'différens produits montent
en détail, favoir
En fleur ou farine de blé. ; . . . 100 \
En farine de premièr gruau, ) . 40 f .. .
En fariné de fécond giirau, > ènvir. 20 \ jg «•
Enfariné de troifième gruau; ) . 10 '
En farine de remoulage de gruaux
8c recoupettes:. . . . . ■ . . io‘
En fon de différentes efpèces. . . 55^
En déchet.. > . •. .■• „ -. 5 r
Poids égal à celui du blé, ci . . . ; 240 iiv.
Par le remoulage de toutes ces fortes de qualités
, oh fait ordinairement quatre efpèces de
farine, favOir :
i°. La farine de blé ou le blanc.
20. La farine de rengrenage de premier gruau
nommée blanc bourgeois.
3°. La farine de fécond gruau, que l’on mêle
fouvent avec le "blanc bourgeois, quand le meunier
a eu affez d’adreffe pour moudre légèrement
le gros gruau, 8c pour en féparer les rougeurs.
40. La farine bife qui réfulte du mélange des
farines des derniers gruaux, remoulages 8c recoupettes;
Les fons reftans fe trouvent auftî de trois
efpèces, favoir, le gros fon, les recoupes 8c le
petit fon ou fleurage.
Il ÿ a beaucoup de variations fur les déchets
fur-tout fi les farines ont été tranfportées de 5 s
10, 1 du 20 lieues, par la chaleur, qui, avec
les fecouffes de la voiture, contribue beaucoup
aux déchets :.fouvent auffi l’erreur vient de l’inexactitude
de la pefée , 8c du retard après la mouture.
On fent aiféihent que les produits de la mou