
par un long ufage, la facilité de juger du degré
d’épaiffeur des papiers par le ta£l, & l’on eft tout
étonné que les rames fe trouvent, après la réunion
des mêmes lots , du poids qu’elles avoient
eftimé. Il eft bien effentiel de ne pas négliger ce
triage, fur-tout pour le papier tl’impreffion.
Demoiselle , ( papier à la ) fe fabrique aux environs
de Rouen, avec les débris des filets de
pêcheurs & des cordages ufés des navires. Il a
io pouces & demi fur 13. On en diilingue de
deux fortes ; l’une mince, dont la pâte eft fine
quoiqu’encore affez longue : elle fert à faire des
papillottes; l’autre forte % d’une pâte plus longue &
plus rembrunie, avec les mêmes dimenfions: elle
pèfe deux fois davantage que la précédente. On
l ’emploie fur-tout à faire des calottes.
Dentelée. ( bordure) Lorfque l’ouvreur ôte mal
la couverte, il enlève quelques petites parties de
la bordure inférieure ou de la mauvaife r iv e , &
en conféquence elle fe trouve dentelée ; de même
le coucheur, en traînant la forme, opère le même
effet ou complète le mal. Voyez pag. 510. C’eft
pour ces raifons que la mauvaife rive eft ordinairement
baveufé.
D érompoir ; efpèce de table, garnie de rebords
de trois côtés, & adoffée à un mur, fur le devant
de laquelle eft attachée verticalement une
faülx pour couper le chiffon en petits morceaux.
Voyez pag. 487.
D érompre , c’eft couper le chiffon pourri en
petits morceaux avant de le porter dans les piles
à effilocher. Voyez la manière dont le gouverneur
du moulin exécute cette opération, pag. 487. Cette
opération pourroit être fupprimée par un triage
bien foigné., ibid. Eft impoffible , quand on ne
pourrit pas , ibid.
D é soe u v r e r , c ’eft féparer les feuilles de papier j
les unes des autres , & dans ce fens défceuvrement
fignifie la féparation de ces feuilles. On a foin
que les feuilles des pages ne foient' pas dèfceuvrées
avant la colle, parce qu’il eft à craindre que les
feuilles, en cet état de réparation, ne fe caftent
lorfqu’on les plonge dans la colle. Les Hollandois
ne redoutent pas autant que nous ce défceuvrement;
parce qu’ils favent par expérience que l’étoffe de leurs
papiers a affez de confiftance pour que les feuilles
défceuvrées ne fe caftent pas à la colle. Ces mêmes
fabricans étendent en pages après la colle, inftruits
de même qu’en féchant, ouïes feuilles des pages
fe dèfceuvreront d’elles-mêmes , ou qu’on pourra les
défceuvrer fans effort, lorfqu’on en fera la cueillette
à l’étendoir. L’échange facilite le défceuvrement des
feuilles de ces pages par les relevages,qui détruifent
la forte adhérence que les feuilles non relevées
dans les pages ordinaires , confervent entre elles.
Voyez pag. jn »
D essin; ( papier pour le ) il y a plufieurs fortes
de papiers qui fervent à cet ufage.
i°. Le papier à dejjiner teinté. Ç’eft un papier
blanc fur lequel on paffe une éponge chargée d’eau
de fuie ; cette teinte fert au deffinateur de f0nj
pour les ombres. Au moyen de ce fond, il ne
s’occupe qu’à relever les objets avec du crayen
blanc, fuivant qu’ils font plus ou moins éclairés
ou qu’ils font de demi ou de grand relief: on
voit que le fond du papier teinté abrège l’ouvrage
d’un deffin à deux ou trois crayons.
a°. Papier bleu ou gris pour le deffin. Ces
fortes font fabriquées avec un mélange de deux
pâtes, l’une bleue ou grife, & l’autre blanche.
On emploie pour la pâte bleue en Hollande,les
chiffons que fourniffent les chemifes des matelots
teintes en bleu : on a foin de raffiner complètement
chacune de ces pâtes , & d’adoucir le grain
de ces papiers par l’échange, enfin de lesbien coller.
On a fabriqué de ces papiers avec fuccès dans
quelques-uns de nos moulins , 8c fur-tout dans
ceux de Lille & d’Annonày.
D o u b l a g e ; (papier de) ce papier fe fabrique
en Hollande avec des étoffes groffières,compofées
d’une chaîne de fils de chanvre & d’une trame
de laine. Ces matières s’affocient affez bien dans
la fabrication de ce papier. Il fert à doubler les
navires deftinés à des voyages de long cours. Ce
papier n’eft pas collé, parce qu’on l’enduit de brai
avant de l’employer. On en fait une couche, qu’on
attache au bordage des vaiffeaux , & on la recouvre
avec des planches de fapin légères : par le
moyen de ce papier, on eft parvenu à préferver
les vaiffeaux de la piqûre des vers tarets qui, après
avoir percé les planches de fapin, font arrêtés par
cette étoffe, laquelle ne convient pas à leur travail.
D r a p e a u x ; o n in d iq u e p a r c e m o t l e s chiffons
d o n t o n f a i t l e p a p ie r .
D r a p e l i e r e s . Voyez chiffonnières.
E a u ; élévation & diftribution de l’eau dans
les moulins ( pag. 488 ) : dans les piles par ’les
fontanelles , pag. 489. Sa circulation dans les piles,
pag. 49°* Les effets de cette circulation relativement
à la trituration du chiffon , ibid. Ses effets
dans les piles à cylindres, pag. 493.
E a u ; g r a n d e e a u , p e t i t e e a u . On dit qu’on
travaille à grande eau, lôrfque l’eau , dans laquelle
la matière du papier nage , eft abondante relative-
ment à la quantité de cette matière : c’eft tout le
contraire lorfqu’on travaille à petite eau, la pâte
eft plus abondante, quant à fon véhicule. Inconvénient
de la fécondé méthode, 8c avantages de
la première, pag. 501 & 506.
J’ajouterai ici le détail d’une expérience bien
décifive à ce fujet. J’ai vu fabriquer fucceffive-
ment avec la même pâte, qui étoit affez longue
& fibreufe, i°. du petit-cornet & du papier fer-
pente ; 2°. du propatria. Les deux premières fortes
furent travaillées à grande eau, & les papiers qu’on
obtint par ce travail, nous offrirent des étoffes bien
égales fans brocs ni pâtons , & de la plus belle
tranfparence. Le propatria de 14 livres , plus
étoffé que les deux fortes précédentes , & travaillé
à petite eau avec la même pâte, nous a
paru au contraire chargé de pâtons , d’un grain &
5’une épaiffeur inégales : en obfervant le degré de
perfeélion que le travail de la cuve avolt acquis
par la iimple addition d’un véhicule abondant ,
nous fûmes bien convaincus de l'importance , &
peut-être de la néceffité de travailler à grande
ctu, fur-tout les papiers d’écriture.
Éb aRBER ; c’eft rogner légèrement avec de gros
cifeaux les bordures des feuilles de papier, lorf-
qu’elles font pliées en mains, & avant que de
les empaqueter en rames. Cette opération déshonore
, félon moi, le papier, & annonce une fabrication
négligée dans les bordures. Les parties
qu’on Harbe font celles où la difpofition régulière
& tranfparente de la pâte a été détruite par les
ouvriers de la cuve, & qui n’offrent qu’un amas
de matière matte & déforganifée, pour ainft-dire.
Les Hollandois , qui mettent tant de propreté dans
le pliage de leurs mains & dans l’arrangement de
leurs rames, fabriquent leur papier avec affez
de foin & de fuccès , pour qu’ils foient difpenfés
de Yébarber. Voyez bordures.
Ecacher ; fe dit de la cbmpreffion des porfes
blanches par le leveur. D ’abord cet ouvrier, à moitié
porfe, couvre d’un feutre les feuilles qu’il a placées
fur la planchette de la felle, 8c les comprime
le plus qu’il peut, afin qu’elles fe touchent, bien
exa&ement, fans aucune interpofition d’air. Il fait
la même chofe lorfque la porfe eft levée en
entier : enfin, il achève d'écacher la porfe lorfqu’il
la met en tas fur les autres. Gette opération eft
néceffaire pour que l’effet de la preffe fur les
porfes blanches foit plus égal & plus complet,
fen Hollande, le leveur éçache avec plus de foin
&d’attention encore;d’abord il comprime les tas des
feuilles avec une petite planchette, & à plufieurs
reprifes; enfuite, avec une planche plus large &
plus forte. Au moyen de ces planches, non*feulement
il écache plus exa&ement qu’on ne peut
le faire avec un feutre , mais encore, par la marche
de fes comprenions, il eft fûr de donner "iffue à
l’air, & de prévenir les défe&uofités que fon interpofition
pourroit occafionner , telles que les
mufettes, &c. Voyez pag. 509.
Echange , fuite de manipulations qui ont pour
but d’adoucir le grain du papier, & de procurer
en même-temps au fond de l’étoffe un feutrage
qui la rende ferme 8c cartonneufe. Ces manipulations
, dont les Hollandois ont enrichi Fart
de la papeterie, & que nous avons* empruntées
d’eux, fe réduifent à deux principales opérations,
les relevages & les preffages. Lorfque le papier a
été fournis plufieurs fois à ces manipulations , il
eft non-feulement adouci & luftrè à fa furface,
Riais encore débarraffé d’une partie de l’eau fura-
hondante dont il étoit encore pénétré en fortant
des opérations de la cuve, ce qui le difpofe à une
defficcation égale & uniforme dans l’étendoir. LV-
*hange s’exécute avec beaucoup plus de fuccès 8c
«oins de perte fur les papiers de pâtes naturelles
ou non pourries, que fur les papiers fabriqués
avec des pâtes pourries. Il fait auffi très-bien
après la colle, parce qu’il facilite l’introduélion
de la fubftance collante dans l’étoffe du papier,
& qu’il contribue à la fixer à fa lurface, fous
la forme d’un vernis mat. Enfin, je finirai par
bbferverqüe l’échange ne donne au papier un bon
apprêt, qu’autant qu’il vient à la fuite d’une fabrication
foignée& conduite avec intelligence.Voy.
p.514 & 5 1 5 , les attentions & les manoeuvres qui
affurent le fuccès de l'échange. Voyez les mots
relevage 8c pfeffage.
Echanger, c’eft foumettrele papier aux manipulations
de l’échaïige : papier échangé, eft un
papier qui a reçu l’apprêt de Y échange,
t EcoRce ; ( papier d’ ) forte de papier à tiffu
naturel, comme le papier d’Egypte. Il étoit fait
du liber ou de l’écorce intérieure de certains arides,
pag. 47.-2. Ses ufages anciens , ibid. Se fabrique
encore chez quelques peuples , ibid.
Epu ; moyenne forte, d’une grande confom-
mation. Il y en a de mince & d'étoffé. Voyez le
tarif, pag. 537.
Effilocher ; c’eft détruire la toile ou le tiffu
des chiffons, & les réduire aux élémens des fils.
Cette opération fe fait dans les piles particulières,
qu’on nomme piles à éfflocher, piles à drapeaux.,
piles à drapeler, piles à battre en ‘défilé, pag. 489
& 494 , & dans les* piles où tournent les cylindres
effilocheurs.
Effilocheur ; ( cylindre ) il eft armé de lames
de fer qui n’ont qu’une cannelure & un fort talon
à leur face extérieure, & dont les intervalles font
très-larges. Toutes circonftances afforties au travail
de l’effilochage, pag. 494.
Egouttoir ; planche placée debout fur une partie
du tour de la cuve , & dans laquelle il y a
plufieurs entailles où le coucheur appuie dans une
fituation inclinée les formes de diverfes grandeurs,
pour que l’eau de la pâte, dont ces formes font
chargées , puiffe ségoutter pendant qu’il pofe les
; feutres. Voyez pag. 497.
Egypte , ( papier d’ ) papier formé des tiffus
naturels du papyrus ; les procédés de fa préparation
& de fes apprêts, confervés par Pline, pag. 465. Il prend différens noms, fuivant fes différentes
dimenfions & fes apprêts, ibid. & 466. Ses
ufages , fon commerce & fa durée > ibid. Se fabri-
quoit en E gypte, & fe préparoit enfuite à Rome,
ibid.
Eléphant 5 grande forte. Voyez le tarif, pag.
536.
Enseigne. C ’eft l’affembîage d’un tiffu de fil
de laiton , qui comprend ordinairement la marque
du papier , la qualité du papier, comme/«, moyen ,
bulle, le nom du fabricant & celui de la province.
Ce tiffu fe coud à la verjure par un fil fort fin.
Plufieurs fabricans, frappés des inconvéniens des
longues enfeignes, füjettes ou à fe découdre ou à
s’empâter d’ouvrage, ont fert abrégé tous ces détails