
platine eft un métal de la couleur de l’argent ,
d’une du&ilité confidèrable qui n’eft point fusible
aux fei>x les plus violens qui puiffent être
excités dans les fourneaux , ou foutenus par les
vaiffeaux chymifl.es ou des ouvriers ; qu’elle approche
de For par un de ces caraélêres qu’on a
toujours regardé comme le plus diftinâif, lavoir
la pefanteur fpècifique ; & qu’elle a de
commun avec fo r & l’argent, d’être fixe &
point calcinable par le feu.
La platine avec Vacide vitrïolique.
On a expofè plufieurs parcelles de grains de
platine les plus purs , pendant quelques heures, à
une chaleur douce, avec l’efprit concentré appelé
huile de vitriol , 8c avec le même efprit
délayé dans différentes quantités d’eau. Il n’en
eft point réfulté de folution , ni aucune altération
, foit dans les liqueurs , foit dans le
métal.
2°. On a fait bouillir , pendant quelques heures
, trois onces de forte huile de vitriol avec
une once de platine dans un vaiffeau de verre à
col long & étroit. La^ liqueur eft reliée à-peu-
près dans la même quantité qu’auparavant ; &
on n’a pas pu y - apercevoir aucun changement
non plus que dans la platine.
30. Ayant coupé le verre un peu au-deffus
de la furface de la liqueur, on a augmenté le
feu par degrés, jufqu’à ce que la liqueur, q û
pour lors commença à s’évaporer librement ,
le fût entièrement exhalée en cinq ou fix heures
de temps, & eût laiffé la platine fçche &
rouge.
Le métal , quand il fut réfroidi, ayant été
lavé avec de l’eau, & enfuite féçhé , on trouva
fon poids le même qu’il étoit d’abord , 8c la
furface des grains ne fit voir aucune marque de
çorrofion.
La feule altération qu’on y remarqua , fut ,
que plufieurs des grains devinrent brunâtres 8c
d’une couleur fale , effet que la fini pie çhaleur
produit, comme on l’a déjà vu , 6c qui par con-
féquent ne doit pas être imputé à l’aâion du
çprps ajouté , quand on a employé en même
temps un degré de chaleur fuffifant pour le
produire.
Il paroît donc que la platine réfifte à l’acide
pur du vitriol qui , par l’une 'ou l’autre des manières
ci-deffus de l’appliquer, diffout ou ronge
tous les autres corps métalliques connus, excepté
Fer,
La platine avec Vacide marin,
Les efprits de fel foibles ou forts, étant dirigés
féparément avec un tiehs de leur pefaq-
teur de platine , à une chaleur douce -, pendant
quelques heures de fuite, les liqueurs font
reftées fans couleur , 8c la platine n’a point reçà
d’altération. On a enfuite augmenté la chaleur,
8c tenu les liqueurs dans une forte ébullition ,
jufqu’à ce qu’elles ont été entièrement exhalées,
fans qu’ils fe foit fait aucun changement feu-
fible dans la platine.
Quand le fel commun eft chauffé fortement
en mélange avec certaines fnbftances vitrioli-
ques, fon acide, forcé de fortir par l’acide vitrio-
lique, 8c réfolu en fumées par la chaleur ,
corrode certairts corps métalliques fur lefquels
il n’avoit point d’aétion dans fon état liquide.
On a donc mêlé deux parties de fel marin décrépité
ou deffèchè avec trois parties de vitriol
v e r t, calciné jufqu’à rougeur : on a preffé uniment
trois onces du mélange dans un pot à cémentation
; on a étendu uniment, à la furface,
une once de Platine qu’on a recouverte avec
encore un peu du mélange.
On a couvert 8c lutté hermétiquement le vaiffeau,
8c on l'a entretenu pendant douze heures à une chaleur
rouge modérée. En l'examinant, quand il fut refroidi
, on trouva que le mélangé falin s’étoit
fondu , 8c formoit une maffe uniforme unie : la
patine qui étoit tombée au fond, étant féparée
d’avec le mélange par la lotion , parut n’avoir
éprouvé aucun changement, quoique vfa pefarite
ur eût un peu diminué.
On répéta l’expérience avec un mélange moins
fufible , appelé le ciment régal , compofé d’une
partie de fel commun , une partie de colcothâr ,
ou vitriol forcement calciné, 8c quatre de briques
rouges en poudre. Une once de Platine enveloppée
, comme cirdeffus , de fix onces def
cette compofitioa , 8c cémentée dans un vaiffeau
fermé, à une chaleur rouge pendant vingt heures ,
n’a fouffert aucun changement effentiel , quoiqu’il
y eût, comme auparavant', quelque dinùnu-
rion dans fa pefanteur.
Beaucoup des grams avoient perdu leur couleur
; au lieu que dans l’expérience précédente
ils étoient tous reftés àrpeu-près aufli brrllans 8c
aufli blancs que d’abord, peut-être à caufe que
le mélange , en fondant, enavoit lavé & nettoyé
i les' furfaces,
De tous les corps métalliques, For eft Je feul qui
réfifte à l’acide marin dans cette façon de l’appliquer,
Comme la platine n’a donné aucunes marques
de diffolution dans ces expériences, on a pré-
fumé que ce métal lui avoit pareillement réfifté,
8c que le défaut qu’on avoit trouvé dans la pefanteur
, venoit de ce que quelques-uns des plus petits
grains avoient été emportés par la imrière mé<
tallique pefante du vitriol. On a en conféquence
varié l’expérience, en fubftituant aux mé anges pré»
cédens le mercure fublimé, qui eft une combi-
naifon de l’acide marin concentré avec le vif-
argent, Quand on mêle cette compofition avec
quelques-uns des métaux communs, excepté l’or?
8c qu'on expofè le mélange à une chaleur çou*
venabîe , le mercure fe fépare St s’exhale » tandis
que l’acide s’unit avec le métal.
On a étendu une once de platine , fur trois
onces de fublimé en poudre , dans un vaiffeau de
verre, Sa l’ayant placé fur un feu de fable mo- ■
déré , le fublimé s’exhala totalement , laiffant la
platine dans fa première pefanteur , 8c fans être
rongée, quoiqu’un peu décolorée.
Comme l’aétion du fublimé fur les corps dépend
non-feulement de ce que l’acide eft capable
de les ronger, mais encore de ce qu’il a
une affinité plus forte avec eux, qu’il n’en avoit
avec le mercure, .c’eft-à-dsre, une difpofition à
s’unir avec eux préférablement au mercure, il .
eft poffible qu’il fe trouve des corps réellement
capables d’être rongés par l’acide , mais qui
ayant moins d’affinité avec lui que n’en a le
mercure , réfifteront par conféquent à l’aétion du
fublimé. On eut donc recours au ciment régal ;
mais afin qu’aucun des grains de platine ne courût
rifque d’être perdu , on fondit avec eux
deux fois leur pefanteur d’o r , & on battit foi-
gneufement le mélange fous le marteau, pour
en former une plaque mince. Un morceau de
cette plaque , pelant cinquante grains , fut environné
de cément régal ; on couvrit & lutta le ;
creufet, & on le tint à une chaleur rouge pendant
vingt heures.
En examinant le métal, on trouva qu’il con-
fervoit la blancheur & la qualité caftante que
For reçoit conframmsnt d’une fi grande quantité
de platine, & qu’il* avoit perdu environ un
demi-grain de fon poids, ou une centième partie.
Cette perte venoit peut-être de l’alliage employé
dans l’or qui étoit au-deffus d u ’.titre ,
mais pas parfaitement fin, ou peut-être de la-
diffolution de quelques-unes des parties hétérogènes
de la platine, mais ‘point du tout de la platine
elle-même ; car la même plaque , cémentée encore
avec un nouveau mélange pendant le
même efpace de temps , n’éprouva plus de diminution.
Si l’acide marin étoit capable de ronger
la platine , la çorrofion auroit continué dans
le fécond procédé ; & au lieu d’une centième
partie , près d’un tiers auroit été rongé.
Cette expérience détermine donc avec certitude
la réfiftance de la platitie aux fumées du
fel marin ; 8c que le cément régal, ainfi nommé
parce qu’on fuppofe qu’il purifie l’or de
tous les corps métalliques hétérogènes, eft incapable
d’en féparer la platine:
Il y a des circonftances dans lefquelles l’or lui-
même eft diffous par l’acide marin pur ; par
exemple , quand il a été fondu avec de l’étain 8c
le mélange réduit en poudre & calciné , ou
quand il a été réduit fous la forme d’une chaux,
par précipitation d’avec les autres menftrues. La
platine calcinée avec de l’étain, & un peu des
précipités de la platine dont nous rendrons compte
dans la feérion prochaine, furent mis en digef-
tion dans l’efprit de fel, à une chaleur modérée ,
pendant plufièurs heures. La couleur jaune rougeâtre
que la menftrue acquit , fit voir qu’une
partie de la platine s’étoit diffoute , quoiqu’elle
parût fe diffoudre un peu plus difficilement, &
en moindre quanrité que l’or qui feroit traité de
la même manière.
La platine >avec l'acide nitreux.
i° . On a mis de l’efprit de nitre délayé,avec
de l’ eau , de l’eau - forte à l’épreuve, & de fort
efprit nitreux fumant, digérer féparément avec
le tiers de leur pefanteur de platine, à une chaleur
douce pendant plufieurs heures. On remarqua
, durant la digeftion, quelques petites bouteilles
fe former à la furface, comme fi la diffolution
commençoit à fe faire, mais les liqueurs ne fe
colorèrent point ; & le feu ayant été pouffé de
façon à les tenir bouillantes , jufqu’à ce qu’elles
fuffent entièrement évaporées, la platine refta
fans altération, excepté feulement que plufieurs
des grains avoient perdu leur couleur.
2°. On traita de même la platine avec les cé-
mens nitreux , par des procédés femblables
à ceux dans lefquels elle avoit été expofée aux
vapeurs du fel marin. On broya enfemble une
once,de nitre pur, & une once 8c demie de
vitriol vert, calciné jufqu’à rougeur. On appliqua
uniment une partie du mélange dans un
creufet, 8c on étendit par-deffus une once de
platine qui fut recouverte par le relie du mélange.
On couvrit le creufet, 8c on le lutta; puis
on pouffa le feu par degrés , de façon à faire
rougir entièrement le vaiffeau , puis' on le continua
dans cet état pendant fept ou huit heures.
! Il fortoit des fumées nitreufes rouges abondam-
; ment par quelques petites fêlures qu’elles s’é-
toient pratiquées dans le lut.
Le creufet étant réfroidi, on trouva le mélange
qui n!étoit ni fondu , ni raffemblé, mais
en poudre 8c épars. La platine" avoit le même
poids 8c la même apparence qu’auparavant, excepté
que plufieurs des grains étoient devenus
d’une couleur fale ou brunâtre, comme dans les
expériences précédentes.
Autres expériences faites avec les acides précé-
dens.
M. Marggrafa donné fur cette matière quelques
expériences qui ont été conduites d’une manière
un peu différente des miennes ; aufli a-t-il remarqué
quelques phénomènes qui nefelont pas présentés
à ma vue : toutes ont été faites dans de
petites cornues de verre , aux quelles il avoit adapté
les récipients , & le feu avoit été pouffé graduelle