
blanc fa le & cendré, d’une odeur de mufcade ,
& d’une faveur très-àcre & très-piquante.
2*. Par altération on vend la cannelle après
avoir été diftillée. Dans cet état , elle conferve
encore un peu de parfum, mais elle eft dépouillée
de la plus grande partie de fon huile effentielle:
il ne lui refte qu’une faveur très-piquante & même
allez défagréable. La fraude eft par conféquent
facile à découvrir.
Des bougies frottées d’huile effentielle de cannelle,
répandent avec la lumière l’odeur la plus
agréable dans un appartement.
On fait d’ailleurs l’ufage que l’on fait de la cannelle,
&des autres efpèces pour les ratafias, les
liqueurs, les eaux odorantes, les parfums, &c.
Cannelle des Ijles de France & de Bourbon.'
Voici des détails curieux à cet égard dans le
Journal des Ijles de France & de Bourbon, n°. 4 ,
du 6 août 1787.
Le réda&eur obferve d’abord qu’il fe préfente ,
pour ces deux Mes, une nouvelle branche de culture
, aifée, peu difpendieufe , & dont le fuccès
paroît certain, celle du cannellier. La correfpon-
dance fuivante, relative à cette plante, ne peut
manquer d’infpirer une-jufte ejtime pour le citoyen
utile, dont le principal motif, en la foignant ,
a été d’ouvrir une nouvelle foiirce d’induftrie &
de richefies nationales ; & certainement elle donne
à MM. les Adminiftrateurs , toujours empreffés
à féconder les vues de bienfaifance & d’utilité
qu’on leur propofe, de nouveaux droits à la recon-
noiiTance publique.
Première lettre de M. de Coffigny, Ingénieur des
colonies, Chevalier de S. Louis, b correfpondant
de VAcadémie royale des fciences , à MM.
U Vicomte de Souillac b Motais de Narbonne ,
en date du 12 juillet 1787. .
Meilleurs, j’implore votre prote&ion & votre
bienfaifance en faveur des colons des Illes de
France & de Bourbon , qui fe livreront à la cul-,
ture du cannellier. Daignez folliciter auprès du
miniftre, l’exemption de tous droits pour l’importation
en France, de la cannelle du crû de ces
Mes. Peut-être feroit-il à propos , dans la vue
d’encourager la culture du canneliier, que le gouvernement
accordât une gratification, pendant 30
ans, fur l’importation de cette denrée en France ;
cette faveur ne lui feroit pas fort à charge ; car
on ne peut retirer le premier produit du cannellier,
qu’après fept ou huit ans de tranfplantation. Mais
il ne m’appartient pas de traiter cette quefüon ,
& je me borne à l’expofé des faits que j’ai à vous
rapporter.
’/ai envoyé en France, par le vaifleau PE lé-,
pliant -, parti d’ici au mois de mars 1785, deux
cent cinquante livres de cannelle préparée à Palma,
fuivant la méthode que j’ai détaillée dans ua
écrit public qui a été imprimé ici en novembre
1784. J’ai toujours regardé cette écorce • comme
une cannelle brute, parce qu’elle a été.tirée des
branches de l’arbre avant qu’il ait été recépé.
Les Hollandois, qui ont grand foin de recéper
tous les cannelliers qu’ils cultivent à Ceylan ,
recueillent annuellement une quantité médiocre de
cette cannelle brute, qii’ils comment cannelle de
fécondé qualité. Ils n’en envoient point en Europe
, mais ils la vendent dans les Indes à un prix
très-bas*. La cannelle fine ne fe tire que des rejetons
de deux ou trois ans, qui ont pris naiffance
fur les arbres recépés. Celle-ci eft réfervée pour
l’Europe. Je l’avois préfumè ainfi d’après mes obfer-
vations ; elles me laiffoient fi peu de doute , que
je l’ai avancé comme un fait pofitif, dans le même
écrit que j’ai eu l’honneur -de vous citer ; mais
depuis cette époque, j’ài eu la confirmation de
cette vérité par mes correfpondans : on m’a même
afiuré de plus que les Hollandois ne donnoient
aucune préparation à leur cannelle , foit fine ,
fôit brute. J’ignore ce qui en eft : il*.eft poflible
que la cannelle fine n’ait pas befoin de préparation ;
mais je fuis perfuadé que la brute acquiert parce
moyen des qualités qu’elle n’auroit pas.
Quoi qu’il en foit, celle que j’ai envoyée à l’Orient
en 1785, avoir été préparée fuivant ma
méthode. Mon correfpondant ne m’en avoit rendu
aucun compte l’année dernière ; il l’avoit vraifem-
blablement oubliée, & peut-être l’avoit-il négligée.
Elle a dû perdre de fa qualité en vieilli(Tant..
Mais j’ai reçu par le vaiffeau le Breton, arrivé ici]
en mai dernier, le compte de vente de cette can-j
nelle ; cette vente a été faite à la fin de 1786 , &|
par conféquent deux ans après la préparation de |
cette écorce. Une grande partie a été avariée ,j
parce qu’elle étoit dajis des facs de voakoa ; elle
a été vendue 4 liv. la livre ; une autre partie de
cette cannelle, montant à'm o livres net, non avariée
, a été vendue 8 liv. 1 fol. Permettez-moi J
Meffieurs , d’ajouter ici quelques obferyations.
i°. Ce prix eft très-encourageant, vu la qualité
inférieure de cette cannelle ; car j’ai Ju dans le
Journal général de France, année 1786, que la
compagnie de Hollande ne vendoit à Amfterdami
fa cannelle fine que 10 à 11 liv. la livre. M. Hubert J
qui a envoyé en France vingt livres de clous dej
girofle créoles de Bourbon , m’a écrit qu’on n’en
avoit offert à fon correfpondant à l’Orient que 8
liv. la livre..
20. Il me paroît certain que la cannelle fine dt
notre M e , c’eft-à-dire, celle tirée des. re jetons d:
2 ou 3 ans des arbres qui auront été recépés, ip
fera pas inférieure à celle de Ceylan.
30. Le dépouillement & la préparation d’environ
300 liv. de cannelle ne m’ont pas coûté, pour
ainfi dire , une journée de noirs : ce font mes
domèftiques & lés convalefçens de mon hôpijal,
qui ont été chargés de ce travail pendant cjeux
moisi afluellement même, on en prépare à Pal-
ma depuis deux mois environ, & J en ai déjà plus
de 300 livres de prêtes.
Au lieu de l’emballer dans des facs de voakoa ,
oui ne la préfervent pas tout-à-fait de l’humidue ,
& oui l'expofent à être rompue, ce qui diminue
fon prix , je penfe qu’il vaut mieux la mettre dans
des barriques bien conditionnées.
I Le cannelier réftffe beaucoup mieux que le giroflier
aux intempérîes des faifons, & meme aux
ouragans. Le coup de vent du mois de décembre
dernier, qui a été fi funefte aux girofliers de la
colonie, n’a pas détruit un feul cannellier de Pa.ma.
Je feis que plufieurs cannelliers de l’H lc, qui étoient
fort hauts, ont été caffés, & quelques-uns meme
détruits ; mais on n’a donné aucun foin a ces derniers
: & j’obferve que la culture de ces arbres ,
lorfqu’on veut en retirer un produit, exige abfo-
lument qu’on les recèpe : par-là ils font moins expo-
fés aux efforts du vent, qui peut rompre quelques
rejetons, mais non détruire les arbres. / ’ajouté
qu’ils demandent moins de foins que les girofliers.
Je ne répéterai point ic i, Meflieurs, ce que j ai
déjà détaillé dans un ouvrage public fur la culture
du cannellier fur la préparation de fon ecorce ;
mais je prends l’engagement de rendre comptera la
colonie, du produit de la cannelle fine du cru de
Palma, que je compte emporter en France l’année
prochaine.
Si'vous jugez, Meilleurs, mes obfervations inte-
reffantes, je“v6us demande la permiflion de faire
imprimer cette'lettre dans le premier numéro, du
Journal des Mes.
J’ai l’honneur d’être avec un profond relpeèt ,
Meilleurs , &c. C ossigny.
Réponfe de MM. les Acminifiratcurs, en date du
14 Juillet.
Vos obfervations , Monfieur , fur le cannellier ,
fur la manière de l’avoir de meilleure qualité , &
fur fa culture, font fi intéreffantes pour cette colonie
en général, & pour ceux en particulier qui fe
propofent d’en faire un jour un objet d exportation
, que loin de nous borner à en permettre la
publicité , nous vous prions au contraire , avec
inftance, de faire inférer dans le premier numéro
du Journal de cette Me , la lettre que vous nous
faites l’honneur de nous écrire fur cette matière
importante. _ v .... .
Nous ferions donc très-blâmables d’être moins
défireux que vous de répandre vos lumières. Nous
demanderons, en conféquence de vos inftances ,
au miniftre du département, 8l à celui de la finance
, l’exemption de tous droits fur la cannelle, &
même un encouragement pour fon importation èn
France 3 mais nous délirerions avoir a annoncer en
.même tem ps un envoi de cette précieufe epicerie ,
& nous vous prions de nous en inftruire dans le
temps, foit qu’il s’agiffe des produ&ions de Palma
, ou de toute autre partie de la colonie.
Nous avons l’honneur d’être avec un très-fincère
attachement, & c . le Vicomte d e S o u i l l a c ,
M o t a i s d e N a r b o n n e .
Seconde lettre de M. de Coffigny, Ingénieur des
colonies, Chevalier de S. Louis, b correfpondant
de VAcadémie: royale fies fciences, à MM.
le Vicomte de Souillac & Motais de Narbonne.
Meffieurs, le deffein que vous avez de follici-
ter auprès du miniftre de la Marine, & auprès de
celui des Finances, l’exemption de tous droits, &
même une gratification pour l’importation en France
de la cannelle du crû des deux Mes, ne fauroit être
publié trop tôt: On y reconnoîtra ces fentimens
de bienfaifance qui vous ont toujours animés pour
la profpérité des colonies confiées a vos foins.patrio-
tiques ; & je ne doute pas qu’ils ne contribuent à
étendre la culture du cannellier.
D’un autre côté., l’attention que vous avez de
vouloir être inftruits de 1 envoi de cette epicerie ,
mettra l’adminiftration dans le cas de fuivre les
progrès de cette culture, & les colons à l’abri des
difficultés que pourroit lui faire la compagnie des
Indes, à raifon de fon privilège exclufif. Peut-
être quelle fuppoferoit que notre cannelle eft de
la Chine, quoiqu’il y ait beaucoup de différence
effentielle entre l’une & l’au tre tan t pour le coup
d’oeil que pour le goût. Votre annonce» au miniftre
des envois des colons, préviendra toutes les
difficultés. 1 "' ’ * . , .
J’aurai foin , Meilleurs, de vous donner avis ,
lorfqiî’il fera temps , de rembarquement de la
cannelle de mon crû , en fpécifiant exaélement la
quantité de mon envoi. Je ne puis pas affurer d a-
vance combien j’en récolterai cette année, puif-
qu’il y a près de huit mois que je fuis mafede ,
& que je n’ai pas vu mes plantations. Tout ce
que je fais , c’eft que j’en ai à préfent 350 livres
de préparées , & je préfume que j’en aurai près
dé 500 livres àva-nt deux mois.
J’ignore abfolument ce que les deux colonies
pourront en fournir la première année, en fuppo-
fant que les habitans s’occupent de la préparation
I de cette denrée. Mais je vous obferve, Meflieurs ,
| que dans cette fuppofition, la deuxième, année ne
rendroit prefque rien, puifqu’après le recépage des
arbres, il faut attendre deux ans pour la coupe des
rejetons les plus forts, & trois ans pour la coupe
des autres. . .
Le cannellier e ft, je crois, moins multiplie à
I Bourbon qu'à l'Ifl.'-de-France ; cependant il y a
j des colons dans cette première Ifle qui l’ont cultivé
ou par euriofité, ou dans l’efpoir .d’en tirer un
jour parti* M. Hubert, que j’ai en l ’honneur de
vols citer dans ma première lettre, l’un des-agri-
I culteurs les plus intelligens que je connoiffe, &
I des plu s. zélés pour la profpérité de nos colonies,