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des Chambres du commerce prouveront fi j’ai eu
tort ou raifon d’annoncer que l’ancienne proportion
étoit conforme à leur voeu.
Je ne rappellerai point ici ce que j’ai déjà
dit de mon opinion, fur le titre des anciens louis,
mais je dois obferver fur les raifonnemens auxquels
fe livre le fieür B ... à la page 1 29, que les
réfultats des expériences, faites au mois de novembre
I/85 , n’ont pas pu influer fur la détermination
de refondre les efpèces d’or, puifque ces
expériences font poftérieures à la déclaration
qui a ordonné la refonte de ces efpèces : j’ajouterai
que comme on ne fe plaignoit pas du titre
de ces efpèces , foit dans le Royaume, foit dans
l’étranger, l’infériorité de ce titre ne doit pas être
admife au nombre des motifs qui ont provoqué
la refonte.
C’eft une chofe vraiment pîaifante que de voir
le fieur B ... nous affurer ( page 1J2 ) que, fi
l’Efpagne & le Portugal vouloient éléver le prix
des métaux, les autres puiflances auroient le droit
de les en empêcher, comme fi une puiflànce quelconque
pouvoit fixer le prix de nos denrées , &
nous forcer de les lui donner à ce prix ? fi j’a-
vois befoin de prouver l’inutilité de la refonte de
1785, j’en trouverois l’aveu dans cette phrafe
de la page 136, n Je dois aujji obferver « qu'il nous efi indifférent d'attirer les piafttes
» d'Efpagne, par préférence à l'or Efpagnol ,
» ou Portugais , parce que l'or qüirfoldera la balance
» de notre commerce Jera échangé, q u a n d on l e v o u -
» DRA , contre les piaf res d'un pays qui, ayant plus
a* d’argent que d'or, a intérêt dattirer ce dernier
n métal, pour maintenir une proportion raifonable en-
» tre les métaux. « Puifqu’il dépendoit de nous d’échanger
notre argent contre l’or des Efpagnols,
ou des Portugais , il étoit donc inutile de refondre
nos efpèces pour attirer cet “o r , & puifque
nous avions l’intention de l’attirer, il étoit in-
conféquent & abfurde d’attacher à fa valeur un
plus haut prix ; l’intérêt de celui qui propofe
ou projette un échange n’étant pas d’élever le
prix des propriétés étrangères dont il defire obtenir
la pofleflion.
Tous les raifonnements que le fieur B ... employé
depuis la page 139 , jufques à celle 145 ,
pour perfuader que nous n’avons pas été lézés
dans l’échange des anciens louis, contre les nouveaux
, & que la refonte n’a pas provoqué d’une
manière défaflreufe , l’exportation de nos efpèces
d’argent, font fi abfurdes , fi contraires à la notoriété
publique, que je me crois difpenfé de me
livrer à leur difcufïion.
Les papiers publics d’Angleterre, ont tous annoncé
que vers la fin de l’année 1786 , il y étoit
p a fie une fi grande quantité de nos écus-, qu’ils
y étoient plus abondants qu’à Paris, & comme
ces mêmes journaliftes avoiént annoncé en 1785 ,
antérieurement à notre refonte, que l’or étoit devenu
fi abondant à Londres, que la banque ayoit
»)
cru devoir en bailler le prix (<i) , il efi évident que
c ’eft une portion confidérable de cet or, que l’on
efi venu échanger en France contre dès écus ,
parce que cet échange offrait un bénéfice, capable
de tenter les fpèculateurs ; il ne me feroit
même pas difficile de prouver qu'indépendant-
ment des anciens louis, que cette fpèculation
ruineufe pour notre numéraire, a fait rentrer en
France , elle y a fait apporter pour 20 millions
de guinées. Comment le fieur B .. . peut-il mé-
connoître les funeftes effets de ces échanges après
être convenu^ page 44) que l’élévation du prix
des matières en France tourne toujours au profit
de l’étranger.
La lettre delà Chambre du commerce de Lille ,
prouve que le haut prix que nous avons attaché
à l’o r , a fait paffer une quantité très-confi-
dérable de notre numéraire d’argent , dans les
Pays-Bas Autrichiens ; celle de M. le Comte
de Vergennés , que je vais tranfcrire , prouvera
que la refonte a produit le même effet en Al-
face.
» J’ai chargé M. , comme vous l’avez defiré,
n M. de la Gàldiffère de faire conftater , s’il étoit
n vrai que le fieur............. fe fut permis , comme
» on L’aafluré, de faire porter d’anciens louis d’or
n en Suiffe— -ce Magiftrat me marque qu’il ré-
» fuite des éclairciflemens qu’il a pris à ce fu-
» jet qu’il efi non-feulement invraifemblable ,
» mais même impoffible , que cette imputation foit
» fondée ; voici la raifon qu’il en donne.---- Les
» Négocions de Balle, ne donnoient guères que
» 6 ou 7 fols de bénéfice fur les loüis dont il s’a-
» git. En les portant à la'monnoie de Strafbourg,
» on en recevoir un bénéfice plus confidérable,
» & celui qu’offroie’nt les jujfs qiu parcouraient
» l ’Alface , alloit jufqu’à 9 & io lois ; U n’eft
» donc pas croyable que le fieur..................ait pris
» là peine de faire porter des efpèces femblables
n en Suiffe, pour faire un gain moindre que ce-
» lui qu’il pouvoit fe procurer fans fortir de chez
u lui.----Je fuis periuadé M. que cette raifon
» vous paraîtra’ fans réplique. Au refte , je ne
» crois pas devoir vous laifler ignorer que-fi M. delà
» Galaif’ère penfe que, d’après ces faits , le tranf-
» port des efpèces* d’or à l’étranger, ne paraît
» pas à craindre , parce qu’il ne préfente aucun
» appât, il n’en efi pas de même de celui des
» efpèces d’argent.----Voici ce qu’il me marque
» à ce fujet. Comme les nouveaux louis d’or ne
» font,dit i l , reçus dans les Etats étrangers voi-
» fins du Rhin, que pour 23 livres, 5 ou fix fols,
» on efi. fur en y faifarit paffer 24 livres, en ef-
» pèces d’argent, d’y recevoir un louis en or,
» & un bénéfice d’environ 13 fols. Cet appât a
n engagé plufieurs particuliers, à faire paffer en
» Allemagne , des fouîmes confidérables en argent.
» Cette exportation , en rendant l’or très-com-
(a) Voyez lecenfeur univerfe] -, du 20 juillet 1785, 18«
H )
n mun en ASface y a beaucoup diminué la maffe
” des efpèces d’argent, & les négocians fe plai-
» gnent de ce que la rareté de ces dernières met
n de l’embarras dans le commerce, & rend fur-
» tout difficiles lès paiemens des fournies modi-
v qués. À/, de la Galaifùre ajoute qu’il fait tout
» ce qui dépend de lui pour empêcher ce défor-
» dre ; mais que l’appât efi fi féduifant, & les
. » moyens de frauder fi multipliés efi Alface ,
» que fes foins & la furveillance des. prépofés de
n la ferme générale, font prefque toujours inun
tiles----C’eft à vous M. à juger qu’elle atten-
» tion peut mériter eecte dénonciation.---- J’ai
n l’honneur d’être, &c. figné de Vergem.es.
Cette lettre n’a pas befoin de commentaire »
elle confirme fous tous les rapports , la, vérité de
mes aflertiotis, en même temps qu’elle démontre
la fauffetè de celles du fieur B . .. & de fes
raifonnemens. *
Il feroit difficile de concilier le troifième mo-
tifde la déclaration ( page 145 ) , & les réflexions
du fieur B .. . ( page 110 ) avec fes affertions précédentes
, & celles de tous les dètraâeurs du titre
de nos anciens louis. Eft-il queftion de prouver
la nécejffité de la refonte ? le fieur B ... d’accord
avec le préambule &e la déclaration, prétend
qu’un des motifs qui l’a provoquée , c’eft que
nos efpèces avoient une valeur intrinfèque, fupé-
rieure à Lur valeur légale y & qu'il étoit conféquem-
ment indifpenfable de les refondre , afin d'empêcher
nos voifins de profiter de notre ignorance, 6» de no-
tre indolence. S’agit-il de juftifier la remife de%
quatre trente-deuxièmes ? ces mêmes perfonnes
foutiennent, qu’un des motifs de la refonte a été
de rétablir le titrevde nos efpèces d’or , qui avoit
été confidérablement altéré depuis 1726.
J’ai d it, ( voyez le texte'page 147 fe&ion 43 ) que
nous avons eu tort de renoncer, en refondant
nos efpèces d’o r ,. & en altérant leur poids , au
fyftême de Habilité dont on avoit fi authentiquement
reconnu les avantages en 1771. Pour parvenir
à critiquer cette aflertion, qui eft confor-
me-aux principes avoués par les plus grands ad-
miniftrateurs , & les monétaires les plus inftruits ,
notamment par Graumann, dont le fieur B ... prétend
avoir traduit les ouvrages, & dont il a fait
le plus pompeux é.oge , il donne à entendre que
j’ai voulu .parler de la fiabilité du prix des métaux
, & il en 'conclut que mon fyftême eft aufli
ridicule, que le feroit celui de la fiabilité du prix
du foin. C’eft un funefte talent que celui de la critique
, quand on l’exerce avec autant de déloyauté.
Tout le monde fait que le roi a pris fur fes bénéfices,
l’intérêt des retards-que le public a éprouvés
pendant quelque -temps dans-la rentrée du
produit de fes louis.; mais cette dépenfe n’au-
roit pas eu lieu f i , fans aucun autre motif que
celui d’accélérer la fabrication, afin de jouir plutôt
des gratifications promifes , & c . , on n^eût
pas furpris la religion du miniftre, en le portant
à fixer à un terme, dont la brièveté étoit véritablement
ridicule, la jouiffance du prix de-750 liv, ,
que l’on a enfuite fuccefîivemem prorogé jufques
au ^premier janvier de la préfente année, & à
concentrer, d’abord, dans cinq monnoies, feulement
, tout le travail de la refonte.
. On me reproche à la page 148 , de ne pas dire
qu’on avoit élevé en 1726, le feigneuriage à 115
livres 1 fols 3 deniers, & cependant la note à laquelle
on renvoyé eft extraite de mes obfervations ; c’eft
au furplus une fingulière exeufe , que celle de dire
qu’on a eu raifon de faire une mauvaife opération ,
parce qu’on en a fait une plus mauvaife encore
dans une autre circonftance.
La fin de cet article, offre une nouvelle preuve
de la facilité avec laquelle le fieur B ... fe contredit,
quand. cela peut convenir à fes vues ; il
a dit page 132 , que fi les puiflances propriétaires
des métaux vouloient en porter la valeur à un
trop haut prix, on pourrait les en empêcher ; &
il dit ic i , que nous fommes forcés de fubir la loi
que ces propriétaires nous impofent, lorfque nous
avons befoin des produits de leur mines.
Les réflexions qui fuivent, ( page 149 ) la 47V
& dernière feétion font véritablement du galimatias
double. Quant au farcafme qui les termine,
le trait part de trop bc-s pour atteindre à la hauteur
du grand miniftre , contre lequel il eft
lancé.
T R O I S I È M E P A R T I E .
des obfervations critiques.
Craignant fans doute , que fa critique ne pro-
duifit pas tout l’effet qu’il en attendoit, s’il c o r -
tinuoit de copier mon texte, le fieur B ... a cru
devoir s’en tenir à donner fes décifions fur les
réflexions générales concernant l’adminiflration
des monnoies, qui terminent mes obfervations ;
mais j’efpère qu’on ne me jugera pas fur fa parole,
fur-tout d’après les preuves multipliées de fon extrême
véracité, que je viens de rapporter.
La troifième partie de fa critique contient des
obfervations, par lefquelles il annonce un ouvrage
important qui comprendra tout ce que l’on
peut raflembler & dire de plus intéreffant , fur
l’hiftoire, la fabrication, & la légiflation des monnoies.
L’Affemblée nationale regrettera, fans doute ,
qu’il ne foit pas dès-à-préfenr en état de lui communiquer
un travail aufli digne'de fon attention;
l’effai que l’Auteur vient de lui dédier , n’cft-il
pas propre à en faire concevoir une haute opinion.
, *
N’ÿ a-t-il pas cependant de la md-adreffe à
continuer de fe montrer inconféquent à l’inftar.t