
gouvernement, qui, en 1784, fe font élevés à
84 millions.
Cette fomme étant beaucoup fupérieure à celle
que l’Efpagne de voit à la France, cette dernière
puiffance n’a pu s’approprier la portion de ces
cfpèces, qui excédoit le montant de fa créance,
qu’en devenant débitrice de cet excédant envers
les autres nations avec lefquelles l’Efpagne a des
liaifons de commerce.
Le change fut la France a baillé, par cette
raifon, chez ces différentes nations ; & comme
dans cette pofition il y avoit, par exemple, une
économie d’environ un demi pour cent à envoyer
des efpèces ou matières d’or à Londres,
pour acquitter les dettes que l’on y avoit con-
traâées, au lieu de faire tirer une lettre de
change fur cette v ille, on a dû préférer le premier
parti.
Le change de Paris fur Londres étoit dans les
premiers jours de janvier 1784, à 31 yî deniers
fterlings pour un écu de trois livres.
Le François qui devoit à cette époque cent
guinées, ou (ce qui eft la même chofe) 105 livres
fterlings, payoit au change ci-deffus indiqué
2404 liv. 15 f. 5 den. tournois, pour fo procurer
une lettre de changé de 105 liv. fterlings
fur Londres, & s’acquitter confèquëmment des
100 guinées dont il étoit débiteur.
L’or au titre de 22 karats fe vendoit, à cette
même époque, à Londres fur le pied de 3 liv.
18 fols fterlings l’once, poids de Troy , qui
équivaut à 385 grains ^ , ou (ce qui eft la
même cliofei à une once 9 grains du poids
de marc de France.
Au moyen de quoi il auroit fallu y porter
2 7onces d’or à ce titre, pour acquitter les 105 liv.
fterlings que l’on devoit.
Ainfi ces 27 onces (poids de T r o y ) , équivalent
à 3 marcs 3 onces 3 gros 29 grains du
poids de marc de France.
Trois marcs 3 onces 3 gros 29 grains d’o r,
au titre de 22 karats , coûtoient alors à Paris
3468 liv. 5 fols 7 den. à raifon de 720.liv. le
marc ; il y avoit conféquemment une économie
de 63 liv. 10 fols 2 den,, à préférer de payer
les iqo guinées, ou 105 livres fterlings, en lettres
de change, au lieu d’exporter de l’or.
A l’époque du premier janvier 1785 , le change
fe trouvoit baiffé au préjudice de la France; il
étoit alors fixé à 29 A deniers fterlings pour un
écu de 3 livres.
liv. fols. den.
Pçur fe procurer une lettre
de change de 105 liv. fterlings
fur Londres , il falloir payer
d’après ce cours. . . . . .2390 2 10
Si on préféroit de s’acquitter
en faifant paffer dans cette ville
3 marcs 3 onces 3 gros 29 grains
d’or, à 22 karats , qui y avoit
la même valeur qu’en 1784,
liv. fols. den.
cette quantité de matières cou-
toit à raifon de 752 liv. le marc,
prix d’alors. . . . . . . 2577 >9 7
Il y avoit donc, à prendre
ce dernier parti, une économie
de 12 liv. 3 fols 3 den., faifant
à-peu-près un demi pour cent,
12 3 B 1
La lettre de change coûtoit,
au cours qui avoit lieu le premier
janvier 1785. . . . . 2590 2 10
Elle ne coutoit au cours du
premier janvier 1784, que. . 2404 i? 5
Différence en plus, au pré-
judice de là France. . . • • 185 ’ 7 5
En janvier 1784 , 3 marcs
3 onces 3 gros 29 grains d’or,
à 22 karats , coûtoient. . . . 2468 î 7
Cette même quantité de matières
fe vendoit dans le commerce,
en janvier 1785. . . 2577 19 7
Différence en plus. • • • 109 14
En janvier 1784, 3 marcs
3 onces 3 gros 29 grains d’or,
à 22,karats, coûtoient. . . , 2468 î 7
Cette quantité d’or au même
titre, fe vendoit dans le commerce,
en janvier 1787, à raifon
de 762 liv. le marc. . .. 2612 5 3
Différence en plus. . . . >43 *9 8
Ainfi les furachàts avoient produit dans le
cours de l’année 1784 , une augmentation de
quatre & demi pour cent fur le prix de l’or,
laquelle a été portée à fix pour cent, par l’effet
de la déclaration du 36 oâobre 1785.
L’inutilité des facrifices que fait le gouvernement
popr augmenter le numéraire, en accordant
des encouragement. & des remifes confidé-
rables à quelques particuliers qui fe chargent de
faire verler des matières aux hôtels des mon-
noies, a été'démontrée par M. Necker, dans fon
compte rendu, avec autant d’évidence que de pré-
cifion ; on va effayer de prouver que cette manière
de favorifer l’importation des matières,
produit des effets dire&ement oppofés aux vues
de l’adminiftiation.
Les financiers, que le gouvernement avoit chargés
d’alimenter la fabrication des efpèces en 1784,
ont fait verfer dans les monnoies 84 millions
pendant le cours de cette année.
On fuppofe qu’£ l’époque du premier janvier
de cette même année, l’Efpagne fe trouvoit dans
la néceflité de payer, à valoir fur ce qu’elle devoit
à la France 3c à l’Angleterre, une fomme
de fix millions de piftoles , (valeur repréfenta-
tive des 84 millions dont il s’agit) & qu’elle fe
propofoit de la partager également entre ces deux
puiffances.
Le change de Londres fur Cadix étoit à cette
époque à 34! deniers fterlings pour une piaftre
de huit réaux ( le quart de la piftole ) ; fi l’Elpàgne
eût remis à l’Angleterre 3 millions de piftoles
à ce cours, elle ne fe feroit acquittée que de
1,706,250 1. fterlings.
Le change de Paris fur Cadix étoit à cette
même époque à 13 liv. 1® fols pour une piftole;
fi l’Efpagne avoit remis à la France 3 millions de
piftoles à ce cours, elle ne fe feroit acquittée j
que de 40,500,000 liv.
La France s’étant emparée de la totalité des I
fix millions de piftoles, eft devenue débitrice de
la moitié de cette fomme, qui appartenoit aux
Anglois ; & comme le cours du change s’établit
toujours au préjudice du débiteur, le change de
Paris fur Cadix s’eft élevé à 14 liv. 8 f . , tandis
que celui de Paris fur Londres , qui étoit à
31-A den. fterlings pour un écïi, au premier janvier
1784, eft tombé à 29-^.
Dans cette pofition les trois millions de piftoles
revenans à la France , lui ont été livrés , au
cours de 14 liv. 8 fols, pour 43,200,000 liv ., au
lieu de 40,500,0001. ; elle a conféquemment perdu
par cette révolution du change 2,700,000 liv.
En lui remettant pour même
valeur les 3 millions de piftoles
qui appartenoient à l’Angleterre,
& en payant cette puiffance en
lettres de change fur Paris, au
cours de fterl. pour un
écu , l’Efpagne s’eft acquittée
envers elle de 1,751,250 liv. fter-
lings au-lieu de 1,706,2501. fterlings.
Ainfi elle a gagné par cette
opération 45,000 liv. fterlings,
que la France a payées au cours
indiqué ci-deffus, valant. . . i,ito,000
T otal de la perte, fur les
$4 millions. . ............................ 3,810,000
Ce qui revient à 4-|§ pour cent.
Il rêfulte de différens états d’importation &
d’exportation qui ont été mis fous les yeux du
parlement d’Angleterre, que les denrées & marchandifes
que ce royaume recevoit de la France,
avant le nouveau traité de commerce, formoient
annuellement un objet d’environ trois millions
de livres tournois, & que la valeur de celles
que l’Angleterre verfoit en France, s’éleyoit à
360,000 liv. fterlings.
Ces marchandifes fe payent de part & d’autre.
en lettres de change, au cours qui a lieu , foit
à l’époque où ces lettres font tirées , foit à celle
de la livraison des marchandifes ; ainfi , lorfque
le change eft bas, c’eft-à-dire, lorfque l’Angleterre
donne moins de deniers fterlings pour un
écu, la France reçoit moins , & elle paye plus,
& , vice verfâ, lorfque le change eft haut, elle
reçoit plus, 3c paye moins.
En fuppofant que l’Angleterre dût à la France,
pour fes fournitures de l’année 1784, une fomme
de trois millions de livres tournois , fi elle l’eût
payée au change de 31 den. fterlings pour un
é cu , qui étoit le cours du premier janvier de
cette année, elle auroit été forcée de débour-
fer. . . | . . . . 130,9891. 11 f. 8 d. fterl.
Ayant payé au change
de 29-^, elle n’a déboute
que....................... 121,614 11 8
Différence au préjudice
de la France. . . 9,3751. fterl.
Valant au change
de 30 , terme
moyen des deux prix
ci-deffus, 222,656
liv. 5 f. tournois, ci. 222,6561. 5f.
La France ayant
reçu de l’ Angleterre
, pendant le
cours de cette même
année, pour 360,
000 liv. ft. de marchandifes
, n’auroit
eu à débourfer pour
s’acquitter de cette
j fomme, au change
de 31 t76 , den. fterl.
pour un écu, que.. 8,244,000!.
Ayant été forcée de
payer cette fomme
au change de 29
il lui a fallu débourfer.
. . . . . . . . 8,880,000
Différence à fon
préjudice. . . . .
Perte fur les 84
millions. (Voy. col.
ci-contre) . . . . .
Total de l’aperçu
de la perte produite
par les fu-
rachats en l’année
63 6,0001. ci. 63 6,000
3,810,000
1784. 4,668,-656 5
On a verfé dans les monnoies, pendant le
cours des années 178; & 1786, cent quatre mil-
I lions en matières d’argent; & comme on a em