
Le premier de Ces mélanges avec l’étain , eft
celui dont M. Scheffer tâche d’obtenir la véritable
gravité de la platine ; & il trouve qu’elle
y revient à 21,649. H remarque que l'étain n’eft
point variable comme le fer , par rapport à fa
gravité ou quantité, de phlogiftique , tant qu’il
conferve fa forme métallique ; & il en con:lut
que quand la platine & l’étain font fondus enfem-
ble , l’excès de la pefanteur fpécifique du mélange
au-cleffus de celle de l’étain, doit donner
la véritable pefanteur fpécifique de la platine.
Comme l’expérience- fur des parties égales
d'éiain & de platine , fait monter fur ce principe
la gravité de la platine , au-deffus de 21 , il
fenible penfer que tous les mélanges dont la
gravité étoit trouvée telle qu’elle rendoit la gravité
de la platine moindre que cela, doivent
avoir été poreux , & qu’ainfi il ne faut point y
avoir d’égard dans l’examen a élite!.
Il remarque au refte , que quoiqu’on puifle
déterminer allez exaélement les pefanteurs fpécifi-
ques des fluides par les expériences hydroflatiques
, on ne peut pas fi b en s’afïùrer de celle
des folides ., à caufe des cavités, de la difféteace
de compacité , & des bulles d’air qui y font
adhérentes que les expériences fur les mélanges
précédens en fournirent une preuve , puifque
les mélanges de platine avec un feul & même
métal , font tantôt plus pefanrs & tantôt plus
légers qu’ils ne doivent être fuivant le calcul ,
& que la même chofe arrive an {fi dans les métaux
purs & fans mélange , félon qu’ils ont
été coulés à une chaleur plus foible ou plus
forte.
Les gravités des métaux font fans doute affectées
allez puiffamment par des circonftances de
cette nature : & on doit ajouter que , dans les
mélanges avec la platine , il y a une au^e caufe
de variation à laquelle on n’a pas encore fait
d’attention.
Quand on fond de la platine avec d’autres
métaux dans une proportion confidérable , une
partie de la platine , fi le mélange refroidit bruf-
quemcnt , eft fujette à fe détacher avant que
le fluide ait fait fa prife ; de forte qu’à moins
de pefer toute la malle dans la balance hydrof-
tatique , ce que l’on n’a pas fait dans quelques-
unes des expériences précédentes , on ne peut
pas être fur que la partie qu’on a pefée n’avoit
pas plus ou moins que fa jufte portion de platine.
Dan« les mélanges avec certains métaux, comme
le plomb, cette distribution inégale , ou cette
féparation de la platine eft fort vïfible, & on
peut préfumer quelle arrive en degré plus ou
moins confidérable, dans les mélanges .avec tous
les métaux, quoiqu’on ne pulffe pas toujours s’en
appercevoir à l’oeil.
Ona verfe dans les moules cylindriques étroits,
des compofitions de platine, avec le zinc, lé -
tain & le cuivre , dans tous lefquels cas la platine
paroît être allez uniformément diffoute : en caffant
les c.ylindffcs en deux, on a trouvé la partie inférieure
de chacun douée d’une gravité beaucoup
plus grande que la partie fupérieure.
Cependant les expériences démontrent bien
que, dans certains cas, dans les mélanges avec
l’argent au moins, il y a une vraie diminution
de gravité, eau fée par l’aélion des ingrédiens les
uns fur les autres ; & fi elles n,e démontrent pas ,
du moins elles rendent extrêmement probable que,
dans certains cas, & fur-tout dans les mélanges
avec le fer, il y a une véritable augmentation de
gravité.
S’il arrive un accroiffement ou une diminution
dans les mélanges avec un métal, on ne peut
pas être certain qu’il n’en arrive point suffi dans
ceux ayec un autre ; & par conféquent on ne
peut avec certitude, ni même, avec probabilité,
inférer la gravité fpécifique de la platine , d’après
celle d’aucun mélange qui s’en faffe avec aucun
métal,
Il y a aufli dans les autres métaux , quelques
exemples remarquables d’une variation de gravité
produite par le mélange. Du cuivre dont la
gravité fpécifique étoit 8,830, fut fondu avec moitié
de fa pefanteur d’étain, dont la gravité étoit
7,180 f il y eut peu de perte dans la fufion ; nous
n’avons pas befoin ici d’y faire attention, car le
mélange fe trouva fpécifiquement plus pefant que
le plus pefant des deux métaux ne l’étoit feul, fa
gravité montant à 8,898 : quelques autres per-
fonnes examinèrent -le mélange & un morceau
du cuivre ; tous rapportèrent que le mélange
étoit le plus péfant, quoique , comme il arrive
ordinairement dans les effais de ce genre , il y
eût quelques différences dans les nombres.
Si nous allions , en partant de la gravité de
mélange, calculer celle de l’étain qui y fut employé
, nous la déterminerions de plus d’un quart
plus confidérable quelle n’eft réellement.
M. Hooke a fait une expérience du même
genre devant la fociété royale , fur un mélange
d’étain & d’argent. La gravité de l’étain étoit aux
envitons de 7 , & celle de l’argent 10,666 .* la
gravité de parties égales des deux métaux fondus
enfemble, fe trouva 10,812. En appliquant à ce
mélange le principe de M. Scheffer, fi l’argent
étoit un métal dont la gravité fût inconnue, nous
conclurions que fa gravité doit être de plus
de 23.
Le do&eur Birch nous a donné, dans l’hifloire
de la fociété royale, plufieurs autres expériences
fur des gravités des mélanges métalliques ; mais
le leéteur doit obferver qu’on ne doit compter
nulle part fur des gravités déduites par le calcul ,
M. Hooke ayant fait la même méprife, par rapport
aux calculs, que j’ai faite dans les tables publiées
dans les tranfaâions-philofophiques.
Le doéleur Brandt, dans les aéles de Suède
pour i’année 1744, où nous trouvons pareillement
une erreur du même genre, dans la méthode
du calcul, donne trois expériences fur les mélanges
de plomb & , d’étain -; il fe trouve dans
deux une augmentation de gravité fi confidéra- (
ble, qu’elle feroit monter la pefanteur fpécifique
du plomb à plus de 13 : & dans la troifième il y
y en a une encore plus remarquable ; 531 grains
d’étain fin perdirent dans l’eau 75^, de lorte que
100 parties perdirent 14,218: 531 grains d un mélangé
de 87 parties d étain fin & 3 psrties de
plomb , perdirent dans l’eau 72^, de forte que 100
parties de cè mélange perdirent 13,653: la quantité
d’étain qui y étoit doit avoir perdu davantage
, ou avoir occupé un plus grand efpace dans
l’eau, que ne faifeit tout le mixte entier ; de forte
que le plomb & l’étain s’etoient retires dans le
mélange en un volume moindre que n’etoit celui
de l’ étain tout feul.
Il paroît donc qu’on ne peut jamais déduire
la gravité d’un métal avec aucuné certitude, par
celle de fori mélange avec' un autre métal , parce
qu’il peut réfulter une dilatation ou une contraction
de volume de leur aétion l’un fur l’autre.
Il s’enfuit aufli que quand on fond enfemble
deux métaux dont'la gravité eft connue, on ne
peut pas trouver leur proportion par la gravité
du compofé, fans en avoir examiné préalable-
blement, hÿdroftatiquement, des mélanges connus
en différentes proportions ; que corrféquemment
la fameufe propofition d’archimède eft d’un ufage
plus limité qù’ôn ne l’a fuppofé communément ;
& que la table que M. Scheffer s’eft donné la
peine de calculer dans les aéles de Suède pour
175 5 , à l’effet de ‘déterminer les quantités de
plomb & d’étain qu’il y a dans tous mélanges
donnés de ces deux métaux, par un examen hy-
droftatiqué de ces mélanges, fans les comparer
avec des mélanges qui fervent de règle , font des
tables fur lefqueiles il n’y a pas beaucoup à compter.
Comme les variations de grayité réfiiltante du
mélange des métaux ont été attribuées à des cau-
fes qui n’ont pas lieu quand il s’agit de fluides,
il peut-être utile d’obferver que la meme chofe
arrive fouvent dans les fluides eux-mêmes ; &
qu’ici l’effet eft peut-être encore plus fenfible &
plus fortement marqué.
Une rnsfure d’eau &. une mefure d’efprit-devin
rectifié, mêlées enfemble, tiennent vifible-
ment moins de deux mefures ; preuve que leur
volume eft diminué , ou que leur pefanteur, fous
un t’gal volume , eft augmentée par le mélange.
AL Hooke a trouvé que ai mefures d’eau & 3 Arts 6* Métiers. Tome V. Partie II.
mefures d’huile de vitriol , mêlées enfemble ,
n’ont plus fait que 23 mefures ; de forte qu’une
24e partie du volume s’eft perdue.
Calcination de V'étain avec la platine.
■ Comme l’or & l’étain fondus enfemble 8c
tenus à une chaleur fuffifante pour calciner l’étain
, s’affectent l’un l’autre d’une manière affez
-remarquable , comme le dit le doéleur Brandt
dans les Tranfaélicns Suédoifes ; que l’or devient
alors folubie dans l’acide marin pur, auquel l’or
fépàrément réfifte, & que l’étain devient aifé-
menr vitrifiable, quoique autrement on ne puiffe
pas le vitrifier du tout ; j’ai traité la platine &
l’étain de la même manière.
Deux parties de grains choifis de platine , &
trois parties d’étain,ont été fondues enfemble; le ,
mélange a été réduit en poudre dans un mortier
de fer bien net ; 6c j’ai mis 160 grains de la poudre
dans une coupelle, fous une mouffle, à un
degré de chaleur tel qu’on l’emploie pour cou-
peller l’argent.
La coupelle étant tirée du feu, la matière parut
d’une couleur pourpre obfcure , & une partie
s’étoit collée enfemble en maffe.
Alors je la mis dans un vaiffeau de porcelaine
non v erni, & la replaçai fous une mouffle y
en la remuant de temps à autre pendant deux
heures.
On vit çà & là quelques grains briller comme
des morceaux de charbon ardent , phénomène
que l’étain fournit d’ordinaire dans fa calcination.
Quand la poudre fut refroidie, elle parut d’une
couleur mêlée de rougeâtre & de grifâtre, où le
rouge dominoit : elle pêfoit 13 grains plus que
d’abord ; de forte qu’elle avoit gagné un àccroif-
fement de près d’un douzième, fans compter la
proportion qui s’étoit attachée à la coupelle , & à
la furface inégale du vaiffeau non verni.
Une partie de la chaux , mife dans un creufet
fermé , futpouffée à un feu violent, pendant plus
d’une heure , dans un fourneau à foumets. Elle ne
fe fondit point du tout, & ne fut recuite que
très-légèrement : fa couleur s’obfcurcit & devint
prefque noire.
Les chaux rouge & noire , étant digérées dans
de l’efprit de fe l, donnèrent des teintures jaunes
affez foncées , comme des folutions lavées de
platine dans l’eau régale ; au lieu que ni les grains
de platine , ni l’étain calciné féparément, ae donnèrent
aucune couleur à l’acide.
Séparation du mercure d'avec la platine.
Un peu de vif-argent qui, par une longue tri*,
taration avec la platine, avoit diffous une partie
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