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état de diftinguer une plus petite quantité de matière
colorante.
On a obje&è contre l’expérience ci-deffus ,
que , quoiqu’on puiffe découvrir la platine quand
elle eft ainfi mêlée fuperficiellement avec l’o r ,
elle pourroit cependant éluder cette forte d’effai, l
quand elle y eft combinée plus intimement par
la fufion.
On a donc pris des mélanges d’or avec de petites
proportions de platine ; on les a tenus en
fufion pendant plufieurs heures, & enfuite on
les a diffous dans l’eau régale.
Les folutions furent délayées confîdérablement
avec de l’eau, 8c on y ajouta peu-à-peu d’une
folution de fel alkali fixe pur, tant qu’on y a
apperçu de l’effervefcence ou de l’épaifîiffe-
ment.
Les liqueurs fe font trouvées plus pâles , que
quand on avoit diffous les deux métaux feparé-
ment, mais elles confervoient allez de couleur
pour annoncer la platine.
Comme le degré de couleur n’étoit pas fi grand
ic i, qu’on auroit pu l’attendre de la quantité de
platine, qu’on avoit raifon de croire que le mélange
contenoit, j’ai effayé d’y découvrir la
platine par quelque cara&ère plus vifible.
J’ai mis quelques plaques d’étain pur dans les
liqueurs filtrées ; l’étain piit-aufli-tôt une couleur
d’olive , & dépofa une quantité abondante de
précipité brunâtre , comme il a coutume^ de
faire des folutions communes de platine : il étoit
remarquable que fouvent les plaques recevoient
une altération fenfible, même quand la liqueur
V étoit furchargêe de fel alkali.
elles firent bientôt connoître, comme dans la
précédente expérience , qu’elle contenoit une
quantité de platine fort confidérable.
Il paroît donc que, dans toutes ces expériences,
la platine demeure en partie diffoute dans la liqueur
On a fuggéré de plus, que puifque les fels al-
kalis fixes précipitent une portion.de platine aufli
bien que l’o r , s’il n’y a que cette partie mêlée
avec l’or, elle réfiftera à cet effai, & fera encore
rejettée en enbas par les alkalis, en meme-temp's
que l’o r , d’avec la folution du compofé.
Pour déterminer ce point, j’ai fondu avec de
l’or un précipité de platine fait par l’alkali fixe ,
& je les ai tenus dans une forte fufion pendant
une heure & demie. Ils ont paru s’unir plus ai-
férnent que ne fait l’or avec la'platine crue , &
ont formé un bouton net & uni, qui a foufïert
affez bien les coups de marteau, s’eft étendu en
. une plaque mince avant que de, fe gercer , & a
paru égal & uniforme en dedans.
Ce compofé étant diffous dans de l’eau régale
, fa folution délayée dans un peu d’eau, &
une folution de fel alkali fixe y étant ajoutée
par degrés, jufqu’à ce que l’acide en fut plus
que faturée, la liqueur eft devenue, non pas à la
la vérité fans couleur, mais fi pâle, qu’on pouvoit
à peine juger qu’elle contint de la platine : ce-
pendant, en y plongeant quelques lames d’étain
neutralifée ; & que, d’aptes ce fondement,
on en peut découvrir de petites portions mêlées
avec l’or., foit par la couleur de la liqueur après
la précipitation avec l’alkali, foit d’une maniéré
encore plus fenfible, par une autre précipitation
de plus avec l’étain*
Dans toutes les expériences ci-deffus , les folutions
étoiént délayées arec de l’eau; ce neit
pas qu’on recommande cette circonftancs quand
il s’agit d’examiner l’or ainfi, mats c’eft afin de
pouvoir établir, avec plus grande certitude, 1 utilité
de cette forte d’effai.
Les fels ,\ ou les efprits alkalis volatils., produi-
fent les mêmes effets que les alkalis fixes fur les
folutions de platine ; mais leurs effets , fur les folutions
d’o r , font différents en quelques circonf-
ta^nces.
Après que l’acide a été faturé , & que tout
l’or eft précipité, fi on ajoute encore un peu d alkali
volatil au - delà de ce point , il rediffout
quelque partie de l’or , de manière que la liqueur
redevient encore jaune quoiqu’elle ne contienne
plus du tout de platine. C’eft pourquoi, pour faire
effai, il ne faut fe fervir quer des alkalis fixes
purs; car à l’égard de ceux-ci, en quelque quantité
que ce foit qu’on en ajoute , on n a jamais
i trouvé qu’ils fiffent diffoudre de nouveau aucune
portion de l’or.
Précipitation par Valkali fixe minéral.
Les alkalis fixes végétaux ne fervent que pour
diftinguer s’il y a de l’or mêlé avec la platine ou
non. Us font infuffifans pour la purification du
métal précieux, parce qu’ils précipitent toujours
une partie de la platine avec l’or. Il n’en eft pas
de même de l’alkali minéral ou de la bafe alka-
line du fel marin.
Quoique cet alkali, commme il paroît d’apres
les expériences de Marggraf, précipite aufli bien
que l’alkali végétal, tous les corps métalliques
communs , l’or , l’argent, le cuivre, le fe r , 1 é-
tain, le plomb, le zinc, le bifmuth , le régulé
d’antimoine, le cobalt, &c. cependant il ne produit
, fur la folution de platine , ni précipitation ,
ni épaifliffement ; de forte que quand on mêle
cet alkali avec une folution d’or qui contient de
la platine, l'or. fe précipite & toute la platine
refte diffoute. ^
On trouvera dans un autre lieu, la maniéré
d’extraire cet alkali de l’acide avec lequel il en
uni dans le fel marin, parce que cela interrom*
proit1
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proit trop notre Hiftoire en cet endroit.
On trouve l’alkali minéral natif en beaucoup
d’endroits , & fur-tout dans les pays orientaux ,
foit dans un état affez pur, foit mêlé principalement
avec des fubftances terreftres , d’où il eft aifé de
le féparer par une folution dans l’eau. M. He-
berden m’a fait le plaifir de me donner une
quantité de ce fel natif qui lui avoit été ejnvoyé
de Teneriffe ; & je trouve qu’il répond à l’intention
, aufli efficacement que l’alkali extrait du
fel marin.
La folution de platine a fait effervefcence
avec lui : dans quelque proportion <jue j’aye
mêlé enfemble la folution de l’alkali & de la
platine , je n’ai jamais pu remarquer la moindre
précipitation , ni le moindre nuage.
On obtient un fel de la même* nature , quoi-
qu’en général mêlé de quelques matières falines
étrangères , des cendres de certaines plantes ,
appelées kali , qui , croiffant fur-tout dans les
marais falés ou fur le rivage de la mer, s’y
imbibent, à ce qu’on fuppofe , de fel marin ,
& font décompofées ou font féparées de leur
acide , en partie par le pouvoir de la végétation
dans la plante elle-même , & en partie en
les brûlant.
La meilleure efpéce de ces cendres , fe prépare
, dit-on , à Alicante en Efpagne , avec une
plante annuelle tombante , dont les feuilles font
courtes comme la joubarbe. Les cendres, qui
font une des efpéces communes de potaffe en
France , & qu’on y appelle foude (foda) , nous
font apportées en Angleterre, fous le nom de
cendres d'Efpagne ou Bariglid, en maffes dures
& fpongieuies , en partie blanchâtres ou grifes ,
& en partie noirâtres.
On extrait de ces maffes la partie faline pure
en les pulvérifant & les digérant dans de
l’eau.
Quoiqu’on puiffe foupçonner que ce fel , en
vertu de ce qu’il contient non feulement l’a'.kali
minéral, mais encore une partie de l’alkali végétal
,- précipiieroit une partie de la platine aufli
bien que l’or , je n’ai pas pu trouver que la
folution de platine en fouffrît la moindre altération
, pas plus que des alkalis natifs ou
marins..
Je n’ai pas encore eu une expérience directe
jufqu’où ces fels peuvent fuffire pour la fépara-
tion parfaite de l’or & de la platine, qui ont
été intimement incorporés enfemble par la fufion
; mais il peut être'à propos d’obferver que,
quoiqu’en général on fuppofe que l’alkali natif
& le bariglia contiennent un peu de fel marin
dans toute leur fubftance, ce qui les rend peu
propres à certains ufages , ce fel ne paroît cependant
ici être d’aucun défavantage ; car. le
fel marin pur n’a point occafionné de précipita-
Mrts & Métiers. Tome V. Part, IL
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tion ou 'd’épaifliffement dans une folution de
platine, pas plus que dans une folution d or.
La platine qui fut employée dans ces expériences
, étoit de celle qui avoit, été coupellée
avec du plomb, & enfuite pouflee à des feux
vifs & réitérés.
IV. Précipitation par le fel ammoniac.
Dans les deux articles précédens les fels alkalis
précipitent l’or & laiflent la platine en totalité
, ou du moins en partie , diffoute dans la
liqueur.
Le fel ammoniac produit un effet contraire ,
précipitant une grande partie de la platine & laif-
iant tout l’or diffout; & d’après ce principe on
peut découvrir la platine dans l’or aufli fûrement
& aufli aifément que par l’autre.
Le métal étant diffout dans l’eau régale, ajou-
tez-y un peu de folution de fel ammoniac faite
dans de l’eau. Si l’or contient de la platine, la
liqueur dans l’inftant deviendra trouble ; & il fe
précipitera bien vite au fond un beau précipité
jaune ou rougeâtre. Si l’or eft pur, il ne fe fera
ni précipitation, ni aucun changement de tranf-
parence.
V. Séparation par des liqueurs infiammables.
Les efpritfc" inflammables qui font revivre l’or
de fa folution fous la forme de pellicules jaunes
; ne produifent aucune aéfion fur la folution
de platine.
Cette expérience produit une marque certaine
pour diftinguer fi l’or a été falfifié par la platine,
ou fi la platine contient de l’or ; c’eft pareillement
une méthode infaillible pour recouvrer
l’or dans un degré de pureté parfaite.
Si on diffout le compofé dans de l’eau régale,
la folution mêlée avec deux fois la quantité ou
même plus d’ efprit-de-vin reâifié , & le mélange
étant laiffé en repos quelques jours dans un
vafe de verre- légèrement couvert, l’or s’élève
à la furface , jSt laiffe la platine en diffolu-
tion.
On peut ramaffer les pellicules d’o r , en ver-
Tant .le tout dans un filtre affez grand tout jufte
pour le contenir. La platine diffoute paffera au
travers laiffant l’or lur le papier , qu’il faudra
laver avec de nouvelles portions d’eau chaude ,
jufqu’à ce que la liqueur coule au travers, parfaitement
fans couleur.
Alors on preffera enfemble tout le papier, &
on le fera brûler dans . un creufet , qu’en aura
auparavant bien ■ frotté en-dedans avec de la
eràie , pour empêcher les plus oethes particules
D d d d d