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formes doubles ; car alors la longueur des formes
fait que , pour peu qu’il les approche du rebord de
la nageoire, il court rifqûe de frapper les deux
extrémités de la courbure de la cuve. Pour remédier
à cet inconvénient , il convient, à l’imitation
des Hollandois , de contraire la cuve plate
dans toute la partie qui corxefpond à la nageoire
de l’ouvreur. Je n’ai pas remarqué que dans ces
fortes de cuves la matière tournât avec moins de
facilité , lorfqu’on les brade , & quelle fe mêlât
moins bien avec fon véhicule.
En fuivant la méthode a&uelle de fournir la
cuve , il y a un inconvénient affez grand qui fem-
ble s’oppofer à ce que l’ouvreur fabrique des feuilles
bien égales en épaiffeur ; à mefure qu’il puife
dans la cuve avec la forme & fon cadre , il en- 1
lève une certaine quantité de pâte qui laide retom- 1
ber une certaine quantité d’eau ; par conféquent le
véhicule.de la pâte qui refie, augmente continuellement,
tandis que la pâte diminue ; fi donc
l’ouvreur enlève toujours avec fa forme un vo lume
égal d’ouvrage , comme la matière diminue
& que Peau augmente , il doit réfulter de ce travail
une fuite de feuilles .très-inégales en épaif-
feur , à moins que l’ouvreur ne fe comporte de
manière à remédier continuellement à ce défavan-
tage. On voit, effectivement plufieurs habiles papetiers
» obtenir cette, .égalité dans un très-grand
nombre de feuilles, enforte que les rames qu’ils
fabriquent , ne different pas d’un quart de livre
fur dix-fept. J’ai vérifié fort fouvent ces réfultats
étonnans ; & dans certains moulins du Limoüfin,
où Ton ne fabrique prefque toute l’année que du
carré au raifin pour l’impreffion , je n’ai pas trouvé
une variation de plus d’un quart de livre fur 15.
Il eft vrai que cette fabrication avoit été faite par
les mêmes ouvriers, & qu’un gouverneur habile
préfidoit au pourriffage & à la trituration des matières
; mais je dois dire en même temps que, j’ai
vu fabriquer dans la même cuve & avec la même ['
matière du carré de 14, de 16 g de 17 & de 18
livres la rame , & qu alors on étoit obligé de faire
trier ces différens; réfultats par les faierantes , qui
-ayant l’habitude d’eftimer par le taâ l’épaiffeu'r des
feuilles , en font des lots où les feuilles font bien
afforties ; c’eft même la pratique ordinaire des
meilleures fabriques, particulièrement à l’égard du
papier d’impreffion. Ainfi l’on vo it, par ces différens
faits , que la main de l’ouvreur n eft pas toü- I
jours fûre , & que fon travail eft quelquefois a ï-.
fujttti, quant aux réfultats -, aux chamgemens con-,
tinuels qui arrivent dans la fourniture de la cuve, j
Il feroit donc utile de trouver un moyen de tenir i
la cuve également chargée d’un ouvrage ôii la matière
& le véhicule fuffent toujours-en même rai-:
fon. On a penfé qu’en introduifant dans la cuve à"
chaque inftant de nouvelle pâte , au - même état
©ù elle eff fur la forme , lorfqu’ellê fe trouve dêbar-j
rafféede l’eau furabondante, on remêdieroit à tout;
- inconvénient ; cependant je dois obferver que cette!
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1 nouvelle pâte introduite dans là cuve a chaque
I inftant, ne fe trouveroit pas pour cela, mêlée au vé-
: hicule néceffaire pour la délayer au même point
que l’autre , 8t par conféquent ne pourroit rentrer
dans la maffe totale 8c fervir à la fabrication. Je
vois toujours dans l’endroit où pionge l’ouvrier,
une furabondance de véhicule qui tend à rendre
les feuilles de papier de plus en plus minces.
D’un autre côté, fi l’on agitoït la maffe d’ouvrage,
pour que l’eau qui retombe à chaque inftan
t délayât là nouvelle pâte q u ’o n ;y introduiroit,
ces agitations irrégulières nuiroient néceffairement
au travail de la. fabrication , en s’oppofant à la
netteté 8c à la tranfparence des feuilles de papier,
& à la diffribution uniforme de la pâte fur la ver*
jure ; car .on fait qu’après chaque braffage l’ouvreur
doit attendre que l’ouvrage fort raffis [avant
que de plonger là forme-, 8c même il eft rare que
les premières feuilles qu’il fabrique ne foient pas
défedueufes. D’après ces confidérations, Fon voit
qu’il y a quelques inconvéniens à fournir fouvent
la cuve ; d’ailleurs d’habiles ouvriers prétendent
qu’il y a autant de feuilles inégales, au commen.
cernent d’une porfe que fut la fin, & qu’au* moyen
de- plufieurs coups de main donnés, adroitement
autour de la nageoire , ils parviennent aifément à
écarter l’eau furabondante, 8c à faire affluer l’ouvrage'
qui leur eff néceffaire. C’eft ainfi que l’a-
drelfe àc l’expérience font parvenues fouvent dans
les arts, à parer aux inconvéniens qui font fans
remèdes , ou dont les remèdes feroient de .nouveaux
inconvéniens;
C u v e , fe prend aiiffi pour le travail qui fe fait
dans une cuve"; ainfi l’on dit : Cette papeterie eft
à une cuve ou à deux. On fait dans tel moulin cuve
& demie », c’eft-à-dire, que les ouvriers travaillent
! de manière à fabriquer non-feulement la tâche ordinaire
, mais encore la moitié de cette tâche. Il y
a des cuves où l’on fait l’emploi de 25 à 30 milliers
de chiffon , 8c d’autres où l’on en confomme
de 50 à foixante. C ’eft dans ce fens qu’on difoit
en 1776, qu’ily avoit 900 cuves dans le royaume.
Il refulte delà que le travail des papeteries s’indique
8c s’eftime par'caW.
On auroit tort de fe fervir de ce terme, comme
l’ont fait certains écrivains, pour indiquer les vaif-
feaux où travaillent-les cylindres , & ceux où Ion
met en dépôt les|matières , foit -effilochées, foit
raffinées. Les premiers doivent avoir la dénomination
de piles qui leur convient, 8c quant à la
; forme , 8c quant à l’ufage , comme aux vaiffeaux
où jouent les maillets. Voyez piles. Les féconds
•Ont la dénomination àe-caijfes de dépôt. Voyez cet
article. En fixant ainfi les mots , on prévient«
confùfion des idées. ,
■ Cylindre , machine avec laquelle on réduit le
■ chiffon en une pâte plus ou moins courte. Elle ei
• compofée d’un rouleau de, bois armé de lames de
- fer ou de métal, fixées à la circonférence du rou*
‘ lèau. On creufe fur la face extérieure des lames
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j es cannelures, au moyen defquelles le chiffon fe |
coupe | fe divife en petits élémens fibreux, par la ;
rencontre de femblifcles cannelures creufêes a la
fur face de la platine. .
la conftruâion de cette machine me parott
avoir 'été dirigée non-feulement dans 1 mten-
.•.on de lui faire produire le, plqs ; grand effet
notfible , mais encore ;de pouvoir ragreer les canfêlures
à mefure quelles s’émouffent par le
travail, d’en renouveler les Urnes ,*&. d en replacer
d’autres .lorfqu’elles font ufées,. Je dois faire
remarquer à cette occafion que des machiniltes ,
qui avoient perdu de vue ce principe, ont jete
plufieurs entrepreneurs de manufactures dans qes
déoenfes confidérables # en conftruifant des cylindres
d’une feule pièce , & de fer fondu ?.qui, ufes a
certain point au bout de quelques mois,, n.ont pu
être ni ragréés ni réparés y, & font devenus des
pièces,de rebut totalement inutiles- qm.feryertt de
bornes à la ©Orte. des moulins ; j’ajoute ici que
ces machines:, même neuves & entières, ne don-
noient pas des pâtes égales.
Tel a été le .premier établiffe.ment de papeterie
‘fait à Efforme, auquel feu M. l’Ecreyiffe »habile
•conftruaeur HollandoisM a fubftitué des cylindres
& des itouages. exécutés fur les, meilleur^ pnnç-t
pes. C’eft avec ces: belles machines que M. Uiçfot
le jeune, s’,occupe- utilement à perfectionner, les
•djfférens, papiers qui fefabriquent dans cette mar
nufafturè.’ ; . • ■ , . i -,
. Cylindre', fon emplacement dans ia.piie, pag*
492. byffême des;rouages qui le font mouvoir,
‘ibid. Détails de fa eonftr.u£tion , pag. 495 & 494 >
moyens d’en diriger les mouvemens & les operations
, Ibid. Son travail dans unepile , ibid. Gouvernement
du cylindre dans les progrès de la tri-
turation.& du raffinage des pâtes, pag. 494 5• ceu*
de Montargis, inconvéniens de leur grande Vi-
teffe & de leur légèreté : ceux^ de Sardam , plus
.pefans ,:ont moitié moins de vîtefle, ibid. Cylindres
effilocheurs 8r raffineurs , conftruits lur des
principès différens &affortis à leurs opérations particulières
, ibid. Se gouvernent auffi dans leur, travail
par des principes différens , pag. 495 - Avantages
des cylindres fur les maillets, ibid.
Dart , forte de papier de pâte grife. Voyez
[enveloppes,.pâtegrife). • - . .
Déchets, il eft rare que Içs fabrieans comptent
allez avec eux-mêmes pour être affures-, par leur
propre, expérience, de là quantité prêctfe de dechets
qu’ils éprouvent fur le chiffon qu ils emploient
dans le triage , dans le pourriffage &• dans la trituration.
Je neconnois guère qu’un ieul fabricant
qui ait füivi ce travail au milieu des! autres details
de la papeterie. 11 a bien voulu m’en faire part.,
& je trouve que les déchets des triages; varient
depuis 4 ’ jufq.u’à-17 pour çen.t;-ce qui paroit dé-
;pêndre non-feulement des chiffons, mais-encore de
l’exaôitude plus ou moins grande qu’on mettoit
dans cette opération.
H* a p 565
I ; Les déchets du pourriffage & de la trituration
ont varié de même depuis la jusqu’à 49 ; & lorfqu’on
a pu déterminer Séparément le déchet du
pourriffage , cette opération a -occafionné une
perte de td pour cent dans les pâtes moyennes;
car les déchets des bulles font bien plus confidé,-
rables encore. En général, on évalue en Auvergne
la perte du chiffon par le triage , qui y eft très-
imparfait , le pourriffage, qu’on commence à régler,
& la trituration , à 40 pour cent, ce qui me parott
porté au plus bas ; car dans plufieurs moulins par-
I ticuliers, tant de cette province que du Limoüfin,
je fais que les déchets montent affez fouvent aurdelà
.de 50 pour cent. ...
Il faut efpérer que nous aurons par la fuite des
details plus précis , lorfqu’on faura bien apprécier
mutes les circonftances. e-ffentiell.es, 8cen fuivre
a-., part les réfultats.',. ' ' . . • yjj . .
: ; D é l i s s e r , délire, principal travail des faierantes,
qu’on nomme auffi pour cetje raifon dèlijfeufes. IL
confifte à mettre à part le papier fuivant fes qualités
& fes défauts. Ces femmes en font cinq lots ;
Xd fan, le bon retrïé., le gros retrié., le • triage &
le càjje. . . . ,.
Le lot du bon( comprend tout le papier qui n x
pas de défaut marqué. v
lot du retrié jCz. que de. très-légers .défauts,
comme de petites gouttes du coucheur, de petites
dentelures dans les bordures, &c. •
Le lot du gros reùrié peut avoir de petites bouteilles
, quelques gouttes du coucheur, des nébulo-
Jités locales, un peu trop d’épaiffeur.
On met dans le triage le papier où fe trouvent
les frdnceV/iesffdés , les; tachés de r.puille.les moins
marquées,, les grandes gouttes dé l’ouvréur, &c.
Enfin on range dans le lo f des cajfés toutes les
feuilles auxquelles il manque quelques-unes de
leur partie par des déchirures quelconques : celles
qui ont de grandes rides, de grandes bouteilles,
même percées à jour , ou des taches de rouille considérables
: celles, qui font brûlées de colle, battues
de feutre ou noyées d’eau. En faifant ce triage
les déliffeufes!enlèvent tous, les pâtons du papier,
toutes les matières étrangères , 8e- les faletés qui
' n’adhèrent pas au corps de l’étoffe, & dont l’enlèvement
n’occafionne pas un trou. Elles font auffi
difpar.oitre .les fronces & les plis qui ne font pas
trop adhérens aux feuilles. Elles, emploient pour
cela un morceau de pierre poli ou de b,ois qu’elles
appellent leur -pierre: c’ètoit, avec ces petits outils
qu’on. 4$o/:£..le papier autrefois , & c’eft de-là que
la falle où s’exécutent ces apprêts , s’appelle encore
Hjffoir. Voyez ce mot, pag. 5 24.
Les dèliffeufes établiffent auffi dès lots relativement
à l’épaiffeur des papiers ; car malgré l’a-
dreffe de l’ouvreur, & l’habitude qu’il a de fabriquer
telle ou, tçlle forte d’un poids donné , il lui arrive" fouvent de. fabriquer dans la même cuve
également chargée, du carré de 1 4 ,de 16, de 17
£ de 18 livres la rame. Ces falérantes ont acquis,