
fait au mémoire que fai publié en 1787, fous le
titre d'obfervations fur la déclaration du 30 0 (Sobre
178.5 , 6’ fur 1'augmentation progrejjive du prix
des matures d'or 6* d'argent, depuis le premier janvier
172.6 ; en l’inférant, à mon infçu , dans leur
ouvrage , n’impofoit pas à ma reconnoiffance l’obligation
de prouver que leur opinion fur mon
travail eft abfolument conforme au jugement
qu’en ont porté prefque toutes les chambres du
commerce.'
M. B .. . s’étant permis , d’ailleurs, de dédier
aux Etats-généraux, fon indécente & calomnieufe
critique , je me crois obligé de mettre-fous les
yeux de cette augufte affemblée , les avis réunis
des repréfentans du plus grand nombre des négo-
cians du royaume , dont l’impartialité fera beaucoup
plus propre à fixer fon attention , & celle
du public ; que les raifonnemens captieux & .presque
toujours înconféquens de M. B. ; . je ne me
livrerai à l’examen de fes obfervations > & de la
réfutation des fieurs M .. . qui fe trouve à lçur
fuite , que pour en relèvér les principales erreurs ,
les contradiâions les plus faillantes , les affertions
& les imputations les plus fauffes, ce fera l’objet
de la première partie de ma réponfe : la fécondé
fera compofée des letrres des chambres du commerce
& de quelques obfervations, dont elles
m’ont paru fufceptible?. Comme il pourroit arriver
que mon adverfaire fe permit de dire que
les- éloges que ces lettres contiennent ont été
mendiés, ainfi qu’il l’a déjà voulu faire entendre
dans celui de fes écrits , fur la couverture duquel,
il a configné le dêfir qu’il rappelle dans fes bb-
fervations (a) > j’ai cru devoir faire précéder les
copies de ces lettres par celle de la lettre d’envoi
de l’ouvrage auquel elles répondent. Elle
prouvera qu’au lieu de folliciter des complimens ,
je demandois des réflexions, tant pour mon inf-
truftion particulière, que pour celle du public.
On y verra d’ailleurs que la publicité de mon Me-
moire, contre laquelle le fleur B . .. déclame avec
tant de force , & qu’il qualifie d'attentat à l’autorité
i a été autorifée par une permitfion du principal
miniftre , ce que je fuis en état de juftifier
par fa lettre du 30 oâobre 1787.,
P R E M I E R E P A R T I E
E F I T R E D É D I C A T O I R E .
On fe feroit attendu à ne trouver dans une
êpître de cette nature, adreffée à l’augufte ailem-
blée des repréfentans de la nation, que des pro-
teflations de dévouement, de zèle, & de refpeâ;
mais le fieur B . . . tourmenté du defir de fe pré-
fentcr dans la lice, & de s’y diftinguer par cet
amour de la vérité (b) , qui le carafterife , a cru
devoir fcbftituer à ces hommages , des déclamations
& des dénonciations contre les abus de
la liberté de la preffe , les cenfeurs, les auteurs
de l’Encyclopédie méthodique., l’adminiftratipn ,
&c. &c. Les' détails dans lefquels je vais entrer ,
fur le fait .dont la dénonciation termine cette
fingulière épître , ne donneront pas une' haute
opinion de fa véracité.
Les circonftances embarraflantes dans lefquel-
les le gouvernement fe trouvoit à la fin de l’année
dernière portèrent l’adminiftratioq à abandonner
, pour quelques mois -feulement , à la caiffe
d’efcompte , le bénéfice du feigneuriage fur les ef-
(a) C’eft, je le protefte , avec la plus grande répugnance
que je répons à cette nouvelle attaque. Entretenir U nation
d’un défi du fieur B.. !......... La néceflité de me juftifier
l’exige elle me fervirà d’exeufe ; voici le fait. Le fieur B...
avoit cité dans une de fes produftions’ en faveur de la réfonte,
une Lettre que fon père m’avoit écrite le 6 décembre
1785 , l’extrait qu’il en avoic donné contenoit fix mots
ôc une phrafe entière, qui ne fe troùvoient pas dans la
lettre originale dont j’étois porteur ; je relevai cette inexactitude
, & je dépofai la lettre chez un notaire, afin que
,1’on pût conftater que ce reproche étoit fondé. IL. plut ad
fieur B. ..de faire imprimer fur la couverture d’une diatribe
intitulée réfutation d ’un écrit calomnieux, un défi conçu
dans ces termes. » 11 y a 12.00 liv. dépofées chez M. Ra-
» meau notaire place des vi&oires ,.pour être diftribuées aux
»» pauvres , dans le cas , x°. que le fieur des Rotqurs,.;prou-
» veroit que dans la'citation de la page 31 , de ma lettre à
„ M. de Calonne, il fe trouve une fyllabe qui ne fo i t pas dans
„ l ’original écrit par mon père & joint à la procédure criminelle
„ inftruite contre Rivage (*) , 2°. que ledit fieur des Ro-
(*) Il vient d’être déchargé d’accnsation et le sieur B.. son ad-
.vprsaire , a été condamné, en-ia mille livres de dommages ettnte-
réts , aux dépops , 'et aux frais d’impression et u amené cie i arrêt.
» tours, montreroit une lettre delamain démon père, dans la-
quelle on liroit qu’il avoit plû au roi, deJe jrat'Ger des
» quatre trente-deuxièmes énoncés , page 6 , .de l écrit «
„ fieur des Retours. » Quel eft l’original d une lettre .
n’eft-ce pas la lettre dont fe- trouve porteur , celui à qui elle
ëft adreffée. La lettre que j’avois citée , & que je venois
de dépofer chez un notaire , étoit donc le véritable & le
feul original, elle ne contenoit ni les mots , ni la phrafe
cités par le fieur B... mon affertion étoit, conféquem-
ment, vraie, je n’avois rien de plus à. prouver ; il étoit
abfarde & ridicule de me défier de prouver que tels mots
fe . troùvoient dans une pièce indiquée comme originale ,
- qui ne rétoit, ni ne pouvoir l’être.
Je n’avois jamais dit, ni écrit, que je fuffe porteur d’une
- lettre du fieur' B.. . père qui contint ; les, mots cités dans
1" fecpnde partie du défi de fon fils, ce défi étoit donc egalement
ridicule fous cet autre rapport.
- ' (fi) Trôiûème épigraphe du fieur B. ..
pèces d’or & d’argent, qui feroient fabriquées
avec les matières qu’elle feroit verfer aux hôtels
des monnoies,» afin de l’engager à en exporter
à l’étranger une plus grande quantité, &
rendre, par ces opérations, le numéraire plus
abondant. La jouiffance de ce bénéfice, devoit
ceffer à la fin de juin , temps où il y avoit lieu
de préfumer que les Etats-généraux auroient pris
des mefures capables dé faire ceffer l’embarras qui
exigeoit un pareil facrifice ; il n’a déjà plus lieu
depuis le premier juillet, & cependant, c’eft dans
un ouvrage publié un mois, au moins, après
cette époque, que l’on fe permet de fuppofer que
ce facrifice fubfifte encore , d’en dilfimuler les
motifs, de leur en fubftituer d’autres, qui font
notoirement calomnieux , & de le dénoncer à
l’affemblée nationale, comme une opération dé-
saftreufe ! En vain le fleur B . . . chercheroit à s’ex-
eufer, en difant que fon épître étoit écrite dès
le 8 mars , perforine ne croira que la rédaélion
d’une épître dédicatoire aux états-généraux, qui
n’étoient pas affemblés , ait été le premier objet
de fon travail ; en lifant d’ailleurs les deux let-
* très qui la précédent., on apperçoit facilement
qu’elle doit être antidatée.
La malignité,, ne caraétérife. pas feule cette
dénonciation -, elle eft également marquée au coin
de la fauffeté ; le fleur B. . ., y fuppofe en effet $
que l’on a fait un abandon total du feigneuriage à
la caiffe d’efcompte, tandis qu’il eft notoire, &
qu’il n’ignore pas ^ que cet abandon n’a eu pour
objet que le bénéfice produit par la coriverfion
en efpèces,. des, matières fournies par cette caiffe.,
& non celui provenant de la fabrication des matières
verfées par le public aux changes & aux
hôtels des monnoies : il donne enfin à entendre
que . cet abandon eft une efpèce de ferme à long
terme, tandis qu’il fait que ce n’eft qu’un facrifice
momentané, provoqué par des circonftances
impérieufes : font-ce là les grandes vérités ,
dont il importe à la nation de prendre connoijfan-
ce} («).. .
Cet exorde a moins d’analogie avec le frontif-
pifee d’un monument confacré à la vérité (b) ; qu’a-!
vec celui du temple que les Athéniens dédièrent
à l’impudence & aux injures (c),
R É F L E X IO N S P R É L IM IN A IR E S
DU.. C R I T I Q U E .
Ces réflexions ne contiennent que des apologies
de la conduite du fieur B ... & de fes amis
Je détail des prétondus motifs qui le portent à
me déchirer, moi & les auteurs de l’Encyclopédie
; l’éloge de fon défmtereffement, de fon courage
, de fa fermeté , & fur-tout celui de fa véracité
; je viens d’en citer un trait remarquable :
la note de la page 10 , m’en fournit un autre
qui ne l’eft pas moins. Il y dit que le tréforier
général des monnoies , chargé de raffembler les-
efpèces qui dévoient fervir aux expériences ordonnées
par l’arrêt du confeil du premier mars
1788, pour conftater le titre des anciens louis,
faifoit chefcher ceux qu’il favoit être de bonnes
fabrications , qu’il les faifoit enfuite porter au
change par un tiers , & qu’inflruit du moment
où ce tiers y arrivoir, il fe préfentoit à l’inftant
même pour fe les faire remettre par le commis
qui en fait la recette; il eft notoire , au contraire
, que les anciens louis employés "à ces ex-
périençes, n’ont été fournis à. l’officiêr refpe&a-
ble dont on fe permet de calomnier ainfi la mémoire.,
que plusieurs jours après la demande
qu’il en avoit faite'; il eft de plus prouvé, par le
procès-verbal de ces expériences, que les four-
niffeurs de ces efpèces a voient une fi grande confiance
dans le choix qu’ils en avoient fait, que
la crainte qu’on n’ên.eût fait un triage qui déconcertât
leurs mefures", porta M. le procureur-général,
de la cour des monnoies, à demander que
la totalité de ces louis fût foumife aux effais ; ce
qui a eu lieu.
O B S E R V A T I O N S
P R . E M I E R E P A R T I E.
Les huit premières ferions de cette partie ne
font qu’un étalage d’érudition qui ne me paroit
pas fufceptible de difeuftion ; chacun a fon opinion
fur l’origine des monnoies ; fur les matié«
res avec lefquelles on a fabriqué les premières efpèces
qui aient eu cours dans le commerce ; fur
la manière de les fabriquer ; fur leurs empreintes
, &c. &c. Ce que les auteurs de l’Encyclopédie
ont dit à cet égard eft fondé fur des-autorités.
Perfonne, excepté le fieur B ... n’appercevra
dans le texte de la neuvième Seâion , les abominables
conféquences, ni les traits de l'audace ir-
refpeélueufe qu’il dénonce à la nation ; il fait très-
bien ce que les auteurs de cet article ont voulu
dire, mais le befoin de les injurier, pour fe venger
de l’accueil qu’ils ont fait à mon Mémoire ,
(a) Deuxième épigraphe du fieur B...
(fi) Première épigraphe du‘fieur B ...
(ç) Voyez Dictionnaire de l’Encyclopédie, Tome 8 f 33.63-*