•« Le fameux Lâynbek a été précipité du faîte des grandeurs dans 1 abîme de
y, Ja misère. Seul, accablé de sa propre infortune, il pleure maintenant ses mai-
heurs avec des larmes de sang, et l’on ignore ce quest devenu le fameux Layn-
» bek. »
Après sa chute, les rênes de l’État furent remises a 1 emyr Qartay y niais il ne les
Conserva pas long-temps; il fut oblige de les remettre a Berqouq, autre emyr, qui
les lui disputoit. Berqouq, qui étoit destiné a anéantir cette dynastie, ayant supplanté
son rival, gouverna pour et au nom de Malek el-Mansour, jusqua la mort
de ce jeune prince, qui arriva durant le cours de la lune de safar 7^3'
• Son frère el-Mansour el-Hâgy fut proclamé après lui Malek el-Achraf. Il sembla
ne lui succéder que pour avoir la douleur d’ctre exilé par le meme Berqouq, son
sujet et son maître, qui éleva sur son trône renversé la dynastie des Mamlouks
Borgites ou Circassiens. Ce prince, douzième sultan et dernier rejeton de la famille
de Malek el-Nâser, fils aîné de Qalâoun, ayant voulu sortir de l ’obscurité où on
l’avoit forcé de s’ensevelir, et ayant cherché à ressaisir l’autorité dont Berqouq 1 avoit
dépouillé, fut victime, dans le mois de,ramadan de J au 7^4, de ce derniei et
légitime effort. Sa ruine .entraîna celle ^de la première dynastie, des Mamlouks
Baharites ou Turcomans, qui s’absorba elle-même au milieu des troubles, semblable
à-Ges fleuves qui vont se perdre sans honneur au sein des sables qu’ils charient.
SECONDE DYNASTIE
SECONDE DYNASTIE,
MAMLOUKS BORGITES OU CIRCASSIENS.
CHAPITRE VI.
Berqouq. E l-M a n so u r el-H âgy pour la seconde fo is . Berqouq pour la
seconde fo is . F ara g.
C e t t e dynastie ne, diffère de celle à laquelle elle succède, que par sa seule
dénomination ; elle en est la suite : les événemens ont la même marche et
portent la même couleur; ce sont toujours des émyrs turbulens, qui ne connoissënt
d’autre raison que la force, et qui s’en servent au détriment de leurs,souverains.
Les Mamlouks qui la composent, sont connus sous le double nom de Borgites et de
Circassiens. On les nomme Borgites;parce que Qalâoun, qui en fit monter le nombre
à douze mille, les dissémina dans les différens larg ou tours qui garantissoient la
sûreté de l’Ëgypte. Le nom de, Circassiens dérive, ou de ce que Qalâoun les fit
acheter en Circassie, ou bien de ce que Berqouq, fondateur de cette dynastie,
sortoit de cette contrée.
Ce Berqouq, fils d’un renégat Circassien, tomba en la possession d’Ilboghâ, qui
le mit au nombre de ses Mamlouks et le fit instruire. Le nom de clieykh ou docteur
qu’il .porte, donne à croire qu’il se rendit célèbre dans la science du droit, qui est
aussi,,chez les Musulmans, celle de la théologie. Son génie, et sa beauté, qualité
non indifférente dans l’acquisition des Mamlouks, lui valurent les bonnes grâces de
son maître, qui l’avança. Il parvint à l’émyrat, quand Ilboghâ parvint à la régence,
et il resta fidèle à ce prince tant qu’il vécut : à sa mort, il se mit sur les rangs de ceux
qui prétendoient à la régence, et succéda à deux de ses rivaux. Il géra jusqu’à la mort
d A ’iâ el-dyn, Avec le secours de ses camarades, qu’il avoit faits ses amis, il enleva à
el-Hâgy, le sceptre qu’il lui avoit remis à contre-coeur, se fit reconnoître Malek
el-Dâher, ,et régna malgré le khalyfe Metouekkel b-illah.
A cette époque, Tamerlan remplissoit toute la terre du bruit et de la crainte
de son nom. Berqouq, entouré de bonnes troupes, le tint en respect pendant les
premières années de son règne; mais, dans le temps qu’il détournoit les efforts de
Tamerlan sur les terres de ses voisins, il découvrit une conspiration, à la tête de
laquelle etoit le khalyfe. Il convoqua aussitôt le collège des prêtres, pour les consulter
sur le traitement que méritoit un pontife qui, manquant aux devoirs de la
religion, cherchoit a soulever les sujets contre leur souverain. Les docteurs de la
loi nayant pas osé prononcer sur ce point, il le destitua, le fit emprisonner à la
Ê . M . T O M E I I . T