Enfin, au-dessus de Semennoud, le fleuve forme une île assez vaste pour être celltl
qui, au rapport de Strabon,; renfermoit la ville de Xois, dépendante du nonttH
Sebennytique.
La ville moderne de Semennoud n’occupe qu une petite partie de 1 emplj.B
cernent de l’ancienne Sebennytus. Nous citerons parmi les precieux fragmenB
d’antiquités que l’on y a trouvés, le beau torse en basalte que le général Vial a rap-j
porté en France (i), et deux blocs en granit rouge, qui sont probablement encore1
sur les monticules de décombres qui avoisinent la ville. L un de ces blocs peut avoij
deux mètres de longueur sur environ cinq à six décimètres de largeur et de hauteur!. - •
une de ses extrémités se termine par une portion d aire spherique ; une des face- ■
planes présente les débris d’un grand scarabée avec des ailes d oiseau déployée
symbole que les antiquaires désignent seras le nom de scarabée ailé; les autres face
et la partie sphérique sont recouvertes de petits caractères dont 1 analogie avec ItH
hiéroglyphes est très - marquée ; nous en avions deja vu de semblables sur dt, .
papyrus, sur des enveloppes de momies, et, à Thèbes, dans un des tombeaux de.
rois (2). Ces caractères nous paroissent devoir être ceux d une écriture cursive hié^H
roglyphique, différente de l’écriture monumentale; et il est possible qu en les altéra
peu à peu pour les rendre plus faciles à tracer, les Égyptiens aient passe insenaj ,
blemènt aux lettres que l’on voit sur les papyrus, et finalement a celles qui formenH
la seconde inscription de la pierre de Rosette ; peut-etre aussi avoient-ils en m en l
temps trois écritures distinctes, la cursive vulgaire, la cursive hiéroglyphique, etlt
hiéroglyphiques proprement dits ; sans compter les tableaux symboliques, qui, sculp.
tés ou peints sur les murs des temples, rappeloient aux initiés les grands évenemet
de l’histoire, les mystères de la religion ou les phénomènes de la nature.
Nous avions le plus grand désir d’aller visiter les ruines de Bahbeyt, qui sontiH
nord de Semennoud. Le général Fugières, commandant de la province, nous6 |
facilita les moyens; e t nous n’oublierons jamais la cordialité, la franchise militais
avec laquelle il nous accueillit (3).
Le jour fixé pour y aller, il monta à cheval avec nous, escorté de quelque:
cavaliers et accompagné de plusieurs cheykhs de la province. Nous traversâmes.,
peu près, à moitié chemin, le canal de Tabanyeh, qui se reunit près de la acet
de Melyg.
( 1 ) Cette statue est au Cabinet des antiques, à Paris.
Elle a été gravée dans-la collection des antiques, A. vol. V.
(2) Voy.l’explication delà -planche 7p,figy;A.vol.III.
(3) A la bataille d’Abouqyr du 7 thermidor an 7, le général
Fjugières eut le bras gauche cassé d’un coup de fusil :
il ne vouiut pas descendre de cheval, ni quitter le commandement
de sa brigade; et un boulet, quelques instans
après, lui enleva le même bras près de l'épaule. Le général
en chef Bonaparte le rencontra comme on le transportoit
sur les derrières de l’armée, et lui témoigna combien il étoit
affligé dele trouver en cet état. Général, répondit Fugières,
vous envierei un jour mon sort; je meurs au champ d’honneur.
( Rapport du général en chef Bonaparte au directoire
exécutif. ) M. Larrey, premier chirurgien de l’armée, ne
put faire l’amputation de l’os de l’avant-bras, et il fut
obligé de le détacher entièrement de l'épaule. Pendi
cette cruelle opération, plusieurs officiers blessés, oublia
leurs propres maux, s’étoient traînés dans la tente
général Fugières, et exprimoient par leurs larmes
peine qu’ils éprouvoient de la perte de leur brave ce:
mandant; car fous la regardoient comme certaine. Et H
avec un visage stoïque, que la douleur ni l’aspect de
mort ne purent faire changer un instant, leur aclress
des paroles de consolation, les entretenoit de gl<
patrie, d’honneur; sentimens des âmes nobles, dtw
lesquels sembloient disparoître les souffrances de ce h«
et celles de ses vaillans compagnons. Guéri comme|
enchantement, il voulut continuer de servir activent«
et commandoit la province de Gharbyeh lorsque 1101,
arrivâmes. (D u Bois-A ym é .)
En approchant dé Bahbeyt, nous aperçûmes,, à une portée de fusil à l’est de
ce Village’, un monticule de terreycetoién't les ruines que nous cherchions. Nous
partîmes au galop, et nous nous trouvâmes bientôt îu milieu d’une enceinte qua-
drangulaire ( i) , doijt le grand côté:a trois cent soixante-deux mètres de long, le
p e tit’deux cent quarante-un, et qui, dans’ certains endroits, est encore haute
de dix-huit à vingt mètres, sur une épaisseur de neuf à dix. Elle a deux ouvertures
sur la face occidentale, autant au sud, et une seule au nord. Ce n’est
que dans un petit nonibre d’endroits que l’on a pu reconnoître qu’elle étoit
construite en briques cnJ^s ; car, en général, ces briques sont brisees et melées de
manière à ne présenter extérieurement qu une masse de terre. Le terrain renferme
par Miette enceinte est cultivé en partie; un canal y conduit, dans le temps du
débordement du N il, les eaux nécessaires! a son. arrosement. C est vers le milieu
de Cet emplacement 4 à cent vingt métrés de la face occidentale de 1 enceinte, que
s’élèvent, dans un espace de cinquante nictres.sur quatre-vingts, les débris dune
grande construction. C’est un amas confus de pierres granitiques, parmi lesquelles
on distingue des restes de chapiteaux à tête d’Isis, des pierres de plafond et des troncs
de colonneÿjqui présentent toutes des sculptures en bas-relief,.exécutées avec le
plus grand soin. Il paroît d’abord assez singulier que ce soit dans la basse. Egypte
que l’on retrouve des temples entièrement construits avec les beaux matériaux
extraits des carrières de Syène, tandis que les temples et les palais de la haute
Egypte, érigés au milieu des montagnes granitiques, sont simplement en grès ou
en pierre calcaire; mais on reconnoît là bientôt ces idees de grandeur et din-
destructibilité qui guidèrent toujours les Égyptiens dans 1 exécution de leurs
monumens. Ils savoient que le grès et la pierre calcaire .’’exposés a lair de la mer,
duroient peu, et ils n’hésitèrent point à employer le granit dans le Delta ; aucune
difficulté ne put effrayer un peuple chez qui la patience et 1 opiniâtreté centu-
ploient les forces. Dans la Thébaïde, au contraire, sous un ciel conservateur, où
leîbois même ne pourrit pas, où les corps des animaux se conservent sans embaumement,
pourvu qu’ils soient éloignés des terrains inondés (2), les Egyptiens
durent préférer les pierres les plus faciles à tailler, puisque leur résistance aux
efforts des siècles sembloit égaler celle des Corps les plus durs. Nous ne nous
étendrons pas ici sur la description des ruines de Bahbeyt, qui sera faite avec
détail dans le chapitre x x v des Descriptions d’antiquités. Nous ferons seulement
observer que d’Anvilie place ici ïlsis oppidum dont il est fait mention dans Pline,
( i ) Voyez le plan topographique, pl. 29 , fig. 1 , A.
vol. V.
(2) Etant tous deux à Syout, dans la haute Egypte,
avec notre ami Edouard Devilliers et quelques autres de
nos camarades, un Arabe, auquel nous avions payé assez
cher une momie de loup,ou, pour mieux dire, de chacal,
trouvée dans la montagne qui borde à l’ouest "la vallée
du Nil, nous promit de nous mener dans un endroit où
il y avoit, disoit-il, des. momies d’hommes. Au jour in-
diqué, nous partîmes sans escorte et sans rien dire de nos
projets, dans la crainte que le commandant de la place,
par intérêt pour notre sûreté, ne s’opposât à notre excursion.
É . M . T O M E II.
Notre guide nous fit gravir la chaîne Libyque; nous descendîmes
de l’autre côté dans" une vallée étroite que nous
suivîmes pendant une heure ; puis nous montâmes plusieurs
collines, et nous traversâmes successivement quelques ravins
où la chaleur étoit fortement augmentée par le reflet
des rayons solaires que renvoie un terrain blanc, dépouillé
de toute espèce de végétation. Enfin, après avoir marché
environ deux heures, notre guide, nous montrant les
restes d’un ancien édifice, et auprès quelques petites voûtes
peu élevées au-dessus du sol, nous dit que c’étoit là’qu’il
y avoit des momies d’hommes. Nous reconnûmes facilement
que nous n’étions point sur des tombeaux de O a