M É M O I R E
II ne fit donc point frapper, comme les historiens 1 ont avancé (0 , la mon I
noie à son propre co in , mais à celui du sultan régnant, Moustafà fils A'Ahmed; I
et il ne fit que suivre l’usage des cheykh el-bcléd, en faisant graver sur les monnoies I
les initiales de sort nom.
Le sequin publié par M. Bonneville sous le n." 9 dt' I® planche t. des mon- I
noies d’or de Turquie présente un sâd[i ) , et a été frappé au Kaire sous le règne I
à 'O ’tmân fils de Moustafà, avènement de 1 168 [ 1754 de notre èr4
Le sequin que nous avons fait graver sous le n.° 1 t ( 3 ) > frappé au Kaite sous 1
le règne de Moustafà fils S Ahmed (4 ) , avènement de t 171 [ 1 7 5 7 de n o t re !
è re ], présente les deux lettres mym et dâl ( 5 ) . Ces mêmes lettres se remarquent sur I
deux sequins publiés par M. Bonneville, l’un detrennes sous le n.° 15, l’autre■
ordinaire sous le n.° t4 ( planche 2 des monnoies d’or de Turquie), tous d eu x !
frappés au Kaire, sous le même règne et dans la même année que celui qui est !
publié par nous, mais avec un coin différent, comme on peut le voir par ladiffé-1
rence du grenetis et du caractère d’écriture.
Ces trois sequins ont cela de particulier, qu’à côté des lettres distinctives dont!
nous venons de parler, on voit encore le chiffre indicatif de l’année de la fabri-1
cation ; chiffre qui n existe pas sur la plupart des autres sequins, parce que la lettre!
distinctive en occupe la place.
D ’autres sequins, compris dans le Tableau des monnoies joint à ce Mémoire,!
sous les n.“ d’ordre 35, 36 et 37, et qui sont du règne de M ousufà;.avènement ■
de 1 171 [ 1757], portent, à la place du chiffre indicatif, les lettres »¿‘ ou ms (6).|
Un autre sequin, n.° 27 (planche 3 des monnoies de Turquie, même ouvrage),!
frappé au Kaire, sous Selym (7), avènement de 1203 [ 1789 de notre ère], pré !
sente les lettres a lrfet syn (8), qui sont les initiales du nom à’Isma’yl-bey ( 9), à qui ■
Hassan, qapitân-pâcha (10), laissa le gouvernement de l’Égypte, après son expédi-l
tion contre Ibrâhym et Monrâd beys (1 1), et qui mourut dans la fameuse peste à
Kaire, l’an 1205 de l’hégire [179 1 de notre ère].
Enfin, parmi les sequins et demi-sequins frappés du temps de l’occupation!
de l’Égypte par les Français, il en a été fabriqué et nous en avons conservé!
sur lesquels la lettre distinctive étoit un b ( 1 2 ) , initiale du nom du général en!
chef Bonaparte.
Sur les piastres ou ghrouch qu A ’iy-bey fit frapper, les initiales de son nomsîl
voient sur faire B, au haut de la pièce, au-dessus du b du mot drob ( 1 3) ; et, par uni
(1) M. de Volney, pag. n o du Voyage en Egypte et (4) Voyei pag. 356, not. 1, lign. 4. |
en Syrie, tom. t ." , édit. de ,787. (?) tü d [^ ] . Peut-être est-ce, uneabrévialion d / M
(2) On i f - l . On est convenu, dans la Description [o J- l]o u deMalmmed[***]■ Voy. pag.371, dera.sli>|
' , , , , r • (6) c’est-à-dire ¡tu» ou uu»
de l’Egypte, de rendre également en français par I le sya 3 56, n ié I , ligne
[ ] et le parce qu’on nepeu, assignai par nos 1 prononce ic I
lettres la différence qui existe entre les sons de ces deux V ; l ' L^ J
lettres Arabes; d’autres personnes, pour les distihguer, (9)
représentent le sâd par sh. Voyez l’avertissement qui est à (10) LôIj
ïa su ite d e la p réface 0e la D e sc rip tio n d e l’É g y p te. ( i *) e t ï\ j»
(3) Voyez la planche jointe à ce Mémoire; voyez aussi (12) o
pag. 325, dern. alin. ( ’ 3)
S U R L E S M O N N O I E S D * É G Y P T Ë . 3 ^ 3
de ces artifices communs aux écrivains Arabes, la lettre lâm [ l ] se trouve réunie
au b du mot drob, de manière à représenter un làm et un yâ fly / (i); ce qui
forme le mot entier A ’fy (2), comme on peut le voir sur notre pièce de 40 mé-
dins, gravée sous le n.° 16, et sur celle de 20 médins, gravée sous le n.° 18(3).
Les médins frappés sous A ly-bey sont marqués des mêmes initiales sembla*
blement disposées ; nous en publions un sous le n.° 20.
Les piastres d A ly-bey offrent cependant une particularité remarquable ; c’est
qu’il lui a plu d’y changer le millésime, et qu’au lieu d’y faire graver celui de
" 71 [ ‘757 de notre ère-], année de l’avénement de Moustafà, il y a fait
mettre 1183 [ 1769 ou 1770 ]. Ce qui le porta à cette innovation, qu’il ne se
permit sur aucune des autres monnoies, c’est sans doute l’intention de constater
1 époque ou il se déclara indépendant, ou seulement l’année où il établit
en Égypte la fabrication de ces pièces (4). Il n’y conserva pas moins le chiffre
du sultan régnant Moustafà, en sorte qu’on ne peut pas dire que cette espèce
de monnoié meme, quoique de sa création, ait été frappée à son coin.
Personne jusquici navoit donné I explication du sens ou de l’usage de ces
lèttres quon remarque sur plusieurs monnoies de Turquie, et qui avôient paru
surnuméraires ou inutiles. Elles serviront, si l’on parvient à connoftre les noms
et le temps précis du commandement des cheykh el-beled, pâcha ou beys qu’elles
désignent, à déterminer davantage l’époque de la fabrication; car, sur les pièces
où on les remarque, elles tiennent ordinairement la place des chiffres qui servi-
roient à indiquer 1 année du règne ou de la fabrication, la pièce ne présentant
du reste que lannee de 1 avènement du sultan, comme nous le verrons à l’article
du millésime (y).
§• V.
Invocations ou Voeux pour le Prince.
G e s t une formule de politesse et une manière distinguée de s’exprimer, consacrées
chez les Arabes par un usage fort ancien, que d’ajouter, après les noms
des grands personnages, lorsqu’on les cite, tels que ceux du Prophète, de ses
descendans, du grand seigneur ou des princes, une invocation ou un voeu en
leur honneur. Celles des formules de cette nature qu’on lit le plus souvent sur
les médailles ou monnoies, sont les suivantes : Que Dieu lui. soit propice (6)!
0/e Dieu prolonge son règne et son empire (y)'. Que Dieu éternise son règne (8)! Que son
régie se prolonge (9)! Ce dernier voeu est celui que portent les piastres ou pièces
d argent, sans chiffre ou toughrâ, frappées à Constantinople, et gravées dans 1 ouvrage de M. Bonneville; la première, sous le n.“ 1, du règne de Moustefà,
(') ^[J]» lâm,ety[L$],yâ, c’est-à-dire,/»'[ J ,o u L]*
(2) • Le même caractère représente alors à-Ia-fois
kj* [ ci] de A ’iy ] et le b [c_> ] du mot drob [c-jj-»].
(3) Voyez k planche jointe à ce Mémoire.
(4) Voyez pag. 368, alin. avant-dern.
(j) Voyez pag. 367 , alin. 3 etsuiv.
£• M . T O M E I I .
(6) Sûly Allah aJleyeh ¿»f J^].
(7) Khald Allah malekah ou sultânah f au! o J ü »
AiUsJLj].
(8 ) Khald Allah malekah [ « d C L au! ].
(9) Dâm malekah [ «cCL *b ],