
un spectacle qui est- très-commun dans les rues du Kaire. Derrière elles est une
fontaine où l’on remarque, pour pierre d’appui, un fragment d’antiquité ; ce qui
est également fort commun dans cette ville.
Fie . 2. LE BARBIER.
L e barbier Égyptien est d’une promptitude et d’une adresse dignes d être citées;
il lui faut beaucoup moins de temps pour raser la tête entière, qu’il n’en faut à
un barbier Européen pour raser le menton. Sa pose est. d’un aplomb remarquable,
que M. Conté a bien exprimé dans ce dessin; la gravure exprime aussi avec fidélité
la mise et la physionomie d’un barbier, et celles d’un homme de la classe des marchands.
On voit dans Je fond de la boutique tout ce qui compose le mobilier
d’un barbier du Kaire ; l’un de ces meubles est un miroir grossissant, qu’il donne
à tenir à ceux qui se font raser. Après l’opération, il a coutume de parfumer la
barbe d’un homme riche avec des eaux aromatiques. Son talent principal est d’arranger
la barbe à chacun, suivant sa condition, son âge et sa figure : en parcourant
les planches de Costumes et A’Arts et Métiers, le lecteur verra les différences que les
Égyptiens observent dans 1a manière de porter la barbe ; ce qui est une des parties
essentielles de la toilette d’un Musulman.
Les pierres à aiguiser dont on se sert pour donner le fil aux'rasoirs, viennent
de l’Archipel, et sont d’une excellente qualité : on sait que c’est du Levant que
nous recevons les meilleures; l’île de Cos, aujourd’hui Stanchio, a dû son nom
à cette espèce de pierre , qui s’y trauvoit en abondance. Le barbier Égyptien
repasse habituellement ses rasoirs sur une longue bande de cuir qu’il porte à sa
ceinture ; ses rasoirs coupent toujours parfaitement.
C e sont les barbiers qui coupent les ongles des mains ; ils le font aussi à l’aide
du rasoir et avec une grande dextérité. Presque tous ils font de la chirurgie et
de la médecine, racontent les nouvelles, et se mêlent d’intrigues, comme par-tout.
On trouve chez eux, ainsi que chez les baigneurs, la pommade épilatoire, dont
les hommes et les femmes font un grand usage ; on sait que cette pommade fait
tomber le poil très-promptement et .sans douleur, dans toutes les parties du corps
où on l’applique. Elle est composée de chaux vive et de réalgar ou oxide dar-
senic. Chez les anciens Égyptiens, les prêtres avoient coutume de se raser le corps
entier tous les trois jours, comme nous l’apprend Hérodote; mais- on ignore s ils
se servoient de pommades épilatoires. Cet historien fait remarquer que les Egyptiens
étoient les seuls qui fussent dans l’usage de se raser la tête et le menton;
quand ils avoient perdu leurs proches , ils se laissoient croître les cheveux et la
barbe, tandis qu’ailleurs se raser étoit le signe du deuil : mais aujourdhui Ion ne
voit en Égypte aucun homme fait qui ait le menton rasé, si ce n’est les Mara-
louks, les Grecs et les Francs.
P L ANCHE X X V I .
F!ig. i. LE TAILLANDIER.
L 'a t e l i e r du taillandier ne diffère pas de celui du forg e ron p o u r la forg e
et les soufflets ; l’enclume est remplacée par un p e tit tas o u par une bigorne.
1| fabrique les faucilles, les grands ciseaux pour tondre les chameaux et les ânes.,
les haches, hachettes, les outils du jardinage, et les qaddoum ou herminettes, qui
r em p la c e n t, chez les ouvriers Turcs, une partie des outils de menuisier et de charpentier,
et leur servent de marteau, de ciseau, de hache, hachette et besaiguë.
C o u t e l l e .
F ig. 2. MOULIN A PLÂTRE.
C e t t e figure est la vue intérieure d’un atelier où l’on pile le plâtre par le
moyen d’un moulin. On a vu, dans la planche i (fig. 2 et 3 ) , la projection du
moulin à huile, presque entièrement pareil a celui-ci, et, planche 11 (fig. 7 et 8 ),
l'explication du moulin à plâtre. 11 suffit ici de faire remarquer que le dé qui
s’élève au centre de l’aire, a une forme conique très-prononcée: on a déjà donné
le motif qui a fait choisir pour l’aire la forme de cône. A mesure que le plâtre est
pilé, un homme le recueille et le serre dans des sacs; il s’occupe aussi à remettre
sous la meule les morceaux de pierre qui n ont pas été pulvérisés.
La vue représente une circonstance très-commune dans tous les moulins du
Kaire, savoir, l’emploi de fragmens d’antiquités Égyptiennes; un morceau chargé
d’hiéroglyphes fait partie du dé, et la meule est un tronçon de colonne de granit
de forte dimension, légèrement cannelé, pour être plus propre à broyer le plâtre.
Cette meule a communément de douze à quinze et dix-huit décimètres [trois à
cinq pieds] de largeur : elle est taillée en cône comme l’aire, ou bien elle prend
insensiblement cette forme.
II est superflu de faire observer combien est simple l’exécution de cette machine,
où toutes les pièces de bois, c’est-à-dire, le levier et les deux axes, sont des branches
grossièrement taillées, ou même encore avec leur ecorce : mais cette grossièreté
d’exécution n’empêche pas le moulin a plâtre' detre une machine économique
et bien conçue.
Le plâtre se pile aussi en Suisse, en Espagne et en France, par le moyen d’un