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l’érudition profonde duquel tous les orientalistes non-seulement de la France,
mais encore de l’Europe entière, s’accordent à rendre un juste hommage, a jugé
cet auteur digne de son attention spéciale et d’un travail particulier, et qu’il a
bien voulu consacrer ses soins à en donner une traduction Française (i), qui a
été publiée il y a cinq ans à l’Imprimerie du Gouvernement, dont la direction
m’étoit alors confiée.
Indiquer les guides que j’ai suivis, et les sources où j’ai puisé mes matériaux,
c ’est sans doute leur assurer le plus grand caractère d’authenticité et d’exactitude;
et cette dernière attribution leur est confirmée d’ailleurs par les documens historiques
que fournit une partie des inscriptions dont ce Mémoire va offrir le développement
et l’explication.
C ’est pour atteindre ce même but d’une manière plus certaine, que jai cru
également devoir accompagner les textes d’auteurs Orientaux relatifs au Meqyâs,
dont se compose la sixième partie de ce Mémoire, de leur' traduction littérale
en langue Latine, la plus grande partie de,ces textes n’ayant pas encore été traduits
ni même publiés en leur langue.
C e recueil m’a semblé devoir être d’une utilité d’autant plus réelle, quêtant en
grande partie composé d’auteurs Arabes nés en Egypte, on y trouvera les évé-
nemens relatifs au Meqyâs, décrits sur les lieux mêmes où ils se passoiênt, et par
des auteurs contemporains que leur position mettoit à portée d’en connoître tous
les détails avec la plus rigoureuse exactitude.
J’ai cru également nécessaire de faire précéder ces textes de quelques passages
d’auteurs Grecs et Latins cités dans ce Mémoire, et dont l’insertion dans les notes
placées au bas des pages auroit pu paraître fatigante au lecteur, quoiqu’il fût
cependant utile de pouvoir les vérifier à mesure qu’il en est fait mention dans
ce Mémoire. Ces derniers passages.sont beaucoup moins nombreux que les textes
Orientaux ; et j’ai aussi ajouté une traduction Latine aux textes Grecs, afin qu’aucun
obstacle ne pût arrêter ceux des lecteurs pour lesquels cette dernière.langue seroit
moins familière.
Ci) ti— *L_sUf j . — .V! j j l çîcYÎj ïiU Yt
-=■—• —- i---->—d— »il o-slj—Jlj
Relation*de l ’Egypte par Abd-Allatif, médecin Arabe
de Bagdad ; suivie de divers extraits d’écrivains Orientaux,
et d’un état des provinces et des villages de l’Egypte
dans le XIV.' siècle; le tout traduit et enrichi de notes
historiques et critiques, par M . Silvestre de Sacy, ¿7c, De
l’Imprimerie im p é ria le , à Paris, MDCCCX.
PREMIÈRE PARTIE .
C H A P I T R E 1.“
D u N il, et de ses diverses Dénominations.
L ’o b j e t particulier de ce Mémoire étant relatif à un monument consacré
uniquement au Nil, et qui en étoit, pour ainsi dire, le temple et le sanctuaire,
si j’ose me servir de ces expressions ; avant de tracer l’histoire succincte des
édifices de même nature élevés pour mesurer les inondations, je ne crois ni
inutile ni étranger au plan que, je me suis tracé, de commencer par dire ici
quelques mots sur les traditions des Orientaux concernant ce fleuve, et sur les
différens noms qu’ils lui ont donnés et qu’ils lui donnent encore.
Ces noms sont en assez grand nombre, et semblent différer absolument les
uns des autres; cependant, en cherchant à découvrir l’origine et la signification
propre de chacun d’eux, je tâcherai d’en tracer la filiation, et de faire voir qu’il
y a entre eux des rapports positifs et beaucoup plus rapprochés que ne l’ont
pensé jusqu’ici ceux qui ne se sont pas livrés à cet examen.
Ces traditions et la discussion de ces dénominations me semblent d’ailleurs
dautant mieux placées ici, que quelques-unes d’elles peuvent servir à mieux
faire comprendre les allusions que renferment différentes inscriptions du Meqyâs,
et les passages des divers auteurs que j’aurai occasion de citer dans le cours de
ce Mémoire.
§ . I . "
Noms du N il che£ les Anciens.
O n. trouve, dans les diverses parties de la Bible, le Nil désigné par quatre noms
différens et nayant aucun rapport entre eux, ni dans leur contexture gramma-
tique, ni dans les. racines auxquelles on les rappelle : ces noms sont ceux de
Gyhhoun p r tU , de Nehr - |n j , de Nehhl et de Ssyhhour 11 fW -
On nest pas entièrement d’accord sur la question de savoir si le premier de ces
noms, qui ne se trouve que dans les livres de Moïse (i), doit appartenir au Nil
d une maniéré cértaine : un assez grand nombre d’interprètes et de commentateurs
ont avancé 1 opinion contraire, qu’ils ont même appuyée de raisonnemens très-
longs (2), mais puisés la plupart dans cette vaine objection, que prétendre que
|1 ' ’ caP‘ î i ’ ■v' 13 • restre, par P. D. Huer, évêque d’Avranches, de l’Aca-
(2) Voyej le Traite de la situation du Paradis ter- demie française, &c. Paris, ,6)1.
É . M . T O M E I I .