
on les écrase en les cueillant, et on les pétrit dans des couffes, après les avoir laissées
exposées au soleil, les rahouakedpendant douze jours, et les enmirï pendant
vingt-cinq : le qantâr de dattes ainsi préparées se vend 7 pataquès. On estime
qu’un palmier peut en donner vingt-sept okes par année.
Ces dattes, confites, sont presque en totalité expédiées pour Alexandrie et
Rosette.
On voit que le produit annuel d’un dattier est à très-peu près, à Bourlos
comme dans la haute Égypte, de 1 y o médins environ. Son fruit sert aussi à
faire une espèce de vinaigre et une espèce d’eau-de-vie dont nous parlerons
ailleurs. (Voyez les Arts et Métiers, planche X L )
De tous les arbres qui croissent en Égypte , le dattier est celui dont on tire
le plus grand parti pour les constructions et dans l’économie domestique : le tronc
de cet arbre fournit les poutres et les solives employées dans les planchers de
toute sorte de maisons, et l’on fabrique avec les différentes parties de ses feuilles
les cages, les paniers, les couffes, en un mot la plupart des meubles et ustensiles
à l’usage des habitans des campagnes. Enfin l’espèce de réseau de fibres brunes qui
est appliqué contre la base du pétiole des feuilles, est employé à faire des cordes.
La vigne est, après le dattier, l’arbre fruitier à la culture duquel on donne
le plus de soin : quoiqu’on en trouve quelques pieds dans tous les jardins de
l’Égypte, c’est particulièrement dans la province du Fayoum, et sur la langue
de terre de Bourlos, que la vigne est, spécialement cultivée ; on fa plante par
marcotte , et on la soutient, comme en Italie, sur des pièces de bois horizontales
que portent des montans verticaux.
A Bourlos, on creuse jusqu’à l’eau les fosses destinées à recevoir les boutures
de vigne ; on met au fond de ces fosses une certaine quantité de fiente de
pigeon. Quelquefois on plante la vigne dans l’espèce de tuyau cylindrique que
forme la souche d’un vieux palmier mort sur pied et coupé à quelques décimètres
au-dessus de terre : cette pratique a pour objet de garantir la jeune vigne
d’un soleil trop ardent et d’entretenir la fraîcheur de ses racines. Onia fume, tous
les ans, avec de la fiente de pigeon que l’on fait venir du Delta et des provinces
de la Charqyeh : cet engrais se vend de 90 à 11 o parats 1 ardeb.
Les raisins de Bourlos sont transportés par mer à Damiette, à Rosette et à
Alexandrie.
Ceux dont les marchés du Kaire sont approvisionnés dans la saison, viennent
de la province du Fayoum. Il y a plus de vergers dans cette province que dans
les autres parties de l’Êgypte : on y voit quelques pêchers et quelques abricotiers
dans des vergers fermés ; l’olivier et le figuier y croissent en plein champ. Il faut
ajouter à ces différens arbres le Cactus Opuntia, dont on forme des haies impénétrables,
et qui, par son organisation particulière, est très^propre à arrêter le cours
des sables et à retenir sur le penchant des collines les terres légères que les eaux
pourroient entraîner.
Les grenadiers, les orangers et les citronniers, sont également cultivés en Égypte,
dans des jardins qui appartiennent aux particuliers les plus aisés : ces jardins sont
situés
situés ordinairement en dehors et à très-peu de distance des villes ; ceux d’Alexandrie,
de Rosette, du Kaire, de Gyzeh, sont les plus remarquables et ceux où les
cultures sont le plus variées. On conçoit, au reste, qu’il y a peu de chose à dire
sur la culture des arbres fruitiers dans un pays où l’usage de la greffe et celui de
la taille sont inconnus.
L’ancienne île de Pharos, qui couvre les deux ports d’Alexandrie, s’appelle aujourd’hui
l'île des Figuiers, parce que ces arbres y sont cultivés avec le plus
grand succès : chacun d’eux est enveloppé d’une enceinte circulaire, faite de joncs,
de roseaux, et de branches de palmier : on élève cette enceinte à 2 ou 3 mètres
de hauteur en l’écartant à y ou 6 mètres de distance du pied de l’arbre ; par ce
moyen, il se trouve garanti des vents de mer et des ardeurs du soleil, sans être
privé des pluies de l’hiver ni des rosées abondantes de l’été.
On voit que les arbres fruitiers de l’Égypte se réduisent à un très-petit nombre.
Il n’y a pas d’arbres forestiers proprement dits. Sous ce rapport, l’Égypte est de
nos jours ce qu’elle étoit du temps de Columelle; à peine en compte-t-on dans
les campagnes quatre ou cinq espèces différentes : ils sont ordinairement plantés
autour des villages, qui, vus de loin, conservent, lors même des plus grandes
sécheresses, un aspect agréable et frais, parce que les arbres qui forment leur
enceinte sont toujours revêtus de leurs feuilles.
L ’espèce d’arbre la plus commune est le figuier sycomore [Ficus Sycomorus1 ,
à l’ombre duquel sont presque toujours établies les machines qui servent à élever
l’eau pour l’arrosage des terres : le bois de cet arbre est employé à la construction
des barques du Nil ; on en fait aussi des planches et des madriers.
Les roues dentées des machines à élever l’eau sont fabriquées ordinairement
avec le bois du rhamnus napeca et celui du mimosa nilotica : la graine de ce dernier
remplace en Égypte l’écorce du chêne pour le tannage des cuirs.
Un mimosa nilotica en plein rapport produit un ¿eisâ-ardeb de graines, qui se
vend 240 médins environ.
. S E C T I O N V I .
Des Animaux élevés par les Cultivateurs.
Les labours, les autres façons des terres, l’élévation des eaux d’irrigation, le
battage des grains, et généralement tous les travaux de l’agriculture, sont exécutés
par des boeufs dans la partie supérieure de l’Égypte, où la chaleur est trop forte
pour l’éducation des bufUes.
Dans l’île d’Éléphantine, les boeufs sont nourris de tiges de dourah ve rt, et
de paille hachée : en descendant de cette ville à Esné, on commence à cultiver
la gesse et le pois des champs, qui leur servent de fourrage, ainsi que les tiges
de lentille,de lupin, &c. L ’achat d’une paire de boeufs ne coûte, dans cette partie
de l’Égypte, que yo à 60 pataquès , et quelquefois ce prix s’abaisse au-dessous de
4 5 pataquès.
Ê . M . T O M E I I . A 11a