Le prix du rotl de cette laine prête à être mise en oeuvre est de 65 médius >
il eh coûte 30 pour la fabrication du tissu, et 15 pour la façon de la robe ; ce
qui la fait revenir à 300 médins environ, ou à 4 pataquès au plus. Ce vêtement
dure un an, ou quatorze mois.
Les fellâh se couvrent encore les épaules d’une pièce d’étoffe de laine en
forme de châle, dont le prix est de 2 pataquès. Ce châle leur sert pendant
deux ou trois ans, de même que celui dont ils s’enveloppent la tête, et qui
coûte ordinairement 100 médins. Enfin, chaque année, ils usent trois paires de
chaussure de l’espèce appelée babouches, du prix de 30 médins chacune.
Voilà à quoi se réduisent tous les frais auxquels un simple ouvrier est assujetti;
son entretien annuel revient, d’après ce compte, à 530 médins ou à 6 pataquès I
environ.
Sa nourriture, étant estimée à 3 médins par jour, coûte chaque année
1095 médins, ou à très-peu près 12 pataquès : ainsi la dépense annuelle d’un
paysan de l’Egypte pour sa nourriture et son entretien peut être évaluée à
1S pataquès, auxquelles il faut en ajouter quatre pour la consommation qu’il fait
accidentellement de café et de viande. Sa dépense totale peut donc être calculée I
sur le pied de 22 pataquès par année; ce qui revient à un peu plus de 70 francs I
de notre monnoie.
Ce que nous venons de dire s’applique particulièrement aux cultivateurs de I
.la haute Egypte ; la consommation de ceux du Delta doit être évaluée un peu I
plus haut.
La quantité de travail que ces hommes exécutent est nécessairement moindre ■
que si leurs alimens étoient plus substantiels, et s’ils réparoient par une nourri I
ture plus succulente les pertes abondantes qu’une transpiration continuelle leur ■
fait éprouver. Voici, au reste, quelques données qui peuvent servir à l’évaluation I
de cette quantité de travail.
Un homme, conduisant une charrue attelée de deux boeufs, laboure un feddm I
de terre en deux jours, ou en deux jours et demi au plus.
Nous avons dit ailleurs que, dans le travail des arrosemens par le moyen du ■
dclou, un homme élevoit par minute 49 litres d’eau et à la hauteur de 2m,88. I
Voici une autre expérience qui indique la quantité de déblais qu’il peut exécuter ■
et transporter dans un jour.
Quatre hommes, travaillant pendant un jour et demi, ont creusé, dans la I
plaine de Syout, un puits vertical de ym,y22 de profondeur sur 1 m,c de diamètre, I
et en ont élevé les déblais à im,y environ au-dessus du sol ; ce puits étoit I
presque circulaire.
Le cube du déblai a été, par conséquent, de 9 mètres cubes lesquels ont ■
été élevés à la hauteur moyenne de 3“ ,26.
Ainsi le travail de chaque homme par journée de travail a consisté dans la 1
fouille et charge de 1m,y y 2 cubes de terre, et dans l’élévation verticale de cette I
niasse à 3m,26 de hauteur.
La fouille se fait au moyen d’une petite pioche à manche très-court, et dont I
le fer a la forme d une pelle ; le travail des ouvriers se réduit, pour ainsi dire, à
gratter la surface de la terre, qu ils font entrer, à mesure qu’elle est ameublie et
réduite en petites masses au moyen de cet outil, dans une coup ou panier
flexible de feuilles de dattier, qu’ils tiennent ouvert entre leurs jambes pendant
qu’ils sont courbés pour piocher.
Lorsque ce panier est rempli de terre, et qu’il s’agit de l’élever verticalement
du fond d’un puits, ils l’accrochent, par une anse de corde de palmier qui y est
adaptée, à un crochet de bois, attaché lui-même à une corde de la même matière,
que tiennent et que manoeuvrent les ouvriers placés sur le bord de ce puits.
Quand il s agit de transporter des déblais sur un chemin horizontal ou en
rampe, comme cela a lieu fréquemment en Ëgypte pour la construction ou la
réparation des digues, les manoeuvres employés à faire ce transport, hommes,
femmes ou enfans, posent sur leurs têtes les couffes pleines de déblais ; ils lés soutiennent
d’une main, et ils vont, en marchant au pas, les jeter sur la décharge
indiquée.
Les transports éloignés se font à dos de chameau, ou à dos d’âne. La charge
dun chameau, quand il doit remplir une course un peu longue, ne va point au-
delà de deux ardeb de blé, les deux ensemble du poids de 2jo kilogrammes
environ. Avec cette charge, un chameau, marchant au pas, parcourt 2000 mètres
en 25 minutes, ainsi que je m en suis assuré par plusieurs expériences.
Outre sa charge ordinaire en denrées, un chameau porte encore quelquefois
son conducteur. On estime à 7 médins la nourriture journalière d’un chameau.
La charge d un âne est d’un ardeb seulement.
Ce sont des boeufs qui sont généralement employés aux travaux de l’agriculture
: la nourriture d un boeuf est estimée de 8 à 12 médins par jour. Dans la haute
Egypte, on n’entretient des troupeaux de buffles que pour le lait qu’ils fournissent;
on na point essayé de s’en servir à la manoeuvre des machines à arroser, parce
que ces machines ne sont point mises à l’abri du soleil, dont ces animaux ne peuvent
supporter l’ardeur : mais, dans le Delta, les buffles mâles sont employés à ce
travail, parce que le climat y est plus tempéré, et que, d’un autre côté, il n’y a
guère de machines à pots qui ne soient abritées par un ou plusieurs sycomores.
S E C T I O N I V .
De l ’E ta t des Cultivateurs en Egypte. — Qttelques Notions sur
l 1Administration des VillagOes.
Les détails dans lesquels nous venons d entrer sur les besoins, la nourriture et la
manière de vivre des fellâ h , suffisent pour montrer que la fertilité de l’Egypte
contribue peu au bien-être de ses habitans, et que fagriculture n y a pas reçu de
grands encouragemens : cela tient à ce que les cultivateurs ne sont pas propriétaires,
et que, sous le gouvernement des Mamlouks, la terre étoit surchargée de
toutes les contributions qu’elle pouvoit supporter. Aussi peu disposés à profiter
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