des ânes, des moutons et des chèvres. En général, tous les habitans de la partie
la plus méridionale de l’Égypte viennent s’approvisionner à Esné de toutes les
marchandises qu’on y envoie du Kaire, et ces marchandises consistent principalement
en f e r , plomb, cuivre, savon et r iz , &c., en draps d’Europe de diverses
qualités et en étoffes de Syrie. Cette ville sert aussi d entrepôt a quelques objets
importés parla caravane de Sennaar, tels que des plumes d autruche, de 1 ivoire,
de l’ébène, de jeunes esclaves des deux sexes : mais ces esclaves n y demeurent
que le temps nécessaire pour se reposer et se rafraîchir ; on se hate de les expédier
au Kaire par le Nil.
On envoie également au Kaire, et par la même voie , de l’huile de laitue
en assez grande quantité, un peu d’huile de carthame, une petite quantité de blé
et d’autres grains, des dattes, du charbon, du sene et de lalun.
Le qautâr d’huile est de cent vingt-deux roi/: pour le fret du qantâr on paye 4o parats depuis Esné jusqu’au Kaire, villes qui sont eloignces lune de 1 autre
de soixante-six myriamètres environ.
On appelle medd une unité de mesure particulière usitée dans le commerce
des dattes sèches que l’on tire de Syène et de la Nubie; cette mesure de-dattes,
du poids de vingt rot/, se vend à Syène de 4o à 50 parats. Le poids du qanlâr
est de deux cent cinquante rot/; il coûte 80 parats de transport jusquau Kaire.
L e commerce de dattes est très - considérable a Syene ; il y a des marchands
qui en expédient, pour leur propre compte, jusquà quatre ou cinq mille qantâr
par année.
Après les dattes sèches, le séné est l'objet le plus important du commerce de
Syène. Cette plante croît spontanément dans le désert compris entre le Nil et
la mer Rouge, en descendant vers le sud a partir dEsnc. Les Arabes de la
tribu des A ’bâbdeh, qui récoltent cette plante, la scient a quelques décimètres au-
dessus de terre, lorsqu’elle est en graine; ils la font sécher au soleil pendant deux
jours ; ils l’enferment ensuite dans des sacs ou grandes couffes de feuilles de
palmier, et la transportent à dos de chameau jusqua Syène, où elle est achetée
par cinq ou six marchands avec lesquels ces Arabes correspondent.
Le prix d’une charge de chameau de séne est, a Syene, dans les ventes quen
font les Arabes, de 5 à 6 sequins zer-mahboub de 180 medins chacun.
Le commerce du séné, en Egypte, nétoit point un commerce libre, les beys
s’en étoient rendus maîtres, et avoient affermé le privilège exclusif de le faire :
le prix annuel de cette ferme ou de cette palte étoit de soixante bourses. Le
fermier, qui résidoit au Kaire, etoit, au moment de 1 expédition Française,
M. Carlo Rosetti, consul de Venise et d Autriche.
Ce fermier avoit transmis son droit a un sous-traitant résidant a Syene. Celui-ci
achetoit le séné des marchands Turcs qui en avoient traité avec les Arabes,
en assurant à ces marchands un cinquième ou un sixième au moins de bénéfice ,
et il le cédoit au fermier sur le pied de 15 pataquès environ la charge de
chameau.
Le séné brut, tel que les Arabes l’ont récolté, est expédié de Syène, dans la
saison de l'inondation , sur de grandes barques du Nil ; on paye 30 parats de
fret pour le transport d’une charge de séné jusqu’au Kaire. On en expédie annuellement,
par cette voie, de huit cents à mille qantâr. C ’est au Kaire, dans
lès magasins et sous la surveillance du fermier, que se fait le triage de cette
marchandise suivant ses qualités. Après avoir subi cette préparation, le prix moyen
du séné qu on appelle séné de la ferme ou de la palte, est de 30 pataquès le qantâr
de cent rot/.
Nous avons déjà dit qu’une grande partie du charbon de bois consommé dans
l’Égypte moyenne et au Kaire étoit fabriquée par des Arabes qui habitent le
désert, sur la rive droite du Nil, à trois ou quatre journées de ce fleuve. Les
facteurs de quelques marchands d’Esné, qui font exclusivement ce commerce,
l’achètent de ces Arabes, qui l’apportent à Redesyeh.
Le charbon se vend, sur ce point, de 90 à 120 parats la charge de chameau;
ou paye de fret 30 parats du qantâr, pour le transport de cette denrée jusqu’au
Kaire, où il en est expédié chaque année trois à quatre mille qantâr, dont chacun
se vend communément, sur le marché de cette ville, deux zer-mahboub ou
360 parats.
L’alun est un objet de commerce pour le village de Goubânyeh, situé sur la
rive gauche du Nil, à quatre heures de chemin au-dessous de Syène. Les habitans
de ce village et ceux de quelques villages voisins, réunis à quelques Arabes
A ’bâbdeh, forment une caravane qui va Une fois tous les ans chercher de l’alun
dans le désert, à dix journées de chemin de Goubânyeh. Cette caravane est composée
de trente ou quarante hommes et d’une cinquantaine de chameaux ; elle
se dirige vers le sud-ouest, et marche pendant dix jours dans des montagnes de
grès ; elle trouve au-delà une grande plaine sablonneuse, à travers laquelle la route
se prolonge en descendant par une pente douce vers l’endroit où se trouve
l’alun. C e sel est disposé en une seule couche, dont l’épaisseur varie de 2 à
i y pouces ; elle est recouverte du lit de sable qui forme lui-même la surface
du sol, et qui peut avoir 6 ou 8 pouces de hauteur : ce sable est sec et pulvérulent.
L ’alun repose sur un autre lit de sable humide, qui a la même saveur
que l’alun , et dont l’épaisseur est incertaine.
Ce t alun est humide à 1 instant de son extraction ; on le casse en morceaux,
et on le fait sécher au soleil pendant dix ou douze heures; ensuite on le met
dans de grandes couffes de feuilles de palmier, que l’on transporte à dos de
chameau jusqu’à Goubânyeh, où l’on vient le chercher d eQ en é ,d e Syout, du
Kaire, de Mehallet el-Kebyr, et des autres endroits de l’Egypte.
L’extraction de l’alun dure deux jours, après lesquels la caravane se remet
en route pour revenir à Goubânyeh. Ce voyage exige, comme on le voit, pour
l’aller et le retour,, de vingt-deux à vingt-cinq jours (1).
(1) Voici quelques détails sur l’itinéraire de cette A trois jours démarché de ces fontaines, on en trouve
caravane. A deux lieues démarché de Goubânyeh, on d’autres nommées £7e$\ Enfin, vingt-quatre heures après,
trouve un puits au pied d’une montagne, en un lieu on trouve un puits creusé dans delà terre, désigné sous
appelé Gourgour ; trois jours après, on trouve encore le nom de Psafa. L’eau de ce puits est très-douce:
quelques fontaines dans une vallée appelée Dongoùl. celle des autres n’est pas si bonne; mais cependant elle