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 abandonnées,  reprendre  leur  ancienne  fertilité;  et cette  circonstance  s'accorderait  
 admirablement  avec  les  nouveaux  besoins  d’Alexandrie,  qui,  plus  peuplée,  plus  
 active, n’absorberait pourtant  pas une plus grande  partie des  productions  actuelles  
 de  l’Egypte. 
 Quelles  que  soient  les  spéculations  dont  le  canal  dont  nous  nous  occupons  
 pourra  devenir  l’objet,  la  ville'd’Alexandrie  est  trop  nécessaire  à  l’Egypte  pour  
 qu’on  la laisse exposée à  perdre  en un  instant  toute  communication avec  le Nil. 
 Nous  avons déjà dit que,  vers l’extrémité du lac d’Abouqyr, une  digue  en pierre  
 de six  à sept pieds  d’épâisseur  le  séparait du canal.  Cette muraille, quoique récemment  
 ..construite-, avoit été faite avec assez de solidité : mais,  comme elle n’est point  
 entretenue,  elle  se  dégrade,  et  les accidens  les  plus  graves  seroient  la  suite  de  sa  
 rupture;  car, les  eaux  du  lac  étant plus basses  que  celles  du  canal, celles-ci  s’écouleraient  
 toutes à la mer. Mais bien plus,  si  la rupture étoit  l’effet  d’un violent  orage  
 qui  renversât encore  la  seconde digue du canal, alors  les  eaux du  lac d’Abouqyr se  
 répandroient  dans  toute  la  plaine qu’occupoit autrefois  le  lac Mareotis,  et qui est  
 encore  plus  basse  que  le  niveau de  la mer.  Alexandrie  se  trouverait donc  placée  
 de  nouveau  sur  un  isthme  très-étroit,  comme  au  temps  de  l’existence  de  ce  lac,  
 mais aveicette différence  qu’on  n’y pourrait plus  faire-parveniivles  eaux du Nil  (ij. 
 Il  faut  donc  rétablir  les,  digues  qui  séparent  le  lac  d’avec  le  canal;  il  faut  en  
 construire  de  nouvelles  dans  tous  les  endroits  qui,  peuvent  inspirer  quelques  
 craintes.  Il  seroit  peut-être  même  plus  prudent  et  plus  facile  d’éloigner  le  canal  
 du  lac,  et  cela ne  seroit  pas plus  coûteux;  car,  la  plaine  dans laquelle  il  passerait  
 étant  très-basse, ainsi que  nous  l’avons déjà  dit, il suffirait  d’ëlever  des digues pour  
 que le canal fût formé. Enfin,  si  l’on  rétablissoit  la digue  qui  sépare  le  lie  d’avec  la  
 mer,  ou,  du moins,  si  l’on  veilloit  à  ce  qu’elle  ne  se  détruisît  pas davantage,  on  
 n’auroit point  à  craindre  les accidens dont  les  grands mouvemens  des  eaux  du lac  
 pourraient être  la cause. 
 Les  travaux  que  l’on  pourrait  entreprendre  pour  que  le  canal  d’Alexandrie  
 demeurât continuellement  navigable, ne  seroient point  exécutables  dans une seule  
 année; mais  ils pourraient être  tellement dirigés, que dès  la première  ils  offrissent  
 déjà  de  très-grands  avantages.  Ainsi l’on  peut dans  une  année rendre la navigation  
 facile  pendant  trois mois de  l’année suivante. Une  somme  de  deux  cent soixante  
 mille francs  suffirait  à  cette  entreprise.  Voici comment on peut obtenir ce résultat 
 Un  nivellement  fait  dans  les  huit  premières  lieues  du  canal,  e n . partant de  
 Rahmânyeh, a fait connoitre que  sa pente  est  très-considérable dans  cette première  
 partie,  tellement  qu’il n’en  conserve presque plus  dans  le  reste  de  son  cours.  Cette  
 grande  inclinaison  est  le  résultat des dépôts  annuels  de  limon,  qui  sont  beaucoup  
 plus  Considérables vers Rahmânyeh  que  vers  Alexandrie.  II  suffirait  donc de  travailler  
 dans  les huit premières  lieues, en  creusant de deux mètres et demi à l’entrée 
 (i)-  Cette appréhension a été realisee par l’événement,  cien  lit  du  lac  Mareotis  les  eaux  du  lac  d’Abouqyr et  
 lorsque  les  Anglais,  assiégeant  Alexandrie  en  1801,  de  la  Méditerranée,  
 coupèrent les digues du canal, et  firent écouler dans l’andu 
 du canal,  en  diminuant de  profondeur  proportionnellement à  la distânee  où  l’on  
 seroit  de  I entrée,  en  sorte  quau  bout  des  huit  lieues  on  retrouvât  l’ancien  fond  
 du  canal.  En exécutant  cette opération  sur  dix mètres  de  largeur, il y auroit quatre  
 c e n t   soixante-huit  mille  mètres  cubes  à  enlever;  si  l’on  y  ajoute  cent  trente-deux  
 mille  autres mètres pour les  travaux qu’exigent quelques  parties  du canal,  et notamment  
 la  plus  voisine  du  lac  d’Abouqyr,  on  aura  en  tout  six  cent  mille  mètres  
 cubes,  dont  le  déblaiement,  estimé  à  douze  medins  chacun,  tous  frais  compris,  
 exigerait un peu moins de deux  cent soixante mille  francs.  Quant  au  temps  nécessaire  
 pour l’exécution, il ne  faudrait que cent cinquante jo.urs; car  il seroit possible  
 de réunir  deux mille  sept cents  ouvriers,  et  ils  enlèveraient  certainement  chacun  
 plus d’un mètre  et  demi cube  par jour.  Or  les  cultivateurs  ne  peuvent  avoir  que  
 cent  cinquante jours  à leur  disposition  dans  les  deux  intervalles  compris  entre  le  
 temps des semailles  et  celui de  la  récolte,  et  depuis la récolte  jusqu’à l’inondation. 
 Nous  n’entrerons  pas  dans  tous  les  détails  particuliers  des  nouvelles  directions  
 qu’il  faudrait  donner  à  certaines  parties  du  canal  pour  en  rendre  la  navigation  
 plus facile; nous  observerons  seulement  que, son  cours général  étant  à peu près de  
 l’est à  l’ouest,  et  les  vents  régnans  étant  toujours  du  nord  ou  du  sud,  il  faudrait  
 faire en sorte  qu’aucune de'ses  sinuosités ne  fût dans  cette  dernière direction,  afin  
 que  l’on  pût  également  monter  et  descendre  dans  toutes  les  saisons,.  Quant  à  
 l’entrée et à l’ëmbo&chure du canal, il faudrait y faire des changemens indispensables,  
 et que nous  allons  indiquer. 
 Le changement  qu’il  y  auroit  à  faire  à  l’entrée,  seroit  de  la  placer  auprès  de  la  
 redoute  de  Rahmânyeh.  Cet  endroit,  qui  conserve  plus  de  trois  mètres  de  profondeur  
 d’eau  dans le  temps  où  il  y en  a  le  moins,  pourrait  avec  peu  de  travail  
 devenir un port vaste et commode.  Il se  trouverait placé auprès d’une île  qui seroit  
 extrêmement  favorable  à  l’établissement  des  magasins  nécessaires  à  une  pareille  
 navigation. 
 Les obstacles  qu’il  faut  éviter avec  le plus de  soin  dans  les nouvelles  routes  que  
 l’on veut donner au  commerce,  ce sont  les  chargemens, les entrepôts  fféquens,  qui  
 causent  souvent  des retards, nécessitent l’établissement  des douanes,  et par  conséquent  
 des  taxes  sur  les marchandises.  Il  faudrait  donc  que  le  canal  d’Alexandrie  
 communiquât avec  la mer,  afin  qu’on ne fût pas obligé  de  transporter  par terre les  
 marchandises  apportées  par  la  voie  du  canal.  Mais  ,  avant  d’indiquer  l’endroit  
 du  port  où  il  paraîtrait  convenable  que  le  canal  aboutît, nous  rappellerons  que,  
 lorsqu’Alexandre  fit  joindre  l’île  du  Phare  à  la  terre  ferme ,  et  donna  de  cette  
 manière deux ports à  Alexandrie,  on  sentit la  nécessité  de  les  faire  communiquer  
 entre  eux,  afin  que  les  vaisseaux  pussent  sortir  dans  presque  toutes  les  saisons;  
 on  laissa à cet  effet deux ouvertures  dans  l’Heptastadium  :  ces  deux  ouvertures  se  
 sont fermées  en même  temps  que  l'Heptastadiam  s’est  élargi  par  les  attérissemens ;  
 en sorte que  la ville moderne occupe,  comme  on  le  sait, la place de cette  ancienne  
 chaussée. 
 La  nécessité  de  faire  communiquer  entre"  eux  les  deux  ports  étant  toujours  la  
 meme,  nous  pensons  que,  si  l’on  formoit  une  vaste  coupure  qui  les  joignît,  il 
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