
mélangés de petits cristaux de sulfate de chaux. Après une lieue et demie de ce terrain tourmenté, le
sol s'abaisse encore ; il est humide et boueux. De l’autre côté, l’on trouve, en s’élevant, quelques
coquillages sur du sable; puis du sable sans coquilles, sur lequel il y a du carbonate de chaux qui
paroît se décomposer, et enfin des cristaux de gypse rayonnant, la pointe en bas. Le terrain est
boursouflé et fendu, non comme par l’effet d’un retrait entre ses parties, mais au contraire comme si une
plus grande extension les eût soulevées et brisées.
Les parties les plus saillantes de ce terrain sont des masses de muriate de soude, qui présentent des
crevasses de quelques pouces de largeur, à travers lesquelles j’ai sondé sans trouver le fond à un mètre
de profondeur au-dessous du muriate de soude.
Le 2. frimaire, en sortant de ces bas-fbnds, nous avons marché au sud-ouest, et nous nous sommes
beaucoup rapprochés des montagnes auprès desquelles passe la route de Belbeys à Soueys ; ensuite nous
avons dirigé notre marche à l’est; nous avons traversé les vestiges du canal au sud des bas-fonds du centre
de I’isthine ; nous sommes revenus ensuite directement à Soueys, en traversant un plateau élevé, formé
de gros sable ; nous avons, près de la mer, repassé à fouest du canal, et nous sommes arrivés à Soueys.
RENSETGNEMENS recueillis auprès de plusieurs Cheykhs et Habitons de la vallée des
Toumylât, dans les derniers jours de Nivôse an p , par M . DEVILLIERS, chargé
de relever les canaux du N il depuis le Kaire jusque dans la vallée des Toumylât.
L a plus grande hauteur d’eau dans la vallée a été entre A ’bbâceh et Ras el-Ouâdy. D’après le rapport
des habitans de Toumylât el-Cheryf, elle a pu s’élever à quinze pieds près d’A ’bbâceh. Quand les eaux
baissent, les environs d’A ’bbâceh se découvrent d’abord ; le terrain voisin de Râs el-Ouâdy se dessèche
ensuite, et l’inondation se concentre vers Abou-Nechâbeh, vis-à-vis duquel paroît être le point le plus
bas de la vallée.
L ’eau ne pénètre dans TOuâdy que par de petits canaux dérivés de celui de Belbeys, mais dont le
fond est plus élevé ; en sorte qu’elle ne peut s’y introduire que dans les grandes crues, qui n’arrivent
guère que tous les cinq ou six ans : encore fàut-il que les Toumylât viennent couper d’autorité les
digues d’A ’bbâceh et de Seneka, malgré les habitans des villages supérieurs. Cette coupure se fait entre
Seneka et Messit. On se rappelle qu’il y avoit autrefois un grand pont d’une seule arche, entre Seneka
et Messit sur le Bahr el-Ramel, près de Baatyt. L’utilité d’un canal qui, tous les ans, conduirait régulièrement
l’eau dans l’Ouâdy, n’est pas douteuse : il suffirait de creuser plus profondément un des petits
canaux dont nous avons parlé. Mais il seroit nécessaire en même temps de rétablir la digue de Seneka
ou celle d’A ’bbâceh, afin de ne donner entrée dans l’Ouâdy qu’à la quantité d’eau nécessaire pour l’arroser
sans la submerger. Cette submersion totale fait perdre pour la culture l’année que les eaux mettent à
se retirer : ainsi ce n’est que le té prochain que les terrains de l’Ouâdy pourront être cultivés. Dans les
années où l’eau du Nil ne pénètre pas dans l’Ouâdy, le peu de culture que Ton y entretient se fait au
moyen de l’eau des puits, qui ne manque jamais.
Dans les crues extraordinaires de cette année, les eaux ont rompu la digue de Râs el-Ouâdy, et
n’ont pas dépassé, à l’est et au sud, le lieu nommé Cheykh-Henâdy ; mais elles se sont répandues au
nord jusqu’à Râs el-Moyeh. Un cheykh nous a dit : R â s cl-Moyth el-Ballah a vu l'eau du N i l cette année.
Nous rapportons cette expression, qui est celle même de cet Arabe.
On ne coupe jamais la digue de Râs el-Ouâdy. Les Toumylât disent qu’ils n’y trouveraient aucun
avantage, et cela se conçoit facilement.
Il y a vingt-quatre ou trente ans que le Nil n’avoit porté autant d’eau dans I’Ouâdy.
F IN D U T O M E I I .
TABLE DES MÉMOIRES
C O N T E N U S D A N S L E T O M E II.
N o TICE sur la conformation physique des Égyptiens et des différentes
races qui habitent en Égypte, suivie de quelques réflexions sur l ’embaumement
des momies ; par M . le baron Larrey, docteur en chirurgie
de Paris et en médecine de l ’université d ’Iéna, membre de l ’Institut
d ’Egypte et de plusieurs académies, l ’un des commandons de la Légion
d’honneur......................................................................................................... pag.
Mémoire sur la partie occidentale de la province de Bahyreh, connue anciennement
sous le nom de nome Maréotique ; par M . Gratien Le Père,
ingénieur en chef au corps royal des ponts et chaussées..........................
Notice sur la préparation des peaux en Egypte ; par M . Boudet,pharmacien
en chef d’armée en Égypte, membre de l ’Institut d ’Égypte et de la
Légion d’honneur..........................................................................................
Mémoire sur le Meqyâs de l ’île de Roudah, et sur les inscriptions que renferme
ce monument; par J. J. Marcel, membre de la Légion d'honneur..........
Voyage dans l intérieur du Delta, contenant des recherches géographiques
sur quelques villes anciennes, et des observations sur les moeurs et les
usages des Egyptiens modernes; par M M . du Bois-Aymé et Jollois,
ingénieurs des ponts et chaussées, membres de la Commission des sciences
et des arts d Egypte, chevaliers de la Légion d ’honneur...........................
Abrégé chronologique de l'histoire des Mamlouks d ’Égypte, depuis leur
origine jusqu'à la conquête des Français ; par M . Delaporte, membre
de la Commission des sciences et des arts d ’Égypte, chancelier-interprète à
Tripoli de Barbarie......................................................................................
Mémoire sur le canal d ’Alexandrie ; par M M . Lancret et Chabrol,
ingénieurs des ponts et chaussées ■......................................................
Description hydrographique des provinces de Beny-Soueyf et du Fayoum ;
par P. D. Martin, ingénieur au corps royal des ponts et chaussées. . . .
Notice sur les poids Arabes anciens et modernes ; par M . Samuel Bernard.
Nomenclature des tribus d’Arabes qui campent entre /'Égypte et la Palestine,
depuis Khân Younes et Ghazzah jusqu’à ïOronte, et dans la partie
septentrionale du désert qui sépare la Mecque de ta Syrie ; par M . le
chevalier Amédée Jaubert......................................................