sculpture ne le cède en rien à celle des bas-reliefs des plus beaux temples de la
haute Ëgypte. Tout annonce que ce morceau précieux provient d’une frise ou
d’un grand bas-relief d’un temple des environs. A la dépouille de vautour dont
ia figure est coiffée, on reconnoît la déesse Isis : il y a dans ses traits une expression
pleine de douceur et d’agrément.
A quatre cents mètres de Kafr Meliallet Dâoud, sur le bord du canal de
.Damanhour , et à quatre cents mètres de Rahmânyeh, on voit une ancienne
maçonnerie en briques de forte dimension, posées avec une grande quantité de |
mortier à chaux. On nous apprit qu’il y avoit eu là jadis une ville chrétienne,
et que ces constructions étoient des bains. En effet, nous y remarquantes des I
bassins, soit longs et étroits et voûtés cylindriquement, soit circulaires ou demi-
circulaires. Les uns et les autres étoient d’abord enduits d’un excellent ciment I
rouge, recouvert d’un autre ciment blanc, très-dur et très-fin : les gens du pays
rapportent qu’il a été fabriqué avec de l’huile. Après deux rangs de briques, il y I
avoit encore pareil ciment et pareil enduit.
Après Aflàqah et Qâbyl, en allant vers l’ouest, on trouve beaucoup de ruinesl
qui ont appartenu à des villes ou bourgades jadis florissantes. Les deux rives du 1
canal sont bordées de monticules couverts de briques cuites, restes d’anciennes!
habitations et d’un état de choses qui n’est plus depuis long-temps. Avec les!
avantages du canal, le pays a perdu presque toute son importance et sa popu-l
lation. La culture elle-même a cessé, et le village de Besentouây est le dernier, de
ce côté, qui soit un peu considérable.
Selon le rapport que nous a fait lelcheykh Arabe appelé Mosbah, il y a un lac
de natroun à trois lieues seulement de Damanhour : ce natroun est d’une qualité!
médiocre. La position correspond à peu près au village de Mehallet-Kheyl, non |
loin de la limite la plus orientale du lac Marcotis. En se dirigeant vers le nord-l
ouest auprès du village de Senhour, on trouve, sur une terre grasse extrêmement!
noire, de l’eau salée et du sel marin cristallisé, sans doute mêlé d’un peu deI
natroun (1).
Lorsque d’Abou el-Khasr, village situé sur le bord du canal d’Alexandrie et ■
aujourd’hui abandonné, on se rend à celui de Birket, on traverse d’abord ce canal.I
Environ vingt-cinq mètres plus loin, on en traverse un autre fort régulier qui al
seize à dix-sept mètres de large : il se rejoint, près de Qeraouy, avec la branchej
actuelle ; et, de l’autre côté, il se dirige vers Besentouây. Les gens, du pays disent!
que c’est un ancien canal, et qu’il prend ses eaux à A ’iféh, près deFoueh. Nous
l’avons retrouvé et traversé en nous rendant directement de Birket à Rahmânyeh,!
un quart de lieue avant Besentouây; mais il est, dans cét'endroit, beaucoup plus
petit qu’à Birket. Cette circonstance vient à l’appui de l’opinion que nous avons!
conçue à l’égard du canal actuel d’Alexandrie, que nous regardons comme étant
formé par la réunion de plusieurs canaux autrefois différens (1).
(1) Ces observations ont été écrites en 1800 : l’état qui date de 1801. Aujourd’hui le village Torme une île
des lieux est bien changé , depuis que la digue du du lac.
canal a été rompue par l’armée Anglaise, et que la mer (2) A Besentouây, nous avo'ns vu des gazelles bon ir
est entrée dans l’ancien lit du.Iac Mareotis ; événement librement dans la plaine.
Sur le bord de cette ancienne branche, en face d’Abou el-Khasr, est un monticule
très-considérable, couvert de briques. Toute cette partie de la province
Je Bahyreh est remplie d’une multitude de buttes semblables, sur-tout de Birket
à Alexandrie. 11 y en a une en face de Birket même, de l’autre côté du canal.
D'un seul point nous en avons aperçu quinze dans le même horizon. Les monticules
sont, sans nul doute, les restes d’anciennes villes ou bourgades. Il faut avoir
vu cette vaste plaine pour se faire une idée de ce qu’elle a pu être autrefois.
Lelohâ est un de ces villages abandonnés, sur la rive gauche du canal. Sur la
rive droite est el-Nechou, placé en même temps à l’angle sud-est du lac d’Abouqyr.
Là commence une chaîne de hauteurs parallèles au canal, et qui viennent le toucher
auprès de Keryoun. Ce ne sont point des ruines de briques; et nous conjecturons
qu’elles ont servi de digues ou de levées pour un canal. Près de là est une
muraille en pierre qui sépare le canal du lac d’Abouqyr, et qui est épaisse de
i” à i m,g ; le ciment est d’une grande dureté. Elle fait partie d’une digue de
terre de six mètres environ d’épaisseur (i). On trouve en plusieurs endroits des
constructions analogues, et qui paroissent d’origine Grecque. Le canal est séparé
des marais salans par de fort grandes murailles de pierre , dont quelques-unes sont
renversées jusqu’aux fondemens. A Beydah, situé sur un monticule, est un mur
antique, en briques longues de deux à trois décimètres, liées avec beaucoup de
mortier. On trouve de larges puits en briques en cet endroit, ainsi qu’à Birket.
Au village* de Keryoun , auprès d’une citerne, nous avons encore trouve un
fragment de la haute antiquité, consistant en un reste de bas-relief Égyptien, en
pierre calcaire ; la longueur est d’environ un mètre : les deux autres dimensions
ont deux à trois décimètres. Sur l’une des grandes faces sont représentés les orne-
mens qu’on appellefers de lance, mais qui seraient mieux comparés à des faisceaux
de plantes,symboliques. Ce fragment, ainsi que ceux du village d’Aflâqah, ont-
ils été apportés, ou bien y avoit-il des monumens Égyptiens dans ces divers
endroits! Nous sommes portés.à croire que les uns et les autres proviennent
des ruines de l’ancienne Hermopoüs parva, qui étoit située au même lieu que
Damanhour.
§. II.
L ac d’Edkou et Environs.
E n t r e Edkou et les digues d Abouqyr, la mer s’élève quelquefois fort au-
dessus des terres ; quand elle se retire, elle laisse à nu un terrain noir, composé
des dépôts, fort anciens du Nil. La surface de ce terrain est exhaussée d’un ou
deux pieds au-dessus du niveau de ia mer ; elle est par-tout recouverte de sable.
Il y a cependant un endroit où l’on marche sur l’ancien terrain même. Sur la
(i)Dans le Mémoire sur le canal d’Alexandrie ( ci- totale de la digue : la partie en pierre n’a qu’un mètre
dessus, pag. 186) , il est question d’une digue en pierre ou im j.
ayant six à sept mètres d’épaisseur; mais c’est là l’épaisseur