
toute autre couleur brillante ; en général, les couleurs ternes et sombres ne conviennent
point aux Africains.
Il faut ajouter aux draps mis en oeuvre qui composent cet article, cinq cents
pyk de velours, à y ou 7 zer-mahboub le pyk. Ce velours sert à vêtir les grands
du pays, et à recouvrir la selle de quelques chevaux.
Les quincailleries dont la caravane de Dârfour se fournit en Egypte, consistent,
1 en vingt caisses de rasoirs formant quatre mille paquets, d’un zer-mahboub
chacun ; 2.° en un millier environ de paquets de limes, dont l’un, composé de
quatre limes, se vend 90 médins.
Elle emporte de 200 à 500 qantâr d’alquifoux, ou mine de plomb sulfuré ; le
qantâr de cette matière est du poids de 14o rotl, et se vend de 6 à 10 pataquès.
Les seuls métaux dont elle s’approvisionne au Kaire, sont l’étain, le plomb et
le vieux cuivre : cet approvisionnement annuel consiste en 500 qantâr detain, au
prix de 30 pataquès; en y00 qantâr de plomb, au prix de 20 à 22 pataquès ; enfin
en 1000 qantâr de vieux cuivre, au prix de 20 à 2y pataquès. Ce dernier métal
est remis en oeuvre dans le pays de Dârfour pour faire des parures de femme.
Quant aux armes, la caravane achète seulement vingt ou trente fusils Européens
de y à 6 zer-mahboub la pièce, une vingtaine de pistolets, et environ cent
lames de sabre de cavaljer fabriquées en Allemagne ; chaque lame se vend ordinairement
2 pataquès : on les monte dans le pays.
Enfin elle emporte yo qantâr de poudre à canon de la fabrique du Kaire,
en cartouches toutes faites, à 1000 parats le qantâr.
Un chameau chargé de marchandises paye, en partant de Boulaq pour retourner
à Dârfour, 38 parats de droit.
En général, les divers objets importés de Dârfour en Egypte y sont échangés
contre d autres marchandises : sur une valeur de 1000 piastres en objets importés,
900 sont employées à cet échange ; les 100 piastres restantes sont exportées en
nature pour être transformées en bracelets et autres ornemens d’argent.
§. II.
Caravane de Sennaar.
IM P O R T A T I O N S .
L e s marchands qui doivent composer cette caravane.se rendent par différentes
voies, en suivant le bord du Nil, en une ville de Nubie appelée Ibrym. A partir
de ce rendez-vous général, elle suit dans le désert la rive droite du fleuve, sur
le territoire des Arabes Bicharyeh, qui habitent entre le Nil et la mer Rouge ; et,
comme il pourroit arriver que cette tribu pillât la caravane, celle-ci se fait escorter
par une troupe d’Arabes A ’bâbdeh, qui vient au-devant d’elle jusqu’à Ibrym, et
qui la conduit jusqu’au village de Darâou, où elle débouche du désert dans la
vallée d’Egypte.
Cette protection que les A ’bâbdeh accordent aux caravanes de Sennaar, est
payée à raison de 3 sequins zer-mahboub par tête d’esclave, et d’un sequin et demi
par chameau chargé ou non chargé.
On voit, par un itinéraire de la caravane de Sennaar, que M. Lapanouse a publié
dans le tome IV des Mémoires sur l'Egypte (1), qu’il faut dix-huit jours pour se
rendre de Sennaar à Ibrym, et quinze jours pour aller d’Ibrym à Darâou.
La caravane de Sennaar, en passant sur le territoire qu’occupe la tribu Arabe des
Bicharyeh, donne cependant, à titre de présent, à chacun de ces Arabes qu’elle
rencontre, une petite mesure de dattes, ou de farine de dourah.
Arrivée à Esné, elle paye à la douane, dont le gouverneur de la ville perçoit
les revenus, 4 zer-mahboub par tête d'esclave, et 2 zer-mahboub par chameau, à
l’exception de ceux qui sont chargés de plumes d’autruche et de dents d’éléphant,
pour chacun desquels elle paye un droit extraordinaire de y zer-mahboub ÉÉ
Après avoir acquitté ces différens droits à Esné, et s’être rafraîchie dans cette
ville pendant le temps nécessaire pour y vendre une partie de ses chameaux, la
caravane de Sennaar s’embarque sur le Nil avec ses marchandises. Quand une
fois ces marchandises sont embarquées, elles restent sous la garde d’un chef et
d une vingtaine des principaux marchands qui viennent jusqu’au Kaire ; les autres
marchands et les chameliers s’arrêtent à Darâou ou à Esné, où ils attendent le
retour de leurs compagnons.
Ces marchands, en passant à Manfalout, acquittent, par tête d’esclave des deux
sexes, un droit de péage de 22 médins; àMinyeh,un droit de 12 médins seulement;
enfin, à leur arrivée à Boulaq, un droit semblable de 10 médins.
La caravane de Sennaar est moins considérable que celle de Dârfour; mais
il en arrive quelquefois plusieurs dans l’espace d’une année.
Les objets qu’elles importent en Egypte sont à peu près les mêmes que ceux
qu’y apporte la caravane de Dârfour : des esclaves mâles et femelles, de la gomme
Arabique, des plumes d’autruche, des dents d’éléphant, de la poudre d’or, des
kourbâg, des outres de cuir de boeuf et de cuir de chameau, et de l’alun.
Le nombre des esclaves n’excède guère cent cinquante, dont les deux tiers
sont des femmes : on compte ordinairement parmi ces esclaves huit ou dix
Abyssins.
Ces esclaves sont vendus dans le pays de Sennaar par des soldats qui les ont
faits prisonniers à la guerre ; et les guerres entreprises par le souverain de ce pays
n’ont ordinairement d’autre motif que celui de se procurer cette espèce de butin :
une moitié des esclaves appartient au roi ; l’autre moitié, aux soldats qui ont fait
l’expédition. Les premiers sont envoyés en Arabie ; les autres sont achetés par
les marchands de la caravane qui vient en Egypte.
■Les Abyssins sont dérobés en chemin ; ceux-ci, quoique noirs, ont les cheveux
longs et les traits Européens.
Les esclaves importés par la caravane de Sennaar sont plus estimés que ceux
qui viennent de Dârfour; leur prix moyen est de 60 zer-maliboub.
(1) Imprimés en l’an xi, chez P. Didot.