P L A N C H E X X V .
F i g . i. L’ÉMOULEUR.
L a méthode de 1 émouleur du Kaire ne mérite pas d’être décrite; la seule chose
remarquable, cest 1 usage <juil fait de son pied droit pour faire tourner la manivelle
de la meule ; on sait que les Égyptiens se servent de leurs pieds avec
beaucoup d’adresse pour exécuter toute sorte d'ouvrages. La meule est fixée par
un axe auquel tient la manivelle; elle a environ vingt-six pouces de diamètre. On
donne a Jémoulage, des- sabres, des couteaux, des khangar, &c. ; je n’ai point
vu de meule à émouclre les rasoirs.
Je donnerai ici quelques détails sur l’extraction de la pierre dont les meules
du Kaire sont formées, opération dont j’ai été le témoin. Cette pierre est un
grès qui se tire du pied de la chaîne du Moqatam, au milieu de l’embouchure de
la vallee de 1 Égarement, cest-à-dire, à deux lieues et demie au sud du Kaire et
après avoir passé Basatyn; ce grès forme des collines peu élevées, dont les couches
sont verticales, et quon exploite de la manière suivante. Après avoir choisi un
point sur lune de ces buttes et en avoir ôté le sable environnant, on creuse un
trou circulaire d environ huit pouces de profondeur et plus large que la meule
quon veut tirer; ensuite on place en-dessous tout autour vingt ou trente coins
bien maintenus par des plaques de fer. Un travailleur frappe un coup sur chacun
des coins, et il arrive toujours que le dernier coup sépare et enlève la meule; ce
qui saperçoit à un petit bruit qu’elle fait en se détachant du bloc.
Les ouvriers ont la paresse d’exploiter leurs meules horizontalement, sans faire
attention que dans cet endroit les lits du grès sont verticaux. Il en résulte qu’une
meule est souvent composée de deux à trois lits d’inégale dureté ; lorsqu’elle
tourne, elle s use inégalement et n’est jamais ronde. En outre, le mouvement
centrifuge la fait souvent éclater et briser à l’endroit des lits ; ce qui occasionne
des accidens fâcheux pour les ouvriers. Ils ont aussi la méthode de ne jamais
exploiter que la partie supérieure des collines, et rarement tirent-ils plus d’une fois
des meules d’un même point.
Le grès que 1 on choisit est blanc, d’un grain fin et assez dur, parsemé de points
ferrugineux et d impressions de coquilles, mais généralement homogène. Nous
avons cherche inutilement à faire comprendre aux ouvriers qu’ils auroient plus
davantage à exploiter le grès en hauteur, de manière à trouver dans chaque, lit une
meule ou deux, plus égales, plus solides et beaucoup meilleures.
La rue ou M. Conté a représenté rémouleur du Kaire, ne peut donner au
lecteur une idée avantageuse des villes d’Egypte ; mais l’aspect en est fidèle. Ces
deux femmes qu on voit avec leurs enfàns, assises sur un banc de pierre, forment