ARTS ET METIERS.
P L A N C H E X X I I .
VUE INTÉRIEURE DE L’ATEL IER DU FABRICANT
DE POTERIES.
L e s Égyptiens profitent, comme nous, de la propriété qu’ont les terres dites
a r g ile u s e s , de se pénétrer d’eàu, de pouvoir Former une pâte qui se laisse pétrir,'
qui prend toutes sortes de formes, soit sur le tour, soit à la main, soit dans lés
m o u le s , et qui acquiert beaucoup de solidité et de dureté par l’action du feu;
mais ils ne font que des ouvrages communs et qui n’inspireroient aucun intérêt,
s’ils ne leur donnoient des formes agréables, et s’ils ne les rendôient très-propres
aux difierens usages auxquels ils les emploient.
tes fabriques de poteries sont extrêmement multipliées en Egypte; elles sont
ordinairement le plus à portée possible de la couche d’argile qui les alimente ,
et placées dans des maisons en ruines où sont dès hangars couverts de feuilles
de palmier ( voyez planche x x u ). Elles consistent en plusieurs pièces. Dans la
première, on reçoit la terre argileuse qui a été divisée, triée, imbibée deau,
qu’on a long-temps laissé tremper dans une fosse pour la pourrir, c’est-à-dire,
pour lui faire éprouver un certain degré de fermentation propre à lui donner
plus de liant, plus de ténacité : on pétrit cette terre avec les pieds, on la corroie,
on la bat avec une masse, &c. Dans la seconde, sont les tours sur lesquels on
lafonne en vases (voyez planche x x i i ). Dans la troisième', sont placés sur des
lattiers les vases fabriqués pour y être séchés. Dans la quatrième est construit
le four qui sert à les cuire, et dont la description se trouve ci-dessus à l’article
de la planche i l (fig. y , 10 et n ) .
Les principales poteries d’Égypte sont représentées dans les planches EE et
FF (Ê. M. vol. I I ) ; mais elles ne sortent pas toutes indistinctement des mêmes
fabriques, et ne sont pas les produits des mêmes terres. C est dans la haute Egypte,
et particulièrement à Meylaouy et Manfalout, que se font les grandes jarres et
les immenses terrines destinées à l’usage de 1 indigotier, du tanneur, du teinturier,
du sucrier. Elles sont fabriquées avec une argile jaunâtre quon nomme'
tafl, qui se trouve dans le voisinage de ces deux villes,' et à laquelle on ajoute
un peu de terre du Nil. On les forme de plusieurs pièces qu’on réunit après qu une
légère dessiccation a permis de les manier; on tient ces vases tres-epais, et on
leur donne une assez forte cuisson. La première fois qu’on y met de leau, elles
se laissent un peu pénétrer; mais bientôt" elles1 deviennent imperméables.
C’est dans un seul village, qu’on nomme Belad el-Ballas, qu on prepare les vases'
nommés bailas. On les a représentés dans les#figures i , y , 6, 7 , 2 1 , 2.2 et 23;
Ê. M. p l. x x u . 1
2 A R T S HT MÉ T I E R S . P L A N C H E XXI .
Cette opération, qui ne dure que quelques secondes, après lesquelles le métalI
est mis aufeu, est répétée l’instant d’après, et continuée sans interruption pendant I
tout le temps que dure le travail, sans que jamais un des marteaux soit heurtéI
par un autre.
Ce travail est un modèle d’activité et de précision.
Le chaudronnier, le forgeron, 1 orfèvre, le tourneur et presque tous les ou-1
vriers en Egypte, transportent Içur atelier et le construisent dans la cour de celui I
qui veut les employer devant lui. La charge dun chameau ou dun ane suffit au I
transport des outils et de tout ce qui est necessaire a leur établissement et al
leur travail.
Fig. 2. LE FORGERON.
L e s forges, au Kaire, peuvent plutôt être comparées aux forges de campagne!
qu’à celles de nos serruriers ou forgerons. Elles sont composées dun massif en I
maçonnerie, qui porte à une de ses extrémités le garde-feu et le foyer sans hotteJ
à l'autre l’enclume du forgeron.
Les soufflets sont simples, de forme cylindrique, composés chacun de deuil
planches : l ’une, qui porte la tuyère, est fixée sur deux poteaux plantes derrièrel
le garde-feu; l’autre est arrêtée au milieu d’un châssis en forme de parallélogramme!
dont le petit côté inférieur est rendu mobile par ses tourillons, dans deux petits!
poteaux également plantés en terre.
Le petit côté supérieur forme la poignée, élevée à la hauteur de la main de!
l’ouvrier, qui incline alternativement ces châssis en avant et en arriéré, poutl
ouvrir et fermer Jes soufflets.
Ils sont composés d’un seul cuir, cloué à la manière ordinaire sur le bordl
des deux planches circulaires, qui sont munies dans leur centre chacune duncl
soupape, dont l’une, placée du côté du levier, permet à l’air d’entrer, et l’autrel
du côté de la tuyère, le laisse sortir et s’oppose à la rentrée des cendres et de!
charbons.
Ces sortes de soufflets étoient employés verticalement dans le seizième siècle,!
tant pour animer le feu des forges que pour élever l’eau, soit en raréfiant Iair,I
soit en le comprimant; ils sont décrits dans l’ouvrage de Ramelli, imprimé en!
1588. I
Le forgeron confectionne les marteaux, tenailles, pincettes, les fers tie bati-l
ment, les enclumes, les bigornes et les tas des ouvriers en cuivre et des orfèvres!
Il fait également les couplets pour ouvrir et fermer les croisées et le pedi
nombre des portes qui ne sont pas portées sur des pivots en bois.
Les serrures sont l’ouvrage des ouvriers en bois.