journées d’ouvrier pour battre ainsi le produit d’un feddân. Comme ce grain est
rarement exporté des lieux où il est cultivé, et que le Gouvernement ne trouveroit
point à le faire vendre sur les marchés des villes, l’impôt des terres qui ont étc
ensemencées en dourah est acquitté en argent. Les terres cultivées cl-keydy pavent
ordinairement 3 pâtaques par feddân ; les terres cultivées el-nabâry en payent 5 : ce
qui indique à peu près le rapport entre les produits de ces deux cultures. Les frais
d’ensemencement et d’arrosage du dourah sont en général payés en argent, à raison
de 8 ou 10 médins la journée; les travaux de la récolte sont au contraire payés
en nature, tantôt en gerbes, tantôt en dourah battu.
Un feddân produit communément autant de charges de chameau de tiges
de dourah que d’ardeb de grain : la charge de chameau de ces tiges se vend de
8 à 12 parats. Elles servent de combustible après avoir été séchées; c’est presque
le seul employé dans la haute Egypte, pour la cuisson des briques et des poteries,
pour la fabrication de la chaux, et différens autres usages économiques.
La paille de dourah sert aussi à couvrir les cabanes. Enfin les Arabes et les cultivateurs
des environs de Syène, d’Esné et deThèbes, en'forment des paquets ou
faisceaux sur lesquels ils appuient leur poitrine pour nager avec moins de fatigue
quand ils traversent le Nil.
Les Egyptiens appellent dourah de Syrie lemaïs, que nous appelons blé de Turquie:
on le cultive en petite quantité dans les environs de Qené ; on prépare la terre
comme pour le dourah du pays. On le sème dans le mois d’août ; on l’arrose pendant
trois mois, et la récolte se fait au bout de quatre. Cette plante est sciée ; l’épi est
détaché de sa tige, et conservé pour en tirer le grain à mesure des besoins. Le produit
d’un feddân est quelquefois de 1 o et 1 z ardeb. La farine de ce grain est mêlée
avec celle du blé : quelquefois on l’emploie seule à la fabrication du pain desfcllâh.
Cette culture du maïs, qui, dans le Sa’yd, n’est en quelque sorte qu’une culture
subsidiaire, remplace dans quelques cantons du Delta celle du dourah de la haute
Egypte, qui y est tout-à-fkit étrangère.
C’est particulièrement aux environs de Tantah et de Semennoud que quelques
terres sont consacrées à la culture du maïs. On commence par les couvrir d’une
légère couche de cendres et de décombres qui se trouvent autour des villages ; il en
faut ordinairement de vingt ou vingt-quatre charges d’âne pour la superficie d’un
jcddân : on donne ensuite un labour à la terre. Le grain est semé dans des sillons tracés
par la charrue. On unit le champ en faisant passer dessus un tronc de palmier traîné
transversalement par des boeufs; enfin on le divise en carreaux pour les arrosemens.
On sème le maïs au solstice d’été ; il en faut communément - f Sardeb par
feddân: ce grain commence à sortir de terre six jours après les semailles. On
l’arrose une fois tous les quinze jours jusqu’à la récolte, qui se fait vers l’équinoxe
d’automne. Les arrosemens du maïs se font à bras d’homme : cinq ouvriers
peuvent arroser un feddân en deux jours ; ils sont payés chacun 1 2 médins.
Cinq ou six moissonneurs suffisent pour faire en un jour la récolte d’un feddân
de maïs ; ils se servent de faucilles ; quant à leur salaire, ils le reçoivent en nature;
on leur donne ce qu’ils peuvent porter de gerbes.
Un
Ln f ’ddiin de 2/}. qirat donne communément /\ et; y ardeb de grain, dont le
prix moyen est de 2 pataquès. Ainsi le produit brut de cette culture est d’environ
.18 pour 1, sans compter la valeur de la paille, qui n’est employée que
comme combustible.
Le mais récolté est transporté, à dos de chameau, sur une place située à proximité
du village : là des femmes et des enfans séparent l’épi de sa tige ; ces épis
sont ensuite dépouillés des*grandes feuilles qui les enveloppent. Quinze ou seize
de ces’ ouvriers 'préparent ainsi, dans l’espace d’un jour de travail, le produit
d’un feddân. Afin de dessécher complètement les panicules, on les expose au soleil
pendant douze ou quinze jours, après quoi elles sont emmagasinées; on les bat
a mesure des besoins, pour en détacher le grain ; enfin, immédiatement avant,
de réduire celui-ci en farine, on lui fait subir au four une espèce de torréfaction
Les épis du mais encore verts sont réunis en paquets de cinq ou six ; on les fait
griller , et ils fournissent, à l’aide de cette préparation, une espèce de comestible
dont les enfans sont tres-friands. C ’est le seul usage que l’on fasse, dans la
haute Egypte, du peu de maïs que l’on y cultive.
§. III.
Culture du Ri?.
L e riz [ O ryza sativa] n’est cultivé que dans la-partie septentrionale de la basse
Egypte, comprise entre les lacs qui en bordent la côte et une ligne presque droite
qui traverse le Delta, depuis Rahmânyeh sur la branche occidentale du Nil, jusqu’à
Mansourah sur la branche orientale de te fleuve. Ces terres sont propres à cette
culture, parce que, dans la saison des plus basses eaux, leniveau du Nil, près de son
embouchure, ne descend guère à plus d’un mètre ou d’un mètre et demi au-dessous
de la hauteur a laquelle il parvient lors de ses crues ; de sorte qu’il y est toujours
plus facile que par-tout ailleurs de donner aux rizières les arrosemens continuels
dont elles ont besoin. •
Ces arrosemens s exécutent au moyen de roues à tympan, placées sur un puisard
rectangulaire, dans lequel les eaux du Nil, ou d’un canal voisin, sont conduites
par un fossé.
H faut ordinairement, dans les environs de Damiette, trois de ces roues pour
arroser une superficie de 1 o feddân. La province de Rosette étant moins élevée
au-dessus des eaux du fleuve, il suffit d une seule de ces machines pour arroser
le meme nombre d e fe d d â n , qui sont d’ailleurs à ceux de Damiette dans le rapport
de 60 a 70 environ. Suivant que lé diamètre de ces roues à tympan est plus
petit ou plus- grand, on emploie un ou deux boeufs à les faire tourner : les plus
petites exigent quatre boeufs, et les autres, six, pour leur service journalier. '
Une épizootie qui eut lieu vers I année 1 7 8 4 , ayant considérablement réduit
le nombre de ces animaux, on commença à cette époque à leur substituer des
buffles pour le travail des arrosemens, et depuis I on a continué de s’en servir.