■ Mais, si l’industrie ne peut trouver en Egypte des moteurs utiles dans le courant
des eaux, elle en trouveroit dans la régularité et la force du vent. On sait
en effet que les vents d’ouest, de nord-ouest et de nord, y soufflent presque
toute l’année ; les monticules factices sur lesquels les villages sont bâtis, offrent
d’ailleurs des emplácemeos commodes pour l’érection de moulins à vent : aussi
ces moulins seront-ils les premières machines qu’on établira dans ce pays, lorsque,
la prospérité du commerce et de l’agriculture s’y étant accrue , le prix du travail
de l’homme et des animaux s’y élevera à un tel degré, qu’il deviendra avantageux
de les remplacer par des moteurs inanimés. Nous disons, les premières machines
qu’on y établira; car il ne faut pas compter les sept ou huit moulins à vent que
l’on trouve à Alexandrie, dans l’île du Phare. Leur établissement est déjà ancien ;
cependant l’usage ne s’en est pas étendu dans l’intérieur du pays ; on n’en trouve
que sur cette plage, où les Européens, selon toute apparence, les ont apportés; ce
qui prouve, pour le dire en passant, que les anciens Égyptiens n’ont point eu
connoissance de cette ingénieuse machine.
TROISIÈME PARTIE.
Du Commerce actuel des Egyptiens.
L es productions des différentes parties de l’Egypte sont échangées de ville à ville
et de village à village, sur des marchés qui se tiennent à jour fixe, et où les
vendeurs et les acheteurs se rendent chacun de leur côté.
• Le superflu de 'ces productions, et quelques produits de l’industrie des Égyptiens
modernes, tout imparfaite qu’elle est, sont exportés dans l’intérieur de
l’Afrique et dans certaines contrées de l’Asie et de l’Europe, d’où l’on reçoit en
échange de l’argent ou des marchandises : la position de l’Egypte y a maintenu
ce commerce extérieur, qui y trouvera toujours l’emplacement le plus commode
d’un entrepôt pour les productions de l’ancien continent.
S E C T I O N IJ*
D u Commerce intérieur de l'Egypte.
L e peu de largeur de la vallée, depuis l’île d’Éléphantine jusqu’à Esné, ne
permet pas que les produits des récoltes qu’on y fait puissent être consommés
ailleurs ; ils suffisent à peine au paiement de l’impôt, ainsi qu’à la nourriture
du. petit nombre d’habitans qui restent toute l’année attachés aux travaux de la
campagne ; la majeure partie d’entré eux exerce sur les barques du Nil l’état de
batelier.
La ville d’Esîié, où, depuis quelques années avant l’arrivée des Français,rési-
doient plusieurs beys proscrits, étoit devenue par cela même un lieu de consommation
assez considérable, et le centre du commerce de l’Egypte avec les
tribus d’Arabes A ’bâbdeli et Bicliaryeli, qui possèdent les déserts limitrophes.
Ces Arabes viennent chercher des grains, et particulièrement du riz , du fer , et
les autres métaux dont ils ont besoin , au marché d’E sné, qui se tient toutes
les semaines; des toiles de coton et de lin, des ustensiles grossiers, quelques
robes de drap, &c. Ils y vendent en échange des chameaux et des esclaves noirs
qu’ils ont enlevés aux caravanes qui traversoient leurs déserts, ou qu’ils ont été
chercher eux-mêmes dans l’intérieur de l’Afrique; ils y apportent aussi la gomme
(ju’ils recueillent sur les acacias de ces déserts : ils réduisent en charbon le bois
de ces arbres, et transportent ce charbon dans le village de Redesyeh, où il est
acheté par des marchands d’Esné, qui l’expédient sur le Nil pour le Kaire et
pour d’autres villes de l’Egypte.
Les fellâh des environs apportent à ce marché du beurre, du fromage, des
grains, des poules, des pigeons, des légumes, de la laine, du coton en bourre
et du coton filé ; ils y exposent en vente des boeufs, des buffles , des chameaux,