aux moirnoïes cl or ce que les méclins ou paras sont aux monnoies d’argent
De nos jours on a conservé l’usage de faire frapper, pour étrennes et pour
être donnés en présent, ou pour être remis à des personnes de distinction (qU|
en faisoient la demande et qui envpyoient de l’or pour le faire monnoyer), des
sequins, des demi-sequins et des quarts de sequin, qui ne différoient des autres
que par une plus grande surface, et par le soin que le graveur mettoit à tracer
l’écriture des légendes.
Les présens ou gratifications en argent s’appellent bakhc/ych (i). Dans les pays
soumis au despotisme, et sur-tout dans ceux où le pouvoir appartient au plus fort
et au plus hardi, c’est un moyen efficace et très-usité de se faire des partisans, que
les présens et les largesses. Il n’y a guère de droits établis et de justice distributive'
tout est faveur et libéralité. On paie très-peu en traitemens fixes, et quelquefois
beaucoup en gratifications.
On ignore dans ces pays la réserve ou l’espèce de pudeur qui sied aussi bien
à celui qui donne qu’à celui qui reçoit. Dans les fêtes privées, où l’on admet pour I
divertissemens les almch (2) ou danseuses du pays, et des musiciens; lorsqu’on I
paroît satisfait du talent des virtuoses, les personnes invitées leur font des ca-1
deaux en argent, et l’on proclame le nom de celui qui a donné et la valeur de son I
présent. L ’amour propre et l’ostentation s’en mêlent ; on a vu plus d’une fois I
la vanité piquée d un bey ou d’un cheykh donner jusqu’à cent sequins à un musi-1
cien barbare.
Les grands ont une nuée de domestiques qui les suivent par-tout, et à qui ils I
ne donnent point de gages : ils leur font seulement présent d’habits ou de quelques I
menues pièces d’or à certaines fêtes (3 ) ; mais ils leur laissent le droit de mettre I
à contribution ceux qui ont besoin du maître. On ne l’aborde guère sans distri-1
buer des bakhchych aux valets. Ils vous en demandent, si vous oubliez de leur en I
offrir, et quelquefois ils en exigent. A u reste, un pareil usage existe encore dans I
tel pays de l’Europe où, dans le palais même du prince, les gens de la maison, qu’on I
appelle la famiglia, vous .attendent au passage pour vous demander la buona mno. I
Les dirhem ronds sont les seules pièces d’étrennes en argent dont nous ayons 1
entendu parler (4).
Les médins étant actuellement la seule monnoie d’argent usitée en Egypte, on I
en distribue, sans rien changer à leur fabrication, aux employés et ouvriers de la
monnoie, pour étrennes, et à la fin du ramadan (y).
§. V.
Fausses Monnoies.
P l u s il y a de différence entre la valeur nominale et la valeur réelle de la
monnoie, plus le Gouvernement est exposé à la voir contrefaire, soit dans l’intc-
rieur, soit par les étrangers.
(1) , mot Persan qui signifie don, cadeau; de
iàhhchydan [ ^ o ^ ] > donner.
(2) Voye^, sur les a’imeh d’Egypte, E. M . tome I ,
p. 6py. — A ’i m e h ] signifie proprement savante.
(3) Voyei pag. 337, alin. dern.
(4) Voye^ pag. 338, alin. dern, et pag. 339» alin.2.
(5) Voyei ibid. et pag. 339,00t. 3.
Peut-être est-ce au gain considérable qu’a dû présenter la fabrication des
espèces de cuivre,lorsque cette monnoie est devenue la principale et presque la
seule d’Égypte, et à la tolérance, dans la circulation, des monnoies des pays voisins,
qu’on doit attribuer cette quantité de pièces de cuivre, plus mal exécutées
les unes que les autres,-sur lesquelles on a imité grossièrement les anciens types,
les anciennes légende^ et même les noms et les figures de princes Chrétiens
(1) et des princes Musulmans.
Le bas peuple, les Arabes et les fellâh (2), étant, anciennement comme aujourd’hui,
très-ignorans, ont pu recevoir des peuples voisins et introduire de proche
en proche jusque dans l’intérieur du pays diverses monnoies, sans reconnoître
si elles étoient fausses ou étrangères. Nous avons e u , en Égypte, un singulier
exemple de "cette ignorance. Lorsque notre armée y arriva, les pauvres paysans
se connoissoient si peu en métal et en monnoie, que, tandis quils hésitoient
à prendre nos écus de France, parce qu’ils n’étoient pas habitués à voir de si
fortes pièces, ils échangeoient avec nos soldats, qui étoient aussi surpris qu’enchantés
du succès de ce qu’ils appeloient une ruse de guerre, toute sorte de comestibles
contre des boutons de cuivre, d’étain ou de composition, pourvu qu’ils
fussent plats et qu’on en eût supprimé la queue ou l’anneau qui sert à les attacher.
Les fellâh (3) les prenoient pour des monnoies, parce qu’ils se rapprochoient
davantage de la forme et de l’apparence des monnoies de bas aloi dont ils avoient
une idée imparfaite. II en résulta que les vêtemens d’un grand nombre de nos
soldats, en arrivant au Kaire, se trouvèrent dégarnis de boutons.
On peut ajouter que la fraude dans le titre des monnoies est d’autant plus
facile chez une nation peu éclairée, que l’art desf essais est un secret qui n’est
guère connu et pratiqué qu’à la monnoie.
Les arts sont trop imparfaits en Egypte, les ouvriers sont trop dénués de ressources
ou d’industrie, et trop exposés aux délations et à la surveillance d’une
police rigoureuse, pour que la fabrication, un peu en grand, des fausses monnoies,
puisse jamais s’y établir. Quelques ouvriers, à diverses époques, ont bien pu y
fabriquer de fausses pièces par des moyens peu compliqués qui n’exigent que de
la patience et de l’adresse des mains ; telle pourroit être la fabrication au marteau
et au poinçon : mais il est plus probable que l’introduction des fausses monnoies
a souvent été due à la rivalité, à la haine ou à la cupidité des nations ou
peuplades voisines.
Tout porte à croire aussi que, dans des momens d’anarchie et d’usurpation ,
ceux qui s'emparaient du pouvoir, ont poussé quelquefois eux-mêmes l’abus de
bénéficier sur les monnoies, jusqu’à en fabriquer de fausses.
Maqryzy rapporte qu'O ’beyd-Allah ben-Zyâd (4) altéra le premier les dirhem, et
tn fit frapper de faux, quand il s’enfuit de Basrah (5), en l’an 64 de l’hégire [684
(1) l'oyezpag. 345. alin.4 , et pag. 351, alin. 1. (4) j L j ^ *»l
(2) Nous entendons les Arabes qui se sont établis sur (5) Basrah dont nous avons fait Bassora,
la lisière pu même dans l’intérieur de PÉgyptc. O’beyd-Allah étoit gouverneur de cette ville poùr Ip kha--.
(3) au pluriel,fellâhyn [ jj? Ivfe Mo 'aouyah ben- Yezyd.