
l’année suivante» en sorte qu’on ne peut savoir dans laquelle des deux la pièce a
été frappée.
Afin de faire connoître de quelle utilité peuvent être, pour distinguer les époques,
les cfiifffes dont nous avons parlé, il nous paroît curieux de rapprocher deux I
pièces de monnoie frappées la même année, sous deux régnés différens, dans I
le même hôtel des monnoies, dont l’une présente 1 année de la fabrication indi- I
quée par les derniers chiffres du millésime, et 1 autre 1 année du règne. La pre- I
mière est le sequin du grand module frappé au Kaire sous le regne de Moustaf'à, I
et qui, d’après ce que nous avons fait voir, a été fabriqué en 1 1 8 7 [ 17 73 011 I
* 7 7 4 ] (l )> quoiqu’il porte le millésime 1 1 7 1 [ 1 7 5 7 de notre ère], qui est la pre-1
mière année du règne de Moustaf’à. La seconde pièce est le sequin qui se I
trouve gravé dans l’ouvrage de M. Bonneville, sous le n.° 18, planche 2, monnoies I
de Turquie, frappé au Kaire sous A ’bd-el-Hamyd fils d Ahmed et successeur de I
Moustaf'à : le chiffre 1, qui se trouve placé au-dessus de la dernière lettre de I
l’avant-dernière ligne, indique l’an 1 ." du regne d A bd-el-Hamyd.
Si l’on avoit pris les millésimes 1 171 et 1187 que portent ces pièces, pour I
les années de la fabrication, on auroitcru qu’elles avoient été frappees a seize années I
de distance, tandis qu’elles l’ont été dans la meme année : on pôurroit prendre au I
contraire, pour avoir été frappées dans la meme année, deux pièces portant le même I
millésime, quoiqu’elles l’eussent été a vingt-cinq ou trente ans de distance, 1 une I
au commencement, l’autre à la fin d un meme regne, ou meme a près d un demi-1
siècle de distance, pour un règne qui auroit duré une cinquantaine d années, I
comme, par exemple, celui de Solymân I." (2).
Si la pièce a été fabriquée l’année même de l’avénement, il sembleroit inutile I
d’indiquer l’année de la fabrication, soit par la première notation, en y inscrivant I
le chiffre 1 , ce qu’on a cependant fait souvent (3) pour désigner la premièreI
année du règne; soit par la seconde notation, en y répétant le dernier chiffre I
de l’avénement (4 )* Peut-être est-ce pour cette cause que sur plusieurs monnoies I
on n’aperçoit point de chiffres (outre le millésime de l’avénement), et que ces I
chiffres sont remplacés par un astérisque ou fleuron, ou par une des lettres distinc-1
tives dont nous avons parlé page 361. Néanmoins toutes les pièces qui sont dans ce I
cas, ne nous paroissent pas avoir été frappées dans la première année du règne; I
tels sont les sequins que nous avons cités page 362 (5). Il résulte alors de lab-1
sence des chiffres particuliers dont il s’agit, qu on n a aucun moyen de con-1
noître l’année précise de la fabrication.
( , ) Voye^ pa g e 3 7 2 , a lin . 2 . même d e c eu x sous lesquels on a adopté la seconde I
(2) Solymân ben Selym [«JL o* o U L ] com m en ça à n o ta tion p o u r les autres années du règne. I
régn e r en 9 26 d e l’h é g ir e [ 1520 d e n o tre è r e ] , e t Selym I I (4) N o u s n ’avons pas v u d’e xemple d e pièces sur t e - 1
lu i su c c é d a en 9 7 4 [ 1 5 6 6 d e notre è re ] . qu e lle s on a i t r ép é té , p o u r in d iq u e r qu e la fabrication a
(3) N o u s en a v o n s c ité d iv e r s e x em p le s , p a g . 3 7 0 , eu lieu l’an n é e même d e l’a v é n em en t, le dernier ou te
a lîn . t . " ; p a g . 3 7 3 ,a l in . 5 , e t p a g . 3 7 4 ,a l in . 1 . " derniers chiffres d e c e tte année.
O n p eu t même d ire q u e c e t usage a é té su iv i assez (5) A l in . a v an t-d e rn . e t su iv .
g én éralement p o u r toute s les premières années des règnes,
§. V f II.
Ecriture, Forme des Lettres.
Les légendes des monnoies usitées en Égypte, qui avoient été écrites, en gree
sous les successeurs d Alexandre, en grec ou en latin sous la domination des
Romains, en persan avant 1 établissement de l’islamisme, le furent depuis en
caractère Koufiques.
En effet, el-Macin (i), dans son Histoire des Arabes, rapporte, sur le témoignage
SAbou-Gafar (2), que les légendes des monnoies d’or usitées avant
l’islamisme etoient en grec, et celles des monnoies d’argent, en persan (3). O ’mar,
vers 1 an 18 de 1 hegire [639 de notre ere], suivant le passage de Ma/jryzy que nous
avons déjà cité (4), fit fabriquer des dirhem à l’imitation de ceux des rois de Perse,
jusqu’alors seuls en usage, et y fit mettre, en langue Persane, les légendes que nous
avons indiquées.
LorsquA ’bd-el-Malek institua le type musulman, et qu’il fit écrire en langue
vulgaire les légendes qu’il adopta (5), on se servit sans doute du caractère qui
prit par la suite le nom de Koufique.
L-’éciiture Koufique a pris son nom de Koufah (6), ville de Mésopotamie, où
se trpuvoient les’ plus habiles écrivains. Cette écriture devint célèbre et très-
répandue par lusage qu’on en fit pour écrire le Qorân. Elle est sur-tout remarquable
par l’absencè de tous les points et accens diacritiques qui servent à
indiquer les voyelles èt les redoublemens de lettres, en sorte qu’un même mot
pourrôit avoir un grand nombre de prononciations différentes.. Il faut être très-
exercé à la lire et très-versé dans l’ancienne langue Arabe, pour deviner, par le
sens du mot et de la phrase, comment il faut lire, prononcer et traduire. Le
koufique ne continua guère à être l’écriture ordinaire que jusqu’au ni.' siècle
environ de l’hégire [le -ix.' de'notre ère]; mais il fut en quelque sorte longtemps
consacré aux inscriptions monumentales, et devint comme l’écriture lapidaire
dés Araires. On l’employa sur les monnoies’ jusqu’au vu.' siècle de l’hégire
[le xiii.' de notre ère], ou du moins un caractère approchant et qui en dérivoit,
tel que l’écriture appelée karmatique (7).
Cependant ces écritures mêmes n’ont pas conservé une forme bien fixe et bien
invariable ; et dans les manuscrits, comme dans les inscriptions et sur les médailles,
on remarque que l’écriture change et s’altère successivement ; en sorte
quon peut suivre, jusqu’à un certain point, le passage progressif de l’écriture
Koufique à l’écriture Arabe plus moderne.
La plupart des monumens publics, principalement les mosquées, présentent
(1) El-AIdltyn [^ vX L t l] . Voye%, pou r les noms d e c e t (4) P a g e 3 5 1 , a lin . d ern.
auteur et le titre d e son o u v ra g e , le Mém o ire de M . M a r c e l (5) Voye^ pa g. 3 5 3 , a lin . i . c r e t s u iv .
sur le Metjyâs d e l’île d e R o u d a h , Ê. A I . toui. I I , (6) ô , v ille d e V l 'r â q B ab y lon ien , q u i compren d
PaÈ‘ 3 9 ’ l’an cien n e C h a ld é e .
(2) j j Î (7) Voye^ le M ém o ire d e M . M a r c e l sur les inscriptions
(3) Pag- 3 5 2 , alin . i . cr K o u fiq u es , E . A I . rom. I . 'r, pag. ¡¡jj..