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» un palais d’une blancheur éclatante, et y plaça une idole du soleil, sur.laquelle
» il inscrivit son nom et la description de son royaume ; il y éleva aussi une statue
» de cuivre sur laquelle il fit graver cette inscription : Je suis Mesrâm le Géant (i),
» le maître des secrets les plus cachés (2); j ’ai établi des talismans d'une vertu certaine,
» j ’ai élevé des statues parlantes ( 3 ) : nul roi ne pourra jamais égaler mon pouvoir (4).
» Après lui, son lieutenant A ’yqâm (5) le grand prêtre monta sur le trône; et
» l’on dit que ce prince est le même qu’Edrys (6), sur lequel soient le salut et la
» bénédiction (7), et qu’il fut enlevé vivant dans le ciel (8). Après lui, la cou-
» ronne passa à son fils A ’ryâq (9). On prétend que Hârout et Mârout (10) furent
» de son temps. Ce prince eut pour successeur Louhym (1 r) fils de Noqrâs (12).
» Khalsym (13) succéda à Louhym : c’est lui qui le premier fit construire
» un Nilomètre pour mesurer les accroissement du Nil ( i4)-
(I) El-Gtblâr j L I .
(2) Kâchef et-asrâr Cj-b” . II y a une identité
absolue entre ce titre pris par Mesrâm, et celui qui, selon
ia Bible, avoit été donné à Joseph par le roi Pharaon.
On lit, dans la Genèse, que Joseph, après avoir expliqué
les songes de Pharaon, fut surnommé par ce prince
T'sqfnath-Ja’nilih ri3ÿQ “ ; et les deux mots qui composent
ce surnom, sont reconnus Egyptiens par tous les
anciens interprètes. Philon les a traduits par ceux de
xpuirmr ivpîrnç. n ôniQtfxprnç, celui qui connoit Us secrets,
ou qui explique les songes. Les anciennes versions Orientales,
telles que la Syriaque, la Samaritaine et l’Arabe,
ainsi que les paraphrases Chaldaïques d’Onkelos et de
Jonathan, s’ accordent toutes à lui donner le même sens.
D ’après la signification bien fixée de ce nom, son étymologie
se retrouve facilement dans la langue Qobte,
dans laquelle le mot Schopnat TIJoTYIÎ&ft signifie une
chose cachée, un mystère, et celui de Panikha I ïiS lJ^ X .
•ou Phanïkha , un indicateur, d’où s’est formé
naturellement le surnom composé de Schopnat-phanikha
O T T IV Z vT -c |) [in d ic a teu rd e sch o s e s cachées ].
La version Grecque, en donnant au surnom de Joseph
la même signification que lui attribuent toutes les versions
Orientales, récrit cependant d’une manière un peu
différente: 'tar^o/x^eury^ Psonthomphanêch ou ’Ÿompuparn%
Psontomphanéch. Mais, quoique représenté sous cette nouvelle
forme, ce mot retrouve encore son étymologie.
Kircher assure que le mot même de UTOUEFO-W--
ttH'Y Psonthomphanêkh signifioit autrefois, dans la
langue Qobte, un homme qui prédit Fàvenir [futurorum
augur]: mais, comme il n’appuie son assertion d’aucune
preuve, et qu’il semble ne la donner que comme une
conjecture, on est obligé de chercher dans d’autres sources
la dérivation de ce mot, qu’on peut rappeler à deux étymologies
différentes dans le qobte moderne.
On trouve la première dans le mot Piçtonphanikha
> qui est donné comme signifiant
un augure ou un devin mander], dans le Vocabulaire
Qobte-Arabe d’Abou-Ishaq ebn el-A’sel. Ce mot,
quoiqu’un peu différent de celui de Psonthomphanêkh,
auroit cependant avec lui assez d’affinité pour faire croire
que l’un est dérivé de l’autre, en subissant l’altération
peu considérable qui établit cette différence. Mais une
étymologie peut-être aussi probable, et dans laquelle on
trouve une aussi grande identité de sons similaires, est
celle qui dérive des mots Fsôon-thcmi-phénkhot ^CULI OU-
j0E-*M-c£eî\2C.OtT [habileen la science des songes]; et j
ce dernier sens se rapproche même davantage delà signification
donnée par la version Grecque.
(3) On peut voir dans cette tradition fabuleuse l’origine
de celle de la statue vocale de Memnon, que les Grecs
ont adoptée.
(4) On trouve également dans plusieurs auteurs une
inscription attribuée par eux à la statue du roi Sésostris, I
dans laquelle il dit également qu’aucun roi ne pourra jamais
l’égaler.
(5) A ’yqâm puuc. Quelques manuscrits portent A y
qân Qliûc.
(6) Edrys Ce nom est celui que les Musulmans
donnent au patriarche Enoch; il en est question
dans plusieurs endroits du Qorân.
(7) A ’ Iey-hi el-selâm ou el-selât ï'îLcJîj plLJf *Uc, j
Cette formule est toujours employée par les Musulmans I
après les noms des prophètes et des patriarches.
(8) D’autres auteurs ajoutent que « les Egyptiens ra-1
» content de ce prince des choses extraordinaires: suivant J
»eux, il voyagea aussi jusqu’à l’Océan; il prévit le dé-1
»luge, et bâtit, au-delà de l’équateur, une forteresse an f.
»pied de la montagne d’el-Qomr, où il plaça quatre-1
» vingt-cinq figures de bronze par les bouches desquelles I
»le Nil sortort. Il revint ensuite à Amsous, et remit la I
» couronne à son fils A’ryâq.»
(9) A ’ryiq .
(10) Hârout cajjU et Mârout o j j l * sont les noms I
de deux anges rebelles dont il est question dans le Qo-1
rân en plusieurs endroits.
(11) Louhym selon d’autres auteurs, Lougymiss.J, I
(12) Suivant d’autres auteurs, ce prince étoit fils de I
Neqrâouch; ils ajoutent que, « parmi les monumens qu’il I
» éleva, on cite quatre tours placées aux quatre coins de I
» la ville d’Amsous, qui subsistèrent jusqu’à la destruc-1
» tion de cette ville par le déluge.»
(13) Khalsym . D ’autres manuscrits offrent ce I
nom écrit de deux manières différentes : on lit Khaslym I
jpLAÂ. dans les uns, et Haslym jCvLo^ dans les autres. I
(14) Quelques auteurs Arabes, en rapportant cette I
tradition, placent dans la ville d’Amsous le Nilomètre I
construit par ce prince.
DE L I L E D E R O U D A H . 8 3
» On dit qu’il convoqua une assemblée de savans et de mathématiciens qui lui
» construisirent sur le bord du Nil un pavillon en marbre. Au milieu de ce pavillon,
» étoit un petit bassin en cuivre, dans lequel on méttoit une certaine quantité
r> d’eau après l’avoir pesée. Sur le bord du bassin étoient deux aigles de cuivre,
» l’un mâle et l’autre femelle. Le premier jour du mois dans lequel le Nil devoit
» croître, on ouvroit ce pavjjlon ; on y assembloit les prêtres et les devins ; les chefs
» de ceux-ci adressoient la parole aux oiseaux, jusqu’à ce que l’un d’eux eût répondu
» par son cri : si ce cri venoit du mâle, l’inondation devoit être complète; au
» contraire, s’il parto.it de la femelle , l’inondation devoit être médiocre ou manquer
» entièrement,« chacun, dans le pays, prenoitscs mesures d’après cette prédiction.
» C ’est aussi ce prince qui construisit le pont qui existe sur le Nil en Nubie.
» Après sa mort, régna un prince nommé Héitsâl (1). On dit que Noé (2),
» sur qui soient la bénédiction et le salut, fut envoyé de Dieu de son temps.
» Après lui, régna Nedresân (3) : ce prince eut lui-même pour successeur Cher-
» qân (4). Ce dernier roi eut pour successeur son fils Sahloun (y), après lequel
» régna Souzyd (6). Celui-ci eut pour successeur son fils Houkhabebt (7); c’est
» lui qui le premier établit la perception des impôts en Egypte, et qui bâtit les
» deux grandes pyramides : lorsqu’il mourut, il fut enseveli dans l’une d’elles, et
» 1 on y enferma avec lui toutes ses richesses et ses trésors.
» Après lui régna son fils Benâres (8), qui eut aussi sa sépulture dans une pyra-
» mide. Son successeur fut son fils Ferous (9), que quelques-uns ont aussi nommé
» Menqâous (10), et qui laissa le trône à son fils Mâlyounes ( 11). Après ce dernier
» régna son fils Ferghân (12), qui eut pour fils et pour successeur un prince du
» même nom : c’est du temps de ce dernier qu'arriva le déluge (13). Toute l’Égypte
» fut dévastée, ses monumens et ses merveilles disparurent, et l’eau y séjourna six
»mois entiers. Quelques-uns de ceux qui ont écrit sur l’histoire de l’Égypte,
» Apportent que le vaisseau de Noé (sur lui soit le salut!) parcourut les contrées
» de 1 Egypte, et que ce patriarche leur donna sa bénédiction.»
Indépendamment de ces traditions, el-Maqryzy et plusieurs autres auteurs
(.) Housâl J U y ; d’autres manuscrits nomureut ce que d’autres manuscrhs écrivent aussi Sah loua
prince seulement Sâl JLo, et ajoutent qu il se nommoit . i ,
aussi Soumyl J**}-,, et qu’il étoit fils de son prédécesseur. '
Suivant eux, « il eut vingt fils, entre lesquels il partagea (6) Souzyd ; on le trouve plus souvent nommé
» son royaume : ceux-ci, après avoir régné ensemble pen- Souryd . Quelques auteurs le font'petit-fils de son
»dant sept années, se déterminèrent à choisir l’un d’eux prédécesseur, et lui attribuent la construction des deux
»nommé Bedresân, pour leur chef suprême. » grandes pyramides, dans la plus grande desquelles ils
(2) Nouah £ j j . Le Qorân fait souvent mention de placent sa sépulture,
ce patriarche. (?) HoukhatÀt
(3) Nedresân Quelques manuscrits portent jgj Benâres Lj
B edr e sân q L jo j . Quelq■ueHsH aHut eurs p1 lacent immédiate- (i9n)\ rre rous ou Fri-rous , . ment après ce .prince son fils Somroud , puis son , . . ,
neveu Toumydoun qui régna cent ans et qui ^ ° ' M ™(l aous ■
eut pour successeur Cheryâq. ' ( 11 ) Mâlyounes ou Mâlyounous qiJ^JL.
{t)nPherqân y l i j— . D ’autres manuscrits portent ( I2) ferghân ou peut-être Fera'ân q U J» }
Cheryaq . Quelques auteurs ajoutent que ce prince ( 13) Toufan y l s . Ce mot paroît venir de l’ancienne
fit creuser des canaux tirés du Nil pour abreuver les langue des Egyptiens, qui en avoient fait leur Typhon
villes occidentales de l’Égypte. [Tvçàr], qu’ils regardoient comme le dieu de la destruc-
(5) Sahloun suivant quelques auteurs, Sahlouk tion, le Typhoeus des Grecs et des Latins. On retrouve
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