
 
		f 2 2   MÉMO I R E   S U R   L’A G R I C U L T U R E , 
 Deux  liommes,  qui  se  relèvent  alternativement,  surveillent  la  manoeuvre  des  
 machines  à arroser,  et  soignent  les  boeufs  ou  les  buffles  qui  y  sont  employés. 
 Le cultivateur chez  lequel  les journaliers demeurent,  les  nourrit, et  leur donne  
 en  outre,  y  ou  6  pataquès  de  gages  annuels. 
 On  sème  le  riz  au  commencement  du mois d’avril ; avant  de  le mettre  en  terre  
 on  en  emplit des couffes, que l’on  tient plongées pendant cinq ou six jours  dans  le  
 Nil  ou  dans quelqu’un  des  canaux  qui en  sont  dérivés':  lorsque  ce  grain  est  assez  
 pénétré  d’eau,  on  l’étend  sur  des  nattes,  et  l’on  en  forme de  petits  tas  que l’on  
 recouvre  de  foin.  La  chaleur  qui  s’y  produit  accélère  la  germination ;  et  c’est  
 après que le  germe  est  suffisamment  développé, que  le  riz  est mis  dans  la  terre. 
 Celle qui  est  destinée  à le  recevoir, reste  d’abord  couverte  d’eau  pendant  plusieurs  
 jours;  on  la  laboure  ensuite  dans  deux  directions  différentes,perpendiculaires  
 l’une  à  l’autre  ;  elle reçoit  un  troisième  labour,  après  lequel  elle  est  de nouveau  
 submergée  ;  on  fait  passer  dessus,  pour  en  unir  la  surface,  un  tronc  de  palmier  
 traîné  transversalement ;  on  la  nettoie  ensuite  avec  une  espèce  de  râteau :  
 elle se  trouve  alors à l’état  de boue, et  c’est pendant qu’elle  est encore dans cet état  
 que  le  riz y  est  jeté. 
 L ’ardeb  qui  sert  à  mesurer  le  riz,  n’est  point  le  même  que  celui  du  Kaire;  
 ceux  de  Rosette  et  de  Damiette diffèrent même entre eux de dénomination  et de  
 capacité. 
 L 'ardeb  de  Rosette  est  à  celui  du  Kaire  comme  13  à  12 ;  et celui de Damiette  
 et  de Menzaleh,  qu’on  appelle  dareb,  est  à celui  du  Kaire  comme  36  à  13. 
 A   Damiette  et  aux  environs,  on  sème  -5- de  dareb  de  riz  par feddân  de  6877  
 mètres  superficiels ;  ce  qui  revient  à  près  d’un  ardeb du  Kaire  par feddân  d e  4oo !  
 cannes ou de  5929 mètres :  par conséquent, on  emploie  sur une superficie  donnée  
 une  quantité  de  semence  de riz  double de la  quantité de  semence  de blé  que  l’on '  
 y  emploierait; mais  une  partie des  tiges  de  riz  qui  proviennent  de  cet  ensemencement, 
  doit  être  transplantée  ailleurs,  comme  nous  le  dirons  bientôt. 
 Quarante-huit heures après  l’ensemencement, la  terre  est  recouverte  d’environ  
 5  centimètres de hauteur d’eau,qu’on y laisse séjourner pendant deux  ou trois jours,  
 après  lesquels  on  la fait  écouler  pour  y  en  substituer  de  nouvelle,  qui  y  reste  lei  
 même  temps; cette manoeuvre se répète  jusqu’a  la récolte.  Environ  vingt  ou  trente  
 jours  après  les  semailles,  suivant  que  la  végétation  est  plus  ou  moins  active,  on  
 commence à sarcler  les  champs de riz, et  l’on  a  soin  de  les  nettoyer ainsi à mesure  
 qu’il y  croît  des  herbes  étrangères. 
 C ’est  à  la  fin  du  mois  de  juillet  que  l’on  procède à  la  transplantation  de  cette  
 céréale  :  cette  opération  se  fait  pour  l’ordinaire  sur  des  terres  qui  avoient  été  
 ensemencées  précédemment  en  blé ,  et  sur  lesquelles  la  récolte  n’étoit-  point  
 encore  faite  à  l’époque  des  semailles  du  riz. 
 La  terre  où le  riz  doit  être transplanté  est  labourée  à  la  charrue  ou  à  la  pioche ;  
 elle  est  ensuite  arrosée  et  unie  avec  un  tronc de  palmier,  comme  celle  destinée  
 à  être  ensemencée.  Environ  la moitié des  tiges  que produit  un  champ  de  riz  ensemencé, 
   est  transplantée  sur  un  champ  de  même  étendue  ainsi  préparé.  Voilà 
 pourquoi  la  quantité  de  ce  grain  que-l’on  sème  par feddân,  est à peu  près  double  
 de la quantité  de  blé  qui  y  seroit  semée. 
 Dans  la  plupart  des  cantons  où  le  riz  est  cultivé,  les  champs  où  se  fait  la  
 transplantation  sont  peu  éloignés  de  ceux  qui  fournissent  le  plant  ;  mais  le  riz  
 que  Ion  cultive  à  Menzaleh  vient ordinairement  de  Fareskour,  village  situé  sur  
 le bord  du  Nil,  à  une  lieue  au-dessus  de  Damiette  :  on  le  charge sur  des  barques  
 qui  le  transportent  par  le  lac  jusqu’à  Menzaleh ;  la  charge  d’une  barqué  suffit  
 pour  couvrir  un feddân.  Arrivé  par  cette  voie  à  Menzaleh,  il  revient  ordinaire-  
 menta,20  ou  21  pataquès ;  on  transporte ensuite le plant  de  riz  à dos de chameau,  
 depuis, le  lieu du débarquement  jusqu’au  champ qui doit le.recevoir. 
 On  paye  une pataque et demie pour la plantation  d’un feddân. 
 L ’arrachage  et  la  transplantation du riz, dans  les  provinces de Mansourah  et de  
 Damiette,,se  font par des  ouvriers  du  pays.  C e  sont, des  ouvriers  de  la  province  
 deBelbeys,  qui  vont, dans  la saison,  exécuter  le  même  travail  dans  le  Delta et  la  
 province de Rosette  :  ils  ne sont  point  payés  à  la  journée;  mais  ils  entreprennent  
 1 arrachage  et  la  transplantation  d’un feddân  à  forfait  pour  le  prix de  y  pataquès. 
 On  récolte  le  riz  vers  le  milieu  de  novembre  :  ainsi  cette  plante  reste  sept  
 mois,  en  terre.  Pendant  les  quatre  premiers,  il  est  arrosé  artificiellement;  pendant  
 les  trois  derniers  ,  il  est  arrosé  par  une  irrigation  que  la  crue  du  Nil  rend  
 facile.  On  le  scie  comme  le  blé;  il  est  lié  en  petites  gerbes,  et  porté  sur  une  
 aire  ou  le  grain  est  séparé  de  l’épi  au  moyen  du  noreg.  Dix  ou  douze  hommes  
 peuvent  récolter en  un  jour  le  produit  d’un feddân:  quand  ce  sont  des  ouvriers  
 du  pays,  on  les  paye  en  grains,  et  ils  reçoivent  -i-.de  dareb. 
 i.Les ouvriers de  Mansourah  et  de Belbeys,  qui  vont  à Rosette  et  dans  le  Delta  
 faire  la  récolte  du  riz „„sont  payés  en  argent:  on  leur  donne  4  pataquès  pour  
 scier  le  riz,  Je mettre  en  gerbes,  et  transporter  sur  faire le produit d’un feddân. 
 ;  P10iuiÇ <f un feddân  peut  être  battu  sous  le  noreg  dans  l’espace  d’un  jour  et  
 d’une  nuit,  par  huit hommes  et  quatre boeufe. Ce  battage  est toujours  payé  en nature, 
  tantôt  en  gerbes  de  riz, comme à Rosette ; tantôt en grain, comme à Damiette.  
 On donne  à chaque  ouvrier  quatre  gerbes  de  riz,  ou  i   de  dareb  de  grain. 
 On  fait  le  vannage  du  riz,  comme  celui  du  blé,  en  le  projetant  en  l’air  avec  
 une  espèce  de palette  : mais  Je  vent  n’enlève  que  les  parties  les  plus  légères,  et  
 le riz,  pour  être  nettoyé  parfaitement,  a  encore  besoin  d’être  passé  au  crible  à  
 plusieurs  reprises; ce qui se fait  dans les moulins  où on  le dépouille de son  écorce. 
 On  paye  pour  le  vannage  du  riz  la  centième  partie  de  la  quantité  du  grain  
 vanné. 
 A  Damiette,  a Mansourah  et  à  Menzaleh,  le  produit  d’un  feddân  est,  année  
 moyenne,  de  3  dareb —  ;  il  faut  -j- de  dareb  pour  ensemencer  et  planter  deux  
 feddân  :  ainsi  le  rapport moyen  des  semences  aux  récoltes,  dans  les  rizières  de  ces  
 provinces,  est  environ  de  1  à  18. 
 Dans  le Delta  et  la  province  de  Rosette,  le produit  d’un feddân  cultivé  en  riz  
 est  de  sept  ou  huit  ardeb;  et  comme  chaque  feddân  reçoit  un  àtmi-ardeb  de  
 semence,  le  rapport  de  la  semence  à  la  récolte  est  de  1  à  16  :  ainsi  l’on  peut  
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