
avec les fermiers de la pêche du lac Menzaleh ; et les marchandises qui étoient
entreposées à Damiette, furent transportées sur ce lac à Sân et à Tyneh, où
des caravanes d’Arabes Syriens venoient les chercher.
D ’autres Arabes transportoient aussi en Syrie les marchandises entreposées
dans les villes du Kaire et de Belbeys, à Sefteh et à Myt-Ghamar. Us suivoient la
route ordinaire des caravanes, et passoient par Sàlehyeh, quand les droits de sortie
des marchandises qu ils emportoient avoient été acquittés ; mais les Araires qui
entreprenoient a leurs risques de les faire passer en contrebande, s’écartoient de
la route de Sàlehyeh, et contournoient la vallée de Saba’h-byâr.
Les cheykhs de ces caravanes sont quelquefois associés avec des marchands du
Kaire ou de quelque autre ville : ils viennent alors chercher dans les magasins de
leurs associés les marchandises qu’ils se chargent de transporter en Syrie; ils reviennent
ensuite déposer dans ces magasins les objets qu’ils apportent en retour.
Quelquefois ils font le commerce pour leur propre compte, et alors ils conservent
leurs marchandises dans leurs camps, où les marchands des villes de l’Égypte
viennent les choisir et les acheter.
Autrefois ces Arabes ne faisoient point eux-mêmes le commerce, ne se chargeant
que d’employer leurs chameaux au transport des marchandises à travers leurs
déserts; ce qui ne leur procuroit que de très-légers bénéfices : mais,pendant notre
expédition, la voie de mer par Damiette ayant été fermée, il a fallu, de nécessité,
recourir à eux. Us sont ainsi restés les maîtres du prix des transports, et ils ont
employé une partie des bénéfices extraordinaires que cette circonstance leur a
procurés, à faire le commerce pour leur propre compte; ce qui,un peu plus tôt
ou un peu plus tard, auroit amené une révolution dans leurs moeurs.
Il faut , au surplus, être toujours très-circonspect dans le choix que l’on fait de
cette espèce de voituriers ; car il arrive quelquefois que des Arabes chargés de
marchandises qui ne leur appartiennent pas, les font piller en route par des tribus
qu’ils disent être leurs ennemies, et avec lesquelles ils sont d’intelligence : ensuite
ils partagent entre eux les objets pillés.
§. ÏI.
Commerce de l ’E g y p te avec l ’Arabie et l ’Inde.
IM P O R T A T I O N S .
L a fertilité de l’Egypte et la stérilité de l’Arabie doivent établir entre ces
deux contrées contiguës des rapports de commerce très-étendus. C ’est aussi avec
l’Arabie que l’Egypte échange une partie considérable des productions de son sol
contre des étoffes et des épiceries de l’Inde, que des marchands Arabes vont y
chercher et qu’ils entreposent dans leurs ports.
Le commerce entre l’Égypte et l’Arabie se fait par mer, au moyen de petits
bâtimens qui viennent des deux ports de Geddah et d’Yanbo’ aborder en
Egypte, à Qoceyr ou à Suez, ou bien il'se fait par terre, au moyen de caravanes
qui traversent le désert compris entre le Nil et la mer Rouge.
Le port de Qoceyr est placé au fond d’une petite baie ouverte au sud-est ;
il est fermé au nord par un rocher qui se dirige vers l’est-sud-est, et s’avance dans
la mer jusqu’à une distance de deux cent soixante mètres, à partir du rivage. Ce
rocher, dont la surface est à peu près horizontale, découvre à marée basse; il est
coupé à pic dans l’intérieur du port et du côté du large, où il se prolonge du
sud au nord parallèlement à la côte.
La plage, du côté du sud, est également bordée de récifs, qui forment une
courbe concave d’environ trois quarts de lieue de diamètre.
Cette disposition met le port de Qoceyr à l’abri des vents de nord et de sud,
lesquels soufflent le plus fréquemment sur la mer Rouge : ce port est également
abrité, par la terre,des vents d’ouest, qui pousseroient au large.
Le mouillage est placé vers la pointe du rocher septentrional. J’y ai trouvé,à
marée basse, six brasses d’eau : cette profondeur diminue de plus en plus en approchant
du rivage, à cinquante mètres duquel elle n’est plus que d une demi-brasse.
Le fond de ce mouillage est de sable fin et d’assez bonne tenue ; mais, comme
les vaisseaux Arabes sont en général mal gréés, il arrive quelquefois que leurs câbles
se rompent lorsque le vent d’est souffle avec violence. C ’est le seul dont le port
ne soit point à couvert ; mais il souffle rarement.
Les bâtimens ne peuvent approcher de la ville, faute de quais : on est obligé
de les charger et de les décharger au moyen de chaloupes qui même n’arrivent
pas jusqu’à terre ; il faut que les marchandises y soient prises et embarquées
par des hommes qui se mettent à l’eau jusqu’à la ceinture. Les marées moyennes
à Qoceyr s’élèvent d’environ un mètre.
Les plus grands bateaux qui y abordent ne sont point pontés , et ne portent
que quatre cents mesures de blé ; ce qui équivaut à quatre-vingt-dix tonneaux
environ.
Le vent de nord règne presque toute l’année ; ceux de la partie du sud
soufflent pendant les trois mois d’hiver.
La v ille , si l’on peut donner ce nom à un amas de masures entassées sur une
côte déserte, est privée d’eau douce. Elle a deux cent cinquante mètres de longueur
du sud-ouest au nord-est, et cent soixante dans sa plus grande largeur ; elle est
percée, dans ce sens, de deux rues principales, qui vont, en partant du bord de
la mer, jusque sur une petite place en avant du château.
Ce château est bâti sur une petite éminence de cailloux roulés qui passe derrière
la ville et se prolonge sur la côte au nord et au sud ; c’est une enceinte
de murailles en forme de losange de soixante-dix mètres de côté, flanquée de quatre
tours. Cette construction est la seule qui présente quelque apparence de solidité.
Le soubassement de ses murs est en pierre de taille. Cette enceinte renferme quelques
bâtimens, ainsi qu’une citerne d’eau saumâtre.
Le port de Qoceyr est habité par des marchands Arabes qui trouvent dans les
bénéfices du commerce qu’ils y font, un dédommagement suffisant des privations
É.M. TO M E I I . Nan n i