
îi deux cents pas environ des bords du lac dans une petite gorge de la colline;
il est entouré de quelques palmiers, garantis des vents de mer par les hauteurs
de cette meme colline qui longe la côte et le lac. En traversant au nord les
hauteurs de cette colline, nous descendîmes dans une petite vallée, parallèle à
celle du lac et a la côte, et qui, prenant du Marabou, longe la mer sur dix à
douze lieues au sud-ouest; on y trouve çà et là quelques pieds de palmiers et
des traces de végétation, indices non équivoques des eaux douces cachées sous
les sables du desert. Ce vallon est formé, du côté de terre, par cette chaîne
continue de hauteurs dont nous venons de parler et qui domine la vallée du lac
Maryout, et, du coté de mer, par une autre petite chaîne de hauteurs rocailleuses
qui borde toute la côte, recouverte presque par-tout d’un sable blanc que la mer
forme et rejette sans cesse sur ses rives, et que le vent disperse ou amoncelle en
petites dunes très-mobiles. On y trouve des eaux douces ou légèrement saumâtres
dans des fouilles de peu de profondeur que les Arabes y font pour abreuver
leurs bestiaux. Nous suivîmes ce vallon de Qoubbet - el - KJieyr jusqu’à la tour
des Arabes, ou nous arrivâmes en trois heures de marche.
La tour des Arabes cl-A moud, qui veut dire la colonne, est une tour dont la
base carrée supporte un dé de forme octogonale, surmonté d’un massif circulaire
à i instar dun fût de colonne tronquée, dont la hauteur ne répond plus à celle
que suppose le diamètre. Ce monument, élevé sur la côte, semble n’être en effet
qu une enorme colonne en partie renversée : extérieurement à une des faces de
sa partie octogonale, celle du côté de mer, on remarque plusieurs marches d’un
escalier qui devoit se terminer à la naissance de la tour, à dix mètres environ
au-dessus du sol. Ce monument, dont MM. les ingénieurs qui en ont fait un
examen plus particulier, donneront les dessins avec une description plus détaillée,
est dune bonne construction; il a dû servir de point de reconnoissance en mer,
ainsi que toutes les autres tours pareillement situées sur les côtes peu élevées de
l’Egypte et de cette partie de la Libye (i).
Avant de passer outre, je dois parler d’un objet sur lequel je n’ai pu jeter
qu un coup-d oeil rapide, parce que, m’arrêtant souvent à examiner toutes les ruines
et les sites, j étois aussi toujours en arrière de nos gens. Je veux .parler d’un tertre
assez élevé que 1 on remarque sur la chaîne même qui sépare le lac de la mer.
Sur les revers de ce monticule, situé à mille ou douze cents mètres de la tour
des Arabes, en remontant vers Alexandrie, on entrevoit des espèces de gradins,
des parties maçonnées en pierres de taille, enfin des faces quadrangulaires et
inclinées qui donnent au tout une forme pyramidale : au pied de ce tertre,
est un fond où 1 on trouve les restes d’une belle citerne et d’autres constructions.
L e nom de Koum-Aboussyr que les Arabes donnent à ce lieu, conserve encore 1 étymologie de son ancien nom de Taposiris (z) , que Strabon et Ptolémée, que
nous avons cités plus haut, placent dans cette partie. Ce site répond en effet à
H On lit dans les Voyages de Oranger (p. 222 J, de laquelle ce voyageur a vu une inscription Arabe, eu
<ju a six henes de la lourdes Arabes, vers l’ouest, on 1730-31.
trouve une autre tour qui tombe en ruines,« sur les murs (a) Abousspr conserverait, selon nous, toute la slgniÛ
E L A P R O V I N C E D E B A H Y R E H . , -,
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la seconde Taposiris qui, suivant le géographe Grec, étoit à quelque distance de
la ville de ce nom, que nous croyons devoir placer à* la tour des Arabes, ainsi
que nous allons le dire.
En reprenant la côte au sud-ouest, on trouve, à quatre cents mètres de la tour,
les ruines d’une vaste enceinte carrée, fermée de murs de douze à quinze mètres
d’élévation, et dont les côtés ont quatre-vingts mètres environ de longueur.
L ’entrée de ce vaste monument se trouve dans la face qui regarde Alexandrie :
elle est flanquée de deux môles, dont l’intérieur renferme des chambres percées de
quelqùes fenêtres élevées, mais très-petites, qui n’y laissent pénétrer qu’une foible
clarté; ce qui annonce assez évidemment des demeures mystérieuses. Les escaliers
qui y conduisent, quoique de peu de largeur, sont bien construits/doux et faciles :
les murs sont en pierre de taille d un bel appareil. Ce monument, qui, au premier
coup-d’oeil, semble appartenir à l’architecture Égyptienne, dont il n’est qu’une
imitation, est d’une belle construction. Des débris de colonnes cannelées et des
chapiteaux de l’ordre Dorique qu’on trouve dans les ruines de l’enceinte, font présumer
quil appartient, ainsi que la tour des Arabes, au temps des Romains: mais
on peut, avec plus ¿le fondement encore, en attribuer la construction à Justi-
nien, qui, selon Procope, fit élever, vers le milieu du v i.e siècle, un grand nombre
de monumens dans Taposiris, ville située, comme le dit cet historien, sur la côte
d Afrique, à une journée d’Alexandrie, et où, ajoute-t-il, étoit la sépulture d’Osiris ?
ce qui lui fait écrire ainsi le nom de cette ville, C ’est, à n’en pas douter!
en ce lieu, où Hérodote plaçoit le point occidental de la base du Delta, que se
célébroient ces fêtes en l’honneur d’Osiris qui y attiroient tous les ans un grand
concours de monde, et sur-tout de jeunes gens, comme nous l’avons dit plus
haut, d’après le témoignage de Strabon (i).
La Table Théodosienne marque x x v M\ pas entre Alexandrie et Taposiris, ville
snuee sur le golfe Plindiine; ce qui, à raison de 756 toises [1473 mètres 47 centimètres]
au mille Romain, fait 18,900 toises [36,836 mètres 78 centimètres].
Mais cette distance semble être celle de la Taposiris qui étoit située, comme nous
avons dit plus haut, à Koum-Aboussyr, dont nous avons retrouvé les ruines à mille
ou douze cents mètres plus au nord-est, vers Alexandrie (2). Nous évaluerons la
distance de cette Taposiris au golfe Plinthine, aujourd’hui golfe des Arabes, à
neuf heures et demie de marche; ce qui, à 4000 mètres de compte rond à l’heure
dé marché des caravanes, d’après nos observations faites en Egypte, donne 38,000
mètres d Alexandrie aux ruines de cette Taposiris.
fication de son ancien nom, que les Grecs écrivoienc notes, tom. li.pa g . a y , que ion, en langue Égyptienne
' ’ <I“ ‘. 7 “ ‘ i,'! ,." '" . ! • comme lc signifioit tombeau. Piutatque, ajoute ce savant, nous ape.
PraTope de” Cdsarée,' L p ’ T ' ^ Prend’ d'aPr isE " do«< <I” e> quoiqu’Osirisaiteudifierens
L i t un to h o nn0,ent a lic" x oil 0siris ( ') V °n . la Description Wl spéciale de Taposiris, par à lVu eT,d r! ÎT e T re l"'Village de ce M- Saint-Genis. (Descriptions des antiquités.)
taanes où sont a ™me| ' e!" p. 1,s-’ au des mon- (a) Voyçrla carte hydrographique de la basse Égypte.
tagnes ou sont assises les pyramides de Saqqârah. Le (P l.to E M vol 1 )
savant ttaducteur d’Hérodote, M. Larcher, dit dans ses ' ’