
s. I I .
Alliage.
Q u o iq u e la monnoie fût obligée de faire l’achat du cuivre pour allier tes
médins, elle ne tenoit cependant pas compte aux Juifs de celui qui se trouvoit
uni à l’argent de leurs lingots; mais, 1 argent du commerce étant, comme nous !
l’avons dit, en général d’un bas aloi, ils étoient dans 1 usage de le fournir à un j
titre peu élevé, en sorte que la proportion d’alliage à ajouter étoit beaucoup
moins considérable que pour les piastres qu’on livroit à la fonte.
Le cuivre d’alliage étoit fourni par un Turk, chef des serrâf, à la monnoie. Ce
cuivre se préparait dans son atelier en ville, de la manière suivante.
Il achetoit dans le commerce le cuivre rouge provenant de vieux ustensiles.
Presque tous les vases de cuisine et de ménage étant en cuivre, il se fait de ces]
ustensiles qu’on tire de l’étranger, et qu’on préfère en cuivre rouge, un commerce
considérable.
Ces pièces étoient d’abord déployées, coupées et aplaties, de manière à I
présenter, autant que possible, une surface unie, du côté qui a été etamé.
On exposoit cette surface étamée à un jet de flamme entretenu par le cou-1
rant d’air d’un soufflet. L ’étain s’oxide par cette opération et s’enlève en écailles. I
On détache ce qui peut en rester, en battant et grattant la surface du cuivre. I
Quand les pièces sont suffisamment nettes, on les replie sur elles-memes, en les!
frappant avec un maillet de bois ou un marteau, jusqu’à ce qu’on les ait réduites!
à occuper le moins de volume qu’il est possible.
On jette ces pièces dans un creuset de terre, semblable a ceux dont on sel
servoit à la monnoie, et placé sur un têt, au fond dun fourneau cylindriqueI
qu’on remplit de charbon.
L ’orifice du fourneau est recouvert d’une simple plaque de tôle.
Un soufflet à boudin, à double courant d’air (i), entretient dans le fourneau!
un feu de forge suffisant pour faire fondre le cuivre. A mesure que le charbon!
s’affaisse en se consumant, on recharge le fourneau; et lorsque le cuivre a coml
mencé à fondre, on en ajoute une quantité suffisante pour remplir le creuset à!
trois doigts du bord environ.
On a soin de laisser sur le creuset, qui nest point couvert, des charbons
allumés qui empêchent l’oxidation du cuivre, et on projette, sur la surface, du
borax qui sert de flux et purifie le métal, en scorifiant les matières étrangères.
Quand le bain est bien fluide, on tire le creuset, en en pinçant le bord avec
de longues tenailles ou une pince plate : on écarte la scorie avec une spatule
de fer, et on fait couler, d’un mètre et demi de haut, le cuivre fondu en un
filet assez délié, dans un bassin plein d’eau où il se divise en grenaille.
Le cuivre ainsi préparé se payoit à la monnoie 4o médins le rotlde 144 drachmes,
ou 3 francs 17 centimes le kilogramme.
(1) Voyez celui <jui est représente d a n s la planche XXI des Arts et Métiers, E, M,
Si l’on avoit à fondre des piastres, la proportion d’alliage usitée étoit
Je . . 13 7 jo drachmc! ou ^¿kilogrammes^ ^ -
s u r 1000 piastres, pesant.................................. 8 7 5 0 ............... 26 ,p4o.
T o t a l 22 yoodnlchm“ 6(}lli,0£rJmmB,27y.
On prenoit 60 piastres, pesant................... y 2 yJn,d'mK ou 1 kil°stan"nej6 16 ;
on y ajoutoit d’alliage............................................ 8 2 5 .......... 2 ,j4 ° ;
total par chaque creuset.......................... ; . . . 1 3 y 0drilchme! ^kilogrammes^ t . g .
le tout indépendamment des retailles et cisailles qui retournoient à la fonte.
Si l’argent destiné à la fabrication étoit en lingots, après s’être assuré du titre
par l’essai, on le coupoit en morceaux égaux d’un poids suffisant pour former
environ 14oodrachm“ ou 4tll°ïr>mmc!,3 1 o. On pesoit chaque morceau et l’on y ajoutoit
la quantité nécessaire d’alliage.
Pour calculer cette quantité avec plus de facilité, nous nous servions de tables
dressées à cet effet et basées sur la proportion d’alliage déterminée pour fa fonte
des piastres.
Le tarif des monnoies de France porte les piastres d’Espagne à 896. Mais,
en supposant que le remède de titre soit pris plutôt en dessous qu’en dessus, ou
d’après’ divers essais faits en France postérieurement au tarif, nous les supposions
en Égypte à 10 deniers de fin ou à 89y ."„y..
D’après cela, 1000 piastres pesant 8 7yodr“ hm“ ,ooo
devoient contenir d’argent pur 7 838 ,y 4 1,
et d’alliage................................................................................. 911 drachm“,4y 9.
On ajoutoit de nouvel alliage.............................................. 13 7 yo ,000.
Le total de l’alliage étoit donc............................................ 14 6 61 drachmcs,4 y 9
sur une quantité d’argent pur d e ....................................... 7 838 , j 4 r-
T o t a l déjà indiqué ci-dessus 22 yoodr“Ws,ooo.
Ce qui donne pour 1 drachme d’argent pur i drachmc,8 70 432
d’alliage (1).
Cest d’après ces données qu’avoit été calculée la table d’alliage suivante
qui a servi à déterminer, tant pour les médins que pour les pièces de 4 ° et
de 20 médins, les quantités d’alliage à ajouter sur l’argent, depuis le 8 thermidor
an6 [26 juillet 1798] jusqu’au commencement de l’an 9 [23 septembre 1800],
époque à laquelle la proportion de l’alliage fut fixée à deux parties sur une d’argent
fin (2).
(1) Alliage se dit en arabe, mouitaf ou [oCa-1], (2) V*/e. pag. 388, alin. .j.
qui signifie ajouté.