
N O T I C E S U R L A P R É P A R A T I O N D E S P E A U X
Maroquin noir.
L e maroquin est teint en noir, après le premier coudrement, avec un mélange
d’une terre jaune vitriolique qu’on appelle dans le pays, et de galle ou de
siliques du mimosa en poudre : une seule couche suffit; encore fiiut-il laver immédiatement
la peau, pour qu’elle ne soit point brûlée par la couleur. Lorsque la
peau est sèche, on en frotte la fleur avec de l’huile de lin (i).
A R T DE L’HONGROYEUR.
L ’h o n g r o y e u r fait un cuir fo r t sans a vo ir re co u r s , p o u r sa préparation, ni
au la it de ch a u x , ni aux passemens de liqueurs aigries o u a c id e s , ni au tan ;
il substitue à c e tte dernière substance l’a lun e t le s e l, e t il in co rp o re dans ce
cu ir une quantité considérable de suif.
Les procédés qu’il emploie paroissent entièrement ignorés en Ëgypte, à moins
que le procédé suivant n’offre quelque analogie avec eux.
On prend la peau fraîche d’un buffle, on i’étend le poil en dessous sur la terre
poudreuse d’une cour ou de la rue (2), on la couvre d’un mélange fait avec parties
égales de cendre et de muriate de soude séparé du salpêtre; et afin de déterminer
, de faciliter la solution des sels de ce mélange et leur pénétration dans
la peau, et de donner en même temps à celle-ci certaine souplesse, on la piétine
d abord, puis on la laisse exposée au soleil et à la pression qu’exercent les gens
qui la foulent en passant.
Lorsque le mélange qui la couvroit est épuisé ou dispersé, on le renôuvèlJe;
et lorsque la peau est bien sèche, on l’emploie'garnie de son poil, pour servir
de marehe-pied, soit dans les écoles, soit dans les mosquées (3).
ART DU PARCHE MI NIER.
L e procédé employé généralement à faire le parchemin consiste à appliquer
sur une peau étendue une bouillie épaisse de chaux faite la veille, à arracher le
poil après deux heures de séjour de cette bouillie sur la peau, à l’agiter pendant
deux heures dans un lait de chaux, à la laver fortement, à l’étendre sur un
châssis, a 1 echarner après 1 avoir saupoudrée de chaux éteinte, à la laver sur place
avec une eponge, à la sécher promptement, à la détacher pour la raturer (4),
la poncer, la dépecer et en former des feuilles.
(1) On dit que c*est par l’intermède des feuilles du
redoul à feuilles de myrte coriarîa, que l’on tanne et
que l’on teint en noir les maroquins dans le Levant; on
prétend même que c’est à cette plante qu’ils doivent leur
supériorité: mais nous n’avons point appris qu’elle fut
usitée en Egypte.
(2) Ni I es cours ni les rues ne sont pavées en Egypte.
(3) Cette préparation usitée en Egypte pour les peaux
de buffle, a quelque ressemblance avec celle qu’on donne
aux peaux de veau destinées pour havre - sac et qu’on
nomme veaux à poil.
Ces peaux sont dessaignées, décharnées, foulées à l’alun
et au sel marin à deux reprises différentes, et ouvertes à moitié sèches, sur le chevalet, avec le couteau rond.
(4) Raturer, c’est enlever avec un fer tranchant répi-
derme, la surface extérieure de la peau.
E N E G Y P T E .
Il est possible que les Égyptiens ne suivent pas ce procédé exactement et de
manière à se procurer de beaux parchemins à écrire , que même ils ne fasseht pas
celui qu’ils emploient à cet usage; mais il est certain qu’ils fabriquent le parchemin
commun. Plusieurs espèces de peaux, telles que celles d’âne et de cheval,
sont employées pour les gros tambours qui sont portés sur les chameaux, et
celles de chèvre et de daim pour les petits tambours. On voit aussi qu’ils travaillent
en parchemin et non en chagrin (1), pour couvrir les fourreaux de leurs
sabres et de leurs poignards, la peau de la croupe des ânes, peau qu’ils mettent
en couleur après 1 avoir grenetée en place avec un poinçoh dont l’extrémité porte
une petite cavité; que leurs cribles (2) sont composés de lanières d’un parchemin
fait avec les peaux de chameau et de mulet ; et qu’enfin ils emploient à
plusieurs usages un parchemin auquel ils savent donner une couleur verte très-
belle et très-solide.
A R T DU MÉ G I S S I E R .
C et art, dans sa manière d’être pratiqué en Égypte, n’offre d’autre différence
qu une moindre perfection : on y prépare , à peu près comme en Europe, les
peaux au débourrement par la chaux; on les dilate, on les attendrit à J’aide d’un
confit de son; on les passe dans une solution d’alun; on les blanchit en les
mettant dans une bouillie composée de farine de froment, de jaunes d’eeuf, et
de la portion de la solution d’alun qui n’a point été absorbée ; on les fait sécher
et on les étire.
Les peaux quon veut passer en .laine, sont lavées, rognées, écharnées, mises
dans un confit de son, ravalées, alunées; couvertes, du côté delà chair, d’une
patede farine, d’alun et de jaunes d’oeuf; lavées, étendues, séchées, mouillées-
ensuite phees en deux, empilées, chargées de pierres, ouvertes sur le chevalet*
repassees, sechées la laine en l’air, et enfin redressées.
Parmi les peaux que les Égyptiens préparent avec leur poil, on peut compter
la peau de chien. 1
Ils en dépouillent l’animal en la conservant entière, comme nous faisons pour
celle de lapin : mais, n’ayant point vu cette peau confectionnée, et sachant que
sous la forme de sac elle leur sert à contenir du mercure, nous soupçonnons
qu après lavoir alunée à la manière des peaux de mégie, on l’imbibe d’huile suivant
le procédé du chamoiseur.
R É S U M É .
I l résulte de ce que nous avons dit des différentes préparations des peaux,
1. Que ès Egyptiens emploient l’eau non-seulement pour les laver, mais
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